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Les sons, la voix et les sens font partie intégrante de notre rapport au quotidien. Ils participent à la communication, à l’expression de nos émotions, et nous permettent d’entrer en relation avec nos pairs.

Nous connaissons les difficultés que présentent les personnes dont les troubles les situent dans le champ du spectre autistique face à ces différents aspects de la communication. Nous nous sommes donc demandé quels étaient les bruits qui posaient les plus grandes difficultés de reconnaissance et si différents paramètres acoustiques (timbre, hauteur, intensité) y prenaient leur part. Différentes catégories de sons ont été présentées aux enfants tout venants et aux enfants autistes, afin d’étudier si l’une d’entre elles était mieux interprétée que les autres.

Etant donné l’hypo- et l’hypersensibilité auditive que montrent les personnes autistes, un test relatif aux sons de la vie quotidienne leur a été proposé. Nous espérons qu’il permettra de mettre en évidence cette sensibilité auditive particulière et d’avancer l’hypothèse que certains sons peuvent être mieux identifiés que d’autres.

Nous ne sommes pas sans savoir que les émotions, et les habiletés sociales en général, posent aussi des difficultés aux personnes atteintes de troubles autistiques tant dans l’expression que dans l’interprétation.

Aussi, dans un second temps, nous avons donc décidé d’effectuer une relation entre les sons et les émotions de base, en proposant une écoute de différentes voix (homme, femme, enfant) afin de voir si certains éléments pouvaient être mis en avant. Ainsi, les enfants autistes perçoivent-ils mieux la voix masculine, de timbre grave, ou bien ne font- ils aucune différence entre les différents types de voix ? Y aurait-il par ailleurs une émotion de base qui semblerait mieux reconnue que les autres ? Le test relatif aux sons et aux émotions devrait nous donner des indices pour approuver ou non ces hypothèses. Nous nous intéresserons par ailleurs aux différentes réponses formulées par les enfants, afin d’établir des corrélations entre leur pensée et leur différente interprétation des sons.

Enfin, des tâches liées à la « Théorie de l’Esprit » seront proposées aux enfants dans le but d’étudier leur capacité à se mettre à la place d’autrui, à comprendre les comportements et les pensées des autres.

Nous avons donc décidé d’effectuer des tâches relatives à la « Théorie de l’Esprit » auprès des enfants choisis pour le protocole. Les résultats des enfants dans le spectre de l’autisme seront comparés à ceux d’une population témoin. Cela permettra d’étudier cette capacité d’interprétation des actions d’autrui, tout en ayant des références quantitatives et scientifiques, compte tenu des âges d’acquisition de ces tâches.

Suite à l’hypothèse de base concernant cette sensibilité auditive particulière, nous nous sommes demandé s’il y avait un intérêt ou pas d’avoir un support imagé pour aiguiller la reconnaissance sonore. En effet, comme nous l’avons dit précédemment, les autistes présenteraient des difficultés dans la reconnaissance sonore, en raison de leur hypo- et hypersensibilité auditive. Les supports imagés permettent-ils un meilleur résultat au test proposé ? Y a-t-il une stratégie visuelle qui vient pallier les difficultés auditives ?

Pour finir, des questions purement qualitatives seront posées aux enfants, afin d’avoir un simple aperçu de leur connaissance vis-à-vis des termes « sons » et « émotions ». Cela permettrait d’obtenir des pistes de travail afin d’animer au mieux des séances de groupe d’habiletés sociales.

Nous nous pencherons enfin sur l’apport des groupes proposés aux enfants (groupe d’éveil et groupe d’habiletés sociales), afin de souligner si ceux-ci peuvent permettre aux enfants d’évoluer positivement face aux domaines sur lesquels nous nous sommes penchée.

1. Un travail sur les sons et la voix

1.1. Un travail autour des sens et des émotions

Les sens sont aujourd'hui au cœur de la communication. Les émotions sont de plus en plus développées dans notre société, et leur impact dans notre quotidien est désormais connu par tous. De nombreuses branches de la médecine mais aussi certaines médecines parallèles travaillent beaucoup autour des sens, et notamment en enseignant comment les gérer et les développer. Il en est de même pour les émotions qui nous accompagnent dans notre quotidien. Alors que certaines personnes cherchent à les gérer, d’autres voudraient les développer.

Un travail autour des sens, et plus particulièrement l’ouïe, ainsi qu’un travail autour des émotions nous a donc semblé intéressant. Bien que les émotions aient déjà été étudiées auprès des personnes autistes, l’aspect sensoriel et plus particulièrement auditif n’a pas donné lieu à la rédaction d’un mémoire orthophonique. Il nous a donc semblé intéressant de travailler sur ce versant sensoriel, en étudiant la reconnaissance des sons tout en y alliant l’aspect émotionnel.

1.2. Un sujet peu étudié

La reconnaissance auditive des autistes est un sujet ayant donné lieu à peu de publications. Nous connaissons désormais les difficultés que présentent ces personnes sur l’aspect sensoriel et plus particulièrement l’hypersensibilité. Nous savons aussi que certaines structures corticales mal activées peuvent expliquer cette difficulté de reconnaissance aux sons, comme le Sillon Temporal Supérieur. Nous avons donc cherché à étudier cette particularité auditive auprès d’enfants autistes, afin de regarder si certains types de sons étaient plus facilement reconnus que d’autres ou bien encore si un support visuel permettait de combler ce déficit sensoriel. Nous nous sommes aussi penchée sur l’aspect émotionnel afin de souligner quels étaient leurs rapports aux émotions, et comment ces dernières étaient perçues lorsque l’on utilisait le canal vocal pour les mettre en pratique.

2. Lien avec l’orthophonie

L’orthophonie est une discipline du paramédical qui est aujourd'hui en pleine expansion. De plus en plus de domaines rentrent dans le champ d’action de ces professionnels de santé. L’autisme, et les psychoses en général, sont des pathologies qui sont reconnues comme appartenant au domaine orthophonique depuis peu de temps. Les compétences des orthophonistes en ce qui concerne le langage dans sa globalité peuvent leur permettre de passer plus facilement du langage formel au langage pragmatique et proposer un travail plus ciblé pour ces enfants au langage si particulier. Par ailleurs, le rôle de l’orthophoniste, dans son intervention auprès de personnes se situant dans le spectre de l’autisme, est aussi d’agir et d’essayer de compenser les bizarreries de langage qui caractérisent ces personnes. Pour ce faire, différentes méthodes de travail comme l’enrichissement du vocabulaire et le contrôle sur l’écholalie et les stéréotypies ou bien des moyens palliatifs tels que la communication non verbale peuvent permettre à ces enfants de compenser leurs difficultés. L’orthophoniste doit donc mettre en avant un large domaine de compétences pour intervenir au mieux auprès des personnes autistes.

Les sens ont été étudiés dans de nombreuses pathologies relatives à l’orthophonie. Qu’il s’agisse d’ateliers sensoriels auprès de patients Alzheimer ou bien des émotions chez les jeunes enfants, de nombreux résultats positifs ont pu aujourd'hui être constatés. Le travail autour des émotions et la voix est largement intégré dans la pragmatique du langage. La communication et les habiletés sociales prennent aussi beaucoup d’ampleur dans les recherches en orthophonie. Il nous semblait intéressant d’aborder les émotions chez les personnes autistes par le biais de leur perception auditive, à travers les sons de la vie quotidienne et de certains paramètres concernant la voix humaine.