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Les indices globaux sont souvent utilisés pour mettre en évidence des changements radicaux dans les communautés animales soumises à des activités humaines (pollutions, pêche). La structure des communautés est modifiée et quelques taxons deviennent dominants. Cependant, cette dominance brutale n’est pas forcément d’origine anthropique. Ainsi des recrutements exceptionnels peuvent faire chuter l’indice de Shannon (Lobry et al., 2003). Dans notre cas, l'impact des houles se traduit par une diminution du nombre d’espèces, entraînant ainsi une diminution des indices de diversité. De fortes houles liées à des évènements cycloniques sont observées pendant les périodes 4 et 5. Mais cette réponse diffère selon les indices. Alors que l’indice de diversité taxinomique (Δ) a une faible valeur en période 4 et 5, l’indice de diversité taxinomique inter individus (Δ*) ne diminue qu’en période 5 et l’indice de Shannon en périodes 4. Ces réponses distinctes montrent les différences de sensibilité des indices aux composantes du peuplement.

Les valeurs basses de l’indice de diversité taxinomique (Δ) observées en périodes 4 et 5 n’ont donc pas la même signification. En période 4, une première influence cyclonique a eu pour effet de diminuer significativement le nombre de familles sur les structures de type F par rapport à la période 3 (de 19 à 10 en moyenne) sans diminution de la densité moyenne (193 – 233 par 100 m2). En période 5, le nombre d’espèces est resté faible (11 par récif), mais l’abondance moyenne a fortement augmenté (233 à 1572 par 100 m2). Cette augmentation de densité est due à l’installation massive de deux espèces (Lutjanus kasmira et Lutjanus notatus) qui va accroître la dominance d’un faible nombre d’espèces (Tableau 18). L’effet sur Δ* est d’autant plus fort sur les structures de type F que le nombre d’espèces présentes y est faible. Δ* est donc plus sensible à la dominance d’une espèce qu’à la diminution du nombre d’espèces. Inversement, Δest plus sensible à la diminution du nombre de taxons qu’à la dominance d’une espèce. En analysant des peuplements de poissons de fonds meubles, Rogers et al. (1999) ont montré que la Diversité taxinomique inter-individus (∆*) apportait une meilleure résolution pour mettre en évidence des modifications de peuplements que des indices de diversité traditionnels. Inversement, Hall & Greenstreet (1998) montrent que les indices taxonomiques suivent les mêmes tendances que les indices traditionnels. Ils suggèrent ainsi que lorsque les perturbations de peuplement sont suffisamment importantes, les indices

Dans notre cas, il semble que Δ, Δ* et H’ ont des sensibilités différentes aux fluctuations des peuplements étudiés. Ils sont donc complémentaires et permettent de discriminer l’influence de facteurs extérieurs sur les peuplements.

Ces indicateurs quantitatifs globaux montent que, sur une période de 700 jours, les dynamiques d’évolution des peuplements associés aux différents types de structures sont différentes. Les indices utilisés ont permis de mettre en évidence l’impact de modifications brutales des peuplements liées à des influences extérieures et principalement sur les structures artificielles de type F.

Un autre aspect à prendre en compte est la diminution synchrone des Indices de Shannon, de Piélou et de la diversité Taxonomique au cours du temps. On peut se demander, si au-delà des perturbations majeures que constituent les épisodes cycloniques, cette tendance n’est pas représentative d’une évolution plus profonde des peuplements de chaque type de structure. Si cette évolution existe, est-elle similaire d’une structure à l’autre ?

Analyse spatiale

Pour chaque période, toutes les espèces responsables des dissimilarités entre les peuplements sont des espèces permanentes ou fréquentes sur chaque type de structures artificielles, à l’exception de Myripristis sp., espèce exceptionnelle sur les récifs de type F (Tableau 16).

Analyse temporelle

Plus qu’une évolution dans la composition des peuplements qui aurait fait ressortir des espèces indicatrices différentes au cours du temps, il semble que ce soit l’abondance de certaines espèces

qui distinguent les peuplements des différentes structures au cours des périodes successives.

L’évolution comparée des peuplements sur les trois structures artificielles (F, M et G) montre des modalités différentes. Les peuplements associés aux structures de type F subissent des changements réguliers et rapides qui semblent influencés essentiellement par des périodes de recrutement ou des cyclones. En considérant que les nappes de filet “miment” les herbiers de

phanérogames, les résultats sont cohérents avec ce qui est observé dans les herbiers où l’influence du recrutement sur l’évolution des peuplements a déjà été décrite (Aliaume, 1990 ; Guidetti, 2000).

Parallèlement, l’évolution des autres structures semble moins soumise aux influences extérieures. Pendant toute la première année (à l’exception de la phase de colonisation initiale), les peuplements de M et G sont similaires. En décembre 2003 et janvier 2004 (jours 10 et 11), l’incidence des conditions cycloniques se fait sentir en modifiant sensiblement les peuplements. Lors des périodes suivantes, alors que les peuplements de M vont encore être influencés par évènements extérieurs (recrutements), les peuplements de G vont revenir à un stade précédent (Figures 44 et 45).

L’analyse des descripteurs globaux des peuplements et de leurs similarités, montrent qu’on peut distinguer des peuplements caractéristiques de chaque type de structure et que leur évolution dans le temps suit des modalités différentes. Si des peuplements pionniers sont observés sur tous les types de structure, les peuplements se stabilisent rapidement sur M et G alors que sur F, ils restent à un stade “juvénile” caractérisé par un faible nombre d’espèces. On peut noter l’influence des évènements extérieurs (conditions océanographiques, recrutements, migrations) sur les peuplements de F, influence qui est beaucoup moins marquée sur M et G.

Sur F, les fluctuations quantitatives semblent pilotées par des fluctuations de la ressource et non par des contrôles internes des populations (“contrôlés de l’extérieur”; selon Frontier & Pichot-Viale, 1998). Inversement sur M et G, la stabilité des peuplements et l’influence

ponctuelle et peu marquée des évènements extérieurs, iraient dans le sens d’une régulation interne des populations. Ce point est conforté par l’évolution des biomasses qui tendent à

augmenter sur M et G alors qu’elles restent à un niveau faible sur F.

Pour chaque période, les espèces qui contribuent le plus aux dissimilarités entre structures sont

Lutjanus kasmira, Lutjanus notatus, Mulloidichthys vanicolensis, Priacanthus hamrur, Myripristis

sp. Ces espèces d’intérêt halieutique peuvent connaître des fluctuations d’abondance importantes, notamment suite à des recrutements (tableau 18). Elles apparaissent à toutes les périodes de suivi (1 à 9) comme espèces discriminantes entre les peuplements des différentes structures.

6. INCIDENCE DE L’ECOLOGIE DES

ESPECES DANS LE DEBAT