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Tableau 2 : Principales caractéristiques des trois approches employées dans notre travail.

III.5 Démarche pédagogique à suivre pour l’exploitation d’un texte littéraire :

III.5.1 L’apprentissage de la lecture :

Principale compétence visée par l’enseignement des langues étrangères en général et celui du français langue étrangère en particulier1, elle intéresse, depuis des années, les acteurs de l’éducation, ce qui a conduit à la constitution d’une mine de réflexion traitant la question de l’apprentissage de la lecture.

III.5.1.1 Définition de la lecture :

En effet, nous entendons par lecture « un ensemble d’activités de traitements perceptif, linguistique et cognitif de l’information visuelle écrite. Elle permet au lecteur de décoder, de comprendre et d’interpréter les signes graphiques de la langue. »2

Autrement dit, c’est une activité cognitive complexe qui nécessite une mise en œuvre d’un ensemble de processus pour la réussir. Gouch et Tunmer le résume de la manière suivante :

« L = R x C. La lecture (L) est le résultat de l’identification des mots isolés (R) et de la compréhension linguistique et sémantique des mots lus (C). Le décodage des

1 Comme il est évident qu’au terme de chaque enseignement de langue, l’apprenant doit être capable de lire

aisément, comprendre des textes et écrire en maitrisant des connaissances d’ordre lexical, orthographique et syntaxique.

2

Brin, H, Courrier, Lederlé et Masy, Dictionnaire d’orthophonie, 2011. Repéré à : BELLANGER, M, Outil

d’évaluation de la compréhension écrite chez le jeune lecteur : COMP-RI Élaboration d’un support écrit et illustré, UFR de Médecine – Département d’orthophonie, 2017, P. 8.

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mots isolés n’est pas suffisant, car la lecture est impossible sans compréhension. »1

Dans un but d’explication et d’explicitation, nous exposons, ci-après, de manière approfondie cet ensemble de processus menant à cette équation de Gouch et Tunmer.

1. Les processus au niveau visuel :

En effet, tout acte de lecture doit, principalement, faire appel à une analyse visuelle.

Selon Dehaene, « lire consiste à accéder aux représentations linguistiques par la modalité visuelle. Le mot perçu est directement projeté sur la rétine, au niveau de la fovéa, qui identifie les lettres de manière précise »2.

Au cours de la lecture, notre regard est mobile. Il réalise des saccades, qui sont des mouvements oculomoteurs successifs très rapides allant de gauche à droite. Chaque saccade recouvre environ 7 caractères3. En outre, dans ce processus, la fixation des syllabes pertinentes est la base de la reconnaissance du mot car elle représente 90% du temps de lecture pour un bon lecteur4.

Cette opération appelée également une « période de fovéation » se réalise entre chaque syllabe en permettant au lecteur d’effectuer un traitement perceptif de la syllabe fixée.

2. Les processus au niveau cérébral :

De nombreuses recherches en neuropsychologie ont prouvé que l’acte de lecture nécessite l’activation de tout un système cérébral avec ses différentes connexions et aires.

Parmi ces recherches, nous citons le modèle des réseaux corticaux de la lecture proposé par Dehaene et Cohen qui met en évidence, le rôle de la région occipito-temporale gauche dans le traitement perspectif des mots écrits.5 Dans cette région, la reconnaissance des lettres s’effectue par le biais de l’analyse de leur forme puis leur assemblage pour constituer un mot.

1 Gough, P. B. et Tunmer, W. E. Decoding, Reading, and Reading Disability. Remedial and Special Education,

7(1), 1986, p 6–10. https://doi.org/10.1177/074193258600700104. Repéré à : BELLANGER, M, ibid.

2 Dehaene, S. Les neurones de la lecture, (Odile Jacob), 2007, Repéré à : BELLANGER, M, ibid.

3 Quercia, P, Mouvements oculaires et lecture : une revue bibliographique. Journal Francais d’Ophtalmologie,

33(6), 2010, 416–423 Repéré à : : BELLANGER, M, ibid.

4

Orssaud, C., Berbey, N. et Dufier, J.-L, Le rôle de la vision dans la lecture, Revue Francophone d’Orthoptie, 2008. Repéré à : BELLANGER, M, ibid.

5 Dehaene, S et Cohen, L, The unique role of the visual word form area in reading. Trends in Cognitive

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Après le traitement visuel des mots, ils sont transmis à de nombreuses aires cérébrales spécifiques ou non au langage dans tout l’hémisphère gauche pour avoir accès à la prononciation, à l’articulation et au sens. 1

(Voir la schématisation suivante)

Figure 2 : Schéma moderne des réseaux corticaux de la lecture (Dehaene, 2007)

Parmi les définitions théoriques de la notion de lecture que nous avons recueillies, nous citons respectivement celles de Jean-Pierre Cuq dans le Dictionnaire de didactique de français langue étrangère et seconde, de Galisson et Coste, d’Alain Bentolila et d’Observatoire National de la Lecture ONL :

«On aborde généralement la lecture par trois voies différentes : le choix des textes à lire, la nature des activités pédagogiques, et l’accès au sens des messages écrits».2

«Une action d’identifier les lettres et de les assembler pour comprendre le lien entre ce qui est écrit et ce qui est dit, aussi c’est une émission à haute voix d’un texte écrit, action de parcourir des yeux sur ce qui est écrit pour prendre connaissance du contenu.»3

chez le jeune lecteur : COMP-RI Élaboration d’un support écrit et illustré, UFR de Médecine – Département

d’orthophonie, 2017, P. 9.

