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LA COMMUNICATION AVEC LES PERSONNES SEDATÉES EN REANIMATION

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Academic year: 2022

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Présenté et soutenu par : Madame Morgane LEFEBVRE

LA COMMUNICATION AVEC LES PERSONNES SEDATÉES EN REANIMATION

Mémoire de fin d’études présenté en vue de la validation de l’UE 5.6 S6 :

« Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques et professionnelles »

Préparé sous la direction de : Madame Anne GAMBIER

PROMOTION 2018-21 04 mai 2021

Établissement financé par

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REMERCIEMENTS

Je souhaite remercier ma guidante, madame Anne GAMBIER, qui m’a accompagnée et soutenue tout au long de la rédaction de ce travail de fin d’études.

Mes remerciements vont également aux professionnels de santé qui se sont investis dans mon mémoire et qui ont pris le temps de me partager leurs expériences.

Je remercie également mon entourage pour leur soutien et leur écoute durant ces trois années de formation au sein de l’IFSI de Savoie, tout particulièrement mon frère qui s’est

investi dans la relecture de ce travail.

Enfin, je souhaite remercier mes amies qui ont été d’un réel soutien lors de mes études : Margaux, Camille, Ophélie, Marjorie et Agathe.

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SOMMAIRE

REMERCIEMENTS ... 2

I. INTRODUCTION ... 5

1. Formulation du thème de mémoire et présentation des raisons de ce choix ... 5

2. Situation d’appel ... 5

3. Présentation du questionnement initial ... 5

II. PHASE EXPLORATOIRE ... 6

1. Présentation des connaissances préalables et du contexte ... 6

2. Les entretiens et lectures. ... 9

A. L’impossibilité de connaître la conscience d’une personne sédatée ... 10

B. Le vécu des patients ... 10

C. Les réactions cliniques en lien avec les sédations ... 11

D. Les soignants ... 11

E. La communication ... 13

3. « Une larme m’a sauvée » ... 13

3. Présentation de la question de départ ... 14

4. Pistes envisagées pour la phase deux ... 14

III. PHASE D’APPRONFONDISSEMENT ... 16

1. Synthèse et analyse des entretiens ... 16

A. Le degré de sédation ... 16

B. L’évaluation de la douleur ... 18

C. Les bénéfices de la communication avec une personne sédatée ... 19

D. Le journal de bord, un outil de communication avec les personnes sédatées ... 23

E. Le réveil brutal ... 24

F. Les bénéfices de la communication pour les soignants ... 26

G. Les freins à la communication ... 28

H. La place de la famille ... 32

I. Les répercussions d’une période de coma ... 33

2. Cheminement vers la question de recherche ... 35

IV. CONCLUSION ... 38

BIBLIOGRPAHIE ... 39

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ANNEXE 2 : LE RICHMOND AGITATION-SEDATION SCALE (RASS) ... 45

ANNEXE 3 : SCORE DE RAMSAY ... 45

ANNEXE 4: BEHAVIORAL PAIN SCALE (BPS) ... 46

ANNEXE 5 : ENTRETIEN AVEC L’INFIRMIERE N°3 ... 47

ANNEXE 6 : ENTRETIEN AVEC LA PSYCHOLOGUE DE REANIMATION ... 51

ANNEXE 7 : ENTRETIEN AVEC L’INFIRMIER N°4 ... 57

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I. INTRODUCTION

1. Formulation du thème de mémoire et présentation des raisons de ce choix

Le thème que j’ai choisi est « la communication avec les personnes sédatées en réanimation ». J’envisage de travailler dans un service de réanimation après mes études, ce sujet pourra donc m’apporter des connaissances et savoirs pour l’exercice de ma future profession.

2. Situation d’appel

Lors de mon stage en réanimation je me suis rendu compte que la communication avec les personnes sédatées était complexe et propre à chaque soignant. Certains ne parlent pas avec le patient tandis que certains vont communiquer par le toucher et/ou par la communication verbale.

De plus, j’ai pu voir l’importance de cette communication pour les patients. En effet, durant mon stage au sein du service de réanimation du CHMS (Centre Hospitalier Métropole Savoie), un patient hospitalisé un an auparavant est venu dans le service pour remercier l’équipe. Il nous a fait part de son expérience en réanimation et nous a raconté qu’il se souvenait de tout ce qu’il avait pu entendre lorsqu’il était sédaté. Même si ce n’est pas le cas pour tous les patients, il nous a donc montré l’importance de communiquer avec toutes les personnes pris en charge.

3. Présentation du questionnement initial

A la suite de ce témoignage, je me suis questionnée sur plusieurs sujets : est-ce que beaucoup de patients ont des souvenirs du moment où ils étaient sédatés ? Que gardent-t-ils en souvenir ? Quelle a été l’importance pour eux d’avoir communiqué avec les soignants ? Qu’est-ce que la communication peut apporter aux patients ? Cela peut-il permettre d’avoir un réveil moins anxiogène ? Et enfin, que ressentent les soignants ?

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II. PHASE EXPLORATOIRE

1. Présentation des connaissances préalables et du contexte Le cerveau

Le cerveau est le chef d’orchestre de l’humain, c’est pour cela que j’ai voulu comprendre le fonctionnement de cet organe complexe.

L’institut du cerveau (2020) explique que selon la philosophie, le cerveau permet de donner un sens à l’existence. Pour la sociologie, le cerveau est l’organe qui commande le corps humain. Il permet donc d’entreprendre et gérer les comportements qui sont nécessaires à la communication avec le monde extérieur.

Le système nerveux central est constitué du cerveau et de la moelle épinière. Il a comme fonction d’intégrer les informations, de contrôler la motricité et d’assurer les fonctions cognitives.

Les deux hémisphères du cerveau sont tous les deux constitués de quatre lobes. Le lobe frontal est le lobe du raisonnement, de la fonction du langage et de la coordination motrice.

Le lobe pariétal est la région de la conscience du corps et de l’espace. Le lobe occipital est le lobe de la vue et de l’intégration des messages. Le lobe temporal est le siège de la mémoire, des émotions ainsi que de l’audition. Ces informations sont examinées par le cerveau limbique. L’insula, lui, va traiter la douleur ainsi que le goût et l’odorat. Au centre du cerveau, l’apprentissage et le comportement sont gérés par les noyaux gris centraux. De plus, les neurones produisant de la dopamine sont nécessaires au contrôle du mouvement.

L’institut du cerveau (2020) explique également que la conscience est liée à l’activité électrique du cerveau. Dans un état non pathologique, la conscience c’est : être en capacité

« de se formuler des rapports subjectifs » mais c’est également être éveillé. Dans certaines pathologies comme le coma, ces deux notions ne suffisent pas. Selon les auteurs, « être conscient requiert spécifiquement l’éveil d’un vaste réseau cortical fronto-pariétal. » Il s’agit de connexions corticales entre les régions pariétales et frontales (lobes) du cerveau.

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La sédation :

La sédation est la recherche, par des moyens médicamenteux, d’une diminution de la vigilance pouvant aller jusqu’à la perte de conscience. Son but est de diminuer ou de faire disparaître la perception d’une situation vécue comme insupportable par le patient, alors que tous les moyens disponibles et adaptés à cette situation ont pu lui être proposés et/ou mis en œuvre sans permettre le soulagement escompté. Elle peut être appliquée de façon intermittente, transitoire ou continue. (Khan, 2011)

La sédation peut être appliquée comme analgésie car une sédation se fait grâce à un hypnotique et un analgésique. Elle peut également être mise en place pour faciliter certains soins comme l’intubation.

