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Le rôle du substitut Giuseppe Di Gennaro

La signification de la position du substitut dépasse ce qui peut sembler relever de l’anecdote. En effet, les magistrats en fonction à l’époque du procès ont commencé leur carrière bien avant la guerre et n’ont pas été remplacés en 1948. La Cour de cassation qui continue de régner sur toute la justice italienne est constituée de magistrats plutôt âgés, formés sous le fascisme et très conservateurs, qui pratiquent le « gel constitutionnel ». L’épuration de l’immédiate après-guerre n’a touché que les rangs les plus élevés et l’esprit ancien demeure63. La Cour Constitutionnelle et le Conseil Supérieur de la Magistrature, créés avec la République, demeurent lettres mortes. Tous les avancements de carrière restent soumis à la hiérarchie en place depuis le ventennio, l’autorité se fondant sur le grade. La hiérarchie des juridictions (première instance, appel, cassation) n’obéit pas seulement à la nécessité de différencier les points de vue dans un procès, elle correspond aussi à des niveaux d’avancement professionnels. Quelles que soient ses convictions personnelles, un jeune substitut désireux de faire carrière se doit donc d’adopter une position qui ne heurte pas la Cour de cassation. En matière religieuse, convaincue que le catholicisme représente à la fois le tissu conjonctif de l’identité italienne et la seule idéologie capable d’assurer la continuité et la stabilité de l’unité nationale, la magistrature prétend accompagner voire relayer l’Église comme garante et dépositaire du patrimoine fondamental de la Nation64. La traduction politique de cette mission implique à ses yeux l’hégémonie de la Démocratie Chrétienne, et le contexte particulier de la campagne des législatives d’avril 1963 envenime tous les débats.

A l’époque du procès, la magistrature s’était transformée en une espèce de fer de lance de la Démocratie Chrétienne, que Pasolini avait désignée comme « entité clérico-fasciste atroce ». Ses ramifications atteignent aussi les organes de censure, et Giulio Andreotti et Oscar Luigi Scalfaro en seront les personnalités les plus représentatives. Selon Alfredo Baldi, rien que de 1947 à 1962, la censure est intervenue à plus de 1737 reprises, pour un total de 19000 mètres de pellicule65.

62 N. TRANFAGLIA, L’Italia repubblicana e l’eredità del fascismo, Alessandria, Edizioni dell’Orso, 2001.

63 Ibid., p. 73-87.

64 S. ROMANO, La foi et le pouvoir : le Vatican et l’Italie, de Pie IX à Benoît XVI, Paris, Buchet Chastel, 2007 ; J.-D. DURAND, L’Église catholique dans la crise de l’Italie : 1943-1948, Rome, École française de Rome, 1991 ; N. TRANFAGLIA, L’Italia repubblicana e l’eredità del fascismo, op. cit.

65 A. IOVANE, Quarant’anni fa, in un’aula di tribunale, processo a Pier Paolo Pasolini, http://www.pierpaolopasolini.eu/contributi_antonioiovane01.htm, consulté le 19 octobre 2015, Antonio

Rien d’étonnant dès lors, à ce que le substitut Giuseppe Di Gennaro, indigné que l’attaque contre Pasolini n’ait pas été soutenue officiellement par une Église Catholique qu’il juge défaillante, se sente obligé d’endosser la responsabilité de défendre la religion d’État. Pour lui comme pour toute la droite catholique, la question de la défense de la religion ne relève pas de la morale individuelle : elle est avant tout une affaire politique. La visée de l’action en justice n’est pas d’apporter réparation à des croyants blessés dans leur sensibilité et leur psychologie personnelle, mais de protéger la religion en elle-même si elle est menacée. La référence au Statut Albertin plutôt que l’évocation de la liberté religieuse individuelle garantie par la Constitution relève d’un choix dont le substitut, dans la presse, en marge du procès, explicite le fondement.

