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II. Les privilèges du texte littéraire en classe de FLE :

II.3 Le rôle du texte littéraire en classe de FLE :

L’enseignement du FLE a pour mission d’aider l’apprenant à acquérir des compétences linguistiques ainsi que élargir ses connaissances culturelles, à travers des moyens et supports didactiques multiples. En effet, le texte littéraire représente un support didactique qui joue un rôle fondamental dans le processus d’enseignement / apprentissage en classe de FLE.

Traditionnellement, il a été un vecteur et un facteur de connaissances visant d’une part le développement de l’esprit d’observation, de réflexion, de jugement et le caractère critique chez l’apprenant. D’autre part, il a pour but d’offrir une formation humaniste aux élèves : histoire, culture, imaginaire ; en leur permettant de développer leur curiosité, leurs émotions, de s'ouvrir sur les autres cultures.

Nous tentons de préciser, ci-après, les rôles de ce support pédagogique en classe de FLE ; en les classant en quatre grands groupes :

1. Le rôle linguistique et sémantique ; 2. Le rôle sociologique ;

3. Le rôle historique ;

4. Le rôle affectif et émotionnel.

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1. Le rôle linguistique et sémantique :

Les influences du texte littéraire en classe de FLE sont variées. Dans un premier temps, ce sont les fonctions portant sur l’enseignement du langage le plus correct.

En effet, il est difficile voire impossible de considérer l'enseignement de la littérature française en dehors de l'enseignement du français ; car le texte littéraire représente le lieu par excellence où s’exerce la "belle langue", contrairement à d’autres types de textes. Dans ce sens, Deleuze Gérard déclare que :

« (La littérature) trace une sorte de langue étrangère, qui n’est pas une autre langue, ni un patois retrouvé, mais un devenir autre de la langue […] Elle opère une décomposition ou une destruction de la langue maternelle, mais aussi l’invention d’une nouvelle langue dans la langue par création de syntaxe ». 1

Du même avis, le linguiste Jean Peytard affirme que :

« Le texte littéraire, postulat fondamental, est un laboratoire langagier […] tout écrivain est professeur de langue [...]. Ecrire, c'est en actes, exposer la langue à un public»2

De ce fait, nous interprétons que la littérature représente le terrain de prédilection de l'apprentissage d'une langue, dans la mesure où elle est le témoin linguistique de celle-ci. En outre, nous soulignons que l’écrivain est considéré comme un créateur de langage parce qu’il donne une forme, une cohérence, un fonctionnement, à un système de codes initialement indépendants. C’est les raisons pour lesquelles, le choix des textes littéraires permettant la maitrise de la langue est décisive dans la mesure où ils permettent d’atteindre les objectifs et les finalités visées par le programme.

Outre son influence linguistique en classe de FLE, le texte littéraire permet aussi à l’apprenant d'élargir son horizon de connaissance encyclopédique, sur ce fait Thérien insiste que :

« La littérature de fiction, mais aussi la poésie, la littérature autobiographique (récits de voyage, journaux, mémoires, correspondances, etc..), la littérature historique (roman, théâtre, biographie, etc.), constituent un immense réservoir pour construire l'encyclopédie au sens d'Eco. […] il n'est pas un domaine du savoir (religion, sciences, techniques, arts), il n'est pas une réalité sociale

1

Deleuze G, Critique et clinique, Ed de minuit, 1993, p.15.

2 PEYTARD J, Variations de l'écriture, ou la littérature comme enseignement de la langue, 1991, article

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(travail, chômage, etc.), pas une réalité économique ou politique pour lesquelles la littérature ne peut considérablement contribuer à construire l'encyclopédie.»1

2. Le rôle sociologique :

Dans un deuxième temps, l’utilité du texte littéraire en classe de FLE est d’ordre sociologique. En effet, il se présente à travers ses diverses formes (poésie, théâtre, roman…) comme un véritable instrument social capable de refléter avec assez d’exactitude les mœurs, les coutumes et la vie des autres. En outre, il offre à l’apprenant du FLE la possibilité de découvrir, de comprendre voire d’interpréter le monde qui l'entoure, en élargissant ses perspectives sur les autres. D’ailleurs c’est ce qu’affirme Vandendorpe :

« De tous les objets culturels créés par l’homme, la littérature est encore le plus facilement accessible, le plus riche des représentations variées dans le temps et dans l’espace, le plus susceptible de jeter un pont entre les êtres, de nous livrer un message essentiel sur ce que nous sommes et sur la fragilité de l’aventure humaine.»2

De ce fait, nous pouvons émettre que la littérature constituerait une ressource sociale complète et solide.