Selon l’article R4311-7, « L'infirmier ou l'infirmière est habilité à pratiquer les actes suivants en application d'une prescription médicale ou de son renouvellement par un infirmier exerçant en pratique avancée dans les conditions prévues à l'article R. 4301-3 » tel que : Ü « 22° Soins et surveillance d'un patient intubé ou trachéotomisé, le premier changement

de canule de trachéotomie étant effectué par un médecin »

Ü « 30° Vérification du fonctionnement des appareils de ventilation assistée ou du monitorage, contrôle des différents paramètres et surveillance des patients placés sous ces appareils »

La surveillance du matériel et du patient intubé fait partie du rôle propre de l’IDE (Infirmier diplômé d’État).

Parmi les nombreuses définitions de la communication, j’ai choisi celle qui me paraissait la plus complète :

La parole est l’un des principaux canaux de l’échange d’informations. La communication est bien plus qu’un simple échange d’informations : c’est une relation, c’est de l’information connotée, subjectivée par les mimiques, l’allure, les gestes, le ton de la voix… Autant d’éléments qui viennent compléter, confirmer ou infirmer, corriger ou affiner, augmenter la valeur des mots. (Gaudeul, 2005, p.4)

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Lors du premier semestre de notre formation, nous avons pu voir que la communication faisait partie des quatorze besoins fondamentaux selon Virginia Henderson. Selon elle, un besoin fondamental correspond à « la nécessité vitale (et non un manque), ce qui est essentiel à l’être humain pour se maintenir en vie et assurer son bien-être » (Paget, 2017)

Aujourd’hui, le modèle de Virginia Henderson est utilisé par les professionnels de santé pour comprendre et prioriser les besoins des patients dans le but d’améliorer leur prise en soin.

Cela démontre l’importance de la communication pour l’être humain.

La communication interpersonnelle : elle reflète un échange entre un émetteur qui va créer un message et un récepteur qui va, lui, le décoder. Elle se fait grâce à la communication verbale qui fait référence au langage oral et écrit et grâce à la communication non verbale qui regroupe notamment le langage du corps et l’expression du visage.

Les cours de l’unité d’enseignement 4.2 – Soins relationnels m’ont également apporté des connaissances sur la communication avec le patient. En effet, nous avons pu voir que la communication est un pilier pour construire une relation de confiance entre le soignant et le soigné. Nous avons appris que la communication verbale et non verbale se complètent. En effet, le fait d’avoir une attitude empathique et une écoute active va permettre de soutenir les mots utilisés par le soignant. Cela va également permettre de communiquer au patient qu’il est écouté et respecté pour ce qu’il est.

Définition de coma :

Le coma correspond à la forme la plus sévère d’altération de la conscience. Un patient dans le coma semble endormi, mais il ne réagit à aucune stimulation, même douloureuse. Cet état, généralement transitoire, peut s’observer dans un grand nombre de maladies, neurologiques ou non. (Inserm, 2013)

Définition curare : « un curare est une substance bloquant de façon réversible la transmission neuromusculaire, provoquant un relâchement des muscles squelettiques, responsables d’une paralysie totale. » (Pitte, 2019)

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Le curare va avoir un effet paralysant, même si la personne est consciente et qu’elle donne l’ordre à ses muscles de bouger, celui-ci va inhiber le message entre les nerfs et les muscles ce qui entrainera donc une absence de réponse. Cette immobilité peut porter à confusion quant à la conscience de la personne.

Selon l’enquête de la DREES, 5433 lits de réanimation (enfants et adultes) sont ouverts en France en 2019 et 323 services de réanimation sont présents en France (France métropolitaine et DOMTOM). (Drees, 2021)

La crise sanitaire de la Covid-19 a amplifié de façon majeure le nombre de patients en réanimation. Le 12/11/20 le pic d’hospitalisation en réanimation et en soins intensifs a été atteint avec 4 884 patients ce jour-là. (Franceinfo, 2020)

La communication avec les personnes sédatées est une notion complexe et qui est présente dans chaque service de réanimation. C’est la raison pour laquelle cette thématique mérite d’être étudiée.

2. Les entretiens et lectures.

Pour les entretiens, j’ai choisi d’interviewer deux infirmiers qui ont travaillé plusieurs années en réanimation. Du fait de leur longue expérience, ils ont pu vivre de nombreuses situations et ont pu avoir le retour de plusieurs patients qui pouvaient m’enrichir pour la construction de mon travail de fin d’études. De plus, chaque personnalité est différente, personne ne vit et ne ressent les choses de la même manière. C’est pourquoi, avoir le ressenti de deux soignants m’a permis de comparer le vécu de chacun.

Pour le premier entretien, j’ai rencontré lors d’un rendez-vous d’une quarantaine de minutes, une formatrice de l’IFSI (Institut de Formation en Soins Infirmiers) d’Annecy. Elle a travaillé dans un service de réanimation en tant qu’infirmière pendant plus de douze ans et également pendant la période de la COVID-19. Puisque cet entretien s’est déroulé en présentiel j’ai pu utiliser un dictaphone pour enregistrer la conversation (avec l’accord de l’infirmière).

Pour le deuxième entretien, j’ai échangé avec un infirmier qui a travaillé en réanimation de 2010 à 2017 et qui a été appelé pour aider lors des deux vagues de la COVID-19. Cet échange

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s’est fait lors d’un appel téléphonique d’une demi-heure. Je n’ai pas pu utiliser de dictaphone pour enregistrer la conversation, j’ai donc pris en note les réponses. Lors de cet entretien, j’ai utilisé les mêmes questions que lors du premier afin de pouvoir comparer plusieurs expériences.

A. L’impossibilité de connaître la conscience d’une personne sédatée

Ce qui est revenu dans les deux entretiens est que la réaction et les souvenirs des patients sédatés sont dose-dépendante. C’est-à-dire que les réponses aux stimuli extérieurs dépendent en grande partie du degré de sédation de la personne. Cependant, les deux infirmiers relatent que la réaction dépend également du patient lui-même. Certains patients avec une sédation lourde arrivent à avoir des souvenirs et d’autres ayant une sédation très légère ne se souviennent pas de ce qu’il s’est passé. Cela démontre qu’il faut garder en tête que chaque patient vit les situations différemment, on ne peut donc jamais être sûr de ce que le patient comprend lorsqu’une sédation est mise en place.

Cette notion est également en lien avec l’article intitulé « Quelle conscience durant le coma ?» (LAUREYS et al, 2002), publié dans la revue pour la science. Il montre que l’apparence du patient ne reflète pas forcément son niveau de conscience. En effet, l’auteur de l’article différencie l’éveil et la conscience. Un patient sédaté peut ne pas être éveillé mais être conscient et comprendre ce qu’il se passe et inversement, un patient éveillé peut avoir une conscience altérée.

J’ai également étudié un article intitulé « Coma et réanimation : pour une prise en charge relationnelle de qualité » (Grosclaude, 2007). L’article explique que l’éveil représente la fin du coma. C’est une phase transitoire durant laquelle le patient est capable d’entendre, de comprendre et de se souvenir de ce qui l’entoure. Cependant, il n’est pas possible de savoir à quel moment l’éveil commence. D’où l’importance de communiquer avec le patient tout au long de son coma.

L’impossibilité de connaître la conscience d’une personne sédatée est la notion qui revient le plus dans mes recherches, même si l’on peut voir que certains facteurs entrent en jeu, comme la sédation, chaque patient vit le coma différemment.

