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Pour un résumé du débat voir Schaling (1995 pp 7-61), Fischer (1990) 3 Barro (1986 p 3), Fischer (1990 p 1181).

réalisée par la règle permet de rester ancré à l’état naturel, ce qui assure plus de stabilité. La stabilité et la passivité de la politique monétaire sont des garanties de la stabilité économique. L’argument de Friedman a subi plusieurs critiques: (1) tout d’abord on conteste la nature de la règle, c’est-à-dire le fait que la quantité monétaire doive augmenter à un taux constant4. Cette idée dérive de la théorie quantitative et implique la stabilité de la

vitesse de circulation de la monnaie (donc de la demande de monnaie). En cas d’instabilité de la vitesse de circulation, la stabilité du taux de croissance monétaire n’assure plus la stabilité économique: si la vitesse augmente, on a l’inflation, alors que si la vitesse diminue, on tombe dans la déflation. Ainsi, afin de garder un niveau des prix stable, il faudrait que la quantité de monnaie varie inversement à la variation de la vitesse de circulation. L’innovation financière a effectivement déstabilisé la vitesse de circulation, ce qui a rendu caduque ce type de règle, en inspirant des définitions nouvelles; (2) on conteste la rigidité de la règle, c’est-à-dire l’absence de réaction aux chocs économiques5: la rigidité élimine tout activisme monétaire, dont on aurait parfois

besoin; (3) on a constaté6 que même dans les années 80 et même pour la Bundesbank (la banque centrale qu’on

assimile plus facilement avec le monétarisme) les pratiques bancaires ont été très rarement conformes à la règle souhaitée par Friedman, sans pour autant perdre le contrôler de l’inflation. On peut expliquer ces comportements par l’esprit de pragmatisme que la règle avait peut être oublié; (4) on met en cause la validité des raisons qui doivent démontrer la supériorité de la règle sur la discrétion7:

“But an intelligent policymaker could take account of incomplete information about the economy when deciding on the optimal discretionary policy. Then if the policymaker were also well-meaning, there was no obvious defense for using a rule in order to bind his hands in advance. Discretion seemed to be synonymous with flexibility, which one had no reason to deny to a smart, benevolent

policymaker.” (Barro, 1986 - p. 23)

La discrétion dans des mains bénévoles et savantes, ne conduira pas vers la déstabilisation.

1.1.2. La solution au biais inflationniste

Avec la notion d’incohérence temporelle, on croit pouvoir identifier une raison plus solide en faveur de la règle, car on met en évidence le principal défaut de la politique discrétionnaire, c’est-à-dire le biais inflationniste qui en découle même en cas de gouvernement bénévole. Il faut alors démontrer comment la règle permet de résoudre le biais inflationniste8.

La raison est facilement compréhensible: le biais inflationniste découle de la possibilité d’adopter, une fois que les anticipations sont fixées, un comportement différent de celui qui a été prévu. Autrement dit, la flexibilité implicite au régime discrétionnaire permet l’ajustement continu de la politique monétaire qui favorise l’existence de l’incohérence temporelle. Si, au contraire, on adopte une règle qui ne permet pas cette liberté, le reniement monétaire devient impossible. Autrement dit, si l’autorité monétaire est obligée de suivre une règle, on sait par avance qu’elle ne pourra plus adopter un comportement différent.

“The important dimension of a rule is its capacity to restrict the manner in which future policy choices

will be made.” (Barro & Gordon, 1983a - p. 606)

La règle fixe le comportement monétaire avant la formation des anticipations: la possibilité du reniement n’existe plus, d’où la réduction des anticipations inflationnistes par les individus et la disparition du biais inflationniste. C’est la rigidité (le fait de “lier les mains” à l’autorité monétaire), caractéristique de la règle, qui est la clé de la solution.

