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Le Cardinal Roncalli est élu en 1958 et annonce quelques mois après son élection, à la surprise générale, la convocation d’un concile, Vatican II. Le pape appelle à l’aggiornamento de l’Église catholique qui doit s’adapter au monde – et non l’inverse –, et espère un retour à l’unité des chrétiens. 2800 personnes sont invitées : évêques, prêtres, religieux mais aussi quelques laïcs. Elles composent ainsi la première assemblée de l’histoire véritablement mondiale, avec des participants de tous les continents, même si de nombreux évêques des pays communistes sont absents, faute d’avoir pu obtenir une autorisation de sortie du territoire.

Le 11 octobre 1962, Jean XXIII ouvre le Concile en ces termes :

Les graves problèmes posés au genre humain depuis près de vingt siècles restent les mêmes. Jésus-Christ reste en effet toujours au centre de l'histoire et de la vie : les hommes, ou bien sont avec lui et avec son Église, et alors ils jouissent de la lumière, de la bonté, de l'ordre et de la paix ; ou bien vivent sans lui, agissent contre lui ou demeurent délibérément hors de son Église, et alors ils connaissent la confusion, la dureté dans leurs rapports entre eux et le risque de guerres sanglantes.

Les lumières de ce Concile seront pour l'Église, Nous l'espérons, une source d'enrichissement spirituel. Après avoir puisé en lui de nouvelles énergies, elle regardera sans crainte vers l'avenir. En effet, lorsque auront été apportées les corrections qui s'imposent et grâce à l'instauration d'une sage coopération mutuelle, l'Église fera en sorte que les hommes, les familles, les nations tournent réellement leurs esprits vers les choses d'en-haut.

Le Concile s’ouvre donc sur une certaine ambiguïté. D’une part la vieille formule de Cyprien de Carthage « hors de l’Église point de salut » paraît réaffirmée, sans qu’on puisse toutefois préciser si Jean XXIII entend par « Église » l’Église Catholique Romaine ou s’il désigne l’Église « mystique », communauté eucharistique dont l’Église Catholique n’est qu’une des parties visibles, et dont Dieu seul connaît la teneur et les contours. D’autre part apparaît le souci d’une réelle prise en compte des réalités humaines, au nom de l’incarnation. Ce sera un des axes majeurs de l’évolution apportée par Vatican II, et Paul VI qui mènera le Concile à son terme poursuivra en ce sens l’œuvre amorcée par Jean XXIII. La constitution pastorale

Gaudium et Spes promulguée en 1965 s’ouvrira par une formule désormais célèbre, dans

laquelle les réalités humaines précèdent celles de « la communauté des chrétiens », et qui laisse possible mais non nécessaire ni exclusive l’identification de cette dernière à l’Église catholique apostolique romaine.

« Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. Leur communauté, en effet, s’édifie avec des hommes, rassemblés dans le Christ, conduits par l’Esprit Saint dans leur marche vers le Royaume du Père, et porteurs d’un message de salut qu’il faut proposer à tous. La communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire. »

Le chantier ouvert reprend des questions théologiques très anciennes et encourage à réexaminer les réponses traditionnelles qui ont pu être élaborées au cours des siècles. Les Pères conciliaires s’appuient donc très fortement et très profondément sur une Tradition qu’ils veulent vivante et féconde : « il est nécessaire avant tout que l'Église ne détourne jamais son regard de l'héritage sacré de vérité qu'elle a reçu des anciens189». Dans cette Tradition revivifiée, la scolastique jusqu’alors hégémonique, cède le pas à la patrologie. Avant le début des années

1950, les théologiens qui avaient tenté d’ouvrir de telles voies s’étaient heurtés à la résistance

de Pie XII et nombre d’entre eux s’étaient retrouvés interdits d’enseignement, notamment parmi les Jésuites de Fourvière et les Dominicains du Saulchoir. Mais leur recherche n’aura pas été

vaine puisqu’une dizaine d’années plus tard, elle influencera très fortement le Concile Vatican