B. Le vécu des patients

Lors des deux entretiens, les infirmiers ont remarqué que, lorsqu’ils en ont souvenir, les patients n’exprimaient pas leur vécu du coma directement au réveil. L’infirmier que j’ai

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interrogé lors du deuxième entretien a exprimé que les souvenirs du coma ne sont pas la priorité des patients, ils sont focalisés sur le réveil qui leur semble impressionnant. C’est également ce qui revient dans l’article « Coma et réanimation : pour une prise en charge relationnelle de qualité » (Grosclaude, 2007). A l’éveil, le patient est dans un monde de survie. L’intubation ainsi que les contentions peuvent être traumatisantes. Le patient est fixé sur son réveil traumatique. L’infirmier pense que les situations vécues lors d’une sédation peuvent avoir d’énormes conséquences au réveil du patient. Un bon vécu peut diminuer le stress, apaiser le patient mais un mauvais vécu peut engendrer de l’anxiété et donc compliquer la prise en soin.

C. Les réactions cliniques en lien avec les sédations

Les deux IDE sont en accord sur le même point : les réactions cliniques sont en lien avec le degré de sédation. Ils ont déjà vécu des situations avec des patients qui ont eu des réactions lors d’un soin, d’un touché particulier ou d’une voix connue. Les réactions sont d’ordre clinique, cela peut se traduire par une tachycardie/bradycardie, une hypo ou hypertension, une toux ou encore une crispation du visage… Ces démonstrations cliniques peuvent être repérées grâce à une sédation adaptée.

Dans le livre « Une larme m’a sauvée » (Lieby, 2014), l’auteur explique avoir vécu une telle tristesse lorsque son frère lui a rendu visite que cela lui a provoqué une tachycardie. Une révélation pour la jeune femme, elle pourrait réussir à se faire comprendre grâce aux machines qui l’entourent.

D. Les soignants

Dans les deux entretiens, les IDE expriment que la communication apporte également aux soignants car elle permet de donner un sens aux soins. Ils disent que cela évite de ne pas oublier la personne derrière le patient. L’infirmier du second entretien a utilisé le terme

« d’humaniser le soin ». La communication peut être difficile à intégrer aux soins car en réanimation la technique prend une place importante. L’utilisation des machines qui entourent le patient peut être parfois compliquée, en outre lors des situations d’urgence la communication avec le patient sédaté n’est pas une priorité.

Lors du premier entretien, l’infirmière m’a expliqué que selon elle, il y a plusieurs étapes

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Stade 1 : Acquérir des connaissances : c’est un service technique qui demande beaucoup de connaissances, lors de soins que l’on ne maitrise pas totalement, la parole passe après la concentration, nous ne voyons pas forcément le patient dans le lit.

Stade 2 : Communiquer avec le patient : apprendre avec les connaissances et l’expérience des moyens de communication.

Stade 3 : Aider la famille à communiquer avec le patient.

L’infirmière du premier entretien a fait ressortir un point intéressant : la communication dépend aussi du soignant. Elle explique que même si l’on se doit de soigner tous les patients de la même manière, l’histoire du patient peut influencer involontairement l’approche du soignant. Cela dépend de la personne, de ses valeurs et de son histoire personnelle.

La communication aide à créer une relation de confiance entre le soignant et le soigné. Le fait de la commencer lors de l’épisode de coma permet de conditionner la suite de la prise en soin.

Lors de mon deuxième entretien, l’IDE m’a fait part d’une des dérives de la réanimation. En effet, il explique que face à un patient sédaté, il arrive que les soignants discutent entre eux dans la chambre du patient. Il fait part de son expérience : en 2015, l’IDE a pris en charge pendant plusieurs mois un patient atteint de la maladie de Guillain-Barré. C’est un patient dont il s’est beaucoup occupé. Il a parlé d’un sujet personnel avec une aide-soignante tout en étant dans la chambre du patient sédaté. Lorsque le patient s’est réveillé, il a reconnu la voix du soignant et a tout de suite fait le lien entre lui et la conversation qu’il avait pu entendre quelques semaines auparavant.

C’est également un élément que j’ai pu retrouver lors ma lecture du livre « une larme m’a sauvée » (Lieby, 2014) (résumé en ANNEXE). L’auteure, Angèle Lieby raconte que, lors de son coma, elle a été plusieurs fois témoin de discussions entre les soignants, que ce soit en rapport avec elle et l’évolution de son état de santé mais également en rapport avec la vie personnelle des soignants. De plus, grâce à mon stage en réanimation, c’est une dérive que j’ai pu voir et expérimenter. Personnellement, j’ai remarqué que lorsque le soignant était seul avec le patient, la communication était centrée sur lui. Cependant, lorsqu’un second soignant est dans la chambre le patient n’est plus inclus dans l’échange. Ce n’est pas une dérive que l’on remarque sur l’instant, mais plus en aval, quand on repense et analyse la

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situation. Le fait d’être témoin de ces situations m’a également permis de remarquer ce changement d’attitude. Il est involontaire et instinctif, nous allons plus facilement parler avec une personne communicante.

E. La communication

L’article intitulé « Communiquer avec le patient et ses proches, une priorité en réanimation

» (Delpierre, 2019), publié dans la revue l’aide-soignante traite de la communication entre le patient, les soignants et la famille au sein d’un service de réanimation.

Il existe deux types de communication : la verbale et la non verbale qui fait appel aux cinq sens. Des études montrent que le langage non verbal représente 70% de la communication.

L’intonation de la voix, le langage corporel et les expressions du visage ont, quant à eux, un grand rôle. Il est dit que seulement 7% de la communication se fait par les mots.

La relation soignant-soigné est présente malgré la manque de communication du patient.

Parler pendant les soins permet d’instaurer une confiance ce qui permet à l’éthique de rester présente.

Il est important de trouver un moyen, quand cela est possible, pour que le patient puisse continuer de communiquer. C’est aux soignants de trouver la méthode qui permettra au patient de se faire comprendre.

La communication en réanimation doit être constante pour permettre une prise en charge optimale. En effet, l’article « Quelle conscience durant le coma ? » (LAUREYS et al, 2002) montre qu’une personne non éveillée n’est pas forcément inconsciente. La réanimation est un service qui peut être impressionnant, il est donc primordial de garder une communication verbale et non verbale avec le patient pour l’accompagner au mieux dans son hospitalisation.

Le discours du deuxième infirmier interrogé rejoint cette théorie. En effet, il a exprimé que

« la communication naissante au réveil peut être un frein comparée à une relation qui est présente depuis le début de la prise en charge ».

3. « Une larme m’a sauvée »

Pour avoir plus de connaissances sur le sujet, j’ai décidé de lire le livre « Une larme m’a sauvée » (Lieby, 2014). Angèle Lieby, l’auteure, relate son vécu lors de son coma.

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Ce livre m’a beaucoup plu. En effet, il m’a permis d’avoir le ressenti d’une personne qui a vécu le coma de l’intérieur. Tout au long des chapitres, l’auteure nous fait comprendre à quel point son apparence ne reflète pas son ressenti. Elle parle, hurle de douleur, pleure mais tout ça dans sa tête, son corps ne veut plus le traduire. Cette partie du livre est en accord avec les articles que j’ai pu lire ainsi qu’avec le deuxième entretien que j’ai mené. Ils expriment tous l’importance de ne pas se fier à l’apparence du patient et de ne pas systématiquement faire le lien entre sa conscience et son stade d’éveil. Ce livre m’a fait comprendre l’intérêt de communiquer avec le patient sédaté. Se réveiller dans le noir, entouré de machines bruyantes peut s’avérer très angoissant surtout lorsque l’on ne comprend pas ce qu’il se passe.

L’auteure dit avoir été rassurée lorsqu’elle a appris qu’elle était prise en charge à l’hôpital, mais ce sentiment s’est arrêté au moment où elle a entendu que les soignants pensaient qu’elle allait mourir. La relation de confiance entre le soignant et le soigné peut se briser avec seulement quelques mots. Il est donc primordial de faire attention aux paroles prononcées.

La question que je me pose est : n’est-il donc pas nécessaire de toujours agir en se disant que le patient est conscient ?

