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Morphologie sous-marine et biocénoses associées

1.3. A RCHITECTURE ET POSITIONNEMENT DES RECIFS ARTIFICIELSRECIFS ARTIFICIELS

1.3.1. Architecture

1.3.1.1. Saint-Paul

Les trois récifs artificiels installés, sont construits avec des modules de taille identique (250 m2 chacun) et ont été installés à une profondeur de 15 mètres, à 400 mètres de la côte. La distance moyenne entre les modules est d’environ 1 mile. La partie centrale de chaque module (6 m3) est constituée de récipients en plastique, de pneus et de lanières en plastique qui simulent des anfractuosités et des feuilles d’herbiers (Figure 12). La hauteur totale de la structure est d’environ 1 mètre. Les lanières plastiques sont attachées aux cordes de mouillage au centre du module pour attirer les poissons pélagiques. Les modules sont mouillés sur le fond à l’aide de lests en béton. Le récif est délimité par une trame en cordage d‘une surface de 288 m2 qui a été disposée autour du récif artificiel pour permettre de mettre en œuvre un protocole de comptage vidéo (Tessier et al., 2005).

1.3.1.2. La Possession

L’objectif du projet de la Possession est de tester l’influence de leur architecture sur la colonisation par les peuplements de poissons. L’idée a été de mimer très schématiquement les trois types d’habitats dont on connaît l’importante pour le cycle de vie des espèces démersales : les herbiers, les récifs coralliens et les fonds de galets. Le terme mimer prend ici toute son importance. Il n’est pas possible d’obtenir un écosystème aussi complexe qu’un récif corallien. L’objectif est de savoir si dans un environnement sableux, en mettant à disposition des organismes marins des récifs de forme et de composition différente, les modalités de colonisation seront différentes.

Nappes de filet (F)

Les nappes en filet (Figure 13A) constituées de matériaux légers (cordages, lanières plastiques) sont à la fois peu stables et ont une complexité structurale minimale. Les nappes ont une surface de 100 m2 (10 x 10 m) et sont fixées au sol par 1 ancre à chaque 4 coins. Elles sont suspendues à 50 cm du sol délimitant ainsi un volume de 50 m3. Ces structures ont un taux de vide / surface pleine très élevé (90%) et sont constitués de matériaux légers, ce qui leur confère une habitabilité faible pour des espèces démersales. Les lanières plastiques suspendues à la trame peuvent mimer les feuilles des herbiers sous marins.

Modules en béton (M)

Les structures en béton (figure 13B) sont constituées de 6 modules identiques d’un volume de 2,68 m3 (l=1,2 m ; L=1,4 m ; h=1,6 m) constitués d’un socle en béton et d’un empilement de palettes en PVC. L’agencement en trois branches de deux modules permet d’obtenir une complexité d’habitat à trois échelles différentes (Jouvenel, 2000). Les plus petites cavités correspondent aux espaces internes à chaque structure, les cavités intermédiaires, aux espaces entre les structures et les plus grandes cavités, aux espaces entre groupes de 2 modules. Cette disposition permet d’obtenir une surface d’emprise de 100 m2, en prenant en compte l’ensemble des espaces délimités. Cette disposition permet aussi d’optimiser le ratio surface vide/surface pleine (40 à 50%) permettant de délimiter un volume de cavité important avec un volume de matière moins élevé que pour les galets par exemple. Par rapport aux trames en filets, cette architecture permet de proposer aux organismes qui vont la coloniser, une stabilité des habitats et une diversité (en taille) des espaces de protection. Les caches délimitées par les palettes dans chaque module peuvent faire penser aux cavités délimitées par les acropores tabulaires sur les récifs coralliens.

Amas de galets (G)

Les amas de galets (Figure 13C) sont constitués de blocs d’un diamètre de 0,5 à 1 mètre. Chaque structure est composée de 300 m3 de galets. La structure a une hauteur moyenne de 1 mètre et occupe donc une surface de 300 m2. La structure devait être constituée de deux amas perpendiculaires avec des branches de même longueur mais des difficultés techniques n’ont pas permis de respecter cette forme. Le structures présentent plutôt une forme de L.

