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4. LES PROGRAMMES D'INTERVENTION

1.3 Rapport entre concept et perception

Moscovici (1961; 1976/2008) prend comme point de départ la définition de la représentation sous l'angle de la psychologie classique qui en fait un organe situé entre la perception et le concept et qui hérite de ses propriétés. Elle dispose ainsi de propriétés mixtes « qui permettent le passage de la sphère sensorimotrice à la sphère cognitive, de l’objet perçu

à distance à une prise de conscience de ses dimensions, formes, etc.»60 (1976/2008, p. 55). Moscovici mentionne que de se représenter un objet revient alors à en avoir conscience, ceci à l’intérieur de l’organisme. C’est donc dans cette perspective endogène, plus particulièrement intrapsychique, que doivent être saisis « Le travail de l’extérieur vers l’intérieur, le transport d’un espace éloignée vers un espace proche [qui] sont des opérations essentielles de ce travail cognitif particulier.» (Ibid). L’extérieur renvoie alors aux stimulations sensorimotrices perçues. Elles le sont à distance d’un traitement plus en profondeur qui fait intervenir des processus cognitifs particuliers.

Notons, chez Moscovici (1961), la référence au concept, et non pas au processus conceptuel, et au processus perceptuel (la perception), plutôt qu’au percept rapidement évoqué cependant. De plus, l’emploi du concept de perception pour désigner ce (objet) qui est extérieur est ici considéré en tant que processus de traitement de l’information. Le choix de ces termes n’est pas de nature à exprimer les élaborations cognitives en profondeur auxquelles réfère Moscovici. Renvoyer au concept plutôt qu’aux processus conceptuels implique son entification, son appréhension comme objet ou structure statique plutôt que comme phénomène émergeant. Le propre système théorique de Moscovici serait donc, pour certaines considérations, proche du sens commun, comme c’est souvent le cas en sciences humaines et sociales selon Valsiner (1994)!

Le recadrage conceptuel réalisé par Moscovici consiste à désigner la représentation non pas comme une instance intermédiaire aux propriétés fixes, mais comme un « processus qui rend le concept et la perception en quelque sorte interchangeables, du fait qu’ils s’engendrent réciproquement.» (Moscovici, 1976/2008, p. 55). Comme « l’objet du concept peut être pris pour objet d’une perception» (Idem) et réciproquement, il s’en suit « que la représentation exprime d’emblée un rapport à l’objet et qu’elle remplit un rôle dans la genèse de ce rapport.» (Idem). Considérer que l’inconscient forme une instance localisée dans

l’individu constitue l’exemple d’une opération par laquelle l’objet du concept est pris pour l’objet de la perception.

Dégageons ici le découplage de l’objet, comme si celui-ci venait en double, plus spécifiquement comme s’il y avait deux objets distincts. Dans le respect de la pensée de Moscovici, il y a passage du domaine du concept à celui de la perception, assertion qui paraîtra plus compréhensible lorsque nous aurons avancé dans notre présentation. Ce qu’il importe ici, c’est d’attirer l’attention sur la substitution, chez Moscovici, de la représentation comme organe, à un processus intermédiaire qui rend superposables le concept et la perception (figure 5).

Figure 5. Processus représentationnels au cœur du rapport entre la cognition et la perception La représentation est décrite au regard de propriétés mixtes héritées du concept et de la perception :

Un de ses aspects, l’aspect perceptif, implique la présence de l’objet; l’autre, l’aspect conceptuel, son absence […] Du concept, elle retient le pouvoir d’organiser, de relier et de filtrer ce qui va être ressaisi, réintroduit dans le domaine sensoriel. De la perception, elle conserve l’aptitude à parcourir, enregistrer l’inorganisé, le non-formé, le discontinu. (Moscovici, 1976/2008, p. 55-56).

Dans la figure 5, nous avons situé la représentation au centre, alors qu’elle devrait aussi désigner la structure totale. Il y a donc dédoublement: comme processus, elle renvoie à une dimension de la structure qu’elle désigne. Pour éviter une lecture littérale et latérale de l’argumentaire de l’auteur, il nous apparaît plus juste de dire que la représentation sociale est définie autour du concept et de la perception, cela à deux niveaux.

