• Aucun résultat trouvé

Les étudiants étrangers inscrits à Montpellier par « nation » d’origine

Dans le document Faire sa médecine au XVIIIe siècle (Page 128-142)

Les étudiants étrangers inscrits à la Faculté de médecine de Montpellier

III- Les étudiants étrangers inscrits à Montpellier par « nation » d’origine

Si l’analyse des effectifs étrangers par décennies a montré la baisse de la fréquentation étrangére qui, au cours des siècles précédents, avait contri-bué à la renommée du centre montpelliérain, une analyse par « nations » est indispensable pour comprendre les stratégies particulières qui ont pu parfois se faire jour. Les pays européens analysés ci-après sont signi-ficatifs : on étudiera d’une part les « nations » qui font leur apparition dans le paysage universitaire de Montpellier telle l’Irlande ou le Portugal, d’autre part celles qui délaissent Montpellier au cours du xviiie siècle.

1- Les étudiants irlandais à Montpellier de 1707 à 1789

Graphique n° 4 : Les étudiants originaires d’Irlande inscrits à la Faculté de médecine de Montpellier de 1707 à 1789

Ce graphique montre la relative fidélité des étudiants irlandais au centre universitaire montpelliérain ; il atteste leur présence au cours de toutes les décennies du xviiie siècle, à l’exception de la très courte période de trois années allant de 1787 à 1789. L’apogée de la présence irlandaise à Montpellier se situe dans la première moitié du xviiie siècle où la quasi-totalité de l’effectif est concentrée. Au cours de la deuxième moitié du

siècle ils ne se trouvent que de manière épisodique à Montpellier. Les raisons de cette présence irlandaise sont assez difficiles à expliciter. Cette orientation vers l’étranger est compréhensible dans la mesure où l’Angle-terre, avait entrepris au xviiie une véritable reconquête religieuse : pour les Irlandais il fallait fuir une formation entachée de suspicion de Réforme. Le choix d’un royaume catholique, relativement proche, offrait donc à ces étudiants une garantie dans le domaine confessionnel. Mais Montpellier n’était pas réputée pour être une Faculté ultra catholique ; elle offrait, du moins, l’assurance de pouvoir les accueillir sans qu’ils subissent les persé-cutions qui avaient lieu dans leur pays d’origine tout en n’éveillant pas les soupçons de l’Angleterre. La diaspora irlandaise au xviiie siècle, en France, mériterait d’être étudiée de manière beaucoup plus fine ; elle s’inscrit tout de même dans une réalité bien connue. Au Siècle des lumières, l’immigration irlandaise fournit des contingents importants en France. La typologie de ces nouveaux arrivants est très variable : mercenaires, vagabonds, prêtres et étudiants. Ce mouvement fait de cette « nation » la première immigration de masse de type moderne que la France ait connue1. Les étudiants espèrent peut-être trouver à l’étranger les qualifications sociales et professionnelles qu’ils ne peuvent acquérir chez eux en tant que catholiques ils sont écartés du pouvoir économique et politique. Il faudrait aussi connaître l’impor-tance de ces effectifs dans les autres centres universitaires pour pouvoir les comparer avec ceux de Montpellier.

Patrick Ferté a émis l’hypothèse que les Irlandais qui faisaient le voyage en France étaient là pour suivre une sorte de double cursus : ins-crits en théologie et en médecine, ils pouvaient, une fois retournés chez eux, être des médecins respectés mais également des prêtres cachés2 : ils devenaient en quelque sorte des « prêtres du désert » qui continuaient à assurer la continuité des sacrements catholiques. Cette hypothèse, séduisante, ne peut être vérifiée pour le centre montpelliérain dans la mesure où la Faculté de théologie de la ville n’a qu’une existence dis-continue ; en effet, elle ne fonctionne au xviiie siècle que du début du siècle à 1762, date du départ des Jésuites ; encore faut-il souligner la faiblesse numérique de ses effectifs3. La deuxième piste de recherche

1. Les Étrangers en France xvie siècle-1789, Guide des recherches aux Archives nationales, Paris, Archives nationales, 1993, p. 91.