« Voi vi domanderete come mai la stessa stampa cattolica non ha reagito con sdegno all'insulto di costui. E ne avete ben donde: i cattolici avrebbero dovuto prendere posizione [...] sono sicuro che la vostra sentenza sveglierà i morti, richiamerà in vita e dignità quei cattolici da sacrestia che hanno abdicato alla loro cultura per tema di essere tacciati di conformismo [...]. Il valore del vostro giudizio trascenderà questa situazione contingente per assurgere al livello principale, di dettato pedagogico sociale [...] la condanna avrà un valore pedagogico che andrà oltre la persona dell'imputato [...]. Il legistatore del 1930 non previde che il vilipendio sarebbe potuto avvenire così sfacciatamente a mezzo di uno dei più efficaci e potenti mezzi di comunicazione. La relativa pena sarebbe stata più grave! [...] Qui sono io, al banco del pubblico ministero, ma in quale veste ? Se l'imputato è colui che è chiamato a rispondere di un'accusa, ebbene anch'io sono imputato! E' doveroso che io faccia un'esatta presa di coscienza della realtà. Da varie fonti, senza metafore, mi si accusa: l'attentore della libertà, il liberticida, l'inquisitore! Non occore altro per rendersi conto che in questo processo gli imputati sono due: Pier Paolo Pasolini e io [...] Se voi condannerete Pasolini approverete me, ma se voi lo assolverete allora, ineluttabilmente, condannerete il mio operato ». 66

« Vous vous demandez sans doute comment la presse catholique elle-même a pu ne pas s’indigner de l’insulte portée par cet homme. A juste titre : les catholiques auraient dû prendre position […] je suis sûr que votre sentence réveillera les morts, rappellera à la vie et à la dignité ces grenouilles de bénitiers qui ont abdiqué leur culture par crainte d’être taxés de conformistes […]. La valeur de votre jugement transcendera cette situation contingente pour s’élever au niveau des principes, comme prescription pédagogique et sociale67 […] la condamnation aura une valeur pédagogique qui dépassera la personne de l’accusé […]. Le législateur de 1930 n’avait pas prévu que l’outrage pourrait être perpétré avec autant de violence et au moyen d’un des plus efficaces et puissants media. La peine prévue aurait été bien plus lourde ! […] Je suis ici, au banc du Ministère Public, mais dans quel rôle ? Si l’accusé est celui qui est appelé à répondre d’une accusation, alors moi aussi je suis accusé ! Il est de mon devoir de prendre conscience de l’exacte réalité. Selon diverses sources, on m’accuse, sans métaphore, d’attenter à la liberté, d’être liberticide et inquisiteur ! Il n’en faut pas plus pour se rendre compte que dans ce procès il y a deux accusés : Pasolini et moi. […] Condamner Pasolini, c’est m’approuver, mais l’acquitter, c’est, condamner mon travail, inéluctablement. »

Ces déclarations ne sont pas sans rappeler le ton apocalyptique et eschatologique de Pie XII et ses appels permanents à la croisade contre le communisme à la fin de la guerre :

Il évoquait les attaques des négateurs impies de Dieu et rappelait le cri de Pierre face au pouvoir impérial : « résistez fort dans la foi » ; il ajoutait « sur ce même sol nous répétons aujourd’hui ce cri avec une énergie redoublée, à vous dont la ville natale est maintenant le théâtre d’efforts incessants voués à enflammer deux blocs opposés : ou avec

Iovane est journaliste à l’Unità. L’article publié le 3 mars 2003, s’appuie sur A. BALDI, Lo Sguardo punito : film censurati 1947-1962, Roma, Italie, Bulzoni, 1994.

66 Voir l’introduction au procès http://www.pierpaolopasolini.eu/processiricottaintroduzione.htm consulté le 4

le Christ, ou contre le Christ ; ou pour son Église, ou contre son Église. » il concluait : « réveillez-vous, ô Romains ! l’heure a sonné pour beaucoup d’entre vous de se réveiller d’un trop long sommeil. »68

Pour Di Gennaro, l’urgence est eschatologique et l’affaire Pasolini sera traitée avec une rapidité et une efficacité qui tranchent sur la situation contemporaine de la justice, paralysée par une pénurie de moyens et une explosion du nombre de procédures qui l’ont menée au bord de la rupture69. En 1986, Giuseppe Di Gennaro se déclare toujours convaincu que le procès intenté à Pasolini était nécessaire et sa condamnation juste. Pour lui, Pasolini faisait preuve d'une vitalité particulière qui contrastait avec la stagnation de la culture italienne de l'époque, il était déjà perçu comme exceptionnel et retenait l’attention. La culture traditionnelle catholique était alors inexistante ou intimidée par la présence de Pasolini, estime Di Gennaro, il fallait la protéger 70.

