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Les répercussions d’une période de coma

H. La place de la famille

I. Les répercussions d’une période de coma

Lors de mon entretien avec la psychologue du service de réanimation, elle m’a fait part qu’un syndrome post-traumatique pouvait apparaître chez les patients ayant été sédatés.

J’ai donc voulu me renseigner sur ce syndrome. J’ai trouvé un article intitulé : « État de stress post-traumatique après un séjour en réanimation : influence des modalités de sédation » (Bauerheim et al, 2013). Il définit l’état de stress post traumatique comme : « un trouble anxieux secondaire à un évènement traumatique exceptionnellement menaçant ou catastrophique engendrant un ressenti de peur, d’horreur ou d’impuissance ». Dans le cadre de mon sujet, l’événement traumatique est l’hospitalisation en réanimation, et plus particulièrement le coma thérapeutique dans lequel les patients sont plongés. Ce service peut être très angoissant, de par les machines présentes dans la chambre, les nombreux dispositifs invasifs (sonde à demeure, sonde nasogastrique, voie veineuse centrale…) mais également parce que la présence d’un patient en réanimation traduit un état de santé fragile avec un avenir incertain. Les auteurs Bauerheim et al (2013) mentionnent que les médicaments utilisés pour la sédation et l’analgésie sont des facteurs de risque à l’instauration de ce stress.

En effet, plus les doses vont être importantes et plus la durée va être longue, plus le patient sera susceptible de vivre un état de stress post-traumatique. D’autres facteurs de risque comme le genre féminin, l’âge inférieur à 65 ans ou encore les antécédents psychiatriques peuvent entrer en jeu. D’après les études effectuées, l’apparition de ce trouble anxieux apparait à distance de l’hospitalisation, plusieurs mois voire plusieurs années après la sortie

Lors de l’unité d’enseignement 2.6 – Processus psychopathologiques, j’ai appris que pour repérer l’apparition d’un stress post-traumatique, il existe une triade symptomatique. Elle comprend un syndrome de répétition avec des cauchemars et des reviviscences, des conduites d’évitement ainsi qu’une hyperactivité neurovégétative. L’article mentionne que :

« L’ESPT a un impact négatif sur la qualité de vie après un séjour en réanimation. » (Bauerheim et al, 2013) (ESPT signifie : état de stress post traumatique). Les auteurs expliquent que plus les traumatismes sont nombreux et plus ils vont impacter négativement la qualité de vie du patient. Pour contrer ce trouble anxieux, il existe deux facteurs protecteurs. Le premier est l’administration d’opiacés, des antalgiques de palier trois, qui diminuent les douleurs. Ils permettent aux patients de mieux vivre leur hospitalisation car ils diminuent les événements traumatiques en allégeant les douleurs. En effet, la douleur est une sensation qui entre dans la mémoire. Elle entraine des souvenirs négatifs.

L’interruption quotidienne de la sédation pourrait être le deuxième facteur protecteur. Des études ont démontré que cette interruption raccourcissait incontestablement la durée de ventilation et de séjour des patients. C’est une méthode qui demande encore à être évaluée.

Le stress post-traumatique est un trouble anxieux qui peut découler d’une hospitalisation en réanimation. Plusieurs facteurs de risque ont été identifiés permettant donc aux professionnels de santé d’observer et de suivre plus attentivement les patients susceptibles de développer ce syndrome.

Le rôle de la psychologue

Ayant peu de connaissances sur le suivi psychologique en réanimation, j’ai voulu comprendre le rôle d’une psychologue au sein de ce service. Lors de mon entretien avec la psychologue, elle m’a expliqué que son rôle diffère beaucoup d’un suivi thérapeutique habituel. Ici, c’est une aide ponctuelle. Dans ce service, les patients mettent en place des mécanismes de défense psychologique pour réussir à faire face à la situation. La psychologue explique qu’il est donc important de ne pas trop solliciter le patient et ses ressources pour qu’il se concentre sur ses besoins.

La prise en charge est adaptée à chaque patient. Elle peut commencer à leur arrivée, avant l’intubation ou si les patients sont déjà sédatés et ventilés l’accompagnement se fera quelques temps après le réveil. Le suivi de la famille, lui, se fait tout au long de l’hospitalisation. Des patients peuvent demander à rencontrer la psychologue même après

leur sortie du service. Effectivement, certains patients peuvent avoir des troubles après la réanimation qui nécessitent un accompagnement. Celui-ci peut également être fait par un psychologue extérieur au service.

Après la sédation, l’hospitalisation dans le service est généralement rapide, ce qui complique la prise en charge psychologique. Le lien avec les psychologues des autres services est donc favorisé. Elle transmet à ses confrères le contexte de l’hospitalisation et prévient du risque de syndrome post-traumatique. De plus, un épisode de coma crée des troubles cognitifs au réveil. Le patient a besoin de temps pour récupérer toutes ses capacités.

Le rôle de la psychologue est donc d’accompagner psychologiquement le patient mais également sa famille. C’est à travers l’entourage que la professionnelle de santé récupère les informations nécessaires pour connaître le patient. La prise en charge est compliquée par l’état de santé du soigné et par la sédation qui demande d’utiliser beaucoup de ressources.

