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Les cursus complets

Dans le document Faire sa médecine au XVIIIe siècle (Page 187-197)

Les cursus

I- Les cursus complets

Après avoir mentionné pour chacun des étudiants l’ensemble des informations relatives aux différentes étapes de son cursus montpel-liérain, la fiche individuelle à la rubrique « cursus interrompu » porte la mention « Non » pour un cursus terminé et « Oui » pour un cur-sus inachevé. Cette rubrique indexée permet donc de faciliter les tris et d’évaluer pour l’ensemble des inscrits le nombre de ceux qui y ont accompli la totalité de leurs études. Au terme de cette analyse, il appa-raît que 3 685 étudiants sortent docteurs de la cité languedocienne, soit un pourcentage des inscrits de l’ordre de 76,9.

Les 3 685 étudiants qui ont accompli l’intégralité de leurs cursus à Montpellier ne l’ont pas tous fait au même rythme : on peut arriver à déterminer le nombre des étudiants qui accomplissent un cursus rapide, un cursus normal ou un cursus lent. À la fin de chaque fiche individuelle, figurent deux rubriques « Durée du cursus » et « Durée des examens » ; la rubrique « Durée du cursus » a été élaborée en pre-nant en compte le temps que chaque étudiant reste à Montpellier de sa première inscription à l’obtention de son doctorat ; la rubrique « Durée des examens » a été calculée du baccalauréat jusqu’au docto-rat. Le temps pour ces deux rubriques a été évalué en mois de manière à pouvoir faciliter les tris. En théorie, les étudiants ont un temps d’étu-des très strict, réglementé par l’Édit de 1707 : il faut avoir fréquenté une Faculté pendant trois années pour prétendre passer le premier examen qui est le baccalauréat. Dès lors, le temps du cursus est nor-mal lorsqu’il est proche de 42 mois. De la même manière, la réglemen-tation introduit un temps minimal pour les examens : l’étudiant peut passer son baccalauréat à l’issue des trois ans d’études, mais dans la pratique, le premier grade se passe dès la 10e inscription. Cependant, il faudrait respecter un laps de temps de trois mois entre le baccalau-réat et la licence, mais les étudiants montpelliérains mettent six mois entre les deux grades. L’Édit de 1707 est par ailleurs lacunaire en ce qui concerne le temps à respecter entre la licence et le doctorat. Ainsi, il existe un grand nombre d’étudiants qui obtiennent leur doctorat quelques jours après avoir passé leur licence, d’autres attendent quel-ques semaines. Les délais oscillent en général entre un jour et un mois après l’obtention de la licence. Malgré une très grande diversité de possibilités, trois types de cursus peuvent être dégagés.

1- Les cursus normaux

Ils respectent les trois années d’études universitaires obligatoires plus les six mois consacrés aux examens. Ils s’échelonnent donc entre 32 et 36 mois pour la rubrique « Durée du cursus » et entre 5 et 6 mois pour la rubrique « Durée des examens », mais il s’agit des usages de la Faculté. Sont considérés comme « normaux » des cursus qui ne respectaient pas tout à fait les prescriptions de l’Édit de 1707 et qui duraient 32 mois, car ils sont les plus nombreux : 36,2 % des effectifs s’y conforment, aussi bien pour la durée du cursus que pour celle des examens.

2- Les cursus apparemment rapides

Un certain nombre de jeunes gens ne passent à Montpellier qu’une période inférieure à deux années. Leur présence dans la cité languedo-cienne est très variable et on a souvent affaire à des cursus très rapides, de l’ordre de quelques mois. Cette rapidité n’est pas uniquement la carac-téristique de la deuxième moitié du xviiie siècle, car elle existe déjà au cours de la première partie de la période. Les jeunes gens utilisent donc les possibilités que leur donne l’Édit de 1707 qui permet la validation des cursus antérieurs (voir le chapitre III de cette partie consacré à la mobilité étudiante). Ainsi, Jean Lafontaine, originaire de Saint-Paul-de-Fenouilhet, diocèse d’Alet, s’inscrit à Montpellier le 29 février 1708, il n’y passe que 20 mois pour la totalité de son cursus ; il comptabilise pour ses examens une durée supérieure à la moyenne, puisqu’il reste 10 mois entre son baccalauréat et son doctorat1 ; d’ordinaire, les jeunes gens laissent s’écouler 6 mois entre ces deux grades. En outre Jean Lafontaine passe le baccalauréat, avec seulement deux inscriptions à Montpellier : il s’est opéré une sorte de rattrapage dans la durée anormale de sa présence à la Faculté pour ses examens, car il a vraisemblablement obtenu la vali-dation de ses acquis antérieurs. Antoine Andrieu, originaire de Gaillac, diocèse d’Albi, se conforme tout à fait à la norme des cursus rapides : il s’inscrit au trimestre de mai 1776 et entre les mois d’août et de décembre de la même année passe son baccalauréat, sa licence et son doctorat ; il n’attend que quelques jours entre la licence et le doctorat, car il passe le