II, et plusieurs de ces théologiens y participèrent en tant que conseillers personnels d’évêques

(periti). Pendant et après le Concile, la théologie catholique fut dominée par Henri de Lubac, Pierre Teilhard de Chardin, Hans Urs von Balthasar, Yves Congar, Karl Rahner, Hans Küng, Edward Schillebeeckx, Marie-Dominique Chenu, Louis Bouyer, Jean Daniélou, Pierre Ganne, Jean Mouroux et le futur Benoît XVI, Joseph Ratzinger... Les recherches sur les premiers temps du christianisme sont réactualisées, les problèmes soulevés par les hérésies comme la gnose ou le marcionisme sont réexaminés à nouveaux frais. La lecture de la Bible, source irremplaçable et non comme simple réserve d’illustrations ou d’arguments d’autorité, fait aussi l’objet d’un

renouveau spectaculaire. Il paraît également urgent de mettre fin par tous les moyens et de manière irréversible à l’hostilité séculaire entre Juifs et chrétiens. Les études bibliques ne se font plus dans l’ignorance de la tradition juive, des « amitiés judéo-chrétiennes » se font jour, le mouvement de redécouverte des racines juives du christianisme amorcé bien avant la Deuxième Guerre Mondiale prend de l’ampleur et se diffuse progressivement à tous les niveaux de l’enseignement de l’Église. Cette ouverture change profondément le regard sur les autres confessions chrétiennes et sur les autres religions.

D’une manière générale, le Concile apporte des inflexions, des corrections, déplace des accents, manifestant une sensibilité à la valeur de la vie humaine et une attention à la souffrance, qui imprégneront profondément les décennies postérieures à sa clôture. Le ton donné par Jean XXIII dans son discours d’ouverture du Concile tranche nettement sur celui de son prédécesseur.

Il arrive souvent que dans l'exercice quotidien de Notre ministère apostolique Nos oreilles soient offensées en apprenant ce que disent certains qui, bien qu'enflammés de zèle religieux, manquent de justesse de jugement et de pondération dans leur façon de voir les choses. Dans la situation actuelle de la société, ils ne voient que ruines et calamités ; ils ont coutume de dire que notre époque a profondément empiré par rapport aux siècles passés ; ils se conduisent comme si l'histoire, qui est maîtresse de vie, n'avait rien à leur apprendre et comme si du temps des Conciles d'autrefois tout était parfait en ce qui concerne la doctrine chrétienne, les mœurs et la juste liberté de l'Église.

Il Nous semble nécessaire de dire Notre complet désaccord avec ces prophètes de malheur, qui annoncent toujours des catastrophes, comme si le monde était près de sa fin.

Dans le cours actuel des événements, alors que la société humaine semble à un tournant, il vaut mieux reconnaître les desseins mystérieux de la Providence divine qui, à travers la succession des temps et les travaux des hommes, la plupart du temps contre toute attente, atteignent leur fin et disposent tout avec sagesse pour le bien de l'Église, même les événements contraires.

Ce qui est très important pour le Concile œcuménique, c'est que le dépôt sacré de la doctrine chrétienne soit conservé et présenté d'une façon plus efficace.

[…]

L'Église n'a jamais cessé de s'opposer à ces erreurs. Elle les a même souvent condamnées, et très sévèrement. Mais aujourd'hui, l'Épouse du Christ préfère recourir au remède de la miséricorde, plutôt que de brandir les armes de la sévérité. Elle estime que, plutôt que de condamner, elle répond mieux aux besoins de notre époque en mettant davantage en valeur les richesses de sa doctrine.

Cette volonté d’établir un dialogue ouvert et respectueux se concrétisera également à l’intérieur du Concile qui adoptera comme règle de fonctionnement l’interdiction de condamner, de jeter des anathèmes ou de menacer d’excommunication qui que ce soit. Le fait que les réunions aient lieu sous le regard d’observateurs protestants et orthodoxes, même peu nombreux, aida au respect de ce principe.

