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II. La collection, sa formation et ses particularités

3. Une diffusion nationale et internationale

3.3. Un rayonnement international

Au-delà du marché suisse, la collection de l’EAIG est présente sur la scène européenne. Face à la concurrence d’ateliers plus anciens et plus réputés, tels que ceux de Paris, de Rome, de Londres ou de Berlin, comment certains clients distants de plusieurs milliers de kilomètres choisissent-ils de se fournir à Genève ? Des cas intéressants apparaissent dans les archives à propos de trois institutions : Le Musée municipal de reproductions artistiques de Barcelone, l’École industrielle Infante Dom Henrique à Porto et l’École impériale des arts et métiers d’Istanbul.

Le procès-verbal du 14 août 1893 évoque un envoi à Barcelone : « M. Becherat annonce à la commission que la facture de l’envoi de plâtre fait à la Ville de Barcelone, facture qui paraissait irrécouvrable, est enfin soldée dans son entier2 ». En réalité, cette facture concerne deux cent six pièces, arrivées en 1891, pour l’ouverture du Musée municipal de reproductions artistiques de Barcelone3, installé dans le Palais de l’industrie de l’exposition universelle de 1888 de cette même ville. Cette collection rejoindra le Musée des arts décoratifs et d’archéologie en 1932, puis le Musée de Sitges,

1 Je dois cette information à Madame Laurence-Isaline Stahl Gretsch, responsable et chargée de communication du Musée d’histoire des sciences de Genève.

2 Genève, AEG, 2008 va 57.2.37, procès-verbaux de l’École des arts industriels, 14 aout 1893, p. 318.

3 Des informations sur ce musée peuvent se trouver dans le journal La ilustracion artistica, n° 503, Barcelone, 17 août 1891, pp. 518-522.

ville voisine de Barcelone1. Les Archives nationales de Catalogne conservent un document listant les différents fournisseurs de ce musée : Vienne, Venise, Rome, Paris, Munich, Naples, Nuremberg et Genève, pour un total de mille deux cents moulages2. Salvador Sempere y Miquel (1840 – 1915), scientifique et homme politique impliqué dans le développement de l’enseignement des arts industriels, était chargé des acquisitions à l’étranger pour le compte de la Ville de Barcelone3. Comment a-t-il eu connaissance de la collection de l’EAIG ? D’autant plus que s’il s’agit de faire l’acquisition d’œuvres d’art emblématiques, les modèles proposés à Genève sont eux-mêmes issus des pays possédant les originaux. Plusieurs hypothèses peuvent apparaître.

Tout d’abord, les expositions universelles offrent un terrain de rencontre idéal pour les relations commerciales. Le succès que remporte L’EAIG en 1889 à Paris participe sans doute à attiser l’intérêt d’experts à la recherche de solutions en matière de promotion des arts industriels, et facilite les prises de contact entre institutions. Ensuite, Bècherat-Gaillard, en tant que représentant de l’EAIG, aurait pu prendre l’initiative, d’une certaine façon, d’engager cet échange commercial avec Barcelone. Le coût de transport pourrait-être également un argument en faveur de Genève, s’il s’agit de commander des modèles communs aux différents pays fournisseurs. Finalement, établir des contrats commerciaux avec un ensemble diversifié de pays, plutôt que d’en privilégier un seul, laisse transparaître des intérêts diplomatiques. À partir des années 1880, la Catalogne vit sa Renaixença, période de forte croissance économique comparée au reste de l’Espagne.

Pour cette région, les conditions sont désormais réunies pour affirmer son autonomie sur le reste de l’Espagne4. Par ailleurs, aucune commande ne semble être liée à l’Académie royale des beaux-arts de Madrid, dont l’atelier de moulage est le principal fournisseur au niveau national5. La fondation du Musée municipal de reproductions artistiques de Barcelone correspond à une stratégie de développement, pour rattraper le niveau de

1 Une grande partie des moulages, stockés dans l’entrepôt, ont été détruits en 1937 durant la guerre civile espagnole. Le Musée de Sitges ne conserve que le restant de la collection. Je remercie Elena LLorens Pujol du Museu Nacional d’Art de Catalunya pour ces informations.

2 Barcelone, Arxiu Nacional de Catalunya, FONS ANC1-715/junta de museus de catalunya “Pagament dels imports de les factures de les obres adquirides per Salvador Sanpere i Miquel destinades al Museu de Reproduccions Artístiques”.