Figure 6. La représentation sociale définie au regard de la cognition et de la perception: rapport figure/fond

La figure 6 montre que sur le plan de la forme (figure)- la forme de l'argumentaire, du raisonnement de l'auteur-, la représentation désigne un processus inséré entre le concept et la perception, alors que, sur le fond, elle est définie, à un méta-niveau heuristique, en regard de ces deux composantes faisant office d’orientations conceptuelles générales. D’un côté, la représentation sociale médie le rapport entre le concept et la perception, de l’autre, elle hérite, par essence, des caractéristiques de ces deux dimensions.

Par rapport à certains éléments exprimés jusqu’ici, survient une question fondamentale: à quoi renvoie la matérialité? Nous avons montré que la représentation opère sur une base endogène (les flèches sont localisées à l’intérieur de la structure représentée dans les figures 5 et 6) et que la perception, censée désigner ce qui est extérieur, se limite aux sensations (sensorielles). Nous retrouvons chez Leontiev (1977) une critique de ce type de lecture sensorielle de la matérialité appréhendée du dedans ou plus particulièrement située sur la membrane des organes. À la limite, ce serait alors le contour (en pointillée), soit la

Concept Perception

Fond

C R P R

frontière, de la structure considérée qui serait concerné. Encore faudrait-il alors déceler comment la perception, associée à la matérialité, relève du monde externe.

Revenons à l’extrait précédent où nous pouvons lire qu’au concept est associée l’absence de l’objet, et, à la perception, sa présence. Il ne peut y avoir simultanément présence et absence d’un même objet, puisque, nommément, la présence de l’objet est considérée comme inutile du point de vue du concept. S’exprime ici le découplage de l’objet auquel nous référions. Dans la figure 6, ce qui relève du concept est placé en rouge et ce qui qualifie la perception est indiqué en bleu. Le cercle vide (bleu) désigne l’objet (présent) et le cercle (rouge) comportant un X exprime son absence ou son retrait, tout dépendant de la perspective temporelle privilégiée. Le clivage manifesté semble fondateur de la perspective de Moscovici (1976/2008):

La représentation maintient cette opposition et se développe à partir d’elle: elle re-présente un être, une qualité, à la conscience, c’est-à-dire qu’elle les présente

encore une fois, les actualise malgré leur absence et même leur non-existence

éventuelle. Conjointement, elle les éloigne suffisamment de leur contexte matériel pour que le concept puisse intervenir, les modeler à sa façon. Donc, d’un côté, la représentation suit des traces d’une pensée conceptuelle, puisque la condition de son apparition est un effacement de l’objet ou de l’entité concrète; mais, d’autre part, cet effacement ne saurait demeurer total et, à l’instar de l’activité perceptive, elle doit récupérer cet objet ou cette entité et les rendre « tangibles ». (p. 56).61

Figure 7. Les temporalités

Reprenons schématiquement, au moyen de la figure 7, chacun des énoncés de l’extrait qui ont été mis en exergue. La représentation représente62 encore une fois, ce qui suppose que l’objet, à représenter dans l’avenir, l’a déjà été dans le passé. Nous nous situons sur la flèche [a]63 qui ne marque pas le passage d’un objet absent -ce que nous aurions représenté par un bleu rouge comportant un X pour désigner l’objet lui-même du point de vue de son absence (versus l’absence de l’objet qui aurait été schématisé par un cercle rouge comportant un X)- à un objet à représenter (cercle rouge), mais d’un objet déjà représenté (cercle rouge, puisque nous référons à l’insertion de l’objet dans la sphère cognitive) à un objet à représenter de nouveau. La flèche [a] est obturée pour exprimer la rupture, dont la nature n’est pas indiquée. La condition de la manifestation du concept [c1]64 ne correspond pas ici à l’absence de l’objet mais à sa représentation préalable65. Insistons sur la divergence de sens entre les plans [a] et [c2]. Cette inversion logique a pour mobile l’incohérence des opérations synchroniques représentées dans les figures précédentes et des opérations diachroniques exprimées à travers les temporalités.