4 Fischer (1990 - p. 1165).

5 D’où le développement des règles “actives” ou “contingentes”, c’est-à-dire qui réagissent à l’évolution économique et cherchent à

l’influencer. En faveur des règles actives se sont prononcés Feldstein & Stock (1994) et McCallum (1984). Ces règles prétendent sauvegarder un certain degré de flexibilité. Du reste, comme Fischer (1990 - pp. 1165-1168) l’illustre, on peut définir plusieurs types de règles selon la variable considérée (quantité de monnaie, taux d’intérêt, PNB nominal, niveau des prix,…), ou selon la réaction aux autres variables (activisme ou pas).

6 Fischer (1990 - p. 1173).

7 Fischer (1990 - p. 1169, note 38, p. 1181) affirme que les bases théoriques ne sont pas claires, mais il n’explique pas cette affirmation. 8 Cette idée à déjà été retenue par Kydland & Prescott (1977 - p. 487) et Calvo (1978 - p. 1422).

Pour mieux illustrer l’apport de la règle monétaire, suivons le développement de Barro & Gordon (1983b - pp. 104-107). Admettons la fonction-objectif suivante9:

(F - 2.1) L = (a/2)(πt)2 - b(πt-πte) L = coût social (à minimiser)

(a/2)(πt)2 = coût de l’inflation π au temps t, avec la constante a > 0 bt(πt-πte) = bénéfice de l’inflation non anticipée10, avec la constante b > 0

Par hypothèse on admet que tout se joue sur une seule période: aucun lien n’existe entre la période t et la période t+1. On doit démontrer que le coût L sous la règle est inférieur au coût sous la discrétion.

Considérons d’abord le coût en cas de politique discrétionnaire. Plaçons-nous avant la formation des anticipations et supposons que les individus acceptent l’inflation zéro. La politique πtd - où “d” indique le régime discrétionnaire - qui minimise L est:

(F - 2.2) πtd = b/a

Ce taux est évidemment supérieur à zéro étant donné a>0 et b>0. Pour obtenir ce résultat il faut poser πte=0, et résoudre la dérivée première de L par rapport à πt, en posant δL/δπt = 0, étant donné qu’il s’agit d’un problème de minimisation. Avec πtd=b/a et πte=0, on atteint le point A de la Figure 1.2 (cf. supra): dans cette situation l’inflation non anticipée permet de réduire le chômage, d’où un bien-être social plus élevé que le bien-être obtenu par une politique d’inflation zéro11. Cependant, les individus anticipent cette politique, d’où un taux

d’inflation effectivement anticipé égal à:

(F - 2.3) πte = b/a

Cette situation (πtd=πte) correspond au point C du Graphique 1.2. Si on introduit (F - 2.2) et (F - 2.3) dans (F - 2.1) on obtient le coût social du régime discrétionnaire, c’est-à-dire:

(F - 2.4) Ld = b2/2a

Le taux de chômage correspond au taux naturel, car πtd=πte, mais nous devons supporter les effets négatifs de l’inflation (πtd>0): tel est le coût social du régime discrétionnaire.

Considérons maintenant le cas de la règle. Dans ce cas, l’autorité monétaire ne peut pas renier son comportement: la politique déterminée avant la formation des anticipations correspond à celle que les individus anticipent, on est donc obligé de raisonner dans un contexte où πt = πte.

“The policymaker can condition the inflation rate, πt, only on variables that are known also to the private agent. (The policymaker could randomize his choices, but he turns out not to have this incentive.) Therefore, the policymaker effectively choose πt and πte together, subject to the condition

that πte =πt.” (Barro & Gordon, 1983b - p. 106)

Dans ce cas, qu’elle est la politique πtr - où par “r” on signifie l’adoption de la règle - qui minimise L? Évidemment, cette politique devra correspondre à celle qui sera annoncée par la règle. Pour obtenir πtr il faut poser πte= πtr et résoudre la première dérivée de L par rapport à πt, c’est-à-dire δL/δπt = 0, donc:

(F - 2.5) πtr = 0 = πte

Le raisonnement est le suivant:

1) étant donné la contrainte πte = πt, le bénéfice de l’inflation non anticipée est nul (deuxième terme de L); 2) la minimisation de L revient à minimiser le coût de l’inflation (premier terme de L);

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