3 Barcelone, Arxiu Nacional de Catalunya, FONS ANC1-715/junta de museus de catalunya.

4 GARCÍA, Alicia Fernández, PETITHOMME, Mathieu, « L’émergence du nationalisme catalan sous la Restauration bourbonienne en Espagne (1874-1931) », dans Parlement[s], Revue d’histoire politique N° 23, Vol. 1, 3 juillet 2016, pp. 177-92.

5 LUZÓN NOGUÉ, José María, site internet de l’Académie Royale des Beaux-Arts de San Fernando, https://www.realacademiabellasartessanfernando.com/es/taller-de-vaciados/historia (consulté le 14 mai 2021).

progrès atteint par « les autres pays plus chanceux, où l’homme de science, l’artiste et l’industriel peuvent comparer, apprendre et étudier les moulages antiques et analyser les productions des temps passés1 ». En tournant le dos à Madrid, Barcelone s’affirme ainsi comme une région dynamique, en relation avec les autres pays européens les plus modernes.

Dans le recueil de copies de lettres figurent deux envois importants à destination de l’École industrielle Infante Dom Henrique à Porto en 1910 et 1912, totalisant cent cinquante moulages de tous types. Les deux factures sont adressées à monsieur Salazar, directeur de l’école. Adolpho Barroso Pereira Salazar (1858 – 1941), engagé à l’origine comme professeur de français, débute en 1891, peu de temps avant un autre professeur récemment arrivé au Portugal, Gérard Van Kricken (1864 – 1916). Celui-ci, originaire de Rotterdam, effectue ses études à Genève, dans les écoles d’arts industriels, des beaux-arts, et d’arts appliqués à l’industrie. En 1888, il se présente à un concours organisé par une délégation portugaise à Berne, en quête de professeurs pour leurs écoles d’arts industriels nouvellement fondées. Une procédure similaire se déroule à Rome. Sur les trente et un candidats réunis, quinze sont admis et répartis dans trois domaines différents : les arts décoratifs, la conception architecturale et la conception de machines. Gerard Van Krieken rejoint la catégorie des arts décoratifs2. Âgé de 22 ans lors du concours, il « est talentueux et dynamique, bon dessinateur et modeleur. Il est vivement recommandé par Monsieur Bécherat-Gaillard, membre du jury3 ». Après des postes à Chavez puis Leiria, il rejoint une première école à Porto en 1891, puis finalement l’École industrielle Infant Dom Henrique de cette même ville en 1892, reprenant le poste de l’italien Giuseppe Cellini (1855 – 1940)4. Van Krieken s’installe définitivement à Porto. Par le biais de ce professeur, il existe donc bien un lien direct entre Porto et l’EAIG. Un lien plus ancien existe également entre le gouvernement

1 « […] otros país más afortunados, en donde el hombre de ciencia, el artista y el industrial puedan comparar, aprender y estudiar los antiguos moldes y analizar las producciones de los pasados tiempos » traduction de l’auteur, La ilustracion artistica, n° 503, Barcelone, 17 août 1891, p. 519.

2 Archives historiques/Ministère de L’éducation, ofício da Legação, 14 mai 1889, cité dans CARDOSO

PINHEIRO DE CARVAHLO, António, o arquitecto josé marques da silva, e a architectura no norte do país na primera metade do séc. XX, thèse de doctorat en histoire de l’art présentée à la faculté de lettres de porto, porto, 1992, p. 187.

3 Lettre adressée au conseiller Ernesto Madeira Pinto, directeur général du commerce et de l’industrie, participant à l’examen pour la compétition pour les professeurs des écoles industrielles portugaises ouvert à Berne par arrêté du 18 décembre 1888), cité dans CARDOSO PINHEIRO DE CARVALHO, 1992, p. 187.

4 CARDOSO PINHEIRO DE CARVALHO, 1992, p. 187.

portugais et la personne de Bècherat-Gaillard. Celui-ci reçoit même des décorations en 1889 et en 1892, pour son rôle pour le développement de l’enseignement des arts industriels au Portugal1. Ainsi, d’autres envois ont pu avoir lieu, à des dates antérieures ou vers d’autres institutions. Quatre moulages estampillés de l’EAIG se trouvent actuellement dans la collection d’une autre école à Porto2, l’École Faria Guimarães, fondée en 1884, contemporaine de l’École industrielle Infante Dom Henrique. Soit ces pièces sont passées d’une école à une autre à un certain moment au cours de l’histoire, soit cette école aurait également acheté des moulages à l’EAIG.

