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Les diocèses donneurs d’équipes à la Faculté de médecine de Montpellier

Dans le document Faire sa médecine au XVIIIe siècle (Page 153-166)

Binômes et trinômes étudiants dans la ville universitaire

II- Les diocèses donneurs d’équipes à la Faculté de médecine de Montpellier

1- Analyse décennale et répartition diocésaine

Après avoir envisagé la réalité numérique de ces groupements d’étu-diants en binômes et en trinômes, il faut essayer de savoir s’il existe une logique spatiale précise à leur constitution. L’étude des origines

1. Pierre Nir, Les Facultés de théologie de Montpellier et d’Avignon (fin xviie- xviiie siècle) : la routine provinciale, Mémoire de maîtrise sous. la dir. de Joël Fir, Montpellier, 1999, 111 p.

diocésaines de ces équipes peut répondre à cette interrogation. L’éloignement du centre universitaire est la première explication à de telles pratiques. Mais d’autres paramètres interviennent. C’est la raison pour laquelle une étude décennale par diocèses et par zones d’où sont originaires les jeunes gens peut apporter une réponse plus précise. En effet, on constate que certaines zones envoient de plus en plus d’ap-prentis médecins à Montpellier en binômes ou trinômes.

a) Les équipes étudiantes 1721 à 1730

Tableau n° 21 : les équipes étudiantes pour la période 1721-1730

Origines diocésaines des étudiants Équipes étudiantes

Diocèse d’Agen 1 Diocèse de Bayonne 1 Diocèse de Cahors 1 Diocèse de La Rochelle 1 Diocèse de Mende 1 Diocèse de Nantes 2 Diocèse d’Orléans 1 Diocèse de Rennes 1 Dicèse de Rodez 1 Total équipes 10

De 1721 à 1730, la cité languedocienne accueille dix équipes, toutes sont des binômes. Une première logique semble apparaître, plus le dio-cèse est éloigné du centre universitaire, plus on a recours à la pratique de ces groupements : 70 % de l’effectif en « association universitaire » de 1721 à 1730 est originaire de diocèses lointains. Deux binômes seu-lement proviennent de diocèses assez proches du centre universitaire, Mende1 et Rodez2. Dans ce corpus, les étudiants qui sont natifs des diocèses de la façade atlantique représentent 5 associations sur un total de 10, soit 50 % de l’ensemble et 40 % du total des étudiants de cette décennie.

1. B.I.M.M., S 24-f°125 et S 24 f°128, binôme constitué par Jean-Baptiste B et Barthélémy Bs  Si-Mr, originaires tous les deux du diocèse de Mende et de la communauté de Saint-Chély d’Apcher. Ils prennent leur première inscription respectivement les 29 et 30 novembre 1723.

2. B.I.M.M., S 26-f°105, binôme constitué par Jean-Pierre Dzrs et Pierre Dspiz. Tous deux, originaires du diocèse de Rodez, ils prennent leur première inscription le 21 novembre 1728.

b) Les équipes étudiantes 1731 à 1740

Tableau n° 22 : Les équipes étudiantes pour la période 1731-1740

Origines diocésaines des étudiants Équipes étudiantes.

Diocèse d’Agen 1 Diocèse d’Auxerre 1 Diocèse de Clermont-Ferrand 3 Diocèse de Condom 1 Diocèse de Langres 1 Diocèse de Lescar 2 Diocèse de Limoges 2 Diocèse de Luçon 3 Diocèse de Mâcon 1 Diocèse de Nantes 1 Diocèse de Saint-Flour 1 Total équipes 17