1

Dehaene, S. Les neurones de la lecture, (Odile Jacob), 2007, Repéré à : BELLANGER, M, ibid.

2 CUQ.J.P, Dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde, Paris : clé international.

(coll.asdifle) 2003, p.803.

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Nous comprenons à partir de ces deux définitions que l’acte de lecture nécessite, d’une part, la participation de trois pôles : premièrement, l’enseignant à travers le choix adéquat des textes supports à enseigner. Deuxièment, les activités pédagogiques qui aident l’apprenant à mieux déchiffrer et comprendre le sens des mots. Et troisièment, l’apprenant qui joue le rôle d’un auditeur qui découvre pour la première fois des mots nouveaux. D’autre part, l’adoption de plusieurs stratégies telles que : l’enchainement des idées, la mise en place des notions de cohérence, de cohésion et de structuration du texte, et la relation des mots avec leurs désignations.

Selon Alain Bentolila, lire :

« C’est être capable de comprendre mentalement un texte lu, de l’énoncer à voix haute en le comprenant et en le paraphrasant si nécessaire avec ses propres mots. »1

Pour L’Observatoire National de la Lecture ONL, savoir lire :

« C’est attribuer du sens à un écrit en prélevant tous les indices possibles et en construisant des hypothèses de sens vraisemblables et vérifiables. »2

Pour clore ce point, nous pouvons dire que la réussite de l’acte de lecture dépend de la capacité du lecteur [apprenant dans notre cas d’étude] à adapter son savoir-lire au type du support écrit proposé (Récit- documentaire-journal, etc.) ainsi qu’à l’objectif de lecture recherché (Avoir du plaisir- rechercher une information- s’ouvrir sur le monde, etc.)

III.5.1.2 Place de la lecture dans la didactique du FLE :

Afin de cerner la situation de l’activité de lecture dans l’enseignement / apprentissage du FLE, Claudette Cornaire et Claude Germain, dans leur ouvrage

Le point sur la lecture, suggèrent : « un bref retour sur chaque approche et sur son orientation théorique sous jacente, nous permettra de mieux comprendre cette discipline en voie de constitution qu’est l’enseignement/apprentissage de la lecture en langue seconde et de mettre en lumière les lignes de force des expériences antérieures»3

1 Bentolila, A, Former des enfants lecteurs, tome 1 Groupe ECOUEN. 2

Regards sur la lecture et ses apprentissages (ONL Observatoire national de la lecture)

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En d’autres termes, étant donné que la lecture et son apprentissage constituent un élément fondamental dans l’enseignement / apprentissage du FLE, il s’avère nécessaire d’analyser la place qu’elle occupe dans les différentes approches et méthodes didactiques.

III.5.1.2.1 Place de la lecture dans l’approche traditionnelle :

La méthode dite traditionnelle fonde ses postulats sur l’enseignement de règles grammaticales. Dans ses orientations, elle s’appuie sur le fait que le lexique est le seul élément qui distingue les langues qui ont une structure universelle. En outre, elle vise principalement, en proposant des textes appartenant à la langue classique, à installer chez l’apprenant des compétences de types linguistique et grammatical afin de lui faire acquérir un socle lexical consistant.

L’apprentissage de la lecture, selon cette approche, s’effectue par le biais de la traduction de la langue maternelle de l’apprenant [Langue originaire] à la langue étrangère [Langue cible] en établissant des liens et des correspondances entre les deux langues. Toutefois, ces principes ont été remis en cause par certaines spécialistes qui considèrent les postulats de cette méthode comme un exercice de traduction et d’analyse des textes.

III.5.1.2.2 Place de la lecture dans l’approche structuro béhavioriste:

L’enseignement / apprentissage du FLE dans le cadre de cette approche s’effectue en plusieurs étapes. Commencer, d’abord, par la construction du sens et l’audition avant de passer à la production orale et terminer par la lecture et la rédaction au dernier moment. Partant du principe que l’apprentissage d’une langue est considéré comme un processus mécanique qui vise à faire acquérir à l’apprenant des structures élémentaires de la langue usuelle, l’activité de lecture qui sert à faire maitriser à l’apprenant le système phonétique de la langue cible, n’est pas introduite dès les premières étapes de l’action pédagogique.

Et

III.5.1.2.3 Place de la lecture dans l’approche structuro globale audio-