Deux tendances se dessinent dès le départ : une majorité soucieuse d’adaptation au monde, de dialogue œcuménique et de ressourcement dans l’Écriture ; une minorité plus soucieuse de stabilité et de sauvegarde du dépôt de la foi. Les textes conciliaires chercheront à maintenir autant que possible un équilibre entre ces deux sensibilités, parfois au prix d’une ambiguïté qui donnera lieu à de nombreux débats tout au long de la phase de réception du Concile. Mais la véritable nouveauté de Vatican II, incontestablement et quelles que soient les résistances auxquelles elles s’est heurtée, réside dans la priorité de référence donnée au « peuple de Dieu », que ce soit dans l’organisation juridique ecclésiale, la compréhension de la doctrine, ou le rapport de l’Église au monde. Le principe d’autorité fait place à celui de responsabilité individuelle, le jugement de chaque baptisé étant éclairé par sa lecture directe de l’Ecriture et sa participation aux rites religieux. La théologie des sacrements porte l’accent sur l’engagement symbolique de l’assemblée liturgique dans les processus de libération humaine pour lesquels Jésus Christ est vu comme modèle et inspirateur190.

Vatican II reste ainsi associé au passage d’une ecclésiologie dite « descendante » pensée à partir de Jésus-Christ, à travers la hiérarchie, en direction du peuple, à une ecclésiologie « ascendante » qui effectuerait le chemin inverse. Même si elle est nettement plus subtile et nuancée, la Constitution dogmatique sur l’Église Lumen Gentium place effectivement le chapitre intitulé « le peuple de Dieu » avant les chapitres constitués aux clercs et aux laïcs. On insiste sur l'égale dignité de baptisés de tous les membres du « peuple de Dieu » et le « sacerdoce commun » des fidèles est rappelé : tout baptisé accomplit le « culte spirituel » du Nouveau Testament à travers n’importe quelle activité dite temporelle pourvu qu’elle soit accomplie dans l’Esprit. Les structures hiérarchiques demeurent inchangées mais ne sont plus le fondement de l’Église : elles s’y inscrivent et l’ordonnent mais le laïcat est revalorisé et le dialogue œcuménique facilité. On a parlé de révolution copernicienne. Fort logiquement, la réception de Vatican II ne va pas de soi. Le catéchisme hollandais qui paraît dès 1966 sous la houlette du Cardinal Koenig et tente d’intégrer l’esprit de Vatican II, présentela Foi catholique

dans une démarche ascendante et inductive, s’appuyant sur l’anthropologie et les questions humaines fondamentales pour exposer et reformuler à partir d’elles les articles de la foi chrétienne. Il se heurte à l’hostilité des conservateurs à travers toute l’Europe et déclenche une vive polémique.

En Italie, dès la clôture du Concile, l’Église voit éclater l’attitude monolithique d’alignement sur les positions officielles du magistère romain qui avait caractérisé les décennies préconciliaires. Les théologiens italiens, traditionnellement très proches de la pratique pastorale se trouvent impliqués dans les changements et en deviennent des interprètes influents, qui s’appuient sur le Concile plutôt que sur la néo-scolastique pour justifier des attitudes nouvelles.

190 D. MENOZZI, « Les métamorphoses du religieux dans l’Italie républicaine », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 2008, vol. 100, no

Un pluralisme des choix culturels et politiques se fait jour.191 En mars 1963, lorsque s’ouvre le procès de Pasolini pour La Ricotta, l’alignement inconditionnel des autorités ecclésiastiques sur les positions romaines était toujours de rigueur et la condamnation réclamée par le substitut Giuseppe Di Gennaro ne pouvait y trouver l’écho escompté. En revanche, lorsque les avocats de Pasolini cherchent des soutiens pour le procès en appel, ils trouvent sans peine celui du Père Grasso alors Président de l’Institut d’Apologie de la Religion auprès de l’Université Pontificale Grégorienne. Dans ce climat général à la fois grisant et tourmenté, la Grégorienne, qui à l’époque conseillait très étroitement l’administration centrale de l’Église dans l’élaboration et la publication de la plupart de ses déclarations, se trouvait elle-même traversée par de profonds conflits.