Dans ce tableau la présence de jeunes gens originaires de la façade atlantique est notable : 50 % des binômes proviennent des diocèses de Nantes, La Rochelle et Rennes entre 1721 et 1730 ; de 1731 à 1740, à nouveau 23,5 % du « compagnonnage universitaire » est originaire de cet espace, il y a tout de même une baisse de plus de 25 % par rapport au tableau précédent avec une particularité : sept étudiants sont originaires du diocèse de Luçon. En 1733 et 1735, deux binômes et un trinôme de Luçonnais font le voyage à Montpellier : au cours de l’année 1733, 5 jeunes Luçonnais se rendent à Montpellier, et ceci ne saurait être le fait du hasard : les matricules mentionnent que les étudiants de ce diocèse se sont tous présentés dans la ville languedocienne à la même période ; à l’exception notable de René Dubois1 qui prend sa première inscrip-tion, seul, en août 1733 et joue en quelque sorte le rôle d’éclaireur pour ses camarades, les autres s’inscrivent, groupés, au mois de novembre 1733 : François Collinet et François-André Lefebvre arrivent tous deux des Sables d’Olonnes et s’immatriculent pour la première fois à la fin du mois de novembre 17332 ; Jean Perroteau et René Mestivier s’inscrivent,

1. B.I.M.M., S 26-f° 294, première inscription de René Dbis, originaire de la ville et du diocèse de Luçon le 4 août 1733.

2. B.I.M.M., S 26 f° 308 et S 26-f°310, premières inscriptions de François-André Lfbvr et François Ci, originaires des Sables-d’Olonnes, diocèse de Luçon les 29 et 30 novembre 1733.

le premier le 1er novembre 1733 et le second le 7 du même mois1. Mais les équipes ne sont pas uniquement constituées dès l’arrivée à Montpellier, certaines se défont et les tandems ne vont pas au-delà de quelques ins-criptions, d’autres se forment au cours des études : René Dubois, parti seul à Montpellier, recrée dans son parcours universitaire cette solida-rité entre Luçonnais ; en effet, lorsqu’il passe son baccalauréat, on le trouve inscrit côte à côte avec Pierre-Simon Fourneau ; celui-ci a peut-être pris en charge celui-là dès son arrivée dans la ville, car immatriculé deux ans auparavant, il connaît les habitudes de la cité et a pu en faire bénéficier son camarade2. Les deux étudiants vont ainsi suivre un cursus en parallèle lors du passage de leurs différents grades du baccalauréat au doctorat3. Les témoignages sont peu nombreux qui restituent ces solidarités de diocèses et de pays dans le centre universitaire.

Les étudiants originaires du diocèse de Nantes ont pratiqué une méthode identique. Au cours de la décennie 1727-1736, ils ne se ren-dent dans la ville universitaire qu’à deux reprises, en 1729 et 1734. Au cours de l’année 1729, trois Nantais s’inscrivent, et en 1734 ils sont quatre4. Les trois premiers l’ont fait en novembre et à quelques jours d’intervalle seulement : Jean-Baptiste Bernard le 21 novembre 17295 ; François Bonamy et René Ergand le 28 novembre 17296. Le binôme est avéré pour François Bonamy et René Ergand et l’inscription, pro-che dans le temps, sept jours, de Jean-Baptiste Bernard, ne permet pas

stricto sensu de parler d’un trinôme de Nantais, mais laisse penser que les jeunes gens se connaissaient. Si l’on analyse les inscriptions des Nantais pour l’année 1734, on retrouve le même phénomène. En effet, les quatre jeunes gens qui se sont inscrits au cours de cette année l’ont tous fait au mois de novembre : Gabriel Fleury et Nicolas Leroux de

1. B.I.M.M., S 26-f°302, première inscription de René Msivir   Chvièr et Jean Prr, les 7 et 1er novembre 1733.

2. B.I.M.M., S 60-f°3-r°, baccalauréats de Pierre-Simon Fr et de René Dbis, origi-naires du diocèse de Luçon. Pierre-Simon Fourneau le 29 janvier 1734 et René Dubois le 23 janvier 1734

3. B.I.M.M., S 57 f°360, doctorats de René Dbis et de Pierre-Simon Fr, originaires du diocèse et de la ville de Luçon. Pierre-Simon Fr le 6 juillet 1734 et René Dbis le 5 juillet 1734.

4. Voir annexe p° 461; 462.

5. B.I.M.M., S 26-f°137, première inscription de Jean-Baptiste Brr, originaire de la ville et du diocèse de Nantes, le 2 novembre 1729.

6. B.I.M.M., S 28-f°139, première inscription de François By et de René Er, origi-naires de la ville et du diocèse de Nantes, le 28 novembre 1729.