3. Présentation de la question de départ

Les recherches et les entretiens que j’ai menés m’ont montré que la communication était nécessaire à la prise en charge des patients. Je souhaiterais développer ma question de départ sur ce sujet :

« En quoi la communication avec les personnes sédatées est bénéfique pour les patients et pour les soignants ? »

4. Pistes envisagées pour la phase deux

Grâce aux informations que j’ai pu recueillir lors des entretiens et avec les recherches documentaires, une notion importante est ressortie : les patients n’évoquent pas le vécu de leur coma au réveil mais plus tard lorsque leur état de santé s’améliore. La psychologue du service suit les patients même après leur départ de l’unité. Je pense donc qu’il serait

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intéressant de faire un entretien avec une psychologue de réanimation. Elle a le retour de beaucoup de patients à distance de leur hospitalisation, ce qui pourrait m’aider dans mon travail de fin d’étude. Connaitre ce que les patients gardent en souvenir de leur coma et de leur hospitalisation pourrait être une ressource pour l’avancée de ce mémoire.

De plus, j’aimerais interroger un(e) IDE jeune diplômé(e) travaillant en réanimation ou avec un(e) infirmier(e) qui a récemment intégré un service de réanimation car j’ai pu observer que de gérer les soins techniques et la communication en même temps peut s’avérer compliqué. En effet, la complexité des soins peut être un frein à la communication.

Questionner un infirmier encore dans l’apprentissage des soins techniques spécifiques à la réanimation me permettrait d’avoir son ressenti sur la communication qu’il peut mettre en œuvre face à un patient non communicant. Est-ce qu’il rencontre des difficultés pour parler avec les patients ? Si oui, à quoi sont-elles dû ?

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III. PHASE D’APPRONFONDISSEMENT

1. Synthèse et analyse des entretiens

Pour approfondir ce que j’ai découvert lors de la phase exploratoire et répondre à ma question de départ, j’ai réalisé trois entretiens avec des professionnels de santé en réanimation.

J’ai réalisé le premier entretien de la phase deux avec une infirmière diplômée récemment diplômée (juillet 2020). Elle travaille en réanimation depuis octobre 2020. Le recueil de données s’est fait par appel téléphonique d’une vingtaine de minutes. Je l’appellerai l’infirmière N°3 lors de l’analyse. Le but de cet entretien était de découvrir si la technicité des soins de réanimation pouvait être un frein à la communication mais également de découvrir le ressenti d’un soignant avec peu d’expérience.

J’ai réalisé le second entretien avec une psychologue de réanimation. Elle travaille dans ce service depuis neuf ans. L’objectif était de découvrir le retour des patients sur leur vécu de la réanimation. En effet, lors de mes deux premiers entretiens, j’ai constaté que les patients exprimaient leurs souvenirs à distance de leur réveil. Je trouvais donc intéressant de recueillir le témoignage d’une professionnelle qui suit les patients et leur famille parfois même après leur sortie. Cet entretien a été réalisé lors d’un échange téléphonique de vingt-cinq minutes.

Pour le dernier entretien, j’ai interviewé un infirmier travaillant en réanimation depuis quatre ans. J’ai eu la chance de pouvoir rencontrer le soignant au sein de son service. Cet échange a duré trente minutes. J’ai voulu interroger une nouvelle fois un IDE car la communication reste propre à chaque soignant. L’objectif était de connaître son ressenti et de poser de nouvelles questions qui ont découlé de mon cheminement. Je le nommerai l’infirmier n°4 lors de l’analyse des entretiens.

A. Le degré de sédation

Une notion est beaucoup ressortie de mes entretiens : le dosage de la sédation est un indicateur sur la conscience du patient. Lors de la phase exploratoire, nous avons pu voir qu’il est impossible de connaître la conscience d’une personne sédatée. En effet, la conscience est à différencier de l’éveil (LAUREYS et al, 2002), un patient éveillé peut ne

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pas être conscient de ce qu’il se passe, de ce qui l’entoure. A l’inverse, un patient peut être conscient et comprendre ce qu’il entend et ressent sans être éveillé. De plus, la sédation ne veut pas obligatoirement dire inconscience, tout dépend du degré de sédation. Les infirmiers que j’ai interviewés sont en accord avec cette affirmation. Au décours de l’entretien n°3, l’infirmière a déclaré ne pas avoir eu de retour de patient sédaté de par sa jeune expérience mais également car elle s’occupe en grande partie de patients atteints du Covid 19 qui demandent une sédation lourde. Une sédation importante et longue va diminuer la probabilité que le patient se souvienne de son coma. Elle peut même avoir des conséquences sur les souvenirs de pré-sédation. Certains patients n’ont pas le souvenir des soignants qui les ont pris en soin avant que les sédatifs soient mis en place. L’infirmier n°4 insiste sur l’importance des dosages. Effectivement, il explique adapter sa communication en fonction du degré de sédation mais également en fonction de l’état clinique du patient.

Lors de l’entretien, l’infirmier a cité l’échelle RASS qui signifie « Richmond Agitation- Sedation Scale ». Je me suis souvenue l’avoir vue et utilisée lors de mon stage en réanimation. Selon Quintard et al (2010), le RASS est une échelle précise qui évalue le niveau d’agitation avec des chiffres positifs et le niveau de conscience avec des chiffres négatifs. Le 0 est l’intermédiaire entre les deux, il signifie que le patient est éveillé et calme.

Le -1 traduit un état de somnolence, le –2 correspond à une baisse légère de la vigilance, le -3 correspond à une baisse modérée de la vigilance et le -4 à une baisse profonde de la vigilance. Enfin, le -5 est attribué aux patients non réveillables. Pour l’agitation, les valeurs commencent à +1 (le patient ne tient pas en place) et montent jusqu’à +4 (patient combatif).

(Cf. Annexe 2)

J’ai voulu rechercher si d’autres échelles existaient. Le score de Ramsay est une échelle visant également à évaluer l’agitation et la conscience d’une personne. Il évolue entre le niveau 1 qui correspond à un « malade anxieux et agité » jusqu’au niveau 6 « aucune réponse à la stimulation de glabelle ». (Cf. annexe 3)

La société française des infirmiers anesthésistes définit la glabelle comme : « la saillie osseuse située entre les deux crêtes sourcilières ». (Sofia, s.d)

Quintard et al (2010) explique que, même si ce n’est pas une échelle précise, c’est le score le plus utilisé en réanimation grâce à sa facilité d’utilisation.

Il existe d’autres échelles comme la Sedation Agitation Scale (SAS) et le Motor Activity Assessment Score (MAAS). Ce sont des échelles qui comprennent moins de données et qui sont donc plus faciles à appliquer.

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Même si l’évaluation de la conscience n’assure pas une fiabilité optimale, je sais que le niveau de sédation est un indicateur et qu’il existe des échelles pour aider les soignants à évaluer le degré de sédation. Ces outils sont essentiels pour assurer une prise en soin de qualité et vont permettre aux professionnels d’adapter leur communication grâce à des valeurs précises.

Il est important de ne pas se fier uniquement aux posologies car chaque patient réagit différemment. L’IDE n°4 prend l’exemple d’un patient qui est fortement sédaté mais qui malgré tout présente des signes de conscience. « La pharmacocinétique d’un médicament varie beaucoup d’un sujet à l’autre (variabilité interindividuelle) et pour un même sujet d’un moment à un autre (variabilité intra individuelle) » (Pharmacomédicale, s.d). Ce qui montre que chaque patient métabolise différemment les médicaments, d’où l’importance de pouvoir évaluer le degré de sédation à l’aide de scores ou bien d’échelles.