Sa présence peut donc faciliter le vécu de la réanimation et diminuer le risque qu’une personne développe un stress post-traumatique à la suite d’un séjour en réanimation.

2. Cheminement vers la question de recherche

J’ai voulu aborder le thème de la communication avec les personnes sédatées en réanimation à la suite d’une situation vécue en stage. En effet, savoir qu’un patient était en capacité de se remémorer tout ce qu’il avait pu entendre lors de sa période de coma thérapeutique m’a amené me questionner sur la place de la communication dans un service de réanimation.

Mon questionnement initial reposait en partie sur les souvenirs et le ressenti des patients lorsqu’ils étaient sédatés. Je voulais comprendre comment les patients vivaient cette période.

Dans un premier temps, j’ai effectué des recherches pour discerner quelles notions étaient nécessaires à l’élaboration de ce travail de fin d’études. J’ai donc mentionné la conscience.

Ceci est, pour moi, l’élément le plus important car c’est lui qui va permettre de garder un lien avec le monde extérieur. Cependant, celui-ci est également le plus complexe à percevoir.

La communication était le deuxième élément de mon questionnement. Je voulais savoir si elle avait une influence, positive ou négative, sur les patients sédatés mais également sur les soignants qui prennent en soin des personnes non communicantes au quotidien.

Le livre « Une larme m’a sauvée » (Lieby, 2014) m’a apporté la vision d’un coma vécu de l’intérieur. Cette lecture a été une ressource pour l’avancée de mon cheminement car elle m’a permis de me rendre compte de l’adaptation d’une personne qui devient du jour au lendemain non éveillée, consciente et dans l’incapacité de communiquer avec les personnes qui l’entourent.

Les premiers entretiens que j’ai menés, m’ont permis d’avoir le retour de soignants expérimentés. Les réponses des infirmiers étaient similaires. En effet, ils expriment porter une grande importance à la communication dans leurs soins. Cependant, ils m’ont tous deux expliqué que des freins à la communication étaient présents, comme la sédation ou encore la technicité des soins. C’est pour cette raison que j’ai souhaité faire le premier entretien de la phase d’approfondissement avec une infirmière jeune diplômée encore dans l’apprentissage des soins techniques.

Une notion importante est ressortie de la phase exploratoire, les patients font part de leur vécu et de leurs souvenirs du coma à distance de l’hospitalisation. C’est dans ce but que j’ai effectué un entretien avec une psychologue de réanimation. Ainsi, j’ai pu comprendre l’influence que peut avoir la communication, connaître les souvenirs prévalents chez les patients sédatés, ce qui était nécessaire pour moi. Grâce aux recherches et à cet entretien j’ai compris que chaque personne vie cette période différemment et qu’elle pouvait dépendre en grande partie du degré de sédation. Cependant, j’ai appris que certains souvenirs étaient liés à l’environnement du patient et à ce qu’il a pu entendre. Dans ce sens, j’appuie que la communication peut avoir un impact dans l’hospitalisation de patients.

L’analyse des entretiens ont fait ressortir que la communication est en grande partie soignant dépendant. En effet, certains soignants mettent davantage l’accent sur la communication dans leur soin, de par leur personnalité mais également de par leur besoin de communiquer avec leur patient. Le tempérament du soignant ne disparait pas et c’est ce qui va lui permettre d’être authentique avec le soigné. Cependant une notion est fortement ressortie : la communication permet d’humaniser le soin.

Enfin, dans la recherche d’outils d’évaluation du niveau de sédation, j’ai découvert une échelle visant à évaluer la douleur chez les patients intubés en réanimation. Avant de la découvrir, je n’avais pas pensé à développer ce thème dans ce travail de fin d’étude.

Néanmoins, j’ai jugé cet outil très pertinent et nécessaire pour permettre une prise en soin

de qualité. De plus, mes recherches ont montré un lien entre la douleur ressentie par le patient et le risque de stress post-traumatique à la suite d’une hospitalisation en réanimation. Dans ce sens, je trouve intéressant de connaître les avantages que peut avoir une bonne évaluation de la douleur chez un patient sédaté.

Je souhaite donc diriger ma question de recherche sur ce thème :

« En quoi l’utilisation d’une méthode d’évaluation de la douleur adaptée aux patients sédatés en réanimation permet une meilleure prise en soin ? »

Il y a trois hypothèses que je peux émettre :

Ø Une évaluation de la douleur adaptée aux patients sédatés permet un ajustement des antalgiques en prenant en compte les médicaments comme les curares et sédatifs qui peuvent fausser une évaluation non spécifique.

Ø Ces échelles vont permettre de diminuer la douleur des patients et par conséquent les traumatismes post-réanimation en lien avec la douleur.

Ø Une évaluation de la douleur adaptée permet de garder le lien de confiance avec le soigné. En effet, le patient est témoin de l’investissement du soignant à soulager sa douleur même lorsqu’il n’est pas en capacité de l’exprimer.