Grandmaison les 7 et 9 novembre 17341, puis, le 18 et le 20 du même mois, Julien Reliquet et Julien Bodin-Desplantes2 ; ce qui est significatif, c’est leur arrivée quasi simultanée à Montpellier au cours d’une période aussi courte. Il est vrai que la plupart des inscriptions se font en novem-bre, mais on ne peut s’empêcher de penser que les jeunes gens origi-naires des diocèses de la façade atlantique préfèrent faire le trajet vers Montpellier en groupe.

En novembre 1735, le trinôme luçonnais qui s’inscrit à Montpellier avec Jean-Louis Perrayne, Pierre Caillé et René Mourain de Beauregard3, atteste de la vitalité du compagnonnage. L’article de Louis Dermigny, dans les Annales du Midi en 1955, mentionne l’existence de cette route transversale du Ponant au Levant essentiellement fréquentée au xviiie siècle par des étudiants en médecine4. Cette route des étudiants est en quelque sorte la réplique des liaisons commerciales entretenues par l’espace méditerranéen avec ces diocèses de la façade atlantique depuis le xvie siècle. Ces routes commerciales avaient un lien avec le monde médical, puisqu’il s’agissait d’approvisionner la façade atlantique en dro-gues et médicaments. Le bilan de l’entrepreneur Henri Farjon, à la fin du xviie siècle, présente l’ensemble de la pharmacopée que celui-ci a vendu dans les franges atlantiques et témoigne de ces liens anciens et tradi-tionnels entre les deux espaces5. Ces relations ont perduré pendant toute la période moderne comme le prouve le sondage pratiqué par Louis Dermigny sur les origines des étudiants en médecine entre 1793 et l’an X. D’ailleurs, les différentes cartes réalisées pour les dernières années de l’Ancien régime relatives aux origines géographiques des étudiants prou-vent la permanence de ces liaisons entre le ponant et le levant. Celles-ci ne se démentent pas au cours de la période révolutionnaire et les contin-gents d’étudiants originaires de la façade atlantique qui viennent faire leur médecine à Montpellier sont toujours fortement représentés. La

1. B.I.M.M., S 27-f°342, première inscription de Gabriel Fry et de Nicolas Lrx  Gris les 7 et 9 novembre 1734. Gabriel Fry est originaire de Clisson au diocèse de Nantes et Nicolas Lrx  Gris est natif de la ville de Nantes.

2. B.I.M.M., S 27-f°344, première inscription de Julien Riq, originaire de la ville et du diocèse de Nantes et S 27-f°346, première inscription de Julien Bi-Dsps, originaire de la ville et du diocèse de Nantes.

3. B.I.M.M., S 27-f°382, première inscription de Jean-Louis Prry, Pierre Ci et René Mri  Brr, 29 novembre 1735.

4. Louis Driy, art. cité, p. 31-58. 5. Louis Driy, art. cité, p. 54.

comparaison avec les cartes réalisées pour les xvie et xviie siècles montre que ces relations n’ont fait que s’amplifier au cours de cette période tri-centenaire. Alors qu’au xvie siècle, seul le diocèse de Nantes envoie entre 50 et 100 étudiants à Montpellier, la part représentée par les diocèses de Luçon et de La Rochelle passe de 1 à 5 étudiants pour ces deux diocèses à respectivement de 5 à 10 et de 10 à 50 entre les xvie et xviie siècles1. Au xvie siècle l’ensemble de la façade atlantique n’était que ponctuellement représenté pour le voyage d’études, alors qu’au xviie siècle les étudiants sont de plus en plus nombreux à se rendre à Montpellier.