L’Université Pontificale Grégorienne et le Père Grasso

Fondée par les Jésuites au lendemain du Concile de Trente, la Grégorienne forme encore des enseignants pour des facultés de théologie, des séminaires, des scolasticats, ou pour exercer des charges pastorales élevées. Dans les années 1960, les enseignants travaillent sans salaire et les droits d'inscription des étudiants, prêtres ou religieux exclusivement masculins, sont minimes. Entièrement tenue par des Jésuites, elle dépend directement du Supérieur Général de l’ordre qui nomme le Recteur et les Doyens ad annum. Conscient de la place des médias dans le monde contemporain, et soucieux de soutenir efficacement la Doctrine Sociale de l’Église face au communisme, le Père Janssens, Supérieur Général de la Compagnie de Jésus de 1946 à 1964, souhaitait que les Jésuites bénéficient d’une formation à la fois plus traditionnelle sur le plan théologique où la ligne thomiste serait renforcée, et plus approfondie dans la connaissance des sciences humaines et sociales. Mais depuis les années 1950, les critiques s’accumulent, de l’intérieur ou de l’extérieur. On déplore la surcharge de travail pour les professeurs, la rigidité de l’enseignement et de sa répartition en matières, l’obligation de dispenser les cours en latin dans un langage scolastique qui maintient à distance les cultures ambiantes, tout cela nuit à la vitalité de la recherche et de la communication. Les enseignants demandent à prendre une part plus dynamique au renouveau biblique, patristique, liturgique et catéchistique, tel qu'il s'exprime en France, en Italie, en Espagne, en Allemagne, aux États-Unis. Pie XII n’est pas hostile et les protège plutôt de sorte qu’ils s’enhardissent et n’hésitent pas à s’exposer à des attaques venues de l’extérieur. D’autres institutions en effet, nettement plus conservatrices, voient partout des tendances modernistes et dénoncent les grands auteurs de l'époque : Daniélou, Bouillard, de Lubac, Teilhard de Chardin, Rahner, Congar... Les Jésuites seront ainsi identifiés aux nouveaux courants théologiques qui alimenteraient les préparatifs du Concile et en effet près d’un tiers des évêques présents à Vatican II sont passés par cette Université.

L’arrivée de Jean XXIII en 1958 modifie les rapports de force. Le nouveau pape ne recourt plus directement aux Jésuites pour l'élaboration de ses discours et documents, même s’il fait encore souvent appel à eux par l'entremise de la Secrétairerie d'État. Certains ecclésiastiques proches de la nouvelle Université du Latran et de la Congrégation des Séminaires et Universités virent dans cette très légère distension du lien entre La Grégorienne et la Papauté l’occasion d’une revanche. N’ayant aucunement oublié le rôle exceptionnel que les Jésuites avaient joué auprès de Pie XII et ayant nourri à leur endroit une rancœur tenace, ils se livrèrent à de violentes attaques, principalement sur deux périodes, entre 1960 et 1967. L'Institut Biblique puis la Grégorienne en furent les principales cibles.

Ouvert aux évolutions du monde moderne, ne serait-ce que pour des raisons de stratégies pastorales, le Padre « accepte de rencontrer Pasolini et de fournir à ses avocats une lettre qui sera versé au dossier de la défense. Le Père Grasso réellement sensible au sort des laissés pour compte du boom économique des années 1960, dans le Tiers Monde mais aussi en Italie, reconnaît à travers les protagonistes d’Accattone, Mamma Roma ou le personnage de Stracci, les figurants anonymes mais ô combien vivants, individualisés, différenciés, qui peuplent les faubourgs romains qu’il connaît. Cette convergence des regards fonde son soutien à Pasolini.