Un autre envoi conséquent pour l’étranger apparaît dans le recueil de copies de lettres. En 1912, une facture pour une centaine de moulages est adressée à « Monsieur le Directeur de l’École impériale des arts et métiers de Stamboul3 ». À cette date, l’École impériale, fondée par l’industriel français Léon Faure (1866 – 1951) à la fin du XIXe siècle, aurait probablement pu déjà posséder une collection de moulages, provenant de divers fournisseurs. L’EAIG serait alors l’une des provenances parmi de nombreuses autres, seulement aucune autre piste à ce jour ne permet d’éclairer l’origine de cette commande.

Les raisons pour lesquelles ces institutions étrangères se tournent vers l’EAIG demeurent incertaines. Ces exemples illustrent néanmoins le rayonnement de la collection de l’EAIG et la capacité de son atelier de moulage pour se positionner sur un marché européen. Du point de vue des archives aujourd’hui, ces trois cas apparaissent comme les plus grandes commandes faites en une seule fois. Les frais de port représentant un coût supplémentaire considérable, il paraît logique de regrouper les pièces en un lot important plutôt que de procéder par commandes partielles successives.

Toujours est-il que de telles commandes devaient sans doute dénoter des envois locaux constitués d’une à quelques pièces, tant du point de vue de l’activité de l’atelier que de celle de l’administration. Cependant, dans les écrits d’époque dont nous disposons, aucun commentaire ne laisse transparaître un aspect exceptionnel à fournir en grande quantité un musée à Barcelone, une école à Porto et une autre à Istanbul. Ces cas étaient-ils plus communs qu’ils n’y paraissent ? D’autres documents peuvent encore

1 Diario do Governo, n° 135, 17 juin 1889 ; Journal de Genève, 23 octobre 1892, p. 2.

2 DE MAGALHAES MOREIRA LOBO, Maria Natália, O ensino das artes aplicadas na escola Faria Guimaraes, Dissertaçao de mestradoem história de arte, Universidade do Porto Faculdade de letras, Porto, 1998, p. 129.

3 Genève, AEG, 2008 va 57.2.7, Recueil de copies de lettres 1910 – 1922, p. 241.

resurgir dans les archives à Genève ou dans les divers lieux en rapport avec des collections de moulages, lesquelles pourraient même révéler d’autres pièces estampillées de l’EAIG dans la mesure où elles existent encore.

Autour de la collection de moulages gravite une activité prolifique concernant une diversité de personnes dans de nombreux domaines. Les élèves tout d’abord, pour qui la qualité de l’enseignement professionnel spécialisé dans le moulage a certainement eu des répercussions sur leurs trajectoires artistiques et professionnelles. L’ensemble des institutions du pays, et principalement les écoles, peuvent se développer en accord avec les systèmes pédagogiques contemporains. Finalement, de nombreux individus, artistes, amateurs, scientifiques, pour qui l’accès aux moulages se trouve facilité grâce à la centralisation dans un seul établissement en Suisse. Le dynamisme de cette activité d’édition et d’enseignement participe à l’image de l’EAIG, mais également de Genève et à de la Suisse entière qui s’affirme sur le marché international des reproductions en plâtre.

L’atelier se trouve au croisement d’un ensemble de besoins de la société genevoise à cette époque. Des décors ornant les façades de la ville, aux outils d’enseignement dans les écoles primaires, à l’université ou dans l’hôpital, en passant par des œuvres d’art contemporaines, l’activité de l’atelier de moulage de l’EAIG se déploie dans de nombreux secteurs.

CONCLUSION

Le moulage, la technique comme l’objet qui en découle, définit de manière exemplaire le rapprochement qui s’opère entre arts et industries au XIXe siècle. Procédé de reproduction mécanique, il est une technique associée à la pratique de la sculpture, tout en étant un médium de masse, dont l’édition permet d’accéder à un marché conséquent. Il est d’un grand intérêt pour une nation de tendre vers l’autonomie pour se procurer ces modèles tridimensionnels, tant dans un souci de limiter les importations, que pour émuler les activités artistiques de sa population. À Genève, la cohabitation d’une collection de moulages et d’une école publique impliquée dans les réalités de l’industrie locale et de l’économie de son temps permet d’établir les bases d’une activité d’édition unique en Suisse. L’atelier de moulage de l’EAIG devient rapidement l’équivalent d’un atelier d’état, d’abord à l’échelle du canton de Genève, mais également au profit de tout le pays.