La représentation actualise (donc sur un plan actuel66) un objet malgré son absence ou sa non-existence [b]. Elle est donc en train de le faire apparaître ou de le construire cognitivement (cercle rouge vide au bout de la flèche [b]). De l’objet absent à l’objet présent, nous passons du temps 0 (présent) au temps 1. Nous nous inscrivons dans l’espace temporel intermédiaire qui, qualifiant une certaine orientation vers l’avenir, pourrait être celui de l’anticipation de l’action (Valsiner, 2014). En outre, Moscovici situe les objets de part et

62 Dégageons ici le découplage de la représentation et de son action représentationnelle.

63 Ici, les lettres n’ont d’autre fonction que de marquer des zones du schéma sur lesquelles nous attirons

l’attention du lecteur. Elles ne qualifient aucun ordre temporel par exemple.

64 C1 et C2 sont situés dans la portion inférieure de la figure, C1 qualifiant le passage de l’objet (cercle bleu) au

concept (la conception de l’objet), et C2 référant à la flèche qui va dans le sens inverse. C1 renvoie à l’énoncé « Conjointement, elle les éloigne suffisamment de leur contexte matériel pour que le concept puisse intervenir, les modeler à sa façon.» (Moscovici, 1961, p. 56), et C2, à l’énoncé « mais, d’autre part, cet effacement ne saurait demeurer total et, à l’instar de l’activité perceptive, elle doit récupérer cet objet ou cette entité et les rendre « tangibles ». » (Idem). Il apparaît que l’objet est présent au départ (nous n’avons pas placé de X dans le cercle bleu). Mentionnons aussi qu’en disant « Conjointement », l’auteur crée une association, sans préciser le rapport temporel entre des temporalités distinctes (le terme conjointement n’indiquant qu’un parallélisme) situées en particulier en [a] et en [c] dans la figure 7.

65 Nous devrions alors relier par une flèche pointillée le cercle rouge constituant le point de départ de la flèche

[a] au cercle bleu qui est le point de départ de la flèche [c], cela pour questionner le passage de l’objet déjà représenté à l’objet présent (perception) à représenter (le C (cognition), en rouge, associée aux tendances C1 et C2). Mentionnons aussi que la référence à une représentation préalable va dans le sens de la critique du caractère conventionnel (notamment en regard du fait qu’une structure pré-existe) de la représentation sociale chez Moscovici.

66 Ici, nous procédons à un découpage artificiel du temps, premièrement pour simplifier la présentation et

deuxièmement parce que nous ne disposons pas d’indices temporels qui, chez Moscovici, permettrait d’étayer davantage sur la nature des temporalités et sur la forme de leur liaison.

d’autre des trajectoires temporelles, sans identifier ce qui, d’un point de vue processuel, se passe dans l’interface, plus spécifiquement dans le flux temporel (Bergson, 1888). Par ailleurs, connotant l’accent mis sur le présent, c’est l’absence actuelle [c] de l’objet qui exprime la manifestation de la cognition (le « C » en rouge, en gras et en italique). L’objet (présent) doit être maintenu à distance, ce qui exprime l’effacement de l’objet. C’est ce que C1 représente. Il doit ensuite être récupéré (C2). Le temps est alors compris additivement et en séquence.

Figure 8. Le croisement des temporalités

De la figure 7, nous avons conservé uniquement les lignes temporelles, puis nous les avons superposées, ce qui donne la figure 8. Dégageons quelques constats. Dans tous les cas, la mise à distance de l’objet et son élaboration cognitive comme « phases » du processus représentationnel relevant de la cognition (le C en rouge) sont précédées de l’absence de l’objet, de l’effacement d’un objet présent67 (ce qui le rend absent) ou de la rupture de sa représentation (cercle rouge vide). Nous constatons une certaine cohérence heuristique, cela parce que nous tenons compte, non pas uniquement du point de départ, mais aussi des ruptures dans la trajectoire. En outre, au temps 0 (présent), nous assistons à la fois à la

67 Manifeste ne veut pas dire que l’objet a une substance, qu’il est plein (les cercles bleus sont présentés comme

des cercles vides), malgré le fait que pour Moscovici, à la logique de l’objet (p) correspond nécessairement sa substantialisation, opération que nous décrirons en traitant du processus d’objectivation. Par ailleurs, nous ne savons pas trop quand et en quoi l’objet a été « manifeste ».

a

t.-1

t.1

t.0

t.0

 t.1

C

b

 ? t.0

c

présence de l’objet [c] et à son absence [b]. Il en est de même au temps 168. Dégageons aussi le fait de devoir représenter un objet qui l’a déjà été et dont la nature de la rupture au temps 0 n’est pas spécifiée.

