• Aucun résultat trouvé

Tableau 3 : Les différentes formes de la critique littéraire

IV. La place accordée à la littérature dans l’enseignement / apprentissage du FLE :

IV.1 Aperçu historique de la littérature en classe de FLE :

IV.1.1 De la didactique du français à la didactique de la littérature :

IV.1.1.3 Les raisons des difficultés de la lecture littéraire :

La lecture littéraire en classe de langue étrangère pour un apprenant débutant est une opération complexe où s’entremêlent plusieurs paramètrent parfois étroitement interdépendants.

1Dufayas, J-L, Gemenne, L, Ledur, D. Pour une lecture littéraire, 3ème éd revue et actualisée, De boeck

supérieur, 2015, p.94

2

35

Certains des apprenants, arrivés à l’université, ne peuvent déchiffrer et interpréter un texte littéraire. Si certains arrivent à lire, ils ne comprennent pas ce qu'ils lisent. Si, par bonheur, ils comprennent ce qui est proposé, ils n'arrivent pas malheureusement à analyser. La question que nous nous posons : Pourquoi ce handicap ?

Les obstacles et les difficultés qu’entravent les apprenants lors de la pratique de l’activité de lecture, en classe, sont multiples. Cette incapacité est due à plusieurs facteurs. Ces derniers peuvent être classés en trois grands groupes :

1. Les facteurs d’ordre didactique et pédagogique autrement dit les méthodes et les

procédures adoptées dans l’opération de lecture.

2. Les facteurs d’ordre techniques liés à la non-maitrise des principaux processus,

méthodes et modes de lecture.

3. Les facteurs qui relèvent du milieu socioculturel et son influence sur la pratique de la

lecture.

1. Facteurs didactiques et pédagogiques :

Les raisons qui pourraient déterminer l’handicap de lecture chez les apprenants sont variées. Dans un premier temps, ce sont des raisons portant sur la manière d'enseigner ou de faire apprendre la langue française comme langue étrangère, le choix des démarches pédagogiques permettant la maîtrise des langues est décisif, les outils et les activités didactiques sont déterminants dans la mesure où ils permettent d'atteindre les objectifs et les finalités visées.

Autrement dit, les méthodes et les techniques pédagogiques constituent une source considérable des difficultés que les apprenants rencontrent pendant leur apprentissage. La formation des enseignants, leurs compétences, leurs méthodes, et surtout leurs relations avec les apprenants, sont des raisons valables pour engendrer des difficultés dans la formation des sujets-lecteurs.

Les choix didactiques et pédagogiques du corpus sont déterminants pour captiver l’attention des jeunes lecteurs qui recherchent des textes qui répondent à leurs besoins psychologiques et affectifs. En d’autres termes, l’enseignant, à travers son choix du corpus, privilégie souvent une lecture distanciée qui considère l’apprenant-lecteur comme [lectant] alors que l’apprenant, quant à lui, préfère une approche affective des textes [lu], d’où vient la difficulté de compréhension et d’interprétation du corpus choisi par l’enseignant.

36

Dans un deuxième temps, la difficulté de la lecture chez les apprenants est due aux aspects de l’école fondés, comme l’affirme Catherine Tauveron,1

sur le mythe de la graduation en difficulté, c’est-à-dire l’école procède d’une manière progressive dans la proposition des activités de lecture. La lecture ordinaire et superficielle est destinée aux jeunes apprenants tandis que celle qui nécessite une compréhension et une interprétation approfondies est réservée pour les plus âgés. Une fois arrivé à un niveau supérieur l’apprenant se trouve incapable d’établir des compréhensions interprétatives car il a été habitué pendant des années à la lecture courante.

Enfin, le dernier facteur pédagogique causant la difficulté de la lecture est le comportement de l’enseignant qui encourage ou bloque l’apprenant dans son activité de [lectant] car face à un formateur trop autoritaire et sévère, qui ne tolère pas les défaillances présentes dans les interprétations de ses apprenants, l’activité de lecture devient lassante pour les apprenants qui ne font que reproduire sagement l’analyse interprétative de leur maitre sans aucune création personnelle.

2. Facteurs socioculturels :

Le statut de la langue française en Algérie entre dans un réseau de contradiction entre une réalité langagière qui lui donne une position importante et une autre réalité politique qui refuse d’être membre de la Francophonie et voit en l’adhésion à celle-ci une aliénation culturelle. En effet, les statistiques faites par la revue Le Français Dans Le Monde ont démontré que l’utilisation du Français Langue Etrangère qualifie l’Algérie de premier pays francophone après la France. En dépit de cela, cette langue véhicule des difficultés langagières, dues à l’étrangeté phonétique, grammaticale et syntaxique ainsi que le manque de sensibilisation, dans le cadre formel et informel, pour pratiquer l’activité de lecture.

Les pratiques et l’environnement social jouent un rôle prépondérant dans la valorisation de la lecture à travers la familiarisation des jeunes apprenants avec l’univers du livre. Car la représentation du livre-objet se diffère d’un lecteur à un autre selon la fréquentation constante ou occasionnelle des espaces documentaires tels que les bibliothèques et les librairies.

D'après les résultats de nos recherches, ce sont les facteurs qui engendrent l’oisiveté et l'inaptitude de lecture chez les apprenants auxquels nous pouvons justement ajouté d'autres raisons de type intellectuel.

1 Tauveron, C. Comprendre et interpréter le littéraire à l’école : du texte réticent au texte proliférant, in

Repères, 19, 1999, pp.9-38. Cité par :Dufayas, J-L, Gemenne, L, Ledur, D. Pour une lecture littéraire, 3ème éd revue et actualisée, De boeck supérieur, 2015, p.140.

37

3. Facteurs intellectuels :

Le répertoire référentiel de l’apprenant [connaissances historiques, culturelles, langagières, artistiques, textuelles, littéraires…] détermine l’envergure des livres accessibles. En effet, l’apprenant explique ses réticences de lire, comprendre et interpréter par la non maîtrise des compétences relatives au savoir. Il avoue sa pauvreté lexicale et grammaticale, son incapacité analytique. Dans ce cas, l’apprenant est, lui-même, sensible à l’imperfection des lectures produites, ce qui le démotive pour tenter régulièrement d’être [lectant] au sein de la classe comme milieu privilégié d’échange des idées. A cause du manque d'outils linguistiques, le jeune-lecteur craint de donner de lui-même une image dévalorisante.

Finalement, nous disons que l’activité de lecture littéraire en classe de FLE peut être bloquée et inhibée par plusieurs facteurs entravant les apprenants à élaborer des interprétations à partir d’un texte écrit. De ce fait, nous nous interrogeons dans le point suivant sur les stratégies qui doivent être mises en œuvre pour dépasser ces obstacles et réussir la lecture littéraire en classe de FLE.