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Plusieurs rapports à l’une des choses analogues ou à une autre

Or, il y a différentes manières selon lesquelles la définition d’une chose peut être faite à partir de celle d’une autre. Il y a donc différentes manières selon lesquelles nous pouvons donner le même nom à plusieurs choses parce que leurs définitions sont faites les unes à partir des autres ou à partir d’une même autre. Et n’y a-t-il pas aussi plusieurs manières de diviser ces différentes manières? Quelle est donc la première manière de diviser les mots analogues?

C’est !’intelligence qui pose un ordre dans le nom, donc dans le concept. La division la plus fondamentale de l’analogie se tire donc d’une division des façons dont !’intelligence procède en établissant cet ordre: multa ad unum [plusieurs choses à une chose] d’une part, unum ad aliud [une chose à l’autre] d’autre part.109

Ainsi, quand nous donnons le même nom à deux choses parce que leurs définitions sont apparentées ou font partie de la même famille, ou bien leurs définitions sont faites à partir de celle d’une même troisième, ou bien l’une à partir de l’autre.

Ou bien parce que plusieurs choses ont rapport à une seule chose, comme sain est dit de la médecine et de l’urine, en tant que l’une et l’autre a un ordre et un rapport à la santé de l’animal, dont celle-ci, certes, est le signe, mais celle-là la cause; ou bien à partir de ceci qu’une chose a rapport à l’autre, comme sain est dit de la médecine et de l’animal, en tant que la médecine est la cause de la santé qui est dans l’animal.110 109 DIONNE, Maurice, Saint Thomas d’Aquin et le problème logique de l’analogie, op. cit., page 66. 110 Saint Thomas D’Aquin, Summa theologiae, op. cit., tomus I, pars I, quaestio XIII, articulus V,

corpus, 81al9-28: “Vel quia multa habent proportionem ad unum, sicut sanum dicitur de medicina et urina, inquantum utrumque habet ordinem et proportionem ad sanitatem animalis, cuius hoc quidem signum est, illud vero causa; vel ex eo quod unum habet proportionem ad alterum, sicut sanum dicitur de medicina et animali, inquantum medicina est causa sanitatis quae est in animali.”

Voir aussi:

SAINT Thomas D’Aquin, Quaestiones disputatae de veritate, op. cit., tomus XXII, questio II, articulus

XI, ad VI, 251-259: “[...] ratio illa procedit de communitate analogiae quae accipitur secundum determinatam habitudinem unius ad alterum: tunc enim oportet quod unum in diffinitione alterius ponatur, sicut substantia in diffinitione accidentis, vel aliquid unum in diffinitione duorum ex eo quod utraque dicuntur per habitudinem ad unum, sicut substantia in diffinitione quantitatis et qualitatis.”

“[...] cette raison procède de la communauté d’analogie qui est reçue selon un rapport déterminé d’une chose à une autre: alors, en effet, il faut qu’une chose soit posée dans la définition de l’autre, comme la substance dans la définition de l’accident; ou quelque chose d’unique dans la définition de deux choses, à partir de ceci que l’une et l’autre choses sont dites par rapport à une seule chose; comme la substance dans la définition de la quantité et de la qualité.”

N’y a-t-il pas seulement deux manières, en effet, pour deux hommes d’avoir le même nom parce qu’ils font partie de la même famille? Ou bien ils ont le même nom parce qu’ils ont un même père, un même grand-père ou un même ancêtre. Et ils le reçoivent ainsi d’un même troisième. Par exemple, Wilhelm Friedemann Bach et Carl Philipp Emanuel Bach de Johann Sebastian Bach. Ou bien ils ont le même nom parce que l’un est le père, le grand- père ou l’ancêtre de l’autre. Et l’un le reçoit ainsi de l’autre. Par exemple, Carl Philipp Emanuel Bach de Johann Sebastian Bach.

D’une manière, selon que plusieurs choses ont un rapport à quelque chose d’unique: comme, selon le rapport à une santé unique, l’animal est dit sain comme le sujet de celle-ci, la médecine comme l’agent de celle-ci, la nourriture comme ce qui conserve [celle-ci], l’urine comme le signe [de celle-ci].

D’une autre manière, selon qu’est remarqué un ordre ou un rapport de deux choses, non pas à quelque chose d’autre, mais à l’une de celles-ci: comme Y être est dit de la substance et de l’accident selon que l’accident a un rapport à la substance, non pas selon que la substance et l’accident soient rapportés à une troisième chose.111

SAINT Thomas D’Aquin, Quaestiones disputatae de potentia, Marietti, Taurini et Romae, 1949,

questio VII, articulus VII, corpus: “Hujus autem praedicationis duplex est modus. Unus quo aliquid praedicatur de duobus per respectum ad aliquod tertium, sicut ens de qualitate et quantitate per respectum ad substantiam. Alius modus quo aliquid praedicatur de duobus per respectum unius ad alterum, sicut ens de substantia et quantitate.

