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2. ÉCOSYSTÉMIE

2.3 Écosystème et système

2.3.4 Représentation de l’écosystémie

2.3.4.1 Rapport individu/environnement et écosystème

est-elle établie? Au niveau de l’individu, du système ou de l’écosystème? L’homme privilégie ce qui est immédiat et proximal (Weiss, 1978). La tendance est aussi à établir la coupure au niveau de l’individu (sous l’angle atomiste plutôt que comme système) et non pas des systèmes, et ce, même si la dimension relationnelle, alors appréhendée en termes additifs, est privilégiée (Valsiner et Winegar, 1992). Asendorph et Valsiner (1992) en expriment les enjeux sous l’angle de la catégorisation opérée par les chercheurs:

If a person-oriented perspective is taken, the developing person is most often reduced to a point on some continuum or to membership in some category system. Block (1971) and Magnusson (1988) have criticized this ‘‘variable orientation’’ of psychology, and have advocated a truly ‘‘person-oriented view’’ that treats individuals as complex organized systems. (p. xvi-xvii).

Mettons en exergue une dimension importante dégagée de cet extrait à l’effet que cette logique s’applique même si l’individu est situé socialement par rapport à des groupes, dans la mesure où ceux-ci sont appréhendés en termes statiques. Une tendance centrale, aussi inscrite dans une logique réductionniste, consiste à privilégier l’influence active de l’environnement sur un individu passif qui est déterminé sur une base externe (Lerner et Castellino, 2002).

Tel que nous l’avons indiqué dans la problématique, Valsiner (1987, 1998) privilégie la séparation de la personne et de l’environnement, mais sur une base inclusive plutôt qu’exclusive. La tendance des humains, en particulier à travers le sens commun, consiste à appréhender l’écosystémie en termes de séparation exclusive, en situant la coupure au niveau de l’individu, tel que nous l’avons indiqué (Asendorph et Valsiner, 1992; Valsiner, 1986). Alors que la propension des chercheurs, en sciences humaines et sociales ainsi qu’en éducation, à considérer soit l’individu soit l’environnement est plus rare, dans ses formes pures, qu’elle l’était dans les années 1960-1970, nous assistons à des tendances scissionnistes que Valsiner (1987) associe à des formes douces de séparation exclusive, formes plus subtiles établies autour de compromis additifs (Overton, 1998, 2007). Cet auteur en présente deux types :

(a) A quantitative type claims that a developmental outcome is caused to x extent by biological factors and to y extent by social-cultural factors. Note, however, that this claims is no different in form than the claim that development is caused either 100% by biological factors or 100% by social-cultural factors. […] (b) A qualitative type of additive compromise asserts that biological factors a, b, c, and social-cultural factors d, e, and f combine additively to yield a complete explanation of change. (Overton, 1998, p. 115).

Tel que cela transparaît dans cet extrait, la dimension de causalité est intrinsèquement liée à la question des rapports individu/environnement. Nous y reviendrons. Notons que la dimension d’interaction est parfois, dans cette logique, prise en compte, mais elle l’est selon une logique linéaire et additive.

Il est aussi important de considérer la façon dont est représenté l’écosystème. Bateson (1979) énonce, sous la forme d’un sous-titre, le principe suivant: «The division of the perceived universe into parts and wholes is convenient and may be necessary, but no necessity determines how it shall be done.» (p. 38). Ce principe est central pour notre propos, puisqu’il soulève à la fois la nécessité d’établir des découpages, mais aussi le caractère arbitraire, sociocognitivement (« socio » dans la mesure où l’auteur reconnaît le rapport individu/environnement et l’importance de l’interaction sociale) déterminé, de ceux-ci. Dans une note de bas de page, il clarifie quelles formes peuvent prendre les découpages de l’univers :

The question of formal necessity raised here might have an answer as follows: Evidently, the universe is characterized by an uneven distribution of causal and other types of linkage between its parts; that is, there are regions of dense linkage separated from each other by regions of less dense linkage. It may be that there are necessarily and inevitably processes which are responsive to the density of interconnection so that density is increased or sparsity is made mort sparse. In such a case. The universe would necessarily present an appearance in which wholes would be bounded by the relative sparseness of their interconnection. (Bateson, 1979, p. 38).115

Comme dans des vases communiquants, les régions (systèmes ou zones) peuvent être représentées comme plus ou moins denses, selon les opérations de pondération effectuées par l’individu, ce que Moscovici (1961) a défini en référence aux mouvements verbaliste et elliptique. L’exposition de l’individu à des régions à forte densité se traduit par exemple par la multitude des représentations que véhiculent des tiers dans son entourage à propos d’un objet, ce qui conduit à une surcharge cognitive (Riggazio-DiGilio, 1997). La résolution de la densification de régions émane d’une propension de l’individu à diviser le tout en unités isolées et à maximiser certaines d’entre elles en fonction de buts ou d’intérêts particuliers (Bateson, 1979). Ce phénomène est l’expression d’une tendance plus générale à l’effet que l’individu ne peut accéder à la complexité de l’écosystème (Ibid). Il n’y a accès qu’à une portion réduite (Atkinson et Heath, 1990). Il est particulièrement ardu pour lui d’en saisir la profondeur (la répartition des objets sur les différents niveaux hiérarchiques). Renvoyant aux phénomènes de distances, Lewin (1936) 116 privilégie notamment l’ancrage :

Only by anchoring his own conduct in something as large, substantial, and superindividul as the culture of a group can the individual stabilize his new beliefs sufficiently to keep them immune from day-by-day fluctuations of moods and influences to which he, as an individual, is subject. (p. 50).

Or, Weiss (1978) mentionne que ce qu’appréhende préférablement l’individu se situe à un niveau proximal, dans son univers immédiat, plutôt que sur le plan distal.

2.3.4.2 Les objets Nous traiterons maintenant du rapport aux objets, en fonction