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La définition d’une chose est dans les définitions des autres

3.3 L’essence de la chose, la définition de la chose, et le nom de la chose

4.2.1 La définition d’une chose est dans les définitions des autres

Quand nous disons que la définition d’une première chose est dans celle d’une deuxième, disons-nous que la première chose est dans la deuxième? Certes non.

[...] quand quelque chose est dit univoquement de plusieurs choses, cela est trouvé dans n’importe laquelle de ces choses selon la définition propre, comme animal dans n’importe quelle espèce d’animal. Mais quand quelque chose est dit analogiquement de plusieurs choses, cela n’est trouvé que dans une seule de ces choses seulement selon la définition propre, à partir de laquelle les autres choses sont dénommées. Comme sain est dit de l’animal, et de l’urine, et de la médecine, non pas que la santé soit sinon dans l’animal seulement, mais à partir de la santé de l’animal, la médecine est dénommée saine, en tant qu’elle est l’agent de la santé de celui-ci, et l’urine, en tant qu’elle est le signe la santé de celui-ci. Et bien que la santé ne soit pas dans la

médecine ni dans l’urine, il y a cependant quelque chose dans l’une et l’autre par lequel celle-ci, certes, fait, et celle-là signifie la santé.70

Par exemple, quand nous disons de trois qu’il est un nombre, et de sept qu’il est un

nombre, nous disons le nom nombre de deux choses. Et la définition de nombre, quand nous disons de trois qu’il est un nombre, est la même que celle de nombre, quand nous disons de sept qu’il est un nombre.

Mais quand nous disons d’un éléphant qu’il est mortel, et d’un aliment qu’il est

mortel, nous disons le nom mortel de deux choses. Et la définition de mortel, quand nous disons d’un éléphant qu’il est mortel, n’est pas la même que celle de mortel, quand nous disons d’un aliment qu’il est mortel. La définition de mortel, en effet, quand nous disons d’un éléphant qu’il est mortel, est peut recevoir la mort, tandis que celle de mortel, quand nous disons d’un aliment qu’il est. mortel, est peut donner la mort. Or, la mort n’est pas dans l’aliment, mais dans l’éléphant seulement. Il y a cependant quelque chose dans l’aliment qui donne la mort, et à partir duquel nous disons qu’il est mortel.

Mais comment la définition d’une chose est-elle dans celle d’une autre? Quand nous disons d’un éléphant qu’il est mortel, disons-nous que la définition de mortel est peut recevoir la définition de la mort? Et quand nous disons d’un aliment qu’il est mortel,

disons-nous que la définition de mortel est peut donner la définition de la mort? Certainement pas. Quand nous disons, alors, que la définition d’une première chose est dans celle d’une deuxième, que disons-nous au juste?

Nous pouvons dire deux choses. Ou bien nous disons que le concept de la première est dans celui de la deuxième. Ou bien nous disons, puisque le mot est un signe du concept,

70 SAINT Thomas D’Aquin, Summa theologiae, op. cit., tomus I, pars I, quaestio XVI, articulus VI,

corpus, 118a31-48: “[...] quando aliquid praedicatur univoce de multis, illud in quolibet eorum secundum propriam rationem invenitur, sicut animal in qualibet specie animalis. Sed quando aliquid dicitur analogice de multis, illud invenitur secundum propriam rationem in uno eorum tantum, a quo alia denominantur. Sicut sanum dicitur de animali et urina et medicina, non quod sanitas sit nisi in animali tantum, sed a sanitate animalis denominatur medicina sana, inquantum est illius sanitatis effectiva, et urina, inquantum est illius sanitatis significativa. Et quamvis sanitas non sit in medicina neque in urina, tamen in utroque est aliquid per quod hoc quidem facit, illud autem significat sanitatem.”

que les mots de la première sont dans ceux de la deuxième. Les concepts, en effet, sont faits de concepts et les mots de mots, comme les surfaces sont faites de surfaces et les lignes de lignes.

[...] dans tous les noms qui sont dits analogiquement de plusieurs choses, il est nécessaire que tous soient dits par rapport à une seule chose; et à cause de cela il faut que cette chose unique soit posée dans la définition de toutes les choses. Et parce que “le concept que signifie le nom, est la définition”, comme il est dit au quatrième livre des Métaphysiques, il est nécessaire que ce nom soit dit antérieurement de ce qui est posé dans la définition des autres choses, et postérieurement des autres choses, selon l’ordre selon lequel elles s’approchent plus ou moins de cette première chose; comme sain qui est dit de l’animal, tombe dans la définition du sain qui est dit de la médecine, laquelle est dite saine en tant qu’elle cause la santé dans l’animal; et dans la définition du sain qui est dit de l’urine, laquelle est dite saine en tant qu’elle est un signe de la santé de l’animal.71

Par exemple, quand nous disons de tel mets qu’il est un dessert, et du temps pendant lequel est mangé tel mets qu’il est le dessert, nous disons le nom dessert de deux choses. Et la définition de dessert, quand nous disons de tel mets qu’il est un dessert, n’est pas la même que celle de dessert, quand nous disons du temps pendant lequel est mangé tel mets qu’il est le dessert. La définition de dessert, en effet, quand nous disons de tel mets qu’il est un dessert, est mets sucré à la fin d’un repas, tandis que celle de dessert, quand nous disons du temps pendant lequel est mangé tel mets qu’il est le dessert, est temps pendant lequel est mangé un mets sucré à la fin d’un repas. Or, nous donnons premièrement le nom dessert au

mets sucré à la fiin d’un repas, avant de le donner au temps pendant lequel est mangé un mets sucré à la fin d’un repas, parce que la définition mets sucré à la fin d’un repas est placée dans la définition temps pendant lequel est mangé un mets sucré à la fin d’un repas.

71 Ibid., tomus I, pars I, quaestio XIII, articulus VI, corpus, 82a24-41: “[...] in omnibus nominibus quae de pluribus analogice dicuntur, necesse est quod omnia dicantur per respectum ad unum; et ideo illud unum oportet quod ponatur in definitione omnium. Et quia “ratio quam significat nomen, est definitio”, ut dicitur in IV Metaph., necesse est quod illud nomen per prius dicatur de eo quod ponitur in definitione aliorum, et per posterius de aliis, secundum ordinem quo appropinquant ad illud primum vel magis vel minus; sicut sanum quod dicitur de animali, cadit in definitione sani quod dicitur de medicina, quae dicitur sana inquantum causai sanitatem in animali; et in definitione sani quod dicitur de urina, quae dicitur sana inquantum est signum sanitatis animalis.”