Les fonds de galets se trouvent naturellement à la Réunion. A l’exception des fonds de galets littoraux, ils se retrouvent sur des fonds de 20 à 30 mètres et constituent les vestiges d’embouchures de rivière correspondant à un ancien niveau marin. Ils constituent probablement les matériaux les

Leur agencement “chaotique” ainsi que la diversité des tailles des cavités qu’ils délimitent leur confère un indice de complexité structurale élevée (sensus Ruitton et al., 2000). Cependant le rapport surface vide/surface pleine (30%) est inférieur à celui des modules en béton. C’est à dire que pour un volume de matériau immergé, ils offrent moins de caches que les modules en béton. Compte tenu de ces éléments une “habitabilité” maximale de 3 a été attribuée aux structures en galets (Fig 13C), de 2 à celles en béton (Fig 13B) et de 1 à celles en trame de cordage (Fig. 13A).

A

B C

Supprimé : A

Supprimé : A

48. Figure 13 : types de structures : A : Trame en filet (surface de la partie inférieure, 100 m2. Ratio

cavité sur surface pleine supérieure à 90%. B : Maison (surface de la partie inférieure 100 m2. Ratio cavité

sur surface pleine compris entre 40% et 50%). C : Galet (longueur d'une branche 6 mètres, surface globale

1.3.2. Positionnement des structures

1.3.2.1. Saint-Paul

Trois récifs ont été suivis. Ils ont été immergés en février 2001à une profondeur de 15 mètres. Ils sont situés dans la partie nord (RN), dans la partie centrale (RC) et dans la partie sud (RS) de la baie. Ils sont distants l’un de l’autre de 1,5 km (Figure 14B). Le récif sud (RS) est à une distance de 1,5 km du cap La Houssaye, zone corallienne la plus proche. La Tonne est une ancienne barge métallique immergée à une profondeur de 21 mètres dans les années 1990. De dimension 20x5x2 mètres, elle est faiblement colonisée par la faune sessile.

1.3.2.2. La Possession

Huit structures artificielles ont été installées en février 2003. Deux structures de type Filet (F), trois de type Maison (M) et trois autres de type Galet (G). L’objectif de ce projet étant d’étudier l’influence de l’architecture du récif sur l’évolution du peuplement et en raison de la courantologie générale de la baie, les différentes structures ont été mouillées en position alternée sur la ligne de sonde –15 mètres pour éviter l’influence éventuelle d’un gradient ou de conditions locales particulières sur les structures (Figure 14C).

Les interactions entre les différentes structures, engendrées par des déplacements de poissons peuvent masquer l’impact de l’architecture sur les peuplements. Les mouvements de poissons entre zones naturelles et récifs artificiels ou entre différents récifs artificiels ont déjà été démontrés (Matthews, 1985 ; Frederick, 1997 ; Wantiez & Thollot, 2000). Afin de réduire ces interactions, les structures ont été positionnées à une distance minimale de 300 mètres les unes des autres et à une distance minimale de 300 mètres du littoral et des biotopes de substrats durs (récif corallien frangeant, tétrapodes et digues du port, fonds de galets littoraux).

Localisation des récifs artificiels en baie de la Possession ( , filets ; , maisons ; , galets)

Localisation des récifs artificiels ( )et du Cap La Houssaye ( ) et de la Tonne ( ).

B

RN RC RS CH

C

T Baie de Saint-Paul Baie de la Possession

A

49. Figure 14 : A - Localisation des sites d’étude (La Possession et St-Paul) dans le nord ouest de la

Réunion. B - Position des huit récifs artificiels en baie de la Possession. C - Position des trois récifs artificiels, de la Tonne (T) et du Cap La Houssaye (CH).