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ET PAR VIDEO

2.5.3. Analyse coût-bénéfice de la méthode

En prenant en compte le fait que la plongée scientifique conventionnelle est chère et que le plongeur en bouteille est soumis à des règles strictes qui lui imposent un temps de plongée limité en fonction de la profondeur, il est extrêmement important de développer des techniques pour des évaluations in situ qui permettent de récolter la plus grande quantité d’information en un temps limité (Bortone et al., 2000). Le temps de plongée étant un facteur limitant au delà d’une profondeur de 10 m, une analyse coût/bénéfice des méthode d’enregistrement sur vidéo et sur plaquette a été menée en fonction de ce facteur (Table 6). La comparaison du temps entre les deux techniques montre que, pour l’étude qualitative, le temps d’échantillonnage est similaire, mais comme vu précédemment, les recensements visuels directs sur plaquette donnent de meilleurs résultats. Pour l’étude quantitative, le temps passé sur chaque transect (3 x 24 m) est d’environ 5 minutes par recensement visuel direct sur plaquette et 1,25 minutes pour un recensement vidéo. Plusieurs méthodes peuvent être combinées afin d’obtenir une meilleure compréhension de la dynamique agrégative des peuplements de poissons (Bortone et al., 1991 ; Francour et al., 1999). De plus, les méthodes qui permettent d’acquérir la plus grande quantité d’information en un minimum de temps seraient les plus effectives (Bortone et al, 1989, 2000). Dans notre cas, la méthode directe sur plaquette semble la technique la plus précise pour déterminer le nombre total d’espèces (durée d’échantillonnage = 5 minutes) et l’abondance des espèces de plus faible densité, cryptiques, fuyantes, difficiles à distinguer sur les cordages ou qui offrent un faible contraste sur le sable noir. Pour échantillonner ces espèces de faible abondance, 5 minutes sont nécessaires à un ichtyologiste utilisant une plaquette. Pour l’estimation des espèces permanentes présentes en grande quantité, spécialement celles qui tendent à former des bancs, la vidéo permet de gagner du temps, notamment pendant les recrutements (temps d’échantillonnage = 5 minutes). Combinant les avantages des méthodes vidéo et sur plaquette, l’échantillonnage pourra durer 15 minutes ce qui représente un gain de 10 minutes (40%) par rapport à un suivi n’utilisant que la méthode sur plaquette (Table 6).

63. Tableau 6 : durée de plongée par type d’étude et par technique

Enregistrement sur plaquette

Enregistrement vidéo

Enregistrement sur plaquette + Enregistrement vidéo

Etude qualitative 5 minutes 5 minutes 5 minutes (plaquette)

Etude quantitative 20 minutes 5 minutes 10 minutes (plaquette + vidéo)