2. Patrick Fr, « Irish Clerics in France in the XVII and XVIII th century : a Statistical Study », Proceeding of the Royal Irish Academy, Dublin, 1987.

consisterait à essayer de retrouver ces Irlandais, dans les centres qui enseignent la théologie à Toulouse ou à Avignon. Ce qui pourrait don-ner quelque vraisemblance à l’hypothèse émise par Patrick Ferté est le total des abandons des étudiants irlandais à Montpellier : sur un total de 72, ils ne sont que 35 à terminer leurs études de médecine ; Le res-tant, soit 37, abandonne entre la première et la cinquième inscription. Mais rien n’indique de manière sûre l’existence de ce double cursus : ces Irlandais se sont peut-être fait recevoir docteurs dans d’autres centres universitaires où les grades étaient moins chers et plus faciles à obtenir, les Facultés d’Orange ou de Valence offre à l’époque cette possibilité ; seule une étude exhaustive de l’ensemble des matricules universitaires permettrait de savoir si ces jeunes gens aient obtenu leur doctorat en médecine. D’autre part, il n’existe aucun document attestant qu’ils ont suivi des cours de théologie1.

Nous ne disposons que d’un seul témoignage de la réalité de l’existence de ce phénomène « médecin et prêtre », c’est celui fourni par Jacques O’Leyn, natif de la ville de Killarny, qui dédicace en 1791 sa thèse de bac-calauréat à son oncle, Mathieu O’Leyn, « médecin et prêtre ». Certes, un seul exemple ne permet pas de généralise, mais il confirme les difficultés d’existence des Catholiques en Irlande et en particulier de leur clergé, car depuis 1709, l’Eglise catholique est entrée dans la semi clandesti-nité : tous les prêtres enregistrés doivent prêter serment d’abjuration ou s’exiler. De plus, le combat pour la liberté religieuse est aussi devenu celui pour la terre, car 75 % de la population catholique ne dispose que de 3 % des terres/ Condamnée au silence la population irlandaise dans sa grande majorité devient une société fantôme, souterraine, contrainte de dissimuler ses convictions religieuses.

Un autre élément s’oppose à l’hypothèse de P. Ferté : certains de ces étudiants irlandais vont faire souche en France comme les Archbold à Lodève, Edmond O’Reilly à Sauve, dans le diocèse d’Alès, Jacques Kirwan à Nantes, Valentin Quin à Toulouse ou Dominique-Michel Macnemara qui s’installe à Dunkerque. Ces cas sont peu nombreux, mais on peut tout de même y ajouter ceux du corps professoral montpelliérain, avec l’exemple du professeur Fitz-Maurice qui a joué, peut-être involontaire-ment, le rôle d’un modèle de réussite et d’installation en France à l’heure où, en Irlande, les Catholiques sont totalement déclassés socialement et économiquement.

De plus, Lawrence Brockliss a noté que bon nombre d’étudiants irlan-dais étant venus faire leurs études de théologie en France ne repartent pas chez eux. De là à penser que cette pratique a pu se glisser chez ceux qui entreprenaient des cursus en médecine, il n’y a peut-être qu’un pas. Cependant, si une proportion plus importante de sédentarisation des étu-diants en médecine était prouvée, cela tendrait à faire penser que, quel que soit finalement le cursus choisi, les stratégies et les pratiques de la dias-pora irlandaise se diffusent auprès de l’ensemble des « pérégrinants ».

Montpellier n’est pourtant pas la Faculté de prédilection de la dias-pora irlandaise. Les registres de la Faculté de Reims montrent que ce centre l’a accueillie. En effet, à partir de la décennie 1740 les étu-diants sont de cinquante à soixante-dix par décennie1. Transfuges de la Faculté parisienne, ils ont, dans la capitale à cette époque, une foule de cours de perfectionnement à leur disposition. Montpellier fait alors pâle figure avec seulement 72 étudiants irlandais pour tout le xviiie

siècle. Les routes médicales s’arrêtent donc plus au nord. Les Irlandais à Montpellier étant en quelque sorte des exceptions par rapport au nombre considérable que l’on peut recenser dans les Facultés septen-trionales ou dans les villes de la façade atlantique2.