B. L’évaluation de la douleur

En réalisant les recherches sur les échelles d’évaluation de la sédation, j’ai trouvé des échelles évaluant la douleur chez les personnes non communicantes. C’est une question que je ne m’étais pas posée jusqu’à présent mais que je trouve néanmoins très intéressante : comment la douleur peut-elle être repérée et évaluée chez un patient sédaté ?

Il existe peu d’échelle d’évaluation de la douleur chez les patients inconscients. D’après les recherches de l’observatoire DOLOREA, l’échelle BPS (Echelle Behavorial Pain Scale) est la plus utilisée en France. (Quintard et al, 2010). Selon les auteurs, elle va évaluer l’expression du visage du patient, son tonus musculaire au niveau des membres supérieurs mais également son adaptation au respirateur.

Il est important de pouvoir évaluer la douleur chez tous les patients car la sédation ne la supprime pas. Lors de mon stage en réanimation, un médecin du service m’a expliqué que les récepteurs de la douleur ne sont pas les mêmes que ceux impliqués dans la sédation. De plus, l’évaluation de la douleur peut être plus compliquée à réaliser avec l’utilisation de curares et de sédatifs. Comme j’ai pu le voir lors de la phase exploratoire, les curares vont inhiber la transmission neuromusculaire ce qui entraine un relâchement des muscles. Par conséquent, le patient ne sera pas crispé, non pas parce que la douleur n’est pas présente mais parce que celle-ci ne sera pas visible. Il est donc nécessaire de toujours associer un analgésique à un sédatif pour que le patient soit soulagé au mieux de potentielles douleurs.

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Pour conclure cette partie, grâce aux recherches que j’ai effectuées, mon avis sur l’évaluation de la conscience d’une personne sédatée a changé. Lors de la phase exploratoire, pour moi, il était impossible de connaître la conscience lorsqu’une sédation était administrée.

Cependant, j’ai découvert qu’il existait des outils mis à disposition des professionnels de santé pour évaluer le niveau de conscience et d’éveil ainsi que la douleur. Ces échelles sont fondamentales pour apporter une prise en soin personnalisée à chaque patient. En effet, grâce à elles, on peut évaluer si un patient est confortable ou non et donc adapter les posologies de curares, sédatifs ou analgésiques. Néanmoins, il ne faut pas oublier qu’une personne peut ne pas présenter de signe de réveil mais être totalement consciente. C’est une notion que j’ai retrouvé dans le livre « Une larme m’a sauvé » (Lieby, 2014), l’auteure est totalement consciente cependant son apparence reflète tout le contraire. Dans cette situation, l’utilisation de score pour évaluer la conscience n’aurait pas été en adéquation avec la réalité.

Dans le livre, un médecin tire le téton de l’auteur et explique qu’il n’est pas possible qu’elle soit consciente car la douleur est telle qu’elle devrait avoir une réaction physique. Angèle Lieby réagit mais à l’intérieur, elle compare ce geste à de la torture, c’est une douleur insoutenable mais son corps ne la traduit pas. Cet exemple illustre bien les limites de ces outils d’évaluation. Effectivement, si l’échelle du RASS avait été utilisée, elle aurait indiqué un résultat de -5, c’est-à-dire un patient non réveillable car la patiente n’effectue aucun mouvement à l’appel et à la stimulation physique. Les échelles d’évaluation peuvent estimer le niveau de conscience chez les personnes un minimum éveillées mais elles ne peuvent pas assurer une fiabilité car l’éveil est bien à différencier de la conscience.

C. Les bénéfices de la communication avec une personne sédatée Les souvenirs

Pour comprendre les bénéfices de la communication, je trouvais intéressant de connaître en amont les souvenirs récurrents après une sédation. Dans la poursuite de cet objectif, j’ai réalisé un entretien avec une psychologue de réanimation, qui peut avoir le retour des patients sur leur vécu. Elle explique que les souvenirs qui reviennent le plus chez les personnes qui ont été sédatées sont le rêve et le cauchemar. Il y a aussi beaucoup de patients qui avaient la sensation d’avoir voyagé. Néanmoins, cela diffère d’un patient à un autre.

Toujours selon cette psychologue, il y a des patients qui peuvent se souvenir de tout, d’autres de certaines brides et d’autres encore n’ont aucun souvenir. Certaines personnes ont le besoin

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de mettre un sens à ces souvenirs qui sont souvent imprécis. Les professionnels peuvent parfois aider les patients à trouver une signification potentielle.

Il faut savoir que le coma n’est pas forcément un épisode désagréable. La psychologue me fait part de l’expérience d’une patiente. Elle a tellement bien vécu la période de sédation que le réveil a été compliqué. Les souvenirs dépendent de la personne. En effet, certains ne vont pas se souvenir du soignant lors de l’extubation alors qu’elle nécessite d’une sédation légère, alors que d’autres auront de réels souvenirs. L’IDE de l’entretien n°4, prend l’exemple d’une patiente dont il s’est occupé. Elle dit se rappeler le prénom d’un infirmier qui l’a pris en soin durant sa sédation. En revenant dans le service, elle a tout de suite reconnu l’infirmier interviewé.

Les souvenirs en lien avec le toucher

En investiguant, pour les souvenirs en lien avec les voyages, la psychologue a fait le rapprochement avec des soignants qui s’exprimaient avec un accent. Le matelas à air et le bruit de l’oxygène pouvaient être associés à l’eau. Nous voyons que l’environnement peut conditionner le patient. Ici, les mouvements du matelas à air peuvent faire penser aux mouvements de l’eau. Ces souvenirs sont donc sensoriels. La psychologue est persuadée que le toucher dans les soins est bénéfique. Les patients sédatés ont souvent des souvenirs de contacts physiques et ont un rapport particulier avec leur corps.

Pour développer ce thème j’ai d’abord voulu connaître la définition du toucher. J’ai recherché dans les cours de l’unité d’enseignement 1.1 (Psychologie, sociologie, anthropologie) du semestre 1.

Comme j’ai pu le voir lors du cours sur le concept du toucher : « Le toucher constitue à la fois l’un de nos 5 sens mais aussi un moyen de communication en lien avec les émotions » (Banard et Brazelton, 1990 ; Montagu, 1971, 1979). Selon Martinez et al (2020), le toucher est divisé en trois fonctions : le toucher gnosique qui permet de reconnaître grâce à la perception. Le toucher ergotique est le moyen d’influer sur la matière et enfin le toucher pathique qui va permettre la communication non verbale. Le toucher pathique va donc permettre de faire passer des informations mais également des émotions.

L’article « Le toucher massage en réanimation » (Laulo et Sicamois, 2013) a été écrit par deux aides-soignantes travaillant en réanimation. Les auteures expliquent que l’abondance des soins techniques en réanimation contribue à la « déshumanisation dans la relation soignant soigné ». Pour favoriser cette relation, le toucher massage a été instauré dans le

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service pour les patients mais également pour les professionnels de santé. Le contact peau à peau entre le soignant et le soigné est nécessaire pour établir un lien de confiance. Le toucher massage a pour but de redonner confiance au patient et de l’aider à se réapproprier son corps.

C’est une pratique fortement appréciée par les soignés car elle va accorder un moment de détente au sein d’un service qui peut être anxiogène.

Je remarque les bénéfices du toucher relationnel avec des patients éveillés et conscients.

Étant donné que les patients sédatés sont en capacité d’intégrer des informations sensorielles nous pouvons émettre l’hypothèse que le toucher relationnel peut avoir les mêmes bénéfices que pour une personne non sédatée. Par conséquent, il pourrait permettre au patient d’être apaisé dans toutes les étapes de son hospitalisation.