In primo autem modo praedicationis oportet esse aliquid prius duobus, ad quod ambo respectum habent, sicut substantia ad quantitatem et qualitatem; in secundo autem non, sed necesse est unum esse prius altero.”

“Or, le mode de cette prédication est double. L’un par lequel quelque chose est dit de deux choses par rapport à quelque troisième chose, comme l’être, de la qualité et de la quantité, par rapport à la substance. Il y a un autre mode, par lequel quelque chose est dit de deux choses par le rapport de l’une à l’autre, comme l’être, de la substance et de la quantité.

Or, dans le premier mode de prédication, il faut qu’il y ait quelque chose d’antérieur aux deux choses, auquel les deux choses ont rapport, comme la substance à la quantité et à la qualité; mais dans le second, non, mais il est nécessaire qu’une chose soit antérieure à l’autre.”

MONDIN, Battista, The Principle of Analogy in Protestant and Catholic Theology, Martinas Nijhoff, The Hague, 1963, page 19: “St. Thomas explains that by analogous predication he understands a predication “according to an order or reference to something one” [...] He then distinguishes between two modes of analogous predication according to a reference to something one: (1) analogy of many to one and (2) analogy of one to another.”

KLUBERTANZ, George P., St. Thomas Aquinas on Analogy: a Textual Analysis and Systematic

Synthesis, op. cit., page 126: “The first of these consists essentially of two members which are united by a

direct relationship between them, and is called by St. Thomas the analogy of one to another. There may be other members, but in that case all except one member are each related to that one member by themselves. The second consists of at least two members which are not directly related to each other, but to some thing distinct from them, and they are therefore constituted a community by their relationship to that thing outside them; this is called by St. Thomas the analogy of many to one.”

111 SAINT THOMAS D’AQUIN, Sumiría contra Gentiles, op. cit, tomus XIII, liber I, capitulum XXXIV,

Par exemple, quand nous disons de ce vêtement qu’il est sportif, et de ce journal qu’il est sportif, nous donnons à ce vêtement le même nom sportif qu’à ce journal. Mais la définition de sportif, quand nous disons de ce vêtement qu’il est sportif, n’est pas la même que celle de sportif quand nous disons de ce journal qu’il est sportif. Quand nous disons de ce vêtement qu’il est sportif, en effet, nous disons qu’il est porté pour faire du sport, tandis que quand nous disons de ce journal qu’il est sportif, nous disons qu’il fait connaître les résultats du sport. Or, la définition de l’une n’est pas faite à partir de celle de l’autre, mais celles de l’une et de l’autre sont faites à partir de celle d’une troisième, le sport}12

Mais quand nous disons de ce boyau qu’il est une partie de Y aspirateur, et de ce boyau qu’il est un aspirateur, nous donnons à ce boyau le même nom aspirateur qu’à tout l’aspirateur. Mais la définition de aspirateur, quand nous disons de ce boyau qu’il est une partie de Y aspirateur, n’est pas la même que celle de aspirateur, quand nous disons de ce boyau qu’il est un aspirateur. Quand nous disons de ce boyau qu’il est une partie de

Y aspirateur, en effet, nous disons qu’il est une partie de Y appareil qui aspire la poussière,

tandis que quand nous disons de ce boyau qu’il est un aspirateur, nous disons qu’il est la partie de l’appareil qui aspire la poussière, et que l’on manie. Or, la définition de l’une est

faite à partir de celle de l’autre, Y appareil qui aspire la poussière.* 112 113

[Il y a une] division [...] entre les homonymes selon qu’ils incluent ou non la réalité unique à laquelle leur définition renvoie.

[...] l’opposition entre les homonymes qui sont homonymes à la fois entre eux et avec la nature à laquelle ils sont rapportés et les homonymes qui ne le sont qu’entre eux, se trouvant paronymes de cette nature à laquelle ils sont rapportés.114

ad unam sanitatem animal dicitur sanum ut eius subjectum, medicina ut eius effectivum, cibus ut conservativum, urina ut signum.

Alio modo, secundum quod duorum attenditur ordo vel respectus, non ad aliquid alterum, sed ad unum ipsorum: sicut ens de substantia et accidente dicitur secundum quod accidens ad substantiam respectum habet, non secundum quod substantia et accidens ad aliquid tertium referantur.”

112 Autre exemple: un âge est légal, déterminé par la loi, et une médecine est légale, aide à déterminer ou à appliquer la loi.

113 Autre exemple: tel mouchoir est un kleenex, un mouchoir en papier de la marque Kleenex, et n’importe quel mouchoir est un kleenex, un mouchoir en papier.

Ainsi donc, quand nous donnons le même nom à deux choses parce que leurs définitions font partie de la même famille, ou bien leurs définitions sont faites à partir de celle d’une même troisième, ou bien l’une à partir de l’autre.