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Évolutions de l’effectif étudiant étranger par décennies

Dans le document Faire sa médecine au XVIIIe siècle (Page 119-128)

Les étudiants étrangers inscrits à la Faculté de médecine de Montpellier

II- Évolutions de l’effectif étudiant étranger par décennies

1- Les étudiants étrangers à Montpellier de 1707 à 1716

Tableau n° 8 : Les origines géographiques des étudiants étrangers inscrits à la Faculté de médecine de Montpellier de 1707 à 1716

Origines géographique Nombre d’étudiants Pourcentage

Cantons suisses 4 20 Flandres 3 15 Péninsule italienne 1 5 Amérique française 1 5 Angleterre 1 5 Saint Empire 1 5 Irlande 1 5 Non déterminé 8 40 Total 20 100

Ce tableau montre qu’au cours de la décennie 1707-1716, la plupart des étudiants étrangers qui viennent fréquenter la Faculté de médecine de Montpellier sont originaires de l’Europe du Nord. Le début du xviiie siè-cle suit la tendance déjà ébauchée pour le xviie siècle qui avait montré la prééminence de cet espace dans le recrutement estudiantin étranger à Montpellier. Cependant, il faut relativiser dans la mesure où seuls 20 étudiants étrangers fréquentent la Faculté au cours de cette décen-nie, sur la totalité des 306 inscrits au cours de la période. Les étrangers représentent donc une part relative de l’ordre de 7 %. Cette décen-nie est particulièrement significative, car elle a vu d’une part la réor-ganisation complète des cursus universitaires après l’Édit de Marly de 1707, et d’autre part, elle est celle où le grand hiver de 1709 a pu freiner le choix des familles pour que leurs enfants aillent faire leur apprentissage médical à Montpellier. Ici, la conjoncture économi-que est un élément d’explication, pour les régnicoles comme pour les forains, à la baisse des effectifs. Au cours de l’année 1709, on compte 13 étudiants ; l’année précédente, ils étaient 25. En 1710, la courbe des inscrits remonte de manière significative à 31 individus, pour pas-ser en 1711 à 40. Le rattrapage par rapport à 1707 ne s’est réellement opéré qu’en 1711, soit quatre années plus tard.

2- Les étudiants étrangers à Montpellier de 1717 à 1726

Tableau n° 9 : Les origines géographiques des étudiants étrangers inscrits à la Faculté de médecine de Montpellier de 1717 à 1726

Origines géographiques Nombre d’étudiants Pourcentage

Irlande 9 41,2 Angleterre 3 13,6 Espagne 1 4,5 Péninsule italienne 1 4,5 Ile de Malte 1 4,5 Saint Empire 1 4,5 Cantons suisses 1 4,5 Non déterminé 5 22,7 Total 22 100

Pour cette décennie 1717-1726, on remarque le faible nombre des étudiants étrangers. Ils ne sont que deux de plus par rapport à la période précédente. Leur part dans l’effectif global est de 5,5 %. Si le nombre total des étudiants au cours de la période a peu évolué, en revanche une année est remarquable pour la faiblesse de son recrute-ment : alors qu’on avait 17 étudiants en 1719, il n’y en a que 9 en 1720. Les conséquences démographiques de la peste de Marseille ou plus exactement la peur occasionnée par celle-ci expliquent l’effondrement du recrutement. Le rattrapage ne s’effectue qu’en 1722, où 44 jeunes gens prenent une inscription. On peut remarquer qu’il y a eu de légè-res modifications quant aux « nations » qui sont représentées dans la cité languedocienne. Alors qu’au cours de la période précédente, les Cantons suisses avec quatre individus étaient la première nation, ils passent à un rang négligeable. La nouveauté de cette décennie est l’ar-rivée des étudiants irlandais. Leur présence est atypique dans le pay-sage montpelliérain : au cours du xvie siècle, un seul étudiant irlan-dais était venu à Montpellier ; au xviie siècle, il y en eut 6 ; et pour la décennie 1717-1726 il y en a 9. On remarque, par ailleurs, la lente érosion des effectifs en provenance du Saint Empire : seul un étudiant est venu suivre un cursus à Montpellier.