En filigrane de ces différents écueils demeure une interrogation fondamentale: la représentation vise-t-elle à rendre l'objet absent [a] ou présent [b]? Comme la représentation est définie en regard, à la fois, du concept et de la perception, nous pourrions dire que deux mouvements concomitants se croisent ou plutôt devraient être pensés ainsi. Nous aurions alors un rapport P-C et un rapport C-P, les opérations visant conjointement à rendre l’objet absent et présent. Quelle est la nature de l’articulation entre P-C et C-P, dès lors que C et P s’engendrent, voire se confondent, selon les termes de l’auteur, et que des temporalités distinctes engagent des objets aux statuts variables par des opérations cognitives aux visées parfois contradictoires?

La question qui vient d’être posée en appelle une autre: sur quelle base un objet est-il absent dès lors que c’est de la représentation (conceptuel et perception) d’un même individu (ou groupe) dont il s’agit? Nous avons vu que la prise en compte de la dimension temporelle conduit à des inversions logiques par rapport à la structure de base (figure 5) présentée par l’auteur, et que les lignes du temps sont désarticulées entre elles (figures 7 et 8). Situons alors la structure de base au temps 0, afin de mieux comprendre la perspective de l’auteur. Nous voyons dans la figure 7 (au temps 0) qu’un objet est à la fois présent et absent. Nous pourrions aussi dire qu’il y a deux types d’objets, un présent, du point de vue de la perception, et un autre, absent, du point de vue de la cognition. Mais c’est le même individu ou le même groupe qui le traite! Préciser les rapports temporels permettrait d’éclairer cette question, dimension qui nous semble peu investiguée -sinon sur une base statique- par l’auteur, du moins concernant le rapport C/P.

Qu’en est-il si nous revenons à la matérialité, si nous considérons que l’objet fait

partie de l’univers de l’individu, ceci en raison même de son rattachement à une dimension

perceptuelle? Comment, au temps 0 et dans l’univers de la personne, peut-il alors apparaître absent? Comment rendre présent ce qui est absent et qui, dès lors, n’existe pas et ne dispose pas de support matériel? Rapportons à nouveau une portion du dernier extrait cité: «

68 Présent veut alors dire « rendre présent » cognitivement. Ceci implique que l’objet ait laissé une trace dans la

mémoire, comme le dit Moscovici. En outre, s’agissant de C et non pas de P, l’objet est nécessairement absent. Nous reviendrons sur cela.

Conjointement, elle les éloigne suffisamment de leur contexte matériel pour que le concept puisse intervenir, les modeler à sa façon.» (Moscovici, 1976/2008, p. 56). Nous nous situons ici dans le registre « physique », celui de la distance spatiale. Comment éloigner un objet inexistant ([a] et [b], dans la figure 8)? Du point de vue matériel, l’opération n’a pas de sens. C’est en regard du traitement de l’information, opérant sur une base endogène (intrapsychique), que peut prendre sens l’éloignement ou le rapprochement de l'objet. Nous voyons ici aussi que la question de la matérialité ne peut être posée. Par ailleurs, l’objet ne s’éloigne pas ou ne se rapproche pas, et l’individu lui-même ne bouge pas69, hormis qu’il interagit dans un contexte jugé dynamique; c’est donc par une opération perceptuelle, voire cognitive -au sens de traitement de l’information-, qu’il appréhende l’objet comme rapproché ou éloigné, présent ou absent.

