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5.1. Travaux sur les stimuli sociaux et non sociaux

Nous avons décrit les déficits que présentaient les personnes autistes dans le domaine des habiletés sociales, notamment par le biais des troubles de la pragmatique. Nous avons aussi souligné que la reconnaissance des émotions faciales était déficitaire, par une prédominance visuelle portée sur la bouche et non les yeux comme tout un chacun. Cela permet donc de mettre en avant un trouble majeur des stimuli sociaux dans leur globalité. Cependant, des travaux sont actuellement en cours dans le domaine neurologique et principalement grâce à l’IRM, « en faveur d’une absence d’activation des aires normalement développées pour le traitement spécifique des stimuli sociaux. Cette particularité est sans conséquence notable sur la performance discriminative et identificatoire. Elle peut cependant avoir une influence sur les activations émotionnelles subséquentes reliées à ces stimuli. »1 Ces travaux sont actuellement en développement chez de jeunes enfants, afin de pouvoir évaluer la prise en charge la mieux adaptée dès le plus jeune âge.

Finalement, les stimuli sociaux et non sociaux se voient réunis sous un même champ d’action : celui d’une non activation du Sillon Temporal Supérieur, impliquant des conséquences sur les versants vocaux, faciaux mais aussi sociaux.

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5.2. Théorie des neurones miroirs

Les neurones miroirs sont des cellules que l’on retrouve autour de l’aire de Broca mais aussi dans le cortex pariétal. Hugo THEORET, professeur adjoint au département de psychologie de l’université de Montréal s’est intéressé au rôle de ces neurones miroirs. Selon lui, « les neurones miroirs non seulement nous feraient reproduire mentalement ce que font les autres, mais joueraient également un rôle fondamental dans l’empathie en permettant d’éprouver ce que ressentent les gens. Ces réseaux constitueraient l’une des bases neuronales de la cognition sociale gérant l’établissement de nos relations avec les autres. »1

Nous connaissons déjà les difficultés que rencontrent les personnes autistes en ce qui concerne l’empathie, mais aussi dans les habiletés sociales ainsi que dans la gestion de la relation à l’autre. Ces études, qui ont débuté il y a maintenant une dizaine d’années et qui sont toujours en cours, ont permis de mettre en avant des résultats remarquables. Hugo THEORET a réalisé une expérience afin d’étudier l’activité cérébrale de ces neurones. Pour cela, il a entrepris une expérience dans laquelle les sujets doivent dans un premier temps observer un geste tout en restant immobiles, puis dans un second temps imiter le geste en question. Les résultats ont montré que chez les sujets autistes, l’activité neuronale durant l’observation (c'est-à-dire le premier temps de l’expérience) est bien plus faible que lorsqu’ils exécutent le geste. Selon le professeur, « les neurones miroirs sont donc déficitaires. Nous avons établi pour la première fois qu’il n’y a pas de parité dans les décharges neuronales entre l’observation et l’exécution d’un geste chez les autistes. »2

Ces conclusions sont d’une avancée majeure, puisqu’elles permettent de comprendre les difficultés que présentent les personnes autistes par rapport à l’empathie et dans la représentation des états mentaux chez les autres. Les neurones miroirs ont donc un rôle prédominant dans l’ensemble des relations sociales, que l’on retrouve déficitaires dans le syndrome autistique.

1 « Des circuits neurologiques prédisposent à l’empathie », Article de D. BARIL, Université de Montréal 2

5.3. Une organisation cérébrale unique chez les autistes

Selon une étude parue le 23 Janvier dernier, l’organisation cérébrale des personnes autistes serait unique, contrairement à celle de personnes neurotypiques qui serait relativement proche d’un cerveau à l’autre. Alors que l’on pensait que les cerveaux des sujets autistes étaient moins bien organisés que chez tout un chacun, cette étude révèle qu’au contraire, les autistes présentent une synchronisation cérébrale unique.

Le schéma ci-dessus montre la différence de synchronisation cérébrale entre deux sujets autistes. Alors que chez les sujets neurotypiques ces deux représentations seraient quasi similaires, nous remarquons que les connexions cérébrales de ces deux personnes ne sont absolument pas les mêmes. Ces résultats ont été mis en avant par l’équipe d’Avital Hahamy, regroupant des chercheurs américains et israéliens. Ils en ont conclu que « dès le plus jeune âge, les réseaux cérébraux se forgent en fonction d’intenses interactions avec les autres, par exemple le fait de partager des expériences, ce qui fait que les individus présentent des modèles de synchronisation proches les uns des autres. Il est possible que chez les personnes atteintes de TSA (Trouble du Spectre Autistique),

comme les interactions avec l’environnement sont perturbées, chacun développe une organisation cérébrale unique. »1

Ces conclusions permettent de souligner une fois encore la singularité des personnes présentant des troubles les situant dans le spectre autistique. Deux profils autistiques ne se ressembleront jamais, tant il y a de disparités dans l’organisation cérébrale mais aussi dans les symptômes présents dans le syndrome. La prise en charge adaptée à ces personnes doit donc être unique, individualisée et portée sur les domaines dans lesquels les difficultés prédominent. La personne autiste est avant tout une personne singulière, qui doit être prise dans l’ensemble de ses difficultés et de ses compétences.

Nous avons vu les particularités que présentaient ces personnes tant sur le plan auditif qu’émotionnel. A partir d’un protocole créé dans le cadre de ce mémoire, nous allons désormais faire un lien entre ces particularités et cinq enfants dans le spectre de l’autisme, afin d’étudier plus précisément comment se manifestent ces caractéristiques…

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