Les souvenirs en lien avec l’ouïe

Lors du deuxième entretien, la psychologue de réanimation relate que parfois des souvenirs sont en lien avec l’actualité, comme si les patients l’avaient entendue. Je trouve que c’est un élément intéressant car si les patients ont des souvenirs en rapport avec l’actualité c’est qu’ils ont dû entendre l’information par les soignants ou par des proches En plus d’écouter ces nouvelles, les patients ont été en capacité de la mémoriser. Ces souvenirs montrent qu’une personne sédatée peut garder un lien avec le monde extérieur grâce à l’ouïe. Par conséquent, la communication verbale pourrait être un élément capable d’influer sur le ressenti du patient. C’est pour cette raison que la psychologue de réanimation incite les familles à parler à leur proche lorsqu’il est sédaté mais également à leur faire écouter de la musique ou des bandes sons qui sont familières au patient. Comme pour les patients éveillés et conscients, l’écoute de voix ou de sons familiers à une action apaisante car elle met en confiance le patient.

Les signes cliniques

Lors de mon stage en réanimation, j’ai pris en soin un patient, d’une quarantaine d’années, sédaté et ventilé. J’ai eu l’occasion d’assister à la visite de ses deux fils. C’est un patient calme et ayant peu de secrétions pulmonaires. Lorsque ses enfants sont entrés dans la chambre, le patient a fortement toussé, s’est agité et sa tension artérielle a augmenté.

L’infirmière présente avec moi lors de cette situation m’a expliqué qu’il était possible que

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A la suite de cette rencontre, je me suis questionnée sur un lien possible entre les signes cliniques et les émotions du patient sédaté. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu interroger les infirmiers sur leur expérience à ce sujet. C’est une notion qui est déjà ressortie dans ma phase exploratoire. En effet, les deux infirmiers exprimaient avoir déjà remarqué une tachycardie ou une bradycardie, un changement de la tension artérielle ou encore une crispation du visage lorsque les patients entendaient une voix connue ou bien lors d’un soin, d’un toucher particulier. Les infirmiers que j’ai interviewés lors de la phase d’approfondissement expriment également avoir remarqué des changements de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle. Cependant il est impossible de certifier que ces signes ont une réelle signification. L’infirmière n°3, suppose que si la réaction du patient est en lien avec la communication, alors celle-ci pourrait jouer un rôle dans le vécu de l’hospitalisation.

Pour l’infirmier n°4, le signe clinique le plus observé par le professionnel sont les larmes Certains médecins disent qu’elles peuvent être dues à une douleur, un réflexe lorsque le patient tousse par exemple mais il n’est pas exclu qu’elles soient dues à une émotion. On ne peut pas assurer leur signification. Dans le livre « Une larme m’a sauvée » (Lieby, 2014), la patiente pleure de tristesse de ne pas pouvoir montrer à son mari qu’elle est présente malgré les apparences. Ce n’est pas la première fois qu’Angèle Lieby pleure depuis son arrivée en réanimation mais cette fois-ci c’est différent, une larme coule. Les fois précédentes, sa tristesse n’était pas visible de l’extérieur.

Cet exemple montre qu’une larme peut être entrainée par une émotion. Il ne faut cependant pas généraliser. En effet, on peut repérer un signe clinique chez un patient sédaté mais il est impossible de connaître ce qu’il traduit. Une émotion ? Une douleur ? Un réflexe ?

Il va être interprété par une personne extérieure, un soignant ou un proche mais cette interprétation restera une hypothèse.

Les souvenirs sont propres à chaque patient. Ils peuvent malgré tout être influencés par le monde extérieur. Cela peut être l’environnement dans lequel le patient est mais également ce qu’il entend. Ces expériences me prouvent que le lien entre la personne sédatée et le monde extérieur est toujours présent. Dans ce sens, je peux émettre l’hypothèse qu’un environnement calme et apaisant pourrait influencer positivement leur ressenti et donc leur expérience de la réanimation. Les signes cliniques comme une tachycardie, une hypertension, un visage crispé ou encore une larme sont potentiellement des indicateurs sur

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les émotions du patient mais il reste néanmoins impossible d’en connaître réellement la signification.

A la suite des entretiens que j’ai menés je comprends l’importance de conserver une communication avec le patient. Elle permet à la personne de garder un lien avec le monde extérieur. Une communication adaptée est un outil pour apaiser un patient. Il faut cependant faire attention aux mots utilisés car ils peuvent parfois être mal interprétés par le récepteur et en conséquence l’angoisser. La communication conditionne inévitablement le vécu de l’hospitalisation.

D. Le journal de bord, un outil de communication avec les personnes sédatées

A la suite de mes recherches, j’ai compris que certains patients n’ont aucun souvenir de cette période de coma. La question que je me suis posée est : Comment cette absence est-elle vécue par les patients ?

Dans l’article « Coma et réanimation : pour une prise en charge relationnelle de qualité » (Grosclaude, 2007) ainsi que dans mon entretien avec la psychologue du service de réanimation, le terme de « trou réa » a été mentionné. « Le ‟trou réa” désigne l'amnésie consécutive à une hospitalisation dans un service de réanimation. Il advient chez les patients ayant vécu une période de coma, qu'elle soit provoquée par des sédatifs ou la conséquence neurologique d'une atteinte cérébrale ». (Wikipédia, 2020).

La psychologue explique que certains patients ressentent le besoin par la suite de revenir dans le service pour poser des questions lorsque les souvenirs ne sont pas présents. Pour combler cette absence, un journal de bord est mis en place. Il retrace le parcours du patient en réanimation. Il est souvent lu à distance de leur séjour à l’hôpital. L’article le « Journal de bord de réanimation » (Marconato et al, 2011) publié dans la revue Oxymag en 2011 détaille la mise en place de journaux de bord dans un service de réanimation. Des études ont démontré que l’utilisation de cet outil permet aux patients de mieux vivre leur hospitalisation. Il diminue le stress-post traumatique et agit positivement sur l’anxiété et la dépression. Il est mis en place pour les patients sédatés présents depuis au moins trois jours dans le service. A l’intérieur d’un carnet de bord, les soignants retranscrivent l’évolution de l’état de santé du patient, l’appel téléphonique d’un proche, des évènements importants de l’hospitalisation (premier mouvement, trachéotomie, extubation…). L’entourage du patient est également invité à écrire dans ce journal. Il peut y inscrire son ressenti, des messages de

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soutien, les événements de la vie quotidienne ou encore des éléments sur l’état clinique du patient. Le but de cet outil est de donner des repères temporels pour que la personne puisse se réapproprier son histoire. Marconato et al (2011), ont repéré une baisse d’utilisation du journal de bord lorsque le patient est de nouveau en capacité de communiquer verbalement.

En aval de l’hospitalisation, les patients et leur entourage expriment tous avoir apprécié cet outil. C’est également le retour que la psychologue reçoit, assurément c’est un dispositif apprécié des patients.

Les soignants expriment que le carnet de bord leur a permis de mieux connaître la personne soignée. Il permet de ne pas oublier la personne derrière le patient. Cette connaissance singularise la prise en soin dans l’objectif de diminuer l’inconfort du patient. Le journal permet également de ne pas oublier la personne derrière le soignant. En effet, le professionnel de santé laisse une trace des soins et actions qu’il a pu entreprendre pour le bien-être du patient. Les mots choisis sont propres à chacun, à sa personnalité mais également au lien que le soignant a avec le soigné, il laisse donc son empreinte en tant qu’individu.

Pour conclure, l’absence de souvenir, le « trou réa » est un élément qui influe négativement le vécu de l’hospitalisation. C’est pour cette raison qu’un outil de communication a été mis en place : le journal/carnet de bord. Un dispositif qui fait ses preuves et qui permet de diminuer le risque de syndrome post-traumatique à la suite d’une hospitalisation en réanimation. Personnellement, c’est un outil que je n’ai pas eu l’occasion d’utiliser lors de ma pratique professionnelle.