1. B.I.M.M., S 23-f°5-v°, 1re inscr. de Jean Lfi, originaire de Saint-Paul-de-Fenouilhet, diocèse d’Alet, le 29 fév. 1708. S 56, bac. le 20 déc. 1709. S 56, lic. le 24 avril 1709. S 56, doct. le 31 oct. 1709.

premier examen le 20 décembre 1776 et le second le 24 du même mois1 : il ne totalise que 7 mois entre sa première inscription et l’obtention de son doctorat et que 4 mois entre son baccalauréat et son doctorat.

Les étudiants dont le cursus est rapide représentent 20,7 % de l’en-semble des inscrits de 1707 à 1789. Ce pourcentage important est un indice pour déterminer la mobilité étudiante. La plupart des sources consultées pour appréhender ce phénomène sont partielles et ne per-mettent pas de chiffrer avec exactitude les déplacements des étudiants2. Pour ceux qui ne satisfont pas à l’obligation de demeurer trois années à la Faculté, on demande de prouver la fréquentation antérieure d’un autre centre. Si cette hypothèse se vérifiait, on pourrait déterminer le pourcentage de ceux qui se sont présentés à Montpellier, munis de certificats d’études antérieurs, mais qui n’ont pas été conservés dans les Archives du fonds ancien de la Faculté. Si l’on met en relation les résultats obtenus pour la mobilité étudiante dans la deuxième moitié du xviiie siècle, on a des résultats proches de 20 %.

3- Les cursus longs

Ils représentent 20 % de l’ensemble des inscrits entre 1707 et 1789. La norme retenue pour appréhender ce phénomène est une durée du cur-sus supérieure à trois années, mais il y a une multitude de cas de figures : de ceux qui dépassent à peine la présence de trois années à Montpellier à ceux qui fréquentent la Faculté plus de quatre années, voire davan-tage. Dans les registres, on note quelques cas atypiques. Le « record » est détenu par Pandulphe Martin de Gymard dont les études s’étalent sur plus de quinze années3 : originaire du diocèse de Clermont-Ferrand, il prend sa première inscription le 24 février 1751 ; il passe son baccalauréat et sa licence dans un laps de temps normal, puisqu’il est mentionné sur les registres pour son premier grade le 14 avril 1753 et pour le second le 17 mai 1754. Il ne se présente au doctorat que le 19 juin 1766 ! Il y a un

1. B.I.M.M., S 41, 1re inscr. d’Antoine Ari, au trim. de mai 1776. S 64, bac. le 24 août 1776. S 64, lic. le 20 déc. 1776. S 64, doct. le 24 déc. 1776.

2. Cf. dans la deuxième partie de ce travail le chapitre relatif à la « mobilité étudiante ». Les sources consultées sont partielles, à savoir le registre des Actes, S 25 qui ne permet de prendre en considération qu’une dizaine d’années, et la série R, « dossiers des étudiants » qui pour 678 étu-diants de 1769 à 1789 permet de prendre la mesure de ces déplacements.

3. B.I.M.M., S 49-f°87, 1re inscr. de Pandulphe Mri  Gyr, originaire du diocèse de Clermont-Ferrand, le 25 fév. 1751. S 61-f°21-r°, bac. le 14 avril 1753. S 61-f°168-v°, licence le 17 mai 1754. S 66, doct. le 19 juin 1766.