3- Les étudiants étrangers à Montpellier de 1727 à 1736

Tableau n° 10 : Les origines géographiques des étudiants étrangers inscrits à la Faculté de médecine de Montpellier de 1727 à 1736

Origines géographiques Nombre d’étudiants Pourcentage

Irlande 16 36,3 Espagne 6 13,6 Cantons suisses 5 11,4 Angleterre 4 9 Flandres 3 6,9 Empire Ottoman 3 6,9 Ile de Malte 2 4,5 Péninsule italienne 1 2,3 Saint Empire 1 2,3 Amérique française 1 2,3 Non déterminé 2 4,5 Total 44 100

Au cours de la décennie 1727-1736, on remarque d’une part une hausse significative des effectifs étrangers puisqu’ils passent de 22 à 44, soit une augmentation de plus de 100 % ; et d’autre part que les étudiants ressortissants des pays de l’Europe du Nord représentent 52,2 % des forains. L’Irlande a quasiment doublé ses effectifs par rap-port à la période précédente. Ces étudiants semblent donc confirmer le choix d’une route universitaire privilégiée, même si celle-ci est récente. Ce sont eux qui représentent en chiffres et en pourcentage l’essentiel des forains de l’Europe du Nord avec 16 étudiants et 36,3 % du total de la période. La part du deuxième espace représenté, à savoir l’Europe du Sud, au cours de cette période est de 20,6 %. L’ensemble des étudiants forains représente 10,6 % de l’effectif total au cours de la période. Il s’agit d’une hausse par rapport à la décennie précédente.

4- Les étudiants étrangers à Montpellier de 1737 à 1746

Tableau n° 11 : Les origines géographiques des étudiants étrangers inscrits à la Faculté de médecine de Montpellier de 1737 à 1746

Origines géographiques Nombre d’étudiants Pourcentage

Cantons suisses 15 27,7 Irlande 11 20,3 Espagne 8 14,8 Flandres 6 11,1 Péninsule italienne 5 9,3 Amérique + Amérique française 1 + 2 = 3 5,4 Ile de Malte 2 3,8 Angleterre 2 3,8 Pologne 2 3,8 Total 54 100

Au cours de la décennie 1737-1746, les effectifs des étudiants forains à Montpellier se sont relativement stabilisés, puisque leur nombre passe de 44 à 54. Leur part dans l’ensemble des inscrits diminue légèrement, puisqu’ils représentent 9,8 % de l’effectif. Au cours de cette période, on constate également de légères modifications dans les proportions des différentes « nations » représentées dans la cité languedocienne. En effet, ce sont les Cantons suisses qui sont la principale « nation », mais si l’on considère les « bassins » : l’Europe du Nord représente 35,2 % de l’effec-tif étranger total, mais celle-ci occupe, quant à elle, 27,8 %. La présence de l’Europe méditerranéenne est assez significative. Il s’agit plutôt d’une sorte de retour, car depuis le xvie siècle, on avait vu un tarissement des effectifs en provenance de ce « bassin » de recrutement et en particulier ceux qui étaient originaires des royaumes espagnols. Les « Espagnols » sont la troisième nation étrangère recensée à Montpellier au cours de cette période ; leur nombre est cependant réduit par rapport au flot si important relevé pour le xvie siècle. On voit, par ailleurs, se confir-mer la présence de quelques étudiants originaires du nouveau monde : alors qu’ils étaient marginaux au cours de la décennie précédente, on les retrouve à hauteur de 5,5 % de l’effectif entre 1737 et 1746. Les Irlandais continuent à être une composante importante du contingent étranger à ce moment-là.

5- Les étudiants étrangers à Montpellier de 1747 à 1756

Tableau n° 12 : Les origines géographiques des étudiants étrangers inscrits à la Faculté de médecine de Montpellier de 1747 à 1756

Origines géographiques Nombre d’étudiants Pourcentage

Irlande 13 25,5

Cantons suisses 12 23

Flandres 3 + 2 = 5 9,6

Amérique française+ Autre 5 9,6

Espagne 4 7,6 Saint Empire 4 7,6 Péninsule italienne 4 7,6 Angleterre 3 5,7 Ile de Malte 1 1,9 Portugal 1 1,9 Total 52 100

Cette décennie 1747-1756 est marquée par la forte présence de la communauté irlandaise, suivie de très près par celle qui est originaire des Cantons suisses, chacune représentant environ 1/4 de l’effectif étranger. La nouveauté réside peut-être dans la présence des étudiants originaires des colonies françaises et en particulier des îles à sucre. Traditionnellement, ces étudiants se dirigent vers le centre bordelais, mais dès le milieu du siècle, la réputation de Montpellier et sa fonction de Faculté où l’on obtient assez rapidement ses grades pour des jeunes dont les familles ont de larges moyens financiers, attirent à elle des res-sortissants originaires d’horizons de plus en plus lointains.