E. Le réveil brutal

L’article « Coma et réanimation : pour une prise en charge relationnelle de qualité » (Grosclaude, 2007) évoque l’étape de l’éveil. Il représente la fin du coma. C’est une phase transitoire dans laquelle le patient est en capacité d’entendre, de comprendre de mémoriser ce qui l’entoure. Comme j’ai pu l’apprendre lors de la phase exploratoire, selon Grosclaude, (2007) au réveil le patient est dans un monde de survie. C’est une étape qui peut être traumatique. Ce qui est ressortit de mes entretiens et recherches c’est que durant cette période les patients ressentent souvent un sentiment de persécution. Pour la psychologue, c’est souvent le réveil qui est difficile. Les patients se sentent souvent persécutés, frustrés de ne pas pouvoir parler à cause de l’intubation et de ne pas comprendre ce qui leur arrive. C’est

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la raison pour laquelle le choix des mots utilisés dans la communication verbale est essentiel.

De par ce sentiment de persécution, il ne faut pas laisser place à une mauvaise interprétation des paroles dans le but de ne pas compliquer le réveil.

L’article « La communication, un apprentissage au service du prendre soin » (Terrat, 2020) explique que l’émetteur code un message et que le récepteur, lui, décode ce même message.

Pour une bonne compréhension il est nécessaire d’utiliser un langage adéquat. Le rôle du soignant est d’utiliser un lexique que le soigné comprendra afin ne pas créer un frein à la communication. Le récepteur doit se concentrer pour entrevoir le sens réel du message.

Cependant, comme j’ai pu le voir, au réveil le patient n’est pas encore en capacité de décoder les discours de l’émetteur.

C’est un concept que j’ai abordé avec la psychologue lors de l’entretien. Elle explique que les premières paroles au réveil vont être déterminantes pour la suite de la prise en soin.

L’infirmier n°4 est en accord avec cette pensée et ajoute un élément important. Il explique qu’une mauvaise interprétation des mots est en partie causée par les médicaments utilisés notamment les morphiniques. Les hallucinations et la confusion font partie des effets indésirables que l’on a pu apprendre au cours de l’unité d’enseignement 2.11 (Pharmacologie et thérapeutiques).

Le terme « je vais vous aspirer » illustre bien cette idée. C’est une phrase souvent utilisée en réanimation. La pensée du soignant est qu’il va aspirer les secrétions pulmonaires du patient. Grosclaude (2007) relate que ces paroles sont comprises telles qu’elles sont. Le patient n’est pas en capacité de comprendre le sens réel de cette phrase. L’infirmier n°4 explique que certaines personnes vont avoir l’impression qu’ils vont être « aspirés dans un vortex ». Cette tournure de phrase peut réellement angoisser le patient et peut également amener le soigné à avoir peur du professionnel de santé. Selon l’IDE, la communication est bénéfique dans la prise en soin mais elle peut également être un frein si elle est mal utilisée, elle peut créer une incompréhension et par conséquent rompre la relation de confiance.

Le réveil va conditionner la suite de la prise en soin. Il est important d’utiliser des mots simples pour que le patient comprenne le sens réel de la phrase et ne puisse pas faire sa propre interprétation.

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F. Les bénéfices de la communication pour les soignants La communication dans les soins

Ma question de départ porte en partie sur les bénéfices de la communication pour les soignants. J’ai d’abord voulu connaitre l’importance que les infirmiers donnaient à la communication dans leurs soins. J’ai pu remarquer que cela dépend de chaque personne, de sa personnalité et de son vécu. C’est une notion que j’ai retrouvé dans l’article « La communication, un apprentissage au service du prendre soin ». (Terrat, 2020)

En effet, il reprend les principes de la communication et explique que « la façon de communiquer est dépendante du cadre de référence de chacun, c’est-à-dire nos valeurs, notre éducation, notre religion, etc. » (Terrat, 2020). Dans une même situation, deux soignants ne communiquent pas de la même façon avec le patient. Les entretiens que j’ai menés ont appuyé cette affirmation car les deux infirmiers ont des visions différentes.

Depuis son arrivée en réanimation, l’infirmière n°3 a pris en soin des patients sédatés sur différentes durées. Elle explique que la communication est primordiale pour elle car cela permet de ne pas « déshumaniser le soin » et de vraiment considérer la personne. C’est une notion que j’ai également pu voir lors de la phase exploratoire. L’IDE a utilisé le même terme que l’infirmier du second entretien « humaniser le soin ». Le dictionnaire Larousse (s.d) propose deux définitions : « Humaniser c’est rendre quelque chose de plus humain, plus supportable à l’homme » et « rendre quelqu’un accessible à la pitié, lui inspirer de l’intérêt, de la compassion ». Par conséquent, la communication permet de ne pas oublier la personne derrière le patient.

L’infirmière n°3 exprime que communiquer avec son patient est un besoin pour elle. Cela lui permet de ne pas se perdre dans la technicité des soins et d’entretenir la relation de confiance, entre le soignant et le soigné, qui se fait à deux. Elle dit que pour elle « la communication c’est très important autant pour le patient que pour le soignant ». La sédation ne va pas influencer son attitude, elle ne fait pas la différence entre un patient éveillé et non-éveillé. La communication avec ses patients va lui permettre d’expliquer les soins qu’elle prodigue et de leur raconter les actualités dans le monde.

A l’inverse, l’infirmier n°4 a une vision un peu différente. Il adapte sa communication à chaque patient en prenant en compte son niveau de sédation et son état clinique. Devant un patient aréactif et avec une sédation lourde, l’infirmier exprime ne pas parler avec le patient car il se dit qu’il ne l’entend sûrement pas.

Il partage le fait que la communication est nécessaire à la construction d’une relation de confiance. Il voit les bénéfices à travers les patients. Pour lui, un des objectifs de la

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communication va être de rassurer le soigné. L’anxiété peut créer une difficulté.

L’apaisement d’un patient facilite la prise en soin et est donc bénéfique pour le soignant.

Son avis diverge par rapport à celui de l’infirmière n°3, pour lui, la communication se fait à sens unique, le soignant vers le patient. En communiquant, les deux soignants ne ressentent donc pas la même chose. L’IDE n°4 se dit qu’il n’y a que lui qui communique avec son patient et qu’il y a de grandes chances pour qu’il ne l’entende pas. Dans ce sens, il est difficile de mettre la communication au centre du soin. L’infirmière n°3, quant à elle, trouve que la communication apporte à la qualité de ses soins et comble un besoin personnel. Établir une communication est donc plus facile car elle est bénéfique pour la soignante.

La raison pour laquelle les deux infirmiers ne communiquent pas de la même façon avec les patients est qu’ils sont deux personnes distinctes avec des besoins différents.

Ils savent tous les deux que communiquer est bénéfique aux patients et nécessaire à la construction de la relation de confiance mais c’est plus facile à appliquer pour l’infirmière n°3 en raison de son tempérament.

La communication ne s’exprime pas seulement avec des mots. Dans la partie exploratoire, j’ai étudié l’article intitulé « Communiquer avec le patient et ses proches, une priorité en réanimation » (Delpierre, 2019), publié dans la revue l’aide-soignante. Il explique que la communication non verbale correspond à 70% de la communication. Terrat (2020) relate qu’elle est la communication la plus sincère. En effet, il est difficile pour une personne de contrôler son langage non verbal car il est instinctif. L’auteure explique également qu’il faut savoir observer la communication non verbale à travers le regard, les expressions faciales ainsi que la posture du patient. Le corps traduit de façon authentique les émotions. Le langage non verbal est encore plus important lorsque l’émetteur est privé de la parole.

L’observation est donc, pour les soignants, une des clés qui leur permet de comprendre les émotions du patient.