2- Les étudiants suisses à Montpellier de 1707 à 1789

Graphique n° 5 : Les étudiants originaires des Cantons suisses inscrits à la Faculté de médecine de Montpellier de 1707 à 1789

La présence des étudiants originaires des Cantons suisses est plus nette à partir de la décennie 1727-1736. Avant cette période, seuls six étudiants ont fait le choix de venir faire leurs études à Montpellier. Par

1. Ji-Rv, p. 70.

2. Jean-Pierre Pss, « Recherches sur l’immigration anglo-irlandaise à Bordeaux au xviiie siècle », Bordeaux, 1975, p. 74-83. Cité dans Histoire de la population française, t. 2, De la Renaissance aux Lumières, sous la dir. de Jacques Dûpaquier, Paris, Seuil, 1986, 362 p.

contre, à l’exception de la très courte période triennale de 1787 à 1789, ils vont « approvisionner » de manière continue le centre languedocien. Leur nombre est supérieur à la dizaine pour chaque décennie entre 1737 et 1786. Cette fidélité ne s’est jamais démentie tout au long des siècles de l’Ancien Régime. Les ressortissants des Cantons suisses représentent de manière constante par décennie environ 1/4 de l’effectif étranger. Le cas des frères Platter, étudiants Bâlois, montre que la renommée de Montpellier n’a pas été entamée dans cet espace depuis le xvie siècle. Il faut souligner que les Facultés plus proches des Cantons suisses n’ont peut-être pas la même réputation. En effet, il est très facile de se faire recevoir dans des centres complaisants comme ceux de Valence ou d’Aix. Mais, la tradition étant vivace, si bon nombre de ces jeunes gens ont choisi Montpellier depuis le xvie siècle, c’est pour avoir une garantie de qualité dès qu’ils retourneront exercer chez eux. Obtenir un diplôme d’une Faculté complaisante signifiait peut-être un risque pour eux. On peut également penser aux liens économiques entre le Languedoc et les Cantons suisses, et notamment le commerce des Indiennes tout au long du xviiie siècle1.

La dernière raison de cette fidélité est peut-être une sorte « d’obligation ». Il faut être diplômé de Montpellier pour bénéficier de la réputation de la Faculté et garantir son intégration dans les sociétés savantes de la ville. Le cas du Collège des Médecins lyonnais au Siècle des lumières est significatif de l’intérêt que ses membres portent au diplôme montpellié-rain. Ils rejettent systématiquement les candidats qui ne sont pas passés par Montpellier. Le diplôme montpelliérain est une garantie de quali-fication, la moitié d’entre eux en 1777 et tous à la fin de la période, ont été formés à Montpellier2. Les diplômes ne doivent pas être dévalori-sés3. Le Collège des Médecins de Lyon est le garant de la réputation des diplômes et c’est l’argument qui lui a permis de refuser le Dauphinois, Joseph Robert, docteur de la Faculté de Valence4. Les pratiques des

1. Alain Ch, L’Essor des indiennes à Montpellier dans la deuxième moitié du xviiie siècle,

Mémoire de maîtrise, Montpellier, 1963.

2. Cf. les listes nominales fournies par deux sources : d’une part le manuscrit 2 221 du fonds ancien de la Faculté de médecine de Paris qui recense les professions médicales entre 1780 et 1785 et d’autre part la source imprimée que nous avons appelée Dictionnaire de l’An X. Pour 1777 se reporter au tableau n° 50 : Les Collèges de Médecins d’après l’État de la médecine de 1777 et la part des médecins formés à Montpellier.

3. Jean-Emmanuel Giibr, op. cit., p. 65-66. On a vu plus haut que Gilibert déclare que les médecins lyonnais ont refusé ce « faux Esculape ».

Lyonnais sont peut-être les mêmes dans les Cantons suisses. D’autant plus qu’en France, dans la deuxième moitié du xviiie siècle, une mul-titude de Collèges de médecins refuse d’agréger des docteurs qui n’ont pas de diplôme montpelliérain. Le nombre de plus en plus important de praticiens qui sortent diplômés des Facultés fait craindre l’acceptation de médecins « au rabais ». Les ressortissants des Cantons suisses ont vraisemblablement été, eux aussi, poussés à obtenir à Montpellier cette garantie. Elle pouvait leur assurer, une fois revenus chez eux, une clien-tèle et une réputation. Cette « habitude » est ancienne, car déjà au xvie

siècle, les membres de la famille Platter avaient ce souci de bénéficier d’une formation de qualité.