Les étrangers ne représentent plus que 8,3 % de l’effectif total au cours de la période 1747-1756. Cependant, cette baisse est à mettre en relation avec l’augmentation générale des régnicoles : entre 1747 et 1756 près de 100 étudiants supplémentaires viennent s’inscrire pour poursuivre un cur-sus, alors que les effectifs étrangers demeurent stables avec 52 individus.

C’est le « bassin » Nord européen qui représente le plus fort pour-centage des étrangers à Montpellier avec près de 40 % du total : il s’agit pour cet espace d’une poussée de près de 10 % par rapport à la période précédente. Ensuite, les autres « bassins » occupent une place moindre. L’Europe méditerranéenne n’arrive pas à 20 % du recrutement (19 %), ses effectifs ont subi une érosion par rapport à la décennie antérieure :

l’embellie de cet espace n’a donc été qu’un phénomène ponctuel. L’Europe centrale et orientale occupe une part minime, soit 7,6 %. En revanche, les Cantons suisses continuent à envoyer environ le quart de la représentation étrangère dans le centre languedocien avec 23 % du total.

6- Les étudiants étrangers à Montpellier de 1757 à 1766

Tableau n° 13 : Les origines géographiques des étudiants étrangers inscrits à la Faculté de médecine de Montpellier de 1757 à 1766

Origines géographiques Nombre d’étudiants Pourcentage

Cantons suisses 15 30 Flandres 12 24 Espagne 9 18 Péninsule italienne 4 8 Irlande 4 8 Angleterre 2 4 Portugal 2 4 Amérique française 1 2 Saint Empire 1 2 Total 50 100

Au cours de cette période, l’effectif des étrangers est à nouveau stable, puisqu’il est passé de 52 à 50. En revanche, comme au cours de la décennie précédente, la représentation des forains a diminué passant de 8,3 % à 7,9 % du total des inscrits. Les effectifs irlandais ont diminué de plus de 3 fois passant de 25,5 % des étrangers entre 1747 et 1756 à 8 % entre 1757 et 1766. Seuls, les Cantons suisses confirment leur place dans le pourcentage des nations les plus représentées à Montpellier avec 30 % du total. On peut également souligner la part négligeable occupée par d’autres nations qui n’envoient que de manière marginale quelques individus à Montpellier. La représentation par « bassins » d’origine montre que la part de l’Europe du Nord est sensiblement la même que celle de l’Europe méditerranéenne : la première est à 36 % du total des étrangers alors que la seconde est à 30 %. Cependant, l’Europe méditerranéenne a vu ses effectifs presque doubler par rapport à la période précédente. En revanche, on peut remarquer la part désormais marginale occupée par les ressortissants de l’Europe centrale et orientale avec seulement 2 % du total de l’effectif étranger.

7- Les étudiants étrangers à Montpellier de 1767 à 1776

Tableau n° 14 : Les origines géographiques des étudiants étrangers inscrits à la Faculté de médecine de Montpellier de 1767 à 1776

Origines géographiques Nombre d’étudiants Pourcentage

Cantons suisses 17 27,1

Irlande 11 17,6

Espagne 11 17,6

Portugal+Brésil 3 + 3 = 6 9,5

Amérique française + Autre 3 + 3 = 6 9,5

Flandres 4 6,3 Angleterre 3 4,7 Saint Empire 3 4,7 Péninsule italienne 1 1,5 Ile de Malte 1 1,5 Total 63 100

Au cours de la décennie 1767-1776, les effectifs étrangers sont légè-rement plus importants qu’à la période précédente, ils sont passés de 50 à 63. Cette augmentation se retrouve dans la part prise par les forains dans le total qui passe de 7,9 % à 9 %. Cette légère hausse est à replacer dans un ensemble global d’augmentation des effectifs. En effet, alors que le total des étudiants à Montpellier s’élevait pour la période 1757-1766 à 658 individus, il atteint 733 individus de 1767 à 1776. À quelques exceptions près, la hiérarchie de l’importance des nations est identique à celle, mise en évidence pour la période pré-cédente. L’Europe du Nord avoisine les 30 % de l’effectif étranger, soit une chute d’environ 10 % par rapport à la décennie 1757-1766. L’Europe méditerranéenne est à plus de 33 % du total : elle confirme la part qu’elle avait précédemment. L’Europe centrale et orientale occupe désormais une part négligeable avec 4,7 %. Comme dans les décennies précédentes, les effectifs étrangers originaires des Cantons suisses représentent environ 1/4 du total des forains.