Durant son âge d’or, la collection de l’EAIG essaime sans discontinuer dans toute la Suisse et par delà ses frontières. Alors en accord avec un système pédagogique privilégiant l’apprentissage du dessin et l’utilisation de modèles en plâtre, la majorité des écoles1 s’équipe d’une sélection des moulages de l’EAIG. Ce rôle de fournisseur officiel pour les établissements scolaires est équivalent à ceux des ateliers d’État en France, en Espagne ou en Belgique. En 1928, le département fédéral de l’intérieur confie une étude au Musée national suisse, avec l’objectif de faire un état général des collections et des ateliers de moulages du pays :

Les musées de Berne et Lausanne ne possèdent pas d’atelier de moulage, mais un employé qui peut à l’occasion exécuter un moulage. De même, le Musée de Genève n’a pas d’atelier ; pour faire exécuter des moulages, il s’adresse à L’École des arts industriels de Genève, où se trouve un important atelier de moulage dirigé par M.Plojoux.

Le musée national est le seul possédant un atelier avec un mouleur spécialisé. Cet atelier possède environ 1400 moules d’objets préhistoriques et romains.

Il existe une collection de moulages d’après l’antique à l’université de Zurich.

1 Nous pourrions avancer que toutes les écoles publiques, et la grande majorité des institutions privées du côté de la Suisse romande fonctionnaient selon un même système pédagogique, accordant une place à l’enseignement du dessin de figure ainsi qu’aux modèles en plâtre.

L’École des arts industriels de Genève possède, à côté de son atelier de moulage, une importante collection de moulages avec catalogues1.

D’autres informations citées dans des courriers en lien avec ce rapport nous informent que les Musées de Bâle et de Saint-Gall possèdent des ateliers. En revanche, aucun n’a de catalogue. L’atelier de l’EAIG apparaît donc comme le plus complet en Suisse. Il occupe une place importante, actif dans la diffusion des moulages grâce à ses catalogues, riche de sa propre collection, tout en étant attaché au Musée de Genève.

Pour ce qui est de l’atelier de Musée national suisse, un établissement dont la thématique est exclusivement sur l’histoire locale, il est dirigé par un mouleur formé à l’EAIG, Charles Kaspar2.

La fondation de l’École et sa diffusion de modèles en plâtre sont au cœur d’un réseau étendu entre les institutions et les divers acteurs des domaines artistiques et industriels de la fin du XIXe au début du XXe siècle. Dans le domaine institutionnel, pour les musées et les écoles, le rôle de l’EAIG est indéniable. Les besoins de modèles en plâtre sont remplis par l’atelier de l’École de Genève. Pour ce qui est des domaines de la création artistique et industrielle, son impact s’avère plus difficile à saisir. Il s’agit de commandes ponctuelles, dont les usages ne sont pas toujours identifiables. En facilitant la diffusion des modèles, l’EAIG a-t-elle participé à l’évolution des compétences pour la création d’œuvres et de produits ? Les artistes et les industriels, architectes et artisans, sont-ils devenus meilleurs grâce à la disponibilité de ces outils qu’étaient les moulages ? La centralisation des moulages circulant sur le marché a sans doute participé à diffuser un style aux inspirations françaises dans la partie romande de la Suisse. L’usage des modèles en plâtre démontre également l’adoption d’un modèle didactique privilégiant le dessin de figure dans l’enseignement artistique. Au tournant du siècle, les arts appliqués à Genève s’inscrivent dans les codes de l’Art nouveau (Fig.

39). Un tout autre modèle se développe dans la partie orientale de la Suisse. En 1905, le nouveau directeur l’école des arts et métiers de Zurich, Julius de Praetere (1879–1947), bannis l’usage du dessin de figure et les références à l’historicisme (Fig. 40).