Si cette position est représentative d’une majorité de la magistrature, d’autres voix s’élèvent, qui peuvent aussi expliquer la virulence de Di Gennaro : les adversaires sont partout, y compris parmi les magistrats, et au moment du procès, la liberté de manœuvre de Di Gennaro laisse dubitatif. Le quotidien Paese Sera fait état en mars 1963 d’une invitation de Pasolini à Di Gennaro à participer à un débat public sur la religion dans le monde moderne. Le seul intérêt déclaré par Pasolini était de servir la vérité. Sur cette question de fond, les deux cultures et les deux positions étaient aussi éloignées que possible. « Di Gennaro accepte à condition que Pasolini vienne en tant que représentant d’un mouvement culturel et non à titre personnel… Il est facile de prévoir que la magistrature n’autorisera pas Di Gennaro à participer à un tel débat »71.

La magistrature elle-même traverse en effet une crise profonde et apparaît souvent sur la défensive72. La nouvelle génération est plus politisée que la précédente, qu’elle n’hésite pas à heurter. Outre les remous liés aux résistances opposées à la pleine application de la

68 Discours de Pie XII 22 décembre 46 à la manifestation de solidarité des Romains autour du Pape cité par Jean-Dominique Durand dans « l'Italie » in J.-M. MAYEUR (éd.), Histoire du christianisme des origines à nos jours. Tome XII. Guerres mondiales et totalitarismes (1914-1958), op. cit., p.371.

69 Lors de l'ouverture de l'année judiciaire en janvier 1964, le procureur Général signale l'existence de plus de 1.600.000 procès en retard (792.000 au pénal et 829.000 au civil). La pénurie de moyens est parfois spectaculaire : l’ensemble du Palais de Justice de Milan dispose diffuainsi d’un total de… 14 dactylos. Voir J. MEYNAUD, Sur la classe dirigeante italienne, Lausanne, 1964.

70 Voir I.B. MICHELI, A futura memoria : Pier Paolo Pasolini, durée : 115 min, 1986. Di Gennaro n’est à notre connaissance jamais revenu sur sa position.

71 « il PM a Pasolini : ‘non sono contrario ad un dibattito…’ ma la magistratura gli darà il permesso ? » (le substitut à Pasolini : ‘je ne suis pas opposé à un débat…’ mais la magistrature permettra-t-elle un tel débat ?) Paese sera, 11.3.63.

72 N. TRANFAGLIA, L’Italia repubblicana e l’eredità del fascismo, op. cit.; J. MEYNAUD, Sur la classe dirigeante italienne, op. cit., p.78

Constitution, la tourmente gagne toute l’institution judiciaire : le rôle du juge ne va plus de soi, le fonctionnement de la Cour de cassation et finalement le fondement même et le sens de l’institution judiciaire sont remis en cause. D’une manière générale, la justice est de plus en plus considérée comme une institution parmi d’autres, un service public dont l’action doit être évaluée selon des critères clairs et pluridisciplinaires. L’exigence d’une modernisation en profondeur se fait sentir à tous les niveaux : on exige plus de rationalisation et d’interdisciplinarité des méthodes de travail des juges – y compris ceux de la Cour de cassation dont la légendaire sagesse laisse désormais sceptique – ainsi qu’une évaluation des actions selon des critères empiriques inspirés de ceux appliqués aux États-Unis. Les professions doivent également être organisées et les carrières gérées selon des critères tout aussi clairs. Rien ne va de soi et en 1963 les questions-clés sont parfois débattues rageusement : réorganisation professionnelle, création de nouveaux syndicats, remise en question des modes d’avancement dans la carrière, le rôle des juges dans la société, rapport entre le droit et les autres sciences sociales... Giuseppe Di Gennaro a choisi son camp et s’inscrit nettement dans la ligne traditionnelle : le juge reste dans une position d’interprète et de médiateur des transformations sociales, il consulte et juge par lui-même, à la moviola73 si nécessaire, mais ne saurait soumettre son jugement à une expertise extérieure, fût-elle théologique ou esthétique dans le cas de La

Ricotta74.

Le 1er mars 1963, il décide donc la mise sous séquestre de La Ricotta et cite Pasolini à comparaître pour « outrage (vilipendio) à la religion d’État ».

Decreto di sequestro

(art. 337 e segg. Cod. Proc. Pen.)

