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3. Portrait de la Communauté des druides du Québec (CDQ)

3.2. La structure

3.2.2. Les rôles attribués

Comme mentionné dans les fonctions d’Iuos, des rencontres avec certains membres peuvent être organisées dans le but de leur attribuer des rôles durant les rituels. Nous verrons quelle est la nature des rôles que les membres peuvent assurer pendant une cérémonie et la participation demandée à l’individu désirant assister à un rituel.

Le premier rôle que nous avons observé lors des rituels auxquels nous avons assisté est celui de gardien de la porte. Ce rôle fut créé par les dirigeants pour souligner l’importance de la sacralité du lieu de culte lors d’un rituel druidique. Il consiste à se placer à l’Est, le point cardinal associé à l’énergie guerrière16, avec un bâton, une épée ou un katana et à suivre la cérémonie tout en veillant à ce qu’aucune personne ou énergie négative ne vienne perturber le rituel.

Cette innovation démontre bien l’influence des recherches druidiques du groupe17 sur leurs rituels, selon les répondants, car elle provient d’une part de l’importance accordée à la paix pour les druidisants. En effet, les officiants ou le héraut dans les rituels druidiques commencent toujours leurs rituels par la question suivante : « Y a-t-il la paix à l’Est ? » en ajoutant le nom de l’endroit, par exemple au Québec, et l’assemblée répond : « Oui, il y a la paix à l’Est. » et ainsi de suite pour chaque point cardinal. Par ailleurs, les groupes

16 Des explications quant à l’association de propriétés ou énergies particulières à chaque point cardinal viendront dans le prochain chapitre consacré au système de croyances et pratiques de la Communauté des druides du Québec (CDQ).

17 Pour de plus amples informations à propos des recherches druidiques de Boutios et Genistos, voir le site web Communauté des druides du Québec. « enorus.unblog.fr/ » et le site web

druidiques suivent généralement le précepte interdisant de faire une cérémonie druidique en temps de guerre. De plus, Boutios nous expliqua que l’on retrouve plusieurs récits mythologiques irlandais rapportant l’existence d’un duo de gardiens ou héraut de la porte, appelés Gemelos et Camulos. Leur rôle consistait à garder les lieux sacrés contre toute intrusion malveillante d’entité ou de personne ou d’animal.

Les dirigeants du groupe choisirent donc d’incorporer cet aspect mythologique aux rituels en donnant cette fonction à Khatos et Samonios, deux jeunes adeptes d’art martial (shindomusoryu jodo, kendo et Iaido) et membres du groupe. Ces deux jeunes hommes furent sélectionnés pour suivre une petite formation et endosser ce rôle, justement parce qu’ils incarnent bien l’esprit des mythologiques hérauts de la porte. Cependant, pour souligner leurs liens martiaux, ils utilisent leurs Katanas18 pour mener leur tâche à bien.

L’autre rôle attribué à des membres est celui de prêtresse ou de druidesse, tout dépendant de l’investissement de la femme au sein de la Communauté. La fonction de prêtresse au sein de la Communauté des druides du Québec (CDQ) consiste à assumer certaines tâches importantes dans le cadre des rituels et d’officier les rituels considérés comme ayant une énergie plus féminine (voir annexe 2). En autres choses, la prêtresse se chargera d’allumer le feu sacré, de donner la communion, d’animer le rituel ou de purifier le lieu de culte et les participants selon le type de rituel que requière chaque fête celte.

Les dirigeants de la Communauté des druides du Québec (CDQ) créèrent ce rôle dans un esprit d’égalité, cher à la société celte et à la société contemporaine. Selon les recherches de Boutios, les femmes avaient une importance certaine dans la société celte, notamment au niveau religieux. Plusieurs textes attestent l’existence de prêtresses ou de druidesses assumant des fonctions dans les rituels religieux celtes. Ainsi, par conviction et pour respecter la vision de la société celte reflétée dans les documents antiques ou

18 Le Katana est le nom donné au sabre japonais. L’apprentissage de son maniement est une discipline martiale nommée le Kendo.

médiévaux, les dirigeants du groupe tentent de forger, par le rôle de prêtresse, un équilibre entre les énergies féminines et masculines au sein des rituels.