Le toucher fait partie intégrante de la communication non verbale. Cependant, il est plus difficilement utilisé par les soignants car il demande un investissement plus personnel.

L’infirmier interviewé lors du dernier entretien exprime être beaucoup dans le verbal, dans l’explicatif et peu dans le toucher. Il met cette analyse en lien avec son caractère. En effet, dans sa vie personnelle, il est peu tactile avec son entourage. L’infirmière jeune diplômée, se sent également plus à l’aise dans le langage verbal. Elle exprime qu’elle « aurait peur de se perdre dans le toucher et d’en oublier la parole ». Il faut toujours prendre en compte la

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Les bénéfices de la communication pour le soignant vont donc dépendre de la personne.

Pour certains professionnels, elle comble un besoin, pour d’autres elle facilite la prise en soin. Il est difficile de généraliser car plusieurs facteurs entrent en jeu comme le tempérament du soignant, ses besoins, le lien qu’il a avec le patient… Cependant les IDE sont en accord pour dire que, sans aucun doute, la communication permet la construction de la relation de confiance.

G. Les freins à la communication L’absence de feed-back

Il existe des freins à la communication spécifiques au service de réanimation.

Le premier est l’absence de réponse du patient. En effet, l’infirmier n°4 exprime avoir des difficultés à parler aux patients profondément sédatés ne montrant aucun signe de réveil. Le soignant pense avec conviction que la communication améliore le vécu de l’hospitalisation.

Cependant, du fait que le patient ne soit pas éveillé il est parfois compliqué de penser à communiquer. L’esprit est occupé par la charge de travail ou bien par les problèmes personnels. L’article « La communication, un apprentissage au service du prendre soin » (Terrat, 2020) reprend les quatre éléments composant le processus de communication : l’émetteur est celui qui code un message, le message en lui-même transmet une information, le récepteur décode ce message et enfin le feed-back correspond à la réponse du récepteur à l’émetteur. L’auteure met l’accent sur l’importance de la réponse. Pour qu’une communication dynamique est lieu, il est nécessaire qu’une réponse soit donnée, que le récepteur devienne émetteur à son tour. En l’absence de ce feed-back, le terme de monologue est plus adapté. L’infirmier n°4 exprime que la communication à sens unique est compliquée.

Il est plus facile de parler avec quelqu’un qui nous répond. De plus, il ajoute qu’il est possible que les patients n’entendent pas, il y a peu de personnes qui ont des souvenirs ou alors simplement des brides. Pour autant, il n’en fait pas une généralité. Il sait que certains patients ont des souvenirs de cette période et que, par conséquent, ils étaient en capacité d’entendre des paroles. Le fait de ne pas savoir si le patient est conscient, de ne pas être sûr que la communication établie soit bénéfique pour le patient entraîne un réel frein à l’élaboration d’une communication.

Comme j’ai pu l’observer lors de la phase exploratoire, l’absence de réponse du patient incite également les soignants à discuter entre eux devant le patient sédaté. L’infirmière n°3

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explique qu’un des pièges de la réanimation est de parler entre soignants en présence du patient. Lors de la toilette, le patient est inclus dans le soin. Les soignants le préviennent de leurs gestes mais il est parfois oublié dans la discussion. L’infirmière et l’aide-soignante vont aborder leur vie privée en oubliant que le patient peut comprendre la conversation.

L’infirmier n°4 appuis également cette pensée. Il relate que parler avec une personne qui répond est plus simple. C’est pour cela que les soignants échangent entre eux devant le patient. Cependant, il ajoute que ce n’est pas obligatoirement négatif. Le patient peut apprécier d’entendre d’autres sujets de conversation et, s’il est éveillé, il est invité à participer à l’échange. Il reste important de faire attention à ce que l’on peut dire ainsi qu’aux sujets que l’on peut aborder.

La sédation incite les soignants à parler sans inclure le patient dans l’échange. Le risque étant que le patient ne se sente plus pris en compte en tant que personne. Une communication entre les soignants en présence du patient peut être réalisée à condition de ne pas exclure le patient. Il est donc nécessaire de ne pas aborder des sujets trop personnels ou bien en rapport avec le patient. Il est également important de faire comprendre au soigné qu’il n’est pas oublié.

La technicité des soins

Lors de mon premier entretien, l’infirmière exprimait que la technicité des soins de réanimation pouvait être un frein à la communication. Dans ce sens, elle expliquait que pour réussir à apporter une communication adaptée au patient il fallait d’abord maîtriser les soins techniques. Pour développer cette idée, je trouvais intéressant d’interviewer une infirmière jeune diplômée, qui est toujours dans l’apprentissage de ces soins, pour découvrir son ressenti. L’infirmière m’explique que pour elle, la technicité n’est pas un frein à la communication mais au contraire parler avec son patient lors d’un soin va instaurer un climat rassurant. La communication est un soutien car parler normalement à son patient aide à normaliser la situation. Dans ce sens, je peux dire que la communication peut être bénéfique à la réalisation de soins techniques. Elle permet de rendre la situation moins stressante pour la soignante, ce qui va lui permettre d’être à l’aise lors de son soin. J’ai également voulu connaître l’avis d’un soignant plus expérimenté. L’infirmier n°4 relate que lorsqu’il a débuté il était très concentré sur les soins et que cela pouvait influer sur sa communication. La technicité de la réanimation joue un rôle dans la communication lorsque l’on est encore dans l’apprentissage. Avec son expérience, il a pu observer qu’être jeune diplômé ou étudiant

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communication. L’infirmier explique, qu’aujourd’hui, étant à l’aise avec les soins, il réalise que la technicité n’est plus un frein à sa communication.

La communication peut être bénéfique à l’élaboration d’un soin car elle instaure un climat de confiance. Cependant, la forte technicité des soins demande beaucoup de concentration, en particulier lorsque l’on est jeune diplômé ou étudiant. J’ai pu le constater en tant qu’étudiante. Dans tous les services et en particulier en réanimation, l’apprentissage des soins techniques demande du temps. L’attention est donc principalement porter sur le geste effectué à défaut de la communication avec le patient.

L’urgence

L’urgence fait partie intégrante d’un service de réanimation. Lors de mon dernier entretien, l’infirmier exprime que dans l’urgence la communication passe d’autant plus en second plan.

En effet, durant ces situations les soins techniques sont à effectuer dans la plus grande des rapidités. La concentration est encore plus centrée sur les soins. De plus, dans ces circonstances, la communication entre les soignants est primordiale pour assurer les meilleurs soins possibles. L’urgence engendre des situations de stress pour le soignant mais également pour le soigné. En plus de voir des professionnels de santé s’affairer autour de lui, sans la communication, le patient n’est pas en possession des informations nécessaires pour saisir ce qui lui arrive. Ce manque d’information peut être très anxiogène pour le patient, ce qui par conséquent complique la prise en soin. Pour arriver à mettre le patient au centre de sa prise en soin il est nécessaire qu’il comprenne ce qui lui arrive.

J’ai découvert qu’il existait des freins importants à la communication. Cependant, ils sont perçus différemment selon les soignants. L’infirmière n°3 porte une grande importance à la communication car c’est un besoin pour elle. Malgré les freins présents, l’intérêt qu’elle porte à la communication est supérieur. C’est pour cette raison qu’elle voit la communication comme une aide et non comme un frein à la réalisation des soins techniques. Pour l’infirmier n°4, l’élaboration d’une communication est plus compliquée car, pour lui, les bénéfices sont avant tout pour le soigné. De plus, le fait de ne pas savoir si le patient est conscient remet en doute les bénéfices que la communication pourrait lui apporter. Il est donc plus difficile de créer une communication lorsqu’il existe des doutes sur les bienfaits qu’elle pourrait apporter.

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