Au cours de la première moitié du xviiie siècle, une diminution signi-ficative des binômes en provenance de l’espace atlantique se produit. Leur pourcentage ne représente plus dans la décennie 1731-1740 que 26 % contre 50 % pour la période 1721-1730, soit une chute de 24 %. Deux autres ensembles se détachent aussi, il s’agit tout d’abord de l’espace bourguignon qui représente 13,3 % des équipes. Celles-ci sont originaires des diocèses d’Auxerre, de Mâcon et du Massif Central. Leur arrivée représente 17,6 % de l’ensemble des équipes. La tradition vou-lait que ces diocèses du Massif Central se tournent davantage vers les Facultés de Toulouse et de Cahors pour la médecine ; celles-ci étaient non seulement plus proches géographiquement, mais plus encore, les routes pour y accéder étaient davantage praticables, alors que les liaisons vers l’Est du Languedoc étaient difficiles comme nous l’avons montré plus haut. Or, dès avant le milieu du xviiie siècle, il semble que les étu-diants de ces diocèses s’orientent de plus en plus vers Montpellier. Entre 1731-1740, le diocèse de Clermont-Ferrand envoie à deux reprises en 1731 et 1735, 8 étudiants à Montpellier2. En 1731, les inscriptions du trinôme des Clermontois se font au mois de novembre : Jean Huguet et Paul Malet, originaires de Billom, prennent leur première inscription les 1er et le 3 novembre 1731 ; il sont suivis le 7 du même mois par Sébastien Reynauld-Lamontagnone, natif de Clermont-Ferrand3. Si l’on examine les immatriculations des Clermontois en 1735, on est frappé par le

1. Voir cartes p.451 : « Origines géographiques des étudiants en médecine de l’Université de Montpellier au XVIe siècle » et « Origines géographiques des étudiants en médecine de l’Université de Montpellier au XVIIe siècle ».

2. Voir cartes n° 60 et n° 61 pour les années 1731, p. 31 et 1735, p. 35.

3. B.I.M.M., S 26-f°314 et S 26-f°315, premières inscriptions de Jean H et de Paul M, les 1er et le 3 novembre 1731, originaires de la ville de Billom au diocèse de Clermont-Ferrand et S 26-f°216, première inscription de Sébastien Ry-L, le 7 novem-bre 1731, originaire de la ville et du diocèse de Clermont-Ferrand.

même phénomène : les cinq inscriptions se font au mois de novembre et à moins de huit jours d’écart ; Paul Remy le 4 novembre 17351 ; le 7 de ce mois, il est suivi par Jean-Baptiste Benoid2 ; le 8 novembre, le binôme Jean-Emmanuel Dequen et Jean-Baptiste Magaud prend sa première inscription3 ; enfin, le 12 du même mois Michel Monestier vient renforcer ce groupe4.

La pratique des équipes étudiantes, utilisée d’abord par les diocèses qui envoient un nombre relativement important de jeunes gens vers la Faculté de médecine de Montpellier, s’est ensuite diffusée à l’ensemble du royaume.

c) Les équipes étudiantes 1741 à 1750

Tableau n° 23 : Les équipes étudiantes pour la période 1741-1750 Origines diocésaines des étudiants Équipes étudiantes.

Diocèse d’Agen 2 Diocèse d’Angoulême 1 Diocèse d’Autun 2 Diocèse d’Auxerre 1 Diocèse de Béziers 1 Diocèse de Clermont-Ferrand 1 Diocèse de Dijon 1 Diocèse de La Rochelle 1 Diocèse de Mende 1 Diocèse de Perpignan 1 Diocèse de Rodez 1 Diocèse de Saint-Flour 1 Diocèse de Saintes 1 Diocèse de Vienne 1 Total équipes 16

1. B.I.M.M., S 27-f°376, première inscription de Paul Ry, originaire de Clermont-Ferrand, le 4 novembre 1735.

2. B.I.M.M., S 27-f°376, première inscription de Jean-Baptiste Bi, originaire de Clermont-Ferrand, le 7 novembre 1735.

3. B.I.M.M., S 27-f°377, premières inscriptions de Emmanuel Dq et de Jean-Baptiste M, originaires de Clermont-Ferrand, le 8 novembre 1735.