1 International Museums Office (Imo), (1926-1946), Dépôt, Archives de L’UNESCO, Cote, Fr Punes Ag 1 — Iici-Oim-Vii-24, Moulages — Suisse, Doc 1929, P.52

2 Sur le rôle de Charles Kaspar, voir p. 93.

L’histoire de cette collection, unique en Suisse par sa typologie, son rôle et son ampleur, permet d’éclairer un aspect méconnu de l’histoire de l’art au niveau local et national. La vogue du moulage se traduit autant d’un point de vue stylistique que économique. Car il s’agit bien d’un marché de grande ampleur. La fluctuation du développement de l’atelier, avec une période de forte activité suivie d’une régression, témoigne d’une culture à son apogée. L’EAIG a su saisir le moment opportun pour lancer son activité de diffusion. Dans les années 1880 et 1900, le marché est le plus dynamique et l’intérêt pour le moulage se reflète dans la création de nombreuses collections dans les établissements scolaires et par la fondation de Musées. D’une certaine façon, la collection de l’EAIG occupe une place nécessaire si elle répond à un besoin général des artistes et des industriels. De même, la disponibilité des moulages aurait pu inciter les artistes et les industriels à adopter les méthodes de création et les styles que véhiculent ces modèles.

La présente étude couvre les quarante premières années de l’existence de l’École et de sa collection. Cette période est marquée par une omniprésence des moulages en plâtre dans les écrits à propos de l’École. Les archives disponibles présentent donc une certaine continuité permettant de reconstruire une histoire. L’attrait pour les reproductions en plâtre ne s’interrompt pas brusquement, de même que l’atelier de l’École n’a jamais cessé de fonctionner. L’histoire de l’atelier et de la collection peut encore se prolonger d’un siècle. À la suite de Plojoux et Mazzoni, c’est Louis Pettman,

Fig. 39: Mary Golay (élève à l’École en 1881), panneau décoratif, vers 1900, 55 X 46 cm, imprimé par Clement, Tournier, & Co. Editeurs, Genève, collection particulière.

Fig. 40: Julius de Praetere, affiche Linie & Form — Krefeld. Lithographie, 1904, 50 x 68 cm, imprimé par Kleinsche Druckerei, Krefeld, collection particulière.

ancien étudiant de l’école, qui devient maître-mouleur en 1928. Puis Georges Pougnier (1910 – 1982) et enfin, William Mussard occupera cette place jusqu’à sa retraite en 2000. Depuis, le poste de maître-mouleur n’existe plus, mais l’enseignement se perpétue sous la supervision et les conseils des différents professeurs. Aujourd’hui, il est toujours animé de la présence des élèves (Fig. 42 et Fig. 41) à l’œuvre dans les domaines de la céramique, de la sculpture ou du design, au sein du Centre d’expérimentation et de réalisation en céramique contemporaine (CERCCO).

En 1985, l’exposition Le chef-d’œuvre et son double qui se tient dans le bâtiment de l’École à la Rue Necker permet de revaloriser ces sculptures de plâtre. Le catalogue de l’exposition invite le public à visiter la collection située à la Rue James-Fazy et rappelle qu’il est possible de passer des commandes de moulages à l’atelier1. Seulement, l’activité périclite et la conservation de la collection est questionnée lorsque le dernier maître-mouleur par en retraite. En 2000, un acte de vandalisme au Musée des moulages cause la perte de dizaines de pièces. En 2001, faute de place dans le bâtiment, l’espace du Musée servait d’atelier pour les élèves, au risque d’endommager les modèles encore accumulés sur l’ensemble des murs (Fig. 43).

1 FALLET, Roger. Le chef-d’œuvre et son double, Musée des moulages de l’École des arts décoratifs de Genève, Genève, 1985.

Fig. 41: L’atelier de l’École en 1985, dans Werk, Bauen + Wohnen, n° 72, 1985, p. 67.

Fig. 42: L’atelier aujourd’hui, photographie de l’auteur.

En 2000, sous l’impulsion du directeur de l’École des arts appliqués d’alors, Pierre Alain Giesser (1955 – 2021), Michel Hirschy, professeur de moulage à l’École des beaux-arts de Genève, se voit confier l’étude des collections genevoises. Le but étant de réfléchir à leur avenir sachant que l’École avait besoin d’espace supplémentaire. Ce rapport permet de situer l’ensemble du patrimoine que représentent les moulages à Genève. Les collections de l’École, de l’Université et du MAH

En 2000, sous l’impulsion du directeur de l’École des arts appliqués d’alors, Pierre Alain Giesser (1955 – 2021), Michel Hirschy, professeur de moulage à l’École des beaux-arts de Genève, se voit confier l’étude des collections genevoises. Le but étant de réfléchir à leur avenir sachant que l’École avait besoin d’espace supplémentaire. Ce rapport permet de situer l’ensemble du patrimoine que représentent les moulages à Genève. Les collections de l’École, de l’Université et du MAH