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V. Déroulement des ateliers

1. Présentation des différents ateliers

Les ateliers de l’hôpital de jour prennent place dans un cadre précis, qui est défini selon des unités de temps, de lieu et d’action. Tout cela permet de constituer une indication posée pour chaque enfant, en fonction de son propre projet de soin individuel.

1.1. Le groupe d’éveil

1.1.1. Objectifs de l’atelier

Au sein de l’hôpital de jour, différents ateliers ont été mis en place afin de répondre au mieux aux difficultés des enfants. Le mardi matin de 9h30 à 10h30 et le jeudi après- midi de 13h30 à 14h30 a lieu le « Groupe d’éveil ». Il est encadré par l’orthophoniste et l’une des éducatrices de l’un des groupes de vie. Quatre enfants sont présents durant cet atelier, dont trois font partie de l’étude : T., E, et F.

Le but principal de ce groupe est une remédiation cognitive. Il s’agit de donner ou de redonner goût à ces enfants aux apprentissages cognitifs en groupe. Il leur est proposé d’aborder différents domaines : numération, dénombrement, prérequis de lecture, temps d’expression, graphisme, à l’aide de supports ludiques et variés. Il sera nécessaire de changer très souvent les supports d’activités et de varier les domaines abordés au sein d’une même séance afin d’une part de garder leur attention et leur intérêt en éveil mais aussi de susciter davantage de mobilité mentale.

Ces enfants ont souvent une première expérience scolaire traumatisante ou du moins très compliquée qui peut parfois les amener jusqu’à un refus complet d’aller à l’école. Il est donc très important de leur redonner confiance en eux, de faire émerger et d’utiliser leurs domaines de compétences. Il leur est également proposé de mettre en place des règles conversationnelles, d’accepter la parole de l’autre dans sa différence (sans émettre de jugement de valeur), d’inhiber leurs envies de réponses immédiates mais par- dessus tout, l’accent est mis sur le partage et le plaisir à être ensemble.

1.1.2. Description d’une séance type

Les enfants arrivent et s’installent. La première étape est de compter et catégoriser en faisant état des présents et des absents. Chacun leur tour, les enfants doivent désigner le nombre d’enfants, puis le nombre d’adultes, de filles, de garçons et le nombre total de personnes présentes dans la pièce. Nous leur demandons ensuite de représenter ce nombre sur leurs doigts, d’effectuer une représentation canonique à l’aide de gros dés en mousse, remplir des poches de billes, ou tout simplement reconnaître l’écriture du chiffre dans une ligne numérique. Tout cela permet de susciter davantage de souplesse mentale chez les enfants, de ne pas cantonner une quantité à une seule représentation et d’aider ainsi à la généralisation des acquis.

Suite à cela, les enfants vont écrire leur prénom au tableau et le comparer à celui des autres, et nous essayons de les faire épeler les différentes lettres le composant. Il est parfois compliqué pour eux de les dénommer, nous leur demandons alors de citer la première et la dernière lettre de leur prénom. Généralement, le travail d’initiation à la lecture est réalisé en début de séance, car cela leur demande davantage de dépense énergétique.

Depuis quelques mois, nous avons débuté un travail autour de l’histoire « La petite poule rousse » de Julien MARIOLLE. Durant cette séance, le livre est présenté aux enfants. Cela a permis de nommer les parties du livre : la couverture, le titre, la page, l’auteur. Les enfants doivent ensuite décrire ce qu’ils peuvent voir sur la page de couverture, tout en utilisant différents indices. Cela permet à l’enfant de mobiliser son imagination et de formuler des hypothèses quant à la suite de l’histoire.

Un cahier a été créé pour chacun d’entre eux, comprenant les images de l’histoire. Nous avons mis en place des points de repères visuels, un point rouge à gauche et un point vert à droite, pour marquer le sens de la lecture. En pointant les couleurs, l’enfant se déplace alors de gauche à droite et initie l’acte de lecture. Dans un second temps, le titre est affiché sous forme d’étiquette et collé par l’enfant sur la première page du cahier. Sur d’autres étiquettes se trouvent les différents mots constituant le titre que chacun d’entre eux doit remettre dans le bon ordre. Il s’agit ici d’un travail visuel où ces enfants sont assez performants. Les séances suivantes ont été consacrées au récit de l’histoire, selon les enfants. Ils devaient regarder les différentes images constituant le récit, essayer de

deviner ce qui allait se passer ensuite et réfléchir à ce que pensent les personnages. Cela permet alors de travailler sur les bases de la « Théorie de l’Esprit » et de s’imaginer à la place de l’autre.

A chaque fin de séance, une devinette est posée à chaque enfant qui permet de clôturer la séance. Ce rituel, que les enfants ont désormais intégré et qu’ils réclament, leur permet de globaliser une réponse à partir de quelques éléments donnés par l’adulte. Dans le meilleur des cas, ils réussiront à poser une devinette aux autres.