3- Les étudiants « espagnols » à Montpellier de 1707 à 1789

Graphique n° 6 : Les étudiants originaires des royaumes espagnols inscrits à la Faculté de médecine de Montpellier de 1707 à 1789

La présence des ressortissants originaires des royaumes espagnols à Montpellier au cours du xviiie siècle est assez irrégulière : quasi absents du recrutement jusque dans la période 1727-1736, ils semblent ne venir que de manière épisodique dans le centre montpelliérain ; leur présence s’affirme de plus en plus au cours des trois décennies 1757-1786. Cette irrégularité est à mettre en relation avec les mesures de Philippe II qui interdisaient d’aller prendre les grades dans les Universités étrangères sauf quelques exceptions. Les « Espagnols » qui étaient la principale « nation » à Montpellier au xvie siècle disparaissent alors progressive-ment des matricules. Qui sont donc ceux qui ont bravé les interdic-tions de leur roi ? Massivement au xviiie siècle ce sont des jeunes gens originaires du royaume de Catalogne : ils constituent 60 % de l’effectif « espagnol », le reste provient d’origines géographiques très diverses,

sans que l’on puisse mettre en évidence qu’un royaume ait donné plus d’étudiants qu’un autre. Cependant, il ne faut pas oublier que, dès la première décennie du xviiie siècle, un Bourbon règne en Espagne. On constate que les effectifs espagnols repartent à la hausse au cours de la troisième décennie du siècle. La politique de Philippe II a certaine-ment dû s’assouplir sous le règne de Philippe V. Mais cette éventuelle modération n’est pas suivie d’un accroissement massif des effectifs : à cette époque, des Universités dans la Péninsule ont pris leur essor et sont réputées. Quiconque veut étudier à l’étranger peut également aller en Italie, car la voie maritime est très fréquentée de la Catalogne vers les centres de la péninsule italienne. Des habitudes ont été prises, il est donc assez difficile de les modifier rapidement et radicalement.

Les Catalans ont des relations très anciennes avec la Faculté de méde-cine de Montpellier. Le collège de Gérone envoie fréquemment deux jeunes gens, qui ont été choisis pour leurs capacités, faire leur médecine à Montpellier. Les matricules ne renseignent que de manière épisodi-que épisodi-quels sont les étudiants qui ont bénéficié de cette bourse d’études. Seul le registre S 18, couvrant le premier tiers du xviiie siècle, mentionne 12 étudiants Collégiés. Il est vraisemblable que le nombre doit être bien supérieur. Sur ces 12 étudiants, tous ont terminé leurs études, et sont sortis médecins de Montpellier à l’exception d’un seul, André Triès, qui, lui, ne dépasse pas la troisième inscription1. De manière plus générale les études faites sur les populations étudiantes espagnoles montrent que les Catalans qui souhaitent étudier la médecine se sont dirigés jusque vers le milieu du xviiie siècle vers Valence où ils sont beaucoup moins nombreux à partir de cette date2. Donc les Catalans sont plus nombreux dans le centre montpelliérain dès le milieu du xviiie siècle : la fréquenta-tion catalane qui est de 19 jeunes gens de 1707 à 1756 passe à 34 dans la deuxième moitié du siècle. Ce quasi doublement des effectifs catalans à Montpellier indique peut-être une réorganisation des routes de forma-tion à l’échelle du royaume. Néanmoins, les auteurs espagnols ne peu-vent expliquer le tarissement brutal de ce flux de Catalans à Valence si ce n’est par le fait que les grades de cette Faculté étaient difficiles à obtenir.

1. B.I.M.M. S 24-f°6, première inscription d’André Triès le 3 novembre 1718, collégié de Gérone. S 24-f°52, troisième et dernière inscription le 29 mai 1720.

2. Mariano Ps, Maria-Fernanda Mb, « Les populations étudiantes en Espagne au xviiie siècle », Dominique Ji, Jacques Rv, Les Universités européennes du xvie au xviiie

4- Les étudiants des îles britanniques à Montpellier de 1707 à 1789

Graphique n° 7 : Les étudiants originaires des îles britanniques inscrits à la Faculté de médecine de Montpellier de 1707 à 1789

Au cours du xviiie siècle, Montpellier n’accueille que 21 étudiants originaires de cet espace. Ils sont présents dans presque toutes les décennies, mais en nombre réduit. On peut dire qu’aucun d’entre eux ne vient à Montpellier dans le cadre d’une « équipe étudiante ». Alors que ce type de solidarité est un aspect très fort au sein de la commu-nauté irlandaise, les « Britanniques » ne la pratiquent pas1. De plus, il faut tenir compte des étudiants originaires de Minorque, cette île étant au xviiie siècle sous domination anglaise depuis la signature du traité d’Utrecht, en 1713 ; trois étudiants en sont originaires, le premier, Pierre Valls s’immatricule en 17492, le second, Jean Neto3, en 1756 et le troisième, Jean de Cursach en 17814. Ces trois étudiants ont visiblement profité du fait que l’île avait changé de souveraineté pour contourner ainsi l’interdiction de 1559 prise par Philippe II5. Le dernier étudiant Jean de Cursach a eu de la chance, car deux années après son inscrip-tion, Minorque passe à nouveau sous souveraineté espagnole au traité de Paris.