écart inexplicable de 12 années. La confusion aurait été possible avec un autre étudiant, Jean Martin de Gymard, originaire de la ville et du dio-cèse d’Alès1. Mais, le registre des Actes mentionne lors du doctorat de Pandulphe que sa licence date du mois de mai 1754. Ce genre de situation a dû apparaître hors norme à l’institution qui a pris soin de mentionner cette anomalie, à moins qu’elle n’ait voulu éviter des confusions liées à une homonymie. Cet exemple est tout de même étonnant, car le cursus est normal jusqu’à l’obtention de la licence, mais rien dans les registres ne permet de savoir quelle est la raison d’une cette interruption. La mala-die ou bien peut-être des problèmes financiers pourraient, par exemple, expliquer ce temps anormal. Pandulphe Martin de Gymard n’est pas un cas isolé. Guillaume d’Avisard, originaire de la communauté de Joyeuse dans le diocèse de Viviers, met plus de onze années avant d’obtenir le titre de docteur de Montpellier2 : il prend sa première inscription le 29 février 1720, passe son baccalauréat le 9 juillet 1725, sa licence le 30 juin 1731 et son doctorat le 9 juillet de la même année : entre la première inscription et l’obtention de son premier grade, s’écoulent près de cinq années, et entre le baccalauréat et la licence six années. De son côté, Jean Ménart met plus de huit ans pour devenir docteur, mais son cursus ne présente pas les mêmes irrégularités que celui de Guillaume : originaire de la Barbarie, diocèse de Rodez, il prend sa première inscription le 31 août 17273 ; entre celle-ci et son premier grade s’écoulent huit années au cours desquelles il alterne les inscriptions entre Orange et Montpellier, il prend six inscrip-tions à la Faculté de médecine d’Orange entre mai 1732 et août 1734 et six au total à Montpellier entre le moment où il a pris sa première inscriptions en 1727 et à son retour d’Orange entre novembre 1734 et la fin du mois de février 1736 ; à Montpellier, il passe son baccalauréat le 3 mars 1735, sa licence et son doctorat en août 1736. Ambroise Moore, irlandais, totalise cinq années pour accomplir son cursus à Montpellier entre 1753 et 17584.

1. B.I.M.M., S 32-f°12, 1re inscr. de Jean Mri de Gyr, originaire d’Alès, au trim. de fév. 1763. Cet étudiant ne termine pas son cursus et abandonne à la troisième inscription, S 32-f°24.

2. B.I.M.M., S 24-f°47, 1re inscr. de Guillaume d’Avisr, originaire de Joyeuse, diocèse de Viviers, le 29 fév. 1720. S 57-f°223, bac. le 9 juil. 1725. S 57-f°223, licence le 30 juin 1731. S 57-f°223, doct. le 9 juil. 1731.

3. B.I.M.M., S 26-f°72, 1re inscr. de Jean Mr, originaire de La Barbarie, diocèse de Rodez le 31 août 1727. S 25-f°110, 6 inscr. à la Faculté de médecine d’Orange de mai 1732 à août 1734. S 27-f° 399, 6ème inscr. à Montpellier le 27 fév. 1736. S 60-f°5-v°, bac. le 3 mars 1735. S 60, licence le 25 mai 1736. S 58-f°20, doct. le 12 août 1736.

4. B.I.M.M., S 46-f°87, 1re inscr. d’Ambroise Mr, originaire d’Irlande au trim. d’août 1753. S 61, bac. le 23 avril 1757. S 61, lic. le 29 juil. 1758. S 61, doct. le 31 août 1758.

Pour cet étudiant étranger, les difficultés financières pourraient expliquer cette « lenteur », car on sait que pour les Irlandais qui séjournent dans le royaume de France, ces problèmes sont fréquents. Même si ces cas de figures révèlent une extraordinaire lenteur dans les cursus, rien ne permet d’affirmer que ces étudiants soient demeurés autant d’années dans la ville universitaire.

4- « Les abandons » ?

a) Quelques motifs d’abandons

Sur un total de 4 682 inscrits à la Faculté de médecine de Montpellier de 1707 à 1789, 1081 ont un cursus incomplet, soit 23,1% de l’ensemble : près du quart des étudiants qui ont commencé un cursus à Montpellier ne le terminent pas dans cette Faculté. Cependant, il n’est pas possible de dire que près du quart de l’effectif a effectivement renoncé. En effet, nous ne connaissons que quelques cas de jeune gens qui ont, pour des motifs variés, abandonné leurs études. Rarement les registres d’inscrip-tions mentionnent les raisons de ces abandons, mais parfois quelques annotations figurent dans les cas graves. Les motifs tiennent alors à des comportements déviants. En 1759, Joseph-Paul Bôtu, originaire du dio-cèse de Vienne, est rayé de la matricule pour avoir volé une bague dans la chambre de Pierre-Jacques Willermoz1, lui aussi étudiant de la faculté. Ici, c’est l’institution qui statue et décide de la sanction à appliquer, mais, parfois, ce sont les étudiants eux-mêmes qui demandent justice. À la fin de l’année 1771, l’étudiant Jacques Cotter, originaire de Cork en Irlande, prend une inscription à Montpellier ; en 1772, il passe son baccalauréat, mais doit faire face à une sorte de fronde de ses camarades de promo-tion qui font circuler une pétipromo-tion2. Cet écrit mentionne les multiples débordements du jeune homme qui, pour échapper à la justice, a pré-féré le statut avantageux d’étudiant qui lui assure certaines immunités : Jacques Cotter a occasionné des troubles non seulement à Montpellier, mais également à Toulouse d’où il a fui pour échapper à des poursuites. Les pétitionnaires demandent à ce qu’il ne puisse plus recevoir aucun