1.2. Groupe des Habiletés Sociales

1.2.1. Objectifs de l’atelier

Ce groupe est formé de quatre enfants : deux enfants se situant dans le spectre autistique et faisant partie de notre étude (B. et Z.) et deux enfants présentant des troubles de l’attachement.

L’objectif de ce groupe est d’aider ces enfants à développer les habiletés sociales nécessaires afin d’améliorer leur vie en groupe. Il est animé par l’orthophoniste de l’hôpital de jour.

Nous savons que les personnes autistes présentent d’importants problèmes dans leurs relations sociales car elles ont beaucoup de difficultés à décrypter les comportements des autres, n’ayant que très peu de capacité à se mettre à la place des autres, à imaginer ce qui se passe dans la tête des autres. C’est la raison pour laquelle dans ce groupe il est d’abord proposé aux enfants de reconnaître, de comprendre et mimer des émotions avant de s’intéresser à la qualité des échanges conversationnels. Nous essayons de leur montrer comment adopter des comportements plus adéquats face à telle ou telle situation de la vie quotidienne, que ce soit à l’école ou à la maison en interaction avec d’autres.

1.2.2. Séance type

Lors de la première séance qui est une séance de présentation, nous avons chacun dessiné sur une feuille des éléments (dessins, mots et prénom) qui nous correspondaient

(annexe XIII). Cette empreinte personnelle permet de faire l’appel à chaque début de séance. Un enfant est désigné pour aller afficher chacun des dessins tout en citant la personne à qui il appartient. Cela a permis de faire rapidement connaissance avec les personnes présentes dans ce groupe, tout en apprenant des détails sur leurs goûts et leur personnalité. Suite à cela, un rappel des règles à respecter est effectué, qui d’ailleurs est souvent repris au cours de la séance. Toutes ces notions sont affichées sur le mur sous forme de feuilles plastifiées visibles par tous. Il en est de même pour le thermomètre émotionnel permettant de travailler sur l’intensité des émotions. Nous pouvons alors par exemple montrer les différences qui existent entre le mécontentement, la colère et la rage (annexe XIV). Le Time Timer est ensuite installé (annexe XV). Cet élément est très important durant la séance, puisqu’il permet aux enfants d’avoir conscience du temps qui passe et qui reste. D’ailleurs, il n’y a pas une séance dans laquelle un des enfants ne décompte pas le temps restant. Il permet de structurer la séance, mais surtout d’établir une sorte de contrat temporel que les enfants doivent tenir.

L’heure est généralement scindée en deux parties, une partie d’échange adulte- enfant à l’aide de supports imagés (cartes, planches d’images ou d’histoires, mimes à réaliser…) et une seconde partie dédiée au visionnage de petits films.

Dans un premier temps, nous pouvons par exemple réaliser une activité autour des émotions en utilisant de grandes images que les enfants doivent à tour de rôle décrire en expliquant l’émotion correspondante (il peut s’agir de supports imagés extraits du livre « L’esprit des Autres » de MONFORT). Nous leur demandons ensuite dans quelle situation ils pourraient ressentir l’émotion en question (annexe XVI). Cela permet à la fois d’avoir une représentation mentale grâce à la description de l’image mais aussi d’avoir un exemple pour que l’enfant s’en saisisse, fasse des liens avec son vécu et donne d’autres exemples à son tour. Cette seconde tâche se révèle souvent difficile, car il est compliqué pour les enfants de parvenir à décrire une situation dans laquelle ils pourraient être atteints sur le plan émotionnel. C’est dans ce genre d’activité que la difficulté d’expression émotionnelle est véritablement mise en avant, mais aussi le « faire- semblant » qui reste un concept acquis tardivement chez les personnes atteintes d’autisme.

Durant la deuxième partie de la séance, nous regardons régulièrement des petits films. Ces derniers peuvent être tirés des courts-métrages de DISNEY PIXAR, il peut

aussi s’agir de courtes animations telles que « Shaun le mouton » par les créateurs de WALLAS et GROMIT, ou enfin certains « Tom-Tom et Nana » (petits dessins-animés). Ces petits films sont extrêmement intéressants pour travailler l’ensemble des habiletés sociales. De nombreux arrêts sur image sont effectués pendant le déroulement du film. L’orthophoniste demande alors de décrire les émotions visibles sur les visages des personnages, d’imaginer leur ressenti, d’en expliquer les causes et de supputer les conséquences à venir. Il est souvent nécessaire d’aider les enfants à différencier la description des actions de la description des ressentis émotionnels. Les enfants parviennent à confronter leurs différents points de vue sans se critiquer. Ils peuvent reprendre les idées des autres pour les approfondir. Nous voyons aussi que leur vocabulaire est de plus en plus précis, notamment lorsqu’il s’agit de décrire les émotions des différents personnages. Une fois l’ensemble du court-métrage décrypté, les enfants peuvent le regarder en entier sans interruption. Cela est perçu comme une récompense à leur travail préalable. C’est ensuite la fin de la séance.