La troisième remarque est le manque de persévérance des Anglais dans leurs études : plus de 50 % de l’effectif, soit 11 étudiants, ne

ter-1. En 1707, l’Acte d’Union lie définitivement les royaumes d’Écosse et d’Angleterre. 2. B.I.M.M., S 49 f°9, première inscription de Pierre Vs, originaire de Minorque, le 15 février 1749. S 61, baccalauréat, le 15 mai 1755.

3. B.I.M.M., S 47 f°187, première inscription de Jean N, originaire de Minorque, au tri-mestre de novembre 1756. S 61, baccalauréat, le 21 mars 1757. S 61 f°175 r°, licence le 7 septembre 1757. S 61, doctorat le 10 septembre 1757.

4. B.I.M.M., S 43, première inscription de Jean de Crsh, originaire de Minorque, au tri-mestre de novembre 1781. S 66, baccalauréat le 30 mars 1784. S 66, licence le 21 mai 1785. S 66, doctorat le 28 juin 1785.

mine pas le cursus ; seulement 13 le finissent, soit 61 % à peine. Les abandons se font très tôt et la plupart de ces étudiants ne vont bien souvent pas au-delà de la première inscription, (Guillaume Chapman de Londres, Guillaume Gaudin et Jean-Baptiste de Quetin1) ou de la deuxième et troisième inscription (Joseph Sawyer et Jean-Pierre Elige2). Ces abandons sont curieux et on ne peut pas négliger le fait qu’ils ont peut être terminé leur cursus dans une autre Faculté fran-çaise. Cependant, il faut remarquer qu’un centre se détache très net-tement au cours du xviiie siècle : Édinbourg. Cette Faculté écossaise acquiert une excellente réputation et devance les centres tradition-nels d’Oxford et de Cambridge. La raison de cette notoriété est à rechercher dans la nature de l’enseignement qui y est dispensé, car Édinbourg prépare ses diplômés à la chirurgie mais pas seulement. Les médecins acquièrent une formation complète, car ils sont à la fois médecin, chirurgiens et apothicaires. Leur renommée en fait des praticiens fort prisés sur le marché médical et ils vont s’installer dans des villes qui vont devenir les principaux centres industriels de l’Angleterre3.

En ce qui concerne les étudiants anglais qui ont persévéré, leurs cur-sus sont assez atypiques par rapport à la moyenne ; trois cas de figure sont à noter.

Le cursus peut-être rapide, c’est le cas notamment de Mamadeus Berdoc, originaire d’Oxford, qui fait à Montpellier une sorte de passage éclair : en 7 mois il termine son cursus, de la première inscription au doctorat, et en 1 mois, il passe tous ses grades, baccalauréat, licence et doctorat4, il a probablement justifié d’un cursus antérieur5. Trois autres étudiants sont dans ce cas : Georges Coltman a un cursus d’une durée de

1. B.I.M.M., S 23 f°52 r°, première inscription de Guillaume Chp le 30 mai 1714. S 51, première inscription de Guillaume Gi au trimestre d’octobre 1785. S 27 f°368, première inscription de Jean-Baptiste de Qi, le 31 mai 1735.

2. B.I.M.M., S 28 f°551, deuxième inscription de Joseph Swyr le 2 novembre 1741. S 34, troisième inscription de Jean-Pierre Ei au trimestre de mai 1767.

3. John Brwr, Marilyn Br, Iain Mc C et alii, An Oxford companion to the romantic Age, British Culture, 1776-1832, Oxford, Oxford University Press, 1999, p. 172-173.

4. B.I.M.M., S 38, première inscription de Mamadeus Br risr  i 1769, S 64, baccalauréat, 28 novembre 1769. S 64, licence le 29 décembre 1769. S 64, doctorat le 30 décembre 1769.

18 mois et passe ses examens en 5 mois à peine1 ; Guillaume-Alexis Grame, lui, met 7 mois pour passer l’ensemble de ses grades2 ; Robert Willoughby

Dans le document Faire sa médecine au XVIIIe siècle (Page 128-142)