Poursuivons, de manière à approfondir cet aspect. Sur une base transitive, le rapport concept/perception trahit « l’existence d’une incongruité, d’une incompatibilité entre les possibilités linguistiques, intellectuelles à maîtriser les parties du réel auquel le contenu» (Moscovici 1976/2008, p. 57-58), étrange et éloigné, réfère. Citons le long extrait dans lequel l’auteur précise sa pensée à ce sujet:

Les groupes aussi bien que les individus éprouvent à la fois l’abondance et la pénurie de savoirs et de langages qu’ils n’ont pas le moyen d’associer à des réalités et de réalités auxquelles ils ne trouvent ou ne doivent pas associer des

savoirs et des langages. L’ellipse, d’un côté, et le verbalisme, de l’autre,

expriment cet état de déséquilibre. Lorsqu’un objet venant du dehors pénètre dans notre champ d’attention, qu’il s’agisse de fusées ou de relativité, ce déséquilibre s’accroît, car le contraste entre le plein de l’ellipse et le creux du

verbalisme augmente. Pour réduire conjointement tension et déséquilibre, il faut

que le contenu étrange se déplace à l’intérieur d’un contenu courant et que ce qui est hors de notre univers pénètre à l’intérieur de notre univers. Plus exactement, il faut rendre familier l’insolite et insolite le familier, changerl’univers tout en le gardant comme notre univers. Ce qui n’est possible qu’en faisant passer comme à travers des communicants langages et savoirs des régions où il y a abondance vers les régions où il y a rareté et réciproquement. En rendant l’ellipse bavarde et le bavardage elliptique. (p. 58).

Nous avons utilisé trois types de marqueurs, en mettant en italique, en surlignant et en plaçant en caractère gras certains passages de l’extrait. Le lecteur est encouragé à jeter d’abord un œil aux termes en gras qui désignent des concepts majeurs employés par l’auteur.

69 Lewin (1935) a bien mis en évidence l’enjeu du déplacement de l’individu dans l’espace pour l’accès aux

Les passages surlignés et ceux placés en italique regroupent deux types de raisonnements complémentaires de l’auteur, lesquels forment respectivement deux tendances ou mouvements parallèles (nous suggérons au lecteur de ne pas y référer maintenant mais de revenir à l’extrait au fur et à mesure de notre démarche lorsqu’il le jugera utile, sinon à la fin de notre présentation critique de cette portion de l’argumentaire de Moscovici), soit l’ellipse et le verbalisme. Nous privilégions ici le concept de mouvement (Lewin, 1936) à celui de processus parce qu’il reflète cette tension à laquelle réfère nommément Moscovici, et parce que se sont l’ancrage et l’objectivation, que nous aborderons ultérieurement, que celui-ci désigne comme des processus. L’extrait précédent, auquel nous référerons à plusieurs reprises dans les prochains paragraphes, comporte plusieurs éléments et prête à une multitude de niveaux de lecture.

Figure 9. Application de la dialectique concept/percept au rapport intériorité/extériorité entre les savoirs, le langage et le réel

La figure 9 montre que le concept, que nous appellerons maintenant le facteur C (et la perception, le facteur P) pour traduire son entification dans l’argumentaire de Moscovici, se définit selon deux éléments, les savoirs et le langage. Si les facteurs C et P (perception) s’appliquent transitivement aux représentations sociales (figure 6), nous pouvons émettre l’hypothèse que le facteur C définit, selon la même logique, les savoirs et le langage. Cet

INTÉRIEUR Membrane

Language?

Concepts = Savoirs

Perception = Réel (objet, contenu)

EXTÉRIEUR

aspect se précisera ultérieurement. Le facteur P sert à désigner la réalité (objet et contenu70). Nous invitons le lecteur à revenir à la figure 5 et à la comparer à la précédente. Il y constatera qu’il y a passage d’une lecture endogène du rapport entre les facteurs C et P (situés initialement dans un univers) à leur répartition sur les plans intérieur et extérieur (le P est délocalisé et situé à l'extérieur).

Dans le dernier extrait rapporté, Moscovici parle de ce qui vient du dehors et qui pénètre dans l’univers de l’individu ou du groupe71. Parallèlement à une réorientation (dans la logique implicite de l’argumentaire de Moscovici) en faveur d’un rapport de type intériorité/extériorité, nous assistons à un éclatement de la structure endogène (figure 5); le P est pour ainsi dire délocalisé72 et transféré dans l’environnement extérieur. Cette opération a comme corollaire le fait de dépouiller l'objet de la structure endogène maintenant uniquement désignée par le facteur C. En effet, alors que l’auteur nous parlait précédemment de l’objet du concept et de la perception, il renvoie ici uniquement à un objet incarné dans l’environnement extérieur représenté par le facteur P (à cet égard, la matérialité de l’objet prend un certain