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4. Le système de croyances et pratiques de la communauté

4.2. Les croyances

La présente section démontrera quelques aspects des recherches de Boutios qui tente de reconstituer dans la mesure du possible le système de pensée druidique grâce aux études comparatives et aux études celtes effectuées en linguistique, en histoire et en archéologie. Officiellement, la Communauté des druides du Québec (CDQ) soutient que le druidisme, le védisme et le bouddhisme ont les mêmes bases métaphysiques (http://enorus.unblog.fr/bouddhisme-et-druidisme-2/section bouddhisme et druidisme comparés). En effet, Genistos propose aussi d’étudier les textes anciens du bouddhisme puisque l’étude de ces textes le mit sur la piste du druidisme. Ces textes anciens feraient état de relations entre les druides, sages païens d’occident, et les sages orientaux et des conceptions métaphysiques qu’ils partageaient (pour plus d’informations et des exemples à ce sujet voir http://enorus.unblog.fr/bouddhisme-et-druidisme-2/section bouddhisme et

druidisme comparés). La vision orientale teinte donc la conception que Boutios et Genistos ont du druidisme. Par contre, la vision d’Iuos est différente, car il reste attaché au modèle proposé par le Collège du grand chêne interceltique. L’étendue de ces recherches étant vaste, nous nous concentrerons sur un résumé thématique de cette doctrine et plus spécifiquement sur les points qui ont le plus grand impact sur la constitution du rituel : la conception du divin et la cosmologie.

4.2.1. La conception du divin

La Communauté des druides du Québec (CDQ), se réclamant de tradition païenne, préfère garder une vision polythéiste et symbolique du divin, sauf dans le cas d’Iuos, qui conserve la notion monothéiste de l’incréé. Ainsi, l’accent est mis sur certains dieux importants de la mythologie irlandaise et sur quatre sages ou quatre maîtres (annexe 4, mythe des îles hyperboréennes), qui un peu comme dans le bouddhisme ou l’hindouisme, personnifient certaines valeurs (ex : les quatre sages du Rig-Veda ou Tara, la déesse tibétaine de la compassion). Ceci dit, le polythéisme selon la CDQ n’est pas vu comme le remplacement de la croyance en l’existence physique d’un Dieu par l’existence de plusieurs dieux. L’existence des dieux et des sages mythiques est purement symbolique. Selon Boutios, les druides, gens de la première fonction avaient une dévotion dégagée du concept de divinité, c’est-à-dire qu’ils ne vénéraient pas « […] une divinité en tant que telle, mais

une reconnaissance des quatre maîtres, une reconnaissance des quatre piliers du druidisme. » (entrevue Boutios). Cette reconnaissance était enrichie du dévouement envers certaines valeurs humaines (amour, connaissance, compassion, etc.) et les principales lois de la nature (cycle des saisons, rôle joué par les éléments, etc.). La personnification par les divinités leur donne une dimension plus concrète.

Par ailleurs, tout comme dans l’Hindouisme, la religion celte posséderait aussi son trio de dieux suprêmes et selon l’analyse de Boutios, ceux-ci illustraient les trois aspects de la force. Ces trois dieux nommés Lugus, Dagda et Bitumios représentaient respectivement la force centrifuge, la force centripète et leur équilibre, vu comme l’orbitation (http://www.angelfire.com/folk/boutios/divinites.html). Ils ont aussi chacun leur pendant

féminin, aspect féminin des forces mentionnées précédemment. Boutios soutient aussi qu’une correspondance entre cette « trimurti » et celle que l’on retrouve dans la religion hindouiste (Shiva, Vishnu, Brahma) peut être faite en ce qui a trait à leur symbolique.

Un autre exemple essentiel des croyances de Boutios et Genistos concerne le culte de la déesse. La déesse Dana ou Anna correspond à la Terre-Mère des traditions primordiales. Elle est vue comme étant à l’origine de toute vie, y compris celle des dieux, d’où son titre de mère des dieux. Elle est aussi mère de la nation, c’est-à-dire mère du peuple se désignant sous le nom de Tuatha De Dannan, ce qui signifie « les fils qu’enfanta Dannan », soit, « les enfants de la déesse Anna ». Anna est décrite comme « la puissance

originelle inépuisable, la totalité indivise, la Première déesse qui ne connaît pas d'obstacle et qui est la mort » (http://www.angelfire.com/folk/boutios/divinites2.html)

4.2.2. La cosmologie

Le second aspect des croyances de la Communauté des druides du Québec (CDQ) que nous détaillerons sera leur cosmologie. Nous y englobons la conception de l’univers et du cycle de l’âme à travers les incarnations. Dans la vision de Boutios, l’univers est stratifié en trois mondes. Ces trois mondes seraient régis par les dieux. Selon cette conception tripartite indo-européenne, trois types de dieux se partagent la régence de ces trois mondes. Ils se divisent selon le nombre symbolique de trente-trois, donc onze dieux par monde (http://www.angelfire.com/folk/boutios/divinites3.html). Certains dieux régissent le monde inférieur, nommé Domnu, où règnent les disparus, possible endroit d’attente entre les incarnations. D’autres régissent le monde terrestre, nommé Bith, c’est le lieu des expérimentations de l’âme. Enfin, certains dieux résident dans le monde d’en haut qui se nomme Tír na nÓg et désigne l’endroit où l’âme bienheureuse se repose lorsqu’elle sort du cycle des incarnations. Cet endroit est aussi connu sous le nom de Sid. L’observance des principes ou valeurs rattachés aux quatre maîtres, aux divinités ainsi qu’au Dedma, l’équivalent du Dharma hindou, montre la voie à suivre pour se sortir du cycle des incarnations. Nous devons toutefois souligner qu’Iuos, adhérant encore à certains principes

du Collège du grand chêne interceltique, a une vision de l’univers sur le modèle de la croix celtique (annexe 6).

Parallèlement à ces recherches, Boutios étudie aussi la tradition orale québécoise et ses origines. Cet aspect de ses recherches, que nous approfondirons au dernier chapitre, permet de faire un lien entre son adhésion au druidisme et son identité de Québécois. Cette vision, aussi partagée par Genistos, transparaît aussi dans certains éléments de la symbolique rituelle comme dans le vêtement ou dans les offrandes. Nous verrons dans la prochaine section comment le système que nous venons de présenter sert de base à la création liturgique de Genistos.