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Les bénéfices de la communication avec une personne sédatée

Pour comprendre les bénéfices de la communication, je trouvais intéressant de connaître en amont les souvenirs récurrents après une sédation. Dans la poursuite de cet objectif, j’ai réalisé un entretien avec une psychologue de réanimation, qui peut avoir le retour des patients sur leur vécu. Elle explique que les souvenirs qui reviennent le plus chez les personnes qui ont été sédatées sont le rêve et le cauchemar. Il y a aussi beaucoup de patients qui avaient la sensation d’avoir voyagé. Néanmoins, cela diffère d’un patient à un autre.

Toujours selon cette psychologue, il y a des patients qui peuvent se souvenir de tout, d’autres de certaines brides et d’autres encore n’ont aucun souvenir. Certaines personnes ont le besoin

de mettre un sens à ces souvenirs qui sont souvent imprécis. Les professionnels peuvent parfois aider les patients à trouver une signification potentielle.

Il faut savoir que le coma n’est pas forcément un épisode désagréable. La psychologue me fait part de l’expérience d’une patiente. Elle a tellement bien vécu la période de sédation que le réveil a été compliqué. Les souvenirs dépendent de la personne. En effet, certains ne vont pas se souvenir du soignant lors de l’extubation alors qu’elle nécessite d’une sédation légère, alors que d’autres auront de réels souvenirs. L’IDE de l’entretien n°4, prend l’exemple d’une patiente dont il s’est occupé. Elle dit se rappeler le prénom d’un infirmier qui l’a pris en soin durant sa sédation. En revenant dans le service, elle a tout de suite reconnu l’infirmier interviewé.

Les souvenirs en lien avec le toucher

En investiguant, pour les souvenirs en lien avec les voyages, la psychologue a fait le rapprochement avec des soignants qui s’exprimaient avec un accent. Le matelas à air et le bruit de l’oxygène pouvaient être associés à l’eau. Nous voyons que l’environnement peut conditionner le patient. Ici, les mouvements du matelas à air peuvent faire penser aux mouvements de l’eau. Ces souvenirs sont donc sensoriels. La psychologue est persuadée que le toucher dans les soins est bénéfique. Les patients sédatés ont souvent des souvenirs de contacts physiques et ont un rapport particulier avec leur corps.

Pour développer ce thème j’ai d’abord voulu connaître la définition du toucher. J’ai recherché dans les cours de l’unité d’enseignement 1.1 (Psychologie, sociologie, anthropologie) du semestre 1.

Comme j’ai pu le voir lors du cours sur le concept du toucher : « Le toucher constitue à la fois l’un de nos 5 sens mais aussi un moyen de communication en lien avec les émotions » (Banard et Brazelton, 1990 ; Montagu, 1971, 1979). Selon Martinez et al (2020), le toucher est divisé en trois fonctions : le toucher gnosique qui permet de reconnaître grâce à la perception. Le toucher ergotique est le moyen d’influer sur la matière et enfin le toucher pathique qui va permettre la communication non verbale. Le toucher pathique va donc permettre de faire passer des informations mais également des émotions.

L’article « Le toucher massage en réanimation » (Laulo et Sicamois, 2013) a été écrit par deux aides-soignantes travaillant en réanimation. Les auteures expliquent que l’abondance des soins techniques en réanimation contribue à la « déshumanisation dans la relation soignant soigné ». Pour favoriser cette relation, le toucher massage a été instauré dans le

service pour les patients mais également pour les professionnels de santé. Le contact peau à peau entre le soignant et le soigné est nécessaire pour établir un lien de confiance. Le toucher massage a pour but de redonner confiance au patient et de l’aider à se réapproprier son corps.

C’est une pratique fortement appréciée par les soignés car elle va accorder un moment de détente au sein d’un service qui peut être anxiogène.

Je remarque les bénéfices du toucher relationnel avec des patients éveillés et conscients.

Étant donné que les patients sédatés sont en capacité d’intégrer des informations sensorielles nous pouvons émettre l’hypothèse que le toucher relationnel peut avoir les mêmes bénéfices que pour une personne non sédatée. Par conséquent, il pourrait permettre au patient d’être apaisé dans toutes les étapes de son hospitalisation.