4. B.I.M.M., S 27-f°377, première inscription de Michel Msir, originaire de Clermont-Ferrand, le 12 novembre 1735.

Les binômes de cette période, originaires de diocèses très différents, ne permettent pas de mettre en évidence un quelconque espace géo-graphique privilégié à l’exception de la Bourgogne qui totalise 1/4 des équipes avec les diocèses de Dijon, d’Autun et d’Auxerre. La zone atlan-tique n’est représentée que par 2 binômes, originaires des diocèses de La Rochelle et de Saintes ; le Massif Central compte 12,5 % des tandems alors qu’il en totalisait 17,6 % au cours de la décennie précédente.

d) Les équipes étudiantes 1751 à 1760

Tableau n° 24 : Les équipes étudiantes pour la période 1751-1760 Origines diocésaines des étudiants Équipes étudiantes.

Diocèse d’Auch 1 Diocèse d’Autun 2 Diocèse de Bayonne 2 Diocèse de Carcassonne 1 Diocèse de Clermont-Ferrand 3 Diocèse de Langres 2 Diocèse de La Rochelle 1 Diocèse de Luçon 1 Diocèse de Limoges 2 Diocèse de Lyon 3 Diocèse du Mans 1 Diocèse de Marseille 1 Diocèse de Nantes 2 Diocèse de Narbonne 1 Diocèse de Perpignan 1 Diocèse de Poitiers 3 Diocèse de Saint-Flour 3 Diocèse de Tulle 1 Total 31

Au cours de cette décennie, on constate un accroissement du nom-bre des équipes qui, binômes et trinômes confondus, sont au nomnom-bre de 31. Trois éléments sont notables pour cette période. La confirma-tion de la présence à Montpellier de compagnonnages d’étudiants originaires de l’espace Limousin et Poitevin : ils représentent 16,1 % des binômes. Vient ensuite l’espace du Massif Central avec 19,3 % du

total qui confirme sa présence à Montpellier par rapport à la décennie précédente. Enfin, la façade atlantique reprend à nouveau la part qu’elle occupait au début du xviiie siècle avec 16,1 % de l’ensemble des équi-pes : les diocèses de Nantes et de La Rochelle, partenaires tradition-nels montpelliérains, sont évidemment représentés avec une équipe chacun ; le diocèse de Luçon envoie, trois jeunes gens en 1755. Mais le diocèse le plus « pourvoyeur » est celui de Bayonne qui, au cours de l’année 1753, fournit cinq éléments à Montpellier qui s’inscrivent tous au trimestre de novembre 1753 : Martin Lafourcade et Bernard Harriet sont les premiers immédiatement suivis de Dominique-Fabien Hiriart, Guillaume Diriard et Jean-Baptiste Hiriart1. Même si les deux jeunes gens qui ont le patronyme d’Hiriart ne sont pas originaires de la même communauté, Dominique-Fabien est de Macaye et Jean-Baptiste de Larressoure, ils appartiennent vraisembla-blement à la même famille. Là encore, il s’agit peut-être d’une route qui se pérennise en sens inverse. Louis Dermigny, dans l’article cité précédemment, mentionnait déjà les routes commerciales actives entre Bayonne et Montpellier, trafic des laines d’Espagne, des pro-duits de la pêche de Saint-Jean-de-Luz ainsi que des commandes de bâtiments aux chantiers navals bayonnais2. Une étude prosopo-graphique de ces familles de commerçants et d’étudiants en méde-cine pourrait expliquer ces logiques universitaires du xviiie siècle. Les liens commerciaux tissés au cours des années ont certainement conduit les familles de la zone atlantique à faire ces choix. Il est vrai que la réputation de Montpellier n’a vraisemblablement pas été étran-gère à ces décisions.

1. B.I.M.M., S 46-f°96, première inscription de Martin Lfr, Bernard Hrri, Dominique-Fabien Hirir, Guillaume Dirir et Jean-Baptiste Hirir au trimestre de novembre 1753. Il est possible que le « D » de Diriard soit un « H ». Les registres, mal écrits, ne per-mettent pas de trancher. La parenté est probable, car tous sont originaires du diocèse de Bayonne, seules les communautés sont différentes.

e) Les équipes étudiantes 1761 à 1770

Tableau n° 25 : Les équipes étudiantes pour la période 1761-1770 Origines diocésaines des étudiants Équipes étudiantes.

