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Chapitre 2 : Cadre de référence et recension des écrits

2.2 Recension des écrits

2.2.14 Rôle propre de l’infirmier

L’une des motivations de cette étude est de rendre visible la contribution des infirmières lors de la prise en charge des patients aux prises avec des virus dangereux et mortels comme ceux d’Ébola ou de Lassa. Une contribution souvent confondue aux rôles médicaux et donc invisible et dévaluée. Or les infirmières jouent un rôle essentiel à travers l’offre des soins fondamentaux auprès des malades souffrant de fièvre Lassa. Compte tenu des manifestations des FHV (vomissements, diarrhées, saignements, asthénie élevée), les soins de base sont vitaux pour maintenir le patient et son entourage propre, réduire le risque de propagation de la maladie et sauvegarder la dignité du patient dans cette période critique de sa vie. Pour atteindre ce but, nous avons porté notre choix sur le cadre de soins fondamentaux de Kitson, Robertson‐Malt et Conroy (2013) qui explique de manière convaincante et détaillée les soins physiques, psychosociaux et relationnels à administrer aux patients confrontés à la dépendance à cause de cette maladie. Grace à l’exploration de ces différents aspects de soins, la responsabilité de l’infirmière à travers son rôle propre et autonome sera abordée et distinguée des autres spécialités. La mise en relief des activités relevant de la responsabilité de l’infirmière permet de valoriser la profession et de démontrer cliniquement les limites des interventions que l’infirmière peut accomplir en toute autonomie et celles exercées en collaboration avec le médecin et les autres spécialités. Pour ce faire, il nous semble pertinent de mieux comprendre ce qu’est le rôle propre de l’infirmier.

Selon le décret du 15 mars 1993 du Ministère de la santé française, le rôle propre de l’infirmière est défini comme l’ensemble des soins infirmiers liés aux fonctions d’entretien et de continuité de la vie et visant à compenser partiellement ou totalement un manque ou une diminution d’autonomie d’une personne ou d’un groupe de personnes. Le rôle propre infirmier est une expression employée pour désigner le domaine spécifique de la fonction infirmière dans lequel sont reconnues une autonomie et la capacité de jugement et d’initiative (AMIEC Recherche, 2005). Dans ce domaine l’infirmière est responsable des décisions qu’elle prend et de leur réalisation (Ministère de la santé et de l’action humanitaire, 1993). Ce rôle inclut des actes de « nursing », de surveillance mais aussi d’éducation relevant de la seule initiative de l’infirmière. A travers ces différentes définitions nous voyons apparaître deux mots clé : la notion d’autonomie et la notion de responsabilité.

Selon le dictionnaire des Soins Infirmiers, l’autonomie est la faculté qu’a l’infirmière de prendre des initiatives et des décisions dans le cadre de la connaissance spécifique reconnue par le diplôme requis et les textes officiels qui régissent la profession (AMIEC Recherche, 2005). Hesbeen (2010) définit l’autonomie comme la capacité de gérer ses propres limites, de se gouverner à partir de ses propres normes, différent d’indépendance car l’infirmière doit fonctionner en inter-dépendance avec les autres partenaires. A travers le rôle propre, l’infirmière prend des initiatives, structure le savoir infirmier lui permettant d’être reconnue comme professionnelle à part entière.

La responsabilité quant à elle, est l’obligation faite à l’infirmière de répondre de ses actes et de ceux qui ont été confiés aux auxiliaires et aux étudiants qu’elle encadre. Elle découle de son habilitation à dispenser des soins infirmiers (Hesbeen, 2010). Dans le champ du rôle propre, l’infirmière est responsable de la totalité du processus d’offre de soin infirmier. Elle analyse la situation que vit le patient et détermine les objectifs à atteindre ainsi que les interventions adaptées, elle décide de ce qu’il faut faire, de comment le faire et le réalise (c’est la démarche de soins).

Les caractéristiques suivantes permettent de qualifier le rôle propre infirmier. Le rôle infirmier est un rôle difficile car sa complexité est grande, non pas à travers les gestes en soi mais par rapport à la finalité consistant à la prise en charge d’une dimension humaine unique.

Il s’agit d’un rôle exigeant et risqué à cause de la proximité de l’infirmière des malades surtout en contextes infectieux et dans les centres psychiatriques où le risque de contamination et d’agressions physiques sont élevés. Le rôle propre infirmier est caractérisé de peu valorisant à cause de son aspect moins gratifiant vis-à-vis des populations que le rôle prescrit par le médecin au travers duquel le geste technique est valorisé. Cependant, ce sont les actions relevant du rôle propre qui optimisent et assurent la qualité des prestations de soin. Le rôle propre infirmier est toujours nouveau car il est différent d’un individu à un autre et offre un caractère original pour chaque patient. Il s’agit d’un rôle riche et porteur d’avenir. En réalité, il n’y a pas un rôle propre mais une pluralité. Le rôle propre, bien que banalisé et décrit comme “des soins de base”, est multidimensionnel. Cela nécessite de s’interroger sur le sens que l’on donne aux soins infirmiers liés aux fonctions d’entretien et de continuité de la vie, et par cela, au sens que l’on donne à la vie. La profession d’infirmière n’a réellement d’avenir comme profession autonome que dans la mesure où elle se réappropriera pleinement ce qui est de son champ propre d’intervention (Formarier, 2010). Il est important de comprendre que la valorisation du rôle propre et la reconnaissance d’un savoir propre infirmier permettent le passage du statut social d’auxiliaire du médecin à celui de professionnel de santé. C’est par ces gestes qualifiés de simples mais vitaux que l’infirmière peut retrouver une zone d’autonomie ou exercer pleinement sa créativité et justifier d’un haut niveau de qualification. Ce rôle propre mérite donc d’être promu et c’est ce défi que nous poursuivons dans ce travail.

Après avoir exploré la littérature pour en dégager les informations pertinentes et récentes sur les FHV en général et la fièvre Lassa en particulier, nous allons décrire dans le chapitre suivant l’approche méthodologique que va suivre cette étude.