La méthode vidéo réduisant le temps passé sous l’eau, permet de réaliser plus de suivis. Pendant le recensement par méthode directe in situ sur plaquette, la durée entre l’observation et sa transcription par écrit augmente la probabilité d’erreur car un temps non négligeable est passé à regarder la plaquette plutôt que les populations de poissons (Bortone et al., 1991). Comme l’ont suggéré certains auteurs (Green & Alevizon 1989 ; Bortone et al., 1991), les techniques de recensement à l’aide d’enregistrements sonores sont plus efficaces et permettent d’obtenir de meilleurs résultats par rapport aux enregistrements sur plaquette, mais elles nécessitent des technologies sophistiquées, spécialement si les expériences sont menées in situ. Contrairement aux milieux contrôlés (Green & Alevizon, 1989), les méthodes développées in situ doivent être faciles à mettre en œuvre dans des conditions naturelles. Même si un enregistreur sonore est sûrement l’outil le mieux adapté pour des estimations d’abondance de poissons (Green & Alevizon, 1989), il n’a pas été choisi en raison des problèmes de communication entre le bateau et le plongeur aux profondeurs considérées (15 m). Greene & Alevizon (1989) ont aussi démontré que dans un aquarium, il n’y avait pas de différence apparente dans les résultats obtenus par les méthodes vidéo et sur plaquette. Mais dans notre cas, l’étude a été réalisée pour des magnitudes d’abondance moyenne allant de 1 à 311 individus pour 44 espèces ichtyologiques récifales et, dans le cas d’abondance élevée, la technique vidéo est d’un réel intérêt notamment pour le suivi post-mortalité lors de recrutement massif (Tessier & Chabanet, 2004). De plus, le recensement vidéo permet un enregistrement rapide de nombreuses données et les cassettes représentent un enregistrement permanent qui peut être réexaminé pour vérifier les observations. Le désavantage de ce système et que les données doivent être transcrites à partir du film. La durée de cette transcription est en général supérieure au temps d’enregistrement in situ, et cette durée étant supérieure pour la vidéo que pour le recensement par observation directe sur plaquette (Francour et al, 1999). De plus, le champ de vision limité des caméras vidéo peut empêcher une identification précise des espèces. Cependant, la résolution des caméras augmente actuellement grâce à l’imagerie digitale, ce qui est particulièrement utile dans les eaux troubles ou faiblement éclairées, la visibilité étant un des principaux facteurs limitant l’efficacité des techniques d’observations visuelles (Harmelin-Vivien

2.6. CONCLUSION

Les méthodes de recensement des populations et peuplements ichtyologiques sont conditionnées par les objectifs et les moyens techniques attribués à l’étude De plus, les méthodes spécifiques employées définissent souvent la limite des données (Bortone et al, 2000). La collecte de données de base (e.g. nombre d’individus par espèce) en utilisant des recensements visuels in

situ est essentielle pour comparer les structures des récifs artificiels et suivre les processus de

colonisation dans le temps et l’espace. Les observations humaines visuelles sont indispensables pour évaluer les peuplements de poissons in situ, la capacité humaine de vision stéréoscopique est irremplaçable pour évaluer et enregistrer un maximum d’informations contenues dans l’environnement. Mais l’échantillonnage par observation visuelle en plongée est également restreinte par la capacité humaine d’intercepter un nombre limité de signaux visuels et les contraintes physiologiques qu’imposent la plongée en bouteille. Dans le débat agrégation versus production sur les récifs artificiels (Jensen, 1997 ; Pickering & Whitmarsh, 1997), les variations dans les taux post-mortalité des recrues, qu’ils soient denso-dépendents ou denso-indépendents, est probablement de première importance dans toute étude sur la structure et la dynamique des populations de poissons (Sale, 1991a). Pour suivre les populations de poissons juste après un recrutement massif, la précision des données est fondamentale pour estimer les taux de mortalité des recrues et, dans ce cas, l’utilisation du recensement par vidéo est d’un intérêt certain. Comme nous l’avons suggéré avant, plusieurs méthodes peuvent être utilisées simultanément pour obtenir une meilleure compréhension de la dynamique d’agrégations de poissons. Dans notre étude, le recensement sur plaquette est la technique la plus précise pour déterminer la diversité spécifique du peuplement, en particulier pour les espèces difficiles à détecter par vidéo en raison de leur comportement. Néanmoins, la technique vidéo peut être très utile dans certaines conditions (ex. recrutement massif et fortes abondances) et durant les suivis réguliers des espèces clés (ex. permanentes, abondantes et ciblées par les pêcheries) où la présence d’un ichtyologiste ne devient plus obligatoire. Dans ce cas, nous recommandons d’utiliser un indice visuel d’abondance qui permettra de corriger la sous-estimation obtenue par vidéo par rapport à la transcription sur plaquette. De plus, le recensement par vidéo permet d’acquérir plus de données dans l’espace et le temps par rapport au recensement sur plaquette, presque sans contrainte si ce n’est celle de l’analyse d’images qui pourrait être automatisée dans le futur.

3. UTILISATION DE LA VIDEO POUR