Diocèse d’Agen 1 Diocèse de Cahors 3 Diocèse de Condom 1 Diocèse de St-Bertrand-de-Comminges 1 Diocèse de Dax 1 Diocèse de La Rochelle 1 Diocèse de Limoges 5 Diocèse de Luçon 1 Diocèse de Lyon 1 Diocèse de Pamiers 1 Diocèse de Paris 1 Diocèse de Perpignan 2 Diocèse de Poitiers 2 Diocèse de Rodez 1 Diocèse de Tarbes 2 Diocèse de Tours 2 Total 26

Au cours de cette période, sur les 26 associations recensées, deux élé-ments sont à noter. D’une part, l’espace Limousin-Poitou représente 30 % des ententes. En 1764, les frères Segue de Buscerolle, Martial et Pierre, originaires de Berneuil, diocèse de Limoges, montrent que ces grou-pements deviennent familiaux1 ; ils constituent une spécificité que l’on analysera plus loin dans ce chapitre. D’autre part, le diocèse de Cahors envoie trois binômes entre 1761 et 1770 : à cette époque, Cahors qui n’a plus de Faculté se voit contrainte d’envoyer ses effectifs ailleurs ; ce qui est intéressant c’est que ce diocèse ne choisit pas exclusivement le centre de Toulouse, pourtant plus proche. Au cours du xviiie siècle, 99 jeunes gens de ce diocèse viennent étudier à Montpellier : 33 étudiants font le choix de Montpellier dans la première moitié du siècle, 67 dans la deuxième partie du siècle ; il y a eu une augmentation de 50 % de l’effectif cadurcien. La suppression de leur Faculté est la cause de la réorganisation des routes des

1. B.I.M.M., S 32-f°56, première inscription des frères S  Bsr, trimestre de février 1764.

études, mais cela ne suffit pas : si la réputation de Montpellier est un argu-ment pour le Siècle des lumières, elle supplante d’ailleurs Toulouse dans cette formation, il faut également souligner que les routes commerciales ont mis très tôt en contact le diocèse de Cahors avec la façade méditer-ranéenne : là encore, l’article de Louis Dermigny montre que les liaisons entre l’espace méditerranéen et la façade atlantique empruntent aussi l’itinéraire quercynois1. Il s’agit peut-être « d’un axe traditionnel, Cahors-Lalinde-Périgueux-Saintes-La Rochelle » relevé par Yves Renouard dans son article sur les « voies de communication entre Méditerranée et pays de l’Atlantique au Moyen Âge2 ».

f) Les équipes étudiantes 1771 à 1780

Tableau n° 26 : Les équipes étudiantes pour la période 1771-1780 Origines diocésaines des étudiants Équipes étudiantes.

Diocèse d’Autun 1 Diocèse de Bourges 1 Diocèse de Cahors 3 Diocèse de Clermont-Ferrand 3 Diocèse de St-Bertrand-de-Comminges 1 Diocèse de Fréjus 1 Diocèse de Limoges 4 Diocèse de Lodève 1 Diocèse de Luçon 2 Diocèse de Lyon 3 Diocèse du Mans 1 Diocèse de Mende 2 Diocèse de Périgueux 2 Diocèse de Poitiers 3 Diocèse du Puy 2 Diocèse de Rodez 2 Diocèse de Tarbes 1 Diocèse de Vabres 1 Total 34

1. Louis Driy, art. cité, p. 38.

2. Yves Rr, « Les voies de communication entre pays de la Méditerranée et pays de l’Atlantique au Moyen Âge », Mélanges Halphen, 1951, p. 590-593.

Voir également sur le même sujet et cité par Louis Driy dans son article de 1955, l’article de Philippe Wff, « Le problème des Cahorsins », Annales du Midi, 1950, t. 62, p. 236 et 238.

Dix années plus tard, on constate à nouveau la forte présence de l’es-pace Limousin-Poitou-Périgord, puisqu’il totalise 25,7 % de l’ensemble des associations. C’est ensuite le Massif central avec 14,7 % qui devient le deuxième espace « donneur » de solidarités étudiantes. Il faut tout de même souligner que tous les diocèses cités ci-dessus sont vastes. Il est

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