Les souvenirs en lien avec l’ouïe

Lors du deuxième entretien, la psychologue de réanimation relate que parfois des souvenirs sont en lien avec l’actualité, comme si les patients l’avaient entendue. Je trouve que c’est un élément intéressant car si les patients ont des souvenirs en rapport avec l’actualité c’est qu’ils ont dû entendre l’information par les soignants ou par des proches En plus d’écouter ces nouvelles, les patients ont été en capacité de la mémoriser. Ces souvenirs montrent qu’une personne sédatée peut garder un lien avec le monde extérieur grâce à l’ouïe. Par conséquent, la communication verbale pourrait être un élément capable d’influer sur le ressenti du patient. C’est pour cette raison que la psychologue de réanimation incite les familles à parler à leur proche lorsqu’il est sédaté mais également à leur faire écouter de la musique ou des bandes sons qui sont familières au patient. Comme pour les patients éveillés et conscients, l’écoute de voix ou de sons familiers à une action apaisante car elle met en confiance le patient.

Les signes cliniques

Lors de mon stage en réanimation, j’ai pris en soin un patient, d’une quarantaine d’années, sédaté et ventilé. J’ai eu l’occasion d’assister à la visite de ses deux fils. C’est un patient calme et ayant peu de secrétions pulmonaires. Lorsque ses enfants sont entrés dans la chambre, le patient a fortement toussé, s’est agité et sa tension artérielle a augmenté.

L’infirmière présente avec moi lors de cette situation m’a expliqué qu’il était possible que

A la suite de cette rencontre, je me suis questionnée sur un lien possible entre les signes cliniques et les émotions du patient sédaté. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu interroger les infirmiers sur leur expérience à ce sujet. C’est une notion qui est déjà ressortie dans ma phase exploratoire. En effet, les deux infirmiers exprimaient avoir déjà remarqué une tachycardie ou une bradycardie, un changement de la tension artérielle ou encore une crispation du visage lorsque les patients entendaient une voix connue ou bien lors d’un soin, d’un toucher particulier. Les infirmiers que j’ai interviewés lors de la phase d’approfondissement expriment également avoir remarqué des changements de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle. Cependant il est impossible de certifier que ces signes ont une réelle signification. L’infirmière n°3, suppose que si la réaction du patient est en lien avec la communication, alors celle-ci pourrait jouer un rôle dans le vécu de l’hospitalisation.

Pour l’infirmier n°4, le signe clinique le plus observé par le professionnel sont les larmes Certains médecins disent qu’elles peuvent être dues à une douleur, un réflexe lorsque le patient tousse par exemple mais il n’est pas exclu qu’elles soient dues à une émotion. On ne peut pas assurer leur signification. Dans le livre « Une larme m’a sauvée » (Lieby, 2014), la patiente pleure de tristesse de ne pas pouvoir montrer à son mari qu’elle est présente malgré les apparences. Ce n’est pas la première fois qu’Angèle Lieby pleure depuis son arrivée en réanimation mais cette fois-ci c’est différent, une larme coule. Les fois précédentes, sa tristesse n’était pas visible de l’extérieur.

Cet exemple montre qu’une larme peut être entrainée par une émotion. Il ne faut cependant pas généraliser. En effet, on peut repérer un signe clinique chez un patient sédaté mais il est impossible de connaître ce qu’il traduit. Une émotion ? Une douleur ? Un réflexe ?

Il va être interprété par une personne extérieure, un soignant ou un proche mais cette interprétation restera une hypothèse.

Les souvenirs sont propres à chaque patient. Ils peuvent malgré tout être influencés par le monde extérieur. Cela peut être l’environnement dans lequel le patient est mais également ce qu’il entend. Ces expériences me prouvent que le lien entre la personne sédatée et le monde extérieur est toujours présent. Dans ce sens, je peux émettre l’hypothèse qu’un environnement calme et apaisant pourrait influencer positivement leur ressenti et donc leur expérience de la réanimation. Les signes cliniques comme une tachycardie, une hypertension, un visage crispé ou encore une larme sont potentiellement des indicateurs sur

les émotions du patient mais il reste néanmoins impossible d’en connaître réellement la signification.

A la suite des entretiens que j’ai menés je comprends l’importance de conserver une communication avec le patient. Elle permet à la personne de garder un lien avec le monde extérieur. Une communication adaptée est un outil pour apaiser un patient. Il faut cependant faire attention aux mots utilisés car ils peuvent parfois être mal interprétés par le récepteur et en conséquence l’angoisser. La communication conditionne inévitablement le vécu de l’hospitalisation.

D. Le journal de bord, un outil de communication avec les personnes