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dans l’alimentation animale

11. Les insectes comestibles, moteurs de l’amélioration moteurs de l’amélioration

11.4 rôLe des Femmes

Les communautés rurales dans les pays en développement – principalement les éléments les plus pauvres de la société, comme les femmes et les peuples indigènes – dépendent fortement des ressources naturelles, y compris des insectes, qui agissent comme un amortisseur contre la pauvreté (Encadré 11.3). En Afrique du Sud, par exemple, une étude sur l’utilisation d’une gamme de bioressources par 110 familles dans la Province du Limpopo, a trouvé que l’utilisation des ressources naturelles dont des herbes sauvages et des fruits ainsi que des insectes comestibles était importante chez les familles pauvres (Twine et al., 2003). Cependant, l’accès aux ressources naturelles est parfois limité pour des raisons historiques et culturelles. Par exemple, bien que de nombreux pays aient étendu aux femmes les droits légaux d’héritage, les coutumes et l’incapacité des femmes à faire valoir leurs droits rendent problématiques les droits de propriété sur la terre. L’accès équitable aux ressources naturelles locales et par extension aux aliments récoltés dans la nature, y compris les insectes, reste un facteur clef pour assurer la sécurité alimentaire.

Les femmes sont le pivot de l’économie rurale, surtout dans les pays en développement.

Toutefois, elles font toujours face à des difficultés pour accéder aux ressources essentielles comme la terre, le crédit, les intrants (dont les semences améliorées et les engrais), la technologie, la formation agricole et l’information. Des études montrent qu’autonomiser et investir dans les fermes rurales peut accroître significativement la productivité, améliorer les moyens de subsistance en zone rurale, réduire la faim et la malnutrition.

On estime que si les femmes avaient le même accès aux moyens de production que les hommes, les rendements de leurs exploitations pourraient augmenter de 20 ou même de 30 pour cent. En outre, combler le fossé qui sépare les femmes des hommes dans l’agriculture pourrait permettre à 100-150 millions de personnes d’échapper à la faim (FAO, 2011c).

De par le monde, de nombreuses femmes s’occupent de petites et moyennes entre-prises forestières et dépendent des produits forestiers pour générer des revenus. Elles

Encadré 11.3

Consommation d’insectes comestibles et populations autochtones Les peuples indigènes vivent en symbiose avec leur environnement naturel et sont fortement dépendants des ressources naturelles pour leurs moyens d’existence. Pour cette raison, ils ont une connaissance ancestrale de comment et où trouver les insectes et des différentes méthodes de préparation. ces savoirs sont particulièrement importants en période de pénurie alimentaire (ramos Elorduy, 1984).

En australie, les «aliments de brousse», dont les insectes, sont très prisés par les aborigènes.

Ils sont toujours récoltés et perçus comme une partie intégrante de leur culture. certains des insectes les mieux connus qu’ils consomment traditionnellement sont des larves comes-tibles de coléoptères, des chenilles (chenilles du witchetty), des fourmis-pot-de-miel, des cochenilles, des lerps et des noctuelles Bogong, Agrotis infusa (Yen, 2005).

En plus des chenilles, les fourmis-pot-de-miel ont été traditionnellement une part impor-tante des cultures locales, et sont généralement récoltées par les femmes et les enfants (Yen, 2010). Les fourmis-pot-de-miel étaient une source saisonnière majeure de glucides pour les indigènes australiens et constitue également une réserve alimentaire vivante pour les autres fourmis de la colonie. Elles sont suspendues au plafond des chambres souterraines, et sont gavées de nourriture par les fourmis ouvrières. La nourriture est accumulée dans l’abdomen qui est distendu jusqu’à atteindre plusieurs fois sa taille normale. La fourmi reste suspendue, parfois pendant des mois, jusqu’à ce que la colonie ait besoin des aliments ainsi entreposés. après stimulation, la fourmi régurgite le miel sucré.

sont activement impliquées dans la récolte, la transformation et la vente de nombreux PFNL, dont les insectes comestibles. Une étude a montré que plus de 94 pour cent des 1 100 vendeurs de PFNL enquêtés sur les marchés ruraux et urbains du Cameroun étaient des femmes. La même étude a montré qu’en République démocratique du Congo, plus de femmes que d’hommes étaient impliquées dans le commerce de la viande de brousse, représentant 80 pour cent des commerçants en viande de brousse sur les marchés de Kinshasa (Tieguhong et al., 2009). Cependant, la plupart du temps ces activités sont de nature informelle, pour de nombreuses raisons: les femmes ont de plus grandes responsabilités domestiques, ce qui limite leur disponibilité pour participer pleinement dans des économies formelles; les femmes ont souvent des niveaux faibles ou sous-estimés de compétence et d’éducation; et tous les revenus obtenus de la vente des PFNL tendent à être utilisés pour les besoins du ménage plutôt que pour investir dans le développement de leur activité (FAO, 2007). Les petites et moyennes entreprises forestières sont une opportunité pour le secteur des insectes comestibles de réduire la pauvreté, d’améliorer l’équité et de protéger les forêts et les autres ressources naturelles.