Noi Dott. Giuseppe Di Gennaro, sost. Procuratore della Repubblica di Roma

Visti gli atti del procedimento penale contro PASOLINI Pier Paolo, nato a Bologna il 5/3/1922, abitante in Roma - via Fonteiana n. 86

IMPUTATO

Décret de mise sous séquestre

(art 337 et suivants du Code de procédure pénale) Nous, Dr. Giuseppe Di Gennaro, substitut du procureur de la Rébublique de Rome

Vu les actes du procès au pénal contre Pier Paolo Pasolini, né à Bologne le 5 mars 1922, habitant au 86 via Fonteiana à Rome

Accusé

73 Table de montage

74 Il confirmera cette position lors de débats internes au syndicat réformiste Magistratura Democratica les 13 et 14 novembre 1965, se prononçant contre les expertises des sciences sociales dans l’évaluation d’une action juridique et refusant en particulier l’accès d’experts à la Cour de cassation. Voir N. TRANFAGLIA, L’Italia repubblicana e l’eredità del fascismo, op. cit. Ce calcul s’avéra payant puisque Giuseppe Di Gennaro poursuivit brillamment sa carrière. Ayant acquis une certaine notoriété grâce au procès de La Ricotta, il sera même enlevé par les NAP (Nuclei Armati Proletari) en 1975, quelques mois avant la mort de Pasolini, et séquestré pendant quatre jours. En 1992, il devient procureur National antimafia après avoir exercé à l'ONU des responsabilités importantes dans la lutte contre les narcotrafiquants. Il entre alors en conflit avec le Ministre de l'Extérieur De Michelis et le Président du Conseil Andreotti, et trouve le soutien de la gauche qui ne lui a manifestement pas tenu rigueur de son passé de censeur.

del delitto p.p. dall'art. 402 C.P. per avere, nella sua qualità di soggettista e regista dell'episodio "LA RICOTTA" del film "ROGOPAG", pubblicamente vilipeso la religione dello stato, rappresentando con il pretesto di descrivere una ripresa cinematografica, alcune scene della Passione di Cristo, dileggiandone la figura e i valori con il commento musicale, la mimica, il dialogo e altre manifestazioni sonore, nonché tenendo per vili simboli e persone della religione cattolica.

In Roma, nel febbraio 1963.

Visti gli art. 337 e segg. Codice procedura penale;

poiché le pellicole cinematografiche che rappresentano l'episodio "LA RICOTTA" servirono a commentare il reato, ordiniamo il sequestro di tutte le copie, ovunque esse si trovino, delegando per l'esecuzione il Dr. Valerio Vernacchia dirigente II Div. della Questura di Roma. In Roma il 1° marzo 1963 Il sost. proc. della Repubblica

Dr. Giuseppe Di Gennaro

du délit défini à l’article 402 du Code pénal pour avoir, en sa qualité de scénariste et de réalisateur de l’épisode La Ricotta du film RoGoPaG, publiquement outragé la religion de l’État, en représentant sous le prétexte de décrire un tournage cinématographique, des scènes de la Passion du Christ, en en raillant la figure et les valeurs à travers le commentaire musical, la gestuelle, le dialogue et les autres manifestations sonores, ainsi qu’en avilissant les symboles de la religion catholique.

A Rome, février 1963.

Vu les articles 337 et suivants du Code pénal, puisque les pellicules cinématographiques qui présentent l’épisode La Ricotta ont servi à commenter le délit, nous ordonnons la mise sous séquestre de toutes les copies où qu’elles se trouvent, et déléguons pour l’exécution de cette décision M. Valerio Vernacchia dirigeant la IIe division de la Préfecture de Police de Rome. A Rome, 1er mars 1963.

Le substitut du procureur de la Rébublique Giuseppe Di Gennaro

La question de la légitimité de la censure se pose immédiatement. Le tribunal de première instance résout ainsi la difficulté : la liberté garantie par l’article 21 de la Constitution est la liberté de critiquer et de discuter, elle autorise l’argumentation et le débat d’idées mais ni le sarcasme ni le persiflage.

Ma nel film in esame, come si è visto, non c'è dibattito di idee, antitesi motivata di valori. C'è semplicemente una continua inopinata, gratuita messa in ridicolo di simboli e di soggetti sacri, costituenti l'intima essenza della religione, ai quali - ripetesi - l'imputato, con la sua opera, si accosta sempre con animo dispregevole e irriverente.