E' sempre un rischio violare il mistero che circonda ogni uomo. In lei ho visto un uomo buono, in cerca di valori capaci di dare un senso alla vita. E' questo l'unico vero problema che unisce tutti gli uomini e li fa apparire degli « accattoni ». Tutti andiamo cercando nel nostro prossimo l'immagine di Dio, tanto difficile a vedersi, ma che pure sostituisce l'unica ragione che lo rende degno di rispetto e di amore. Lei, forse, non condividerà questo punto di vista, ma indubbiamente, glielo dico con franchezza, è presente nei suoi libri e nel film che ieri mi ha fatto vedere, molto più di quanto lei pensa.192

Il est toujours risqué de profaner le mystère qui entoure chaque homme. En vous j’ai vu un homme bon, à la recherche de valeurs susceptibles de donner un sens à la vie. C’est là le seul vrai problème commun à tous les hommes et qui en fait des mendiants. Tous, nous cherchons en notre prochain l’image de Dieu, mais elle est très difficile à voir ; pourtant c’est bien elle, [cette image de Dieu], et elle seule, qui rend notre prochain digne de respect et d'amour. Il est possible que vous ne partagiez pas mon point de vue, mais je vous le dis en toute franchise, il ne fait aucun doute que l'image de Dieu est présente dans vos livres ainsi que dans le film que vous m'avez montré hier, beaucoup plus présente que vous ne le pensez.

L’interprétation du Père Grasso n’est pas dénuée d’arrière-pensée apologétique, et un tel soutien se révélera finalement à double tranchant. Mais dans un premier temps, il fera écho aux arguments présentés par la défense en première instance et leur donnera crédit :

Al Pasolini interessa soltanto mettere a fuoco il problema del sottoproletariato, senza falsi misticismi: quel sottoproletariato che, come ha ben dimostrato di capire il PM, sta morendo - storicamente - senza che nessuno sappia che farsene, se non forse come ha scritto altrove, in prosa e in versi, Giovanni XXIII e i cattolici che sono con lui.193

Pasolini veut seulement mettre en lumière le problème du sous-prolétariat en évitant tous les faux mysticismes : ce sous-prolétariat, comme l’a bien compris le Ministère Public, est en train de mourir – historiquement parlant – sans que personne ne sache qu'en faire, si ce n'est, comme l’a écrit Pasolini en prose et en vers, Jean XXIII et les catholiques qui le suivent.

192 La lettre de soutien que le père Grasso fera parvenir à Pasolini le 5 avril 1963 a été versée au dossier de la défense. Voir E. SICILIANO, Processo Pasolini, op. cit., p. 109-110.

|Les journalistes communistes avaient d’ailleurs ironisé : « le Ministère Public aurait dû consulter Jean XXIII ! les yeux de trop de catholiques sont fermés par l’hypocrisie, l’adulation du pouvoir et de l’autorité194 ». Ces mêmes journalistes avaient ensuite joué sur le titre

RoGoPaG devenant « RoGoG » par allusion à Gog et Magog, peuples païens ligués contre le

peuple de Dieu et métaphores du Mal dans les livres d’Ézéchiel et de l’Apocalypse notamment. L’Église institutionnelle ne tiendra aucune rigueur au Père Grasso pour son soutien à Pasolini. En 1965, le Père Arrupe succède au Père Janssens comme supérieur général des Jésuites et dès son élection, il demande à la Grégorienne d'explorer le domaine des communications comme matière d'enseignement et de recherche académiques. Il désigne le Père Grasso pour étudier la question selon sa propre spécialité, la théologie pastorale. Le Père Arrupe est un missionnaire convaincu que la Compagnie s’est trop exclusivement préoccupée des riches et des classes dirigeantes. Voyant dans l’exigence de la justice sociale un commandement de foi, et conformément aux préconisations de Vatican II, il encourage les Jésuites à s’engager aux côtés des opprimés et des marginaux, notamment dans les pays du Sud.