Les femmes et les enfants jouent un rôle actif dans le secteur des insectes comestibles, principalement parce que les moyens nécessaires pour s’engager dans la récolte, la transformation et la vente des insectes, sont relativement limités. Dans le sud du Zimbabwe, la récolte, la préparation (purge du tube digestif, rôtissage et séchage), l’emballage, le mélange et la vente des chenilles mopane sont traditionnellement faits par les femmes (Hobane, 1994; Kozanayi et Frost, 2002) (voir Encadré 12.1). Ce sont surtout les femmes qui vendent les chenilles mopane dans les villes et les petits centres commerciaux, essentiellement en petites quantités (Kozanayi et Frost, 2002), mais les hommes dominent les filières commerciales plus lucratives à longue distance et pour de plus grands volumes.

Le problème principal cité par les femmes est que les grands volumes de chenilles mopane sont trop encombrants pour que le commerce transfrontalier soit intéressant. Pour ces raisons, les femmes vendent généralement leurs récoltes en petites quantités dans des marchés libres, sur des points de vente le long des routes, aux gares routières et sur les marchés municipaux. La plupart des femmes récolteuses et préparatrices appartiennent aux communautés locales et sont traditionnellement très sédentaires. Elles ont aussi de nombreuses obligations domestiques, telles que travailler aux champs, récolter de la nourriture, cuisiner, garder les enfants, récolter le bois et aller chercher de l’eau.

Au Mexique, des études ont montré que le genre joue un rôle significatif dans la recherche, la récolte, la préparation, la commercialisation et la vente des insectes comes-tibles au sein des groupes ethniques (Ramos Elorduy, Carbajal Valdés et Pino, 2012). Les femmes et les enfants sont les principaux récolteurs si l’espèce en question est relativement facile à atteindre. Les insectes venimeux ou qui vivent dans des endroits dangereux sont en général récoltés par les hommes. De plus, alors que les insectes récoltés par les femmes contribuent en général aux besoins alimentaires du ménage, ceux récoltés par les hommes sont typiquement destinés à être vendus au marché de gros, particulièrement lorsque de grandes quantités ont été récoltées. Les femmes aident les hommes dans cette activité en vendant les insectes au détail sur le marché. Les insectes vendus par les femmes sont des sauterelles, des punaises puantes (jumiles), des punaises géantes du prosopis (Thasus gigas) (xamues), de petits coléoptères, des cigales, des chenilles immatures de papillons, des fourmis (Atta spp., y compris leurs reines, chicatana) et des mélipones. Il n’est pas surprenant que le miel de mélipone soit le produit issu d’insectes le plus vendu sur les marchés locaux (Ramos Elorduy, Carbajal Valdés et Pino, 2012).

En fonction de leurs activités différentes, les hommes, les femmes et les enfants ont naturellement des connaissances différentes sur les insectes. Une étude au Niger a montré que les femmes étaient capables de nommer jusqu’à 30 espèces de sauterelles par leur nom vernaculaire, c’est-à-dire environ dix de plus que les hommes (Groot, 1995), car les femmes jouent un plus grand rôle dans la récolte et la préparation des insectes. De même, les hommes et les femmes aborigènes contribuent différemment aux régimes de

subsistance en Australie (les femmes s’occupant des plantes, du miel, des œufs, des petits vertébrés et des invertébrés, et les hommes chassant principalement les vertébrés plus gros) et, en conséquence, leurs connaissances varient largement (Yen, 2010). En raison de l’importance des connaissances écologiques traditionnelles pour l’amélioration de la compréhension générale de l’écologie et de la biologie des insectes, les politiques de gestion durable et de développement du secteur des insectes comestibles doivent prendre en compte les rôles différents joués par les hommes et par les femmes dans les activités liées aux insectes afin de les impliquer en conséquence.

Pour de nombreuses raisons, les déficiences en protéines et autres carences nutri-tionnelles sont typiquement plus répandues dans les parties les plus désavantagées de la société. Les femmes et les autres populations vulnérables sont désavantagées dans l’accès aux moyens de production. Les femmes ont des besoins biologiques différents de ceux des hommes, nécessitant un régime alimentaire plus ciblé. Par exemple, les femmes ont besoin de 2,5 fois plus de fer que les hommes dans leurs aliments, de même que plus de protéines lorsqu’elles sont enceintes ou allaitantes (FAO, 2012e). L’accès aux protéines animales autres que celles des insectes diffère aussi entre hommes et femmes dans certaines sociétés, les hommes ayant, en général, un meilleur accès. Chez les Indiens Tukano du nord-ouest de l’Amazonie, par exemple, les insectes fournissent aux hommes jusqu’à 12 pour cent des protéines brutes issues d’animaux dans leur régime alimentaire chaque saison, qu’il faut comparer aux 26 pour cent des régimes alimentaires féminins (Dufour, 1987). La même étude a fourni des exemples qui montraient que les insectes sont la seule source de protéines accessible aux femmes pendant certaines périodes de l’année; parallèlement, ils constituent une source essentielle de matières grasses. Grâce à leur composition nutritionnelle et à leur relative accessibilité, les insectes comestibles offrent une grande opportunité pour lutter contre l’insécurité alimentaire et améliorer les moyens de subsistance des populations vulnérables.