3. Le rôle historique :

Dans un troisième temps, l’intégration du texte littéraire en classe de FLE permet d’enrichir le répertoire culturel de l’apprenant avec des savoirs historiques, déterminants dans la construction de sa citoyenneté.

En effet, la littérature est l’expression authentique d’une humanité toute entière, c’est un formidable témoin historique, capable de présenter les problématiques des évènements les plus marquants de l’histoire, à titre d’exemple : la Révolution Française, la Seconde Guerre Mondiale, la colonisation,…etc.

Autrement dit, il existe un lien étroit entre la littérature et l’histoire. Le récit littéraire est beaucoup plus puissant que les documentaires, car il présente parfois le même évènement dans un style attirant, élégant voire séduisant, qui donne envie de lire. C’est ce qu’a montré Northrop :

1

Thérien M., Plaisirs littéraire, Québec français, 1997, p.26.

2 Vandendorpe C, Comprendre et interpréter, Inc. Préfontaine et M.Lebrun (sous la direction de), la lecture et

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« L’histoire en tant que telle est constamment à réécrire: avec le temps qui passe et les historiens qui en apprennent plus, l’œuvre de Gibbon se met à « dater », comme description définitive du Bas-Empire. Deux choses arrivent qui sont instructives pour nous. En premier lieu, l’oeuvre de Gibbon survit par son «style », ce qui veut dire qu’elle passe insensiblement de la catégorie de l’Histoire à la poésie, et devient un classique de la littérature anglaise ou, en tout cas, de l’Histoire anglaise. A mesure qu’elle le fait, sa matière s’universalise: elle devient une méditation éloquente et spirituelle sur la décadence et la chute de l’homme, telles que les montre la Rome des Césars. L’attention se déplace du particulier à l’universel et ce que dit Gibbon à sa manière de le dire. Nous le lisons pour son « style », en ce sens que son écriture se met progressivement à compter plus par son aspect de stylisation que par son aspect de représentation, de même qu’une peinture de Cimabue devient, avec le temps, plus importante comme tableau que comme figuration de la mort du Christ. » 1

4. Le rôle affectif et émotionnel :

Pour le quantième rôle du texte littéraire dans l’enseignement du FLE, il s’agit de la contribution affective de ce dernier sur le jeune apprenant. En effet, la littérature a été toujours considérée comme un mode d’expression doté de particularités et de pouvoirs magiques. Dans la même optique, nous soulignons que le texte littéraire est sollicité dans l’enseignement des langues grâce à son aspect émotionnel. Il représente un lieu d’effervescence permettant à l’apprenant-lecteur de trouver une solution à un problème personnel d’ordre affectif, émotionnel ou environnemental, dans ce sens Manguel disait :

« Et parfois, nous lisons comme si un souvenir enfoui au fond de nous avait soudain été libéré Ŕ comme si nous reconnaissions une chose dont nous avions toujours ignoré la présence, ou une chose que nous sentions vaguement ».2

Enfin, nous disons qu’il est indispensable d’intégrer la littérature en classe de FLE car elle répond à une exigence en termes de formation humaniste des apprenants : histoire, culture, affection, langue. Elle permet de développer leur curiosité, leurs émotions, de s'ouvrir sur l'autre culture, et contribue par conséquent à manifester un nouvel intérêt envers la langue.

1

Nothrop F, The great code, The bible and literature. Harcourt Brace Jovanovich, 1981-1982. Le grand code, La

bible de la littérature, Trad. par Catherine Malamoud, Préface par Tzvetan Todorov, Paris, Seuil 1984.

p.p92,93.

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Nous déterminons dans le point suivant, la manière dont le texte littéraire doit être exploité afin d'en assurer une certaine pertinence pédagogique, en présentant certaines pistes didactiques nécessaires à sa bonne intégration en classe de FLE.