1. B.I.M.M., S 61-f°115.

2. B.I.M.M., S 36, 1re inscr. de Jacques Cr, originaire de la ville de Cork en Irlande, le 16 nov. 1771. S 64, bac. le 17 août 1772.

autre grade à Montpellier1 ; effectivement à partir de l’obtention de son baccalauréat, il disparaît des registres des grades. Un autre étudiant, Henri Chaussenque est victime d’une bagarre avec le sieur Saillant, officier du régiment d’Aquitaine ; il meurt en 1772 à Montpellier des suites de ses blessures2. De même, Joseph Nougues décède après l’obtention de son baccalauréat, sans que le bedeau ait pu ajouter dans le registre des élé-ments complémentaires3.

Parfois encore, on trouve les motivations d’un abandon de cursus à Montpellier, mais qui n’impliquent pas un arrêt total de la carrière médi-cale. Le cas de Jean Vanel est significatif des parcours que les étudiants empruntent pour obtenir un doctorat : originaire du Ventouzet, diocèse de Mende, comme quelques-uns de ses compatriotes mendois, il béné-ficie de la bourse instituée par Urbain V en faveur des jeunes gens de ce diocèse qui souhaitent recevoir une formation médicale. Mais des abus se sont glissés dans l’attribution de cette bourse et c’est la raison pour laquelle le diocèse de Mende entend établir un état, au début de la deuxième moitié du xviiie siècle, des jeunes gens qui ont bénéficié de cette aide et contrôler de cette manière l’utilité de cette fondation dans la formation des praticiens du diocèse. Cette enquête, conservée dans le fonds ancien de la Faculté de médecine de Montpellier, révèle que sur les 16 jeunes gens qui ont obtenu la bourse d’études, seuls 8 sont deve-nus médecins. Les Gévaudanais ne sont pas soumis à une obligation de résidence ni de fréquentation de la Faculté, ce qui, évidemment, donne lieu à quelques dérives. Jean Vanel n’a pris qu’une seule inscription à Montpellier ; il quitte cette Faculté pour se rendre à Avignon où il pour-suit des études de médecine : il devient docteur à Avignon sans certificat d’inscriptions, ce qui, selon l’auteur du rapport, rend ses grades nuls4. Jean Vanel en choisissant, contre le souhait du fondateur, d’aller terminer son

1. B.I.M.M., C 65, pétition des étudiants, vraisemblablement de 1762, pour obtenir que l’étu-diant Jacques Cotter soit rayé de la matricule.

2. B.I.M.M., S 38, 1re inscr. d’Henri Chssq, originaire de Gontaud au diocèse d’Agen, au trim. de nov. 1770. Voir plus loin le chapitre III de la troisième partie : « D’une sociabilité d’étu-des à une sociabilité de corps », le développement consacré à l’affaire Chaussenque : « La fronde dans la cité ».

3. B.I.M.M., S 26-f°23, 1re inscr. de Joseph Ns, originaire de Blaye au diocèse de Bordeaux, le 28 fév. 1726. S 56, bac. le 31 juil. 1728.

4. B.I.M.M., Q. 46. Registre des étudiants du diocèse de Mende qui ont bénéficié de la bourse Urbain V au cours de la première moitié du xviiie siècle. On comprend, par ailleurs, que la Faculté de médecine d’Avignon n’ait pas demandé des certificats d’inscriptions à Montpellier, car les deux Facultés n’avaient pas de bonnes relations.