8- Les étudiants étrangers à Montpellier de 1777 à 1786

Tableau n° 15 : Les origines géographiques des étudiants étrangers inscrits à la Faculté de médecine de Montpellier de 1777 à 1786

Origines géographiques Nombre d’étudiants Pourcentage

Cantons suisses 17 25,2 Espagne 11 16,3 Amérique française 10 14,7 Irlande 6 8,8 Flandres 6 8,8 Portugal 5 7,3 Empire Ottoman 4 5,8 Péninsule italienne 3 4,4 Angleterre 3 4,4 Saint Empire 2 2,9 Russie 1 1,4 Total 68 100

Pour cette décennie, le recrutement étranger offre un éventail large. Trois « bassins » constituent l’essentiel des effectifs. L’Europe du Nord représentée par les Irlandais, les Anglais et les étudiants originaires des Flandres a une part de 22 % : c’est une légère baisse par rapport à la période précédente où elle occupait environ 30 %. L’Europe médi-terranéenne composée des ressortissants de la péninsule italienne, du Portugal et de l’Empire Ottoman se maintient à un pourcentage voi-sin de la période précédente : elle représente 33,8 % du total, alors que de 1767 à 1776 elle était à 33 % : la nouveauté réside pour cet espace dans la poussée des ressortissants de l’Empire Ottoman avec quatre étu-diants vraisemblablement issus de l’élite marchande installée dans les comptoirs portuaires, car leurs patronymes sont, à l’exception de celui de Coray1, à consonnance italienne comme Bernard Tubini2 ou encore Daniel-Jean Gallo3. Par ailleurs, les effectifs en provenance de l’Europe

1. Voir infra pour l’intégralité du cursus de Diamantios Coray.

2. B.I.M.M., S 43, première inscription de Bernard Tbii, originaire de Chios, au trimestre de janvier 1782. S 66, baccalauréat, le 25 juin 1782. S 64, licence le 8 juillet 1782. S 66, doctorat le 9 juillet 1782.

3. B.I.M.M., S 50, première inscription de Daniel-Jean G, originaire de Smyrne, au tri-mestre de janvier. S 66, baccalauréat le 1er février 1785. S 66, licence, le 28 mai 1785. S 66, doctorat le 30 mai 1785.

centrale et orientale confirment la faible proportion déjà mise en évi-dence au cours des décennies antérieures, puisqu’ils ne représentent que 4,3 %. Les Cantons suisses représentent à nouveau 1/4 du recrute-ment étranger pour la période.

9- Les étudiants étrangers à Montpellier de 1787 à 1789

Tableau n° 16 : Les origines géographiques des étudiants étrangers inscrits à la Faculté de médecine de Montpellier de 1787 à 1789

Origines géographiques Nombre d’étudiants Pourcentage

Cantons suisses 5 26,5

Espagne 4 21

Portugal + Brésil 2 + 2 = 4 21

Flandres 2 10,5

Amérique française

+espa-gnole 1 + 1 = 2 10,5

Péninsule italienne 1 5,2

Saint Empire 1 5,2

Total 19 100

Cette courte période 1787-1789 montre la primauté de l’espace médi-terranéen qui représente 44,4 % de l’ensemble des étudiants forains à Montpellier. La présence des autres « bassins » de recrutement est sensi-blement équivalente à celle déjà mise en évidence au cours des périodes précédentes.

* * *

Dans ces évolutions décennales, le recrutement des étudiants étran-gers à Montpellier a subi des transformations non négligeables qui n’étaient pas perceptibles dans une analyse séculaire. En effet, jusque vers le milieu du xviiie siècle, on remarque la part importante de l’Eu-rope du Nord dans le recrutement du centre languedocien. Cet espace a envoyé notamment un nombre assez significatif d’étudiants irlandais qui dans la deuxième moitié du siècle ne se retrouvent pas aussi nombreux. De plus, l’Europe centrale et orientale et en particulier les étudiants ori-ginaires du Saint Empire ont quasiment disparu, ce qui confirme les signes déjà perceptibles au xviie siècle. Montpellier va donc progres-sivement recruter ses étudiants étrangers dans l’espace méditerranéen.

Il faut souligner la montée de la représentation des étudiants originai-res des empioriginai-res coloniaux, même si leur nombre est peu important. Montpellier n’est plus au xviiie siècle le centre de formation européen qu’il était encore aux xvie et xviie siècles ; il y a eu cependant élargisse-ment de son espace de recruteélargisse-ment à l’échelle mondiale qui correspond à l’histoire économique de la seconde moitié du xviiie siècle.

III- Les étudiants étrangers inscrits à Montpellier

Dans le document Faire sa médecine au XVIIIe siècle (Page 119-128)