E il dileggio è istintivo, immediato, plateale soltanto all'apparenza superficiale, ma proprio perciò ancora più subdolamente efficace in quanto recepibile con facilità dagli spettatori meno evoluti e provveduti, portati agevolmente a schernire a irridere alle cose sacre della religione volutamente immiserite75.

Mais dans le film en question, il ne s’agit pas, comme on le voit, de débat d’idées ni d’argumentation sur des valeurs. Il s’agit simplement de tourner en ridicule, de manière continue, gratuite et inopinée, les symboles et les sujets sacrés qui constituent l’essence intime de la religion et que l’accusé – encore une fois – aborde systématiquement avec un esprit persifleur et irrévérencieux.

Et la raillerie est instinctive, immédiate, vulgaire. Sa superficialité n’est qu’apparente, mais précisément pour cela, elle est sournoisement efficace dans la mesure où elle est facilement reconnue par les spectateurs les moins évolués et les moins avertis, toujours prompts à se moquer et à rire des choses sacrées de la religion qui sont sciemment dégradés.

L’ANAC, le SNS, le SNGCI et la FILS76 et les professionnels de la culture réunis le 4 mars 1963 à Rome dans le Palazzo Marignoli sous la présidence d’Alberto Moravia, l’entendent autrement et publient une motion.

75 voir « La sentenza di condanna del processo di primo grado » in E. SICILIANO, Processo Pasolini, op. cit.

76 ANAC : Associazione Nazionale Autori Cinematografici ; SNS : Sindacato Nazionale Scrittore ; SNGCI : Sindacato Nazionale Giornalisti Cinematografici Italiani; FILS : Federazione Italiana.

Mozione conclusiva

« L’assemblea dei rappresentanti del Sindicato Nazionale Giornalisti Cinematografi Italiani, dell’Associazione Nazionale Autori Cinematografi, della Federazione Italiana Lavoratori dello Spettacolo, del Sindicato Nationale Scrittori, con l’intervento di autori, produttori, giornalisti e uomini del cinema e della cultura, riunita in occasione del dibattito a proposito dell’incriminazione di Pasolini per vilipendio alla religione e del sequestro des suo film « La Ricotta » ; conferma la propria opposizione ad ogni forma di censura preventiva, fermo restando l’eventuale giudozio della magistratura in sede repressiva ; riconosce nel fim di Pasolini « La Ricotta » la presenza di valori formali ed espressivi che ne fanno un’opera di livello artistico, dove comunque non è possibile ravvisare traccia, sotto alcuna forma, di vilipendio alla religione ; auspica che la magistratura dando una giusta e democratica interpretazione delle vigenti leggi penali – in ottemperenza al principio della libertà di espressione sancito dalla costituzione – prosciolgua Pasolini dall’accusa, rendendo anche questo avvenimento un ulteriore passo avanti, per l’affermazione della libertà di espressione nell’arte et nella cultura.

Motion conclusive

L’assemblée des représentants du Syndicat National des Journalistes de Cinéma Italiens, de l’Association Nationale des Auteurs de Cinéma, de la Fédération Italienne des Gens du Spectacle et du Syndicat National des Ecrivains, à laquelle se sont joints des producteurs, journalistes et gens du cinéma et de la culture, s’est réunie pour débattre de la poursuite judiciaire de Pasolini pour outrage à la religion et de la mise sous séquestre de son film « La Ricotta ». Elle confirme son opposition à toute forme de censure préventive ; l’éventuel jugement répressif de la magistrature restant entendu, elle reconnaît au film de Pasolini « La Ricotta » des valeurs formelles et expressives qui en font une véritable œuvre d’art dans laquelle on ne peut trouver trace, sous quelque forme que ce soit, d’« outrage à la religion ». Elle souhaite que la magistrature, par une interprétation juste et démocratique des lois pénales en vigueur – suivant le principe de liberté d’expression garanti par la constitution – acquitte Pasolini et crée ainsi un précédent qui affirme la liberté d’expression dans l’art et dans la culture.

Le compte rendu dactylographié des débats77 n’évoque pas les règlements de compte personnels de Pasquale Pedote mais fait état d’une tension absurde entre magistrature et pouvoir politique, dont Pasolini ferait les frais. « On peut voter ce qu’on veut mais pas s’exprimer artistiquement de manière libre. » Plusieurs orateurs demandent la modification de « normes