Or, cette fonction fut difficile à instaurer pour deux raisons. Premièrement, peu de femmes démontrent la motivation nécessaire et le niveau d’implication suffisant dans le groupe pour mériter l’octroi d’un rôle aussi important. Deuxièmement, Iuos était un peu réfractaire à l’idée de laisser des membres officier certains rituels, en raison de l’influence qu’il a reçu des groupes druidiques français comme l’Ordre druidique d’Arvernia et le

Collège du grand chêne interceltique où le droit d’officier un rituel s’acquière par une

longue formation.

Encore maintenant, les dirigeants souhaitent former un trio de prêtresses régulier illustrant les trois phases de la déesse, officiant lors des cérémonies dédiées à la déesse Belisama19. Ils réunissent parfois, selon les années, d’une à trois femmes pour être prêtresses, mais l’attribution de ce rôle reste encore instable. Par exemple, lors du dernier rituel d’Ambiuolcaia, rituel féminin en l’honneur de la déesse, les dirigeants tentèrent de réunir trois femmes. Les prêtresses désignées (moi, Ishtar et Marie20) ont été convoquées à une rencontre avec les dirigeants pour participer à l’élaboration du rituel et pour être introduites aux fonctions que nous devrions assumer en tant que prêtresses durant la cérémonie. Je devais remplir le rôle de la plus jeune des prêtresses et Ishtar, celui de la seconde prêtresse, mais les femmes âgées se désistèrent toutes, aucune ne voulut assumer le rôle de troisième prêtresse. Finalement, une femme plus jeune que moi accepta au pied levé un rôle de prêtresse. Alors, bien qu’Ishtar et moi avions été préparées pour remplir les rôles des premier et deuxième visages de la déesse, le rôle du premier visage de la déesse fut confié à cette jeune femme. J’ai donc représenté le second visage de la déesse et Ishtar,

19 Déesse celte personnifiant la Lune. C’était une déesse à trois visages qui illustrait à la fois les trois phases de la vie d’une femme et les trois phases de la Lune. La jeune femme représente à la fois la lune ascendante et le premier visage de la déesse; la femme en milieu de vie, la mère ou la pleine lune correspondait au second visage de la déesse; la femme en fin de vie, la grand-mère ou la lune descendante, correspondait au troisième visage de la déesse.

20 Dame âgée qui s’est désistée à la dernière minute. L’ayant très peu vue sur le terrain, je ne pourrais pas donner plus d’informations à son sujet.

celui du troisième visage. Ce revirement de situation prêta plusieurs fois à la rigolade durant ce rituel.

La participation demande très peu de préparation. Le participant n’a qu’à suivre les consignes et suivre le rituel de façon respectueuse. Parfois, il lui sera demandé de répéter une prière ou une action à la suite de l’officiant. Sinon, on demande à ce que chacun fasse sa part en donnant une petite contribution volontaire servant à couvrir les dépenses nécessaires au déroulement de la cérémonie et, pour ceux qui désirent rester pour le repas communautaire, d’apporter un plat à partager. Parfois, comme pour le rituel d’Ambiuolcaia, une contribution de 10$ sera exigée parce que le repas était inclus. En effet, un repas de crêpes était fourni par les hôtes du rituel à Rawdon et par les officiants, dans ce cas Ishtar, Iuos, Genistos et moi-même.

La structure de la Communauté des druides du Québec (CDQ) représente l’esprit de partage propre à son titre, tant dans la composition de son leadership que de son membership. En effet, les fondateurs ont formé ce groupe et pris en charge le rituel pour rassembler des gens partageant une vision et des valeurs semblables à eux et non pour se donner un pouvoir religieux.

Boutios est le seul druide confirmé et pratique le druidisme depuis plus de trente ans. Cependant, il ne se sert pas de son titre et de son expérience pour accaparer une plus grande part de pouvoir dans les prises de décision. Les titres et les rôles sont différents, mais les leaders s’attribuent la même importance. Par ailleurs, leur ascendant sur le groupe provient uniquement de leur investissement dans le druidisme et dans la prise de responsabilité qu’ils acceptent. Il en est de même pour l’attribution des rôles au cours des rituels. Tout membre prêt à accepter un rôle et à s’investir peut participer activement aux rituels.