cursus à Avignon a réalisé de substantielles économies sur le montant des inscriptions. Ainsi, l’obtention de cette bourse pour les jeunes gens origi-naires du diocèse de Mende donne lieu à une multitude de cas de fraudes. Antoine Azais, originaire de Chaudes-Aigues, a sept inscriptions en médecine et pendant les trois ans qu’il resta à Montpellier il n’étudia que la théologie et se fit prêtre1. Cet exemple a été suivi par Étienne Balmèle, natif de Mende : immatriculé en novembre 1740, il prend six inscriptions à la Faculté de médecine de Montpellier, n’y suit aucun cours et préfère la théologie, il est ordonné prêtre dès son retour chez lui2. D’autres voies sont possibles. Ainsi, Antoine Aguilhon, immatriculé en octobre 1740, prend neuf inscriptions à Montpellier, quitte la ville et se consacre au commerce3. François-Joseph Comte avait poussé assez loin ses études, puisqu’il passe à Montpellier sa licence, mais il interrompt son cursus à ce stade, car l’enquête révèle qu’il « ne passa point docteur4 ». Certains de ces candidats ont saisi tout le parti qu’ils pouvaient tirer du montant de la pension qui leur était octroyée. Dans la mesure où ces jeunes gens savent qu’aucun réel contrôle n’est pratiqué, certains ont prudemment passé un baccalauréat en médecine, comme Albouin-Alexandre Beraud et Jean-Paul Mathieu, puis sont retournés chez eux, continuant à percevoir la bourse pendant deux années sans fréquenter les bancs de la Faculté5. Le jeune Beraud a, semble-t-il, mis en place une stratégie pour éviter de venir suivre des cours de médecine à Montpellier. Un deuxième rapport, demandé par le diocèse de Mende, atteste l’absence de sérieux de ce can-didat bénéficiaire de la bourse Urbain V :

« Installé en tant que Collégié le 9 novembre 1751, il n’a pris dans nos registres dans l’espace de deux ans et demi que 10 inscriptions après lesquelles il reçut le baccalauréat, le 29 août 1753. Il n’a fait aucune démarche depuis ce temps-là pour prendre les inscriptions qui restent à prendre ni pour aucun autre grade. Il s’en retourna chez lui où il est toujours resté6. »

1. B.I.M.M., Q. 46, pièce n° 1. Cursus universitaire d’Antoine Azis.

2. B.I.M.M., Q. 46, pièce n° 1, cursus d’Étienne Bè, originaire de la ville de Mende. 3. B.I.M.M., Q. 46, pièce n° 1, cursus d’Antoine Aih.

4. B.I.M.M., Q. 46, pièce n° 1, cursus de François-Joseph C.

5. B.I.M.M., Q. 46, pièce n° 1, cursus de Albouin-Alexandre Br et Jean-Paul Mhi. 6. B.I.M.M., Q. 46, pièce n° 2, carrière de Collégié de Mende d’Alexandre Br de la ville de Mende.

Cette pratique de captation de la bourse est assez courante, car il n’y a pas de contrôle du suivi des études. La bourse Urbain V est composée de deux sommes : la première est versée à Mende même au Collégié, et est de l’ordre de 125 livres annuelles ; la deuxième partie de cette bourse est une rente versée aux Collégiés par les Bernardins de l’abbaye de Valmagne, d’un montant de cinquante livres par an1. Dans cette situation, conséquence d’une sorte de vide juridique, puisqu’on « n’observe pas suivant la fondation que le Collégié doive résider à Montpellier pour y étudier, fréquenter les écoles, suivre les hôpitaux, en un mot pour se perfectionner tant dans la théorie que dans la pratique de la médecine », les jeunes gens n’étaient pas réelle-ment en infraction. Le jeune Beraud, d’après l’enquête, est resté chez lui, « excepté dix à douze jours par année qu’il a pris pour venir à Montpellier et y retirer cinquante livres qui font sa portion d’une rente de deux cents livres que les Bernardins de l’abbaye de Valmagne font aux Collégiés de Mende2 ». Quelquefois les jeunes gens ne remplissent pas les obligations d’étude requises par la bourse. C’est notamment le cas d’Ignace de la Bretoigne : installé en tant que Collégié le 26 juin 1755, il n’a pris en l’espace de deux années que sa deuxième inscrip-tion. Le rédacteur du mémoire souligne que « par là il n’est pas trop un exemple ; d’autant mieux qu’on dit que quand il s’est immatriculé, il a présenté et enregistré dans nos registres un certificat d’études de philosophie de son frère ce qui prouverait qu’il n’a point de cours de philosophie et par conséquent hors d’état d’étudier la médecine3 ».

Hormis ces indications qui mentionnent pour ces quelques étu-diants des pratiques frauduleuses, il n’est évidemment pas possible

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