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RÉALISME ET HUMANISME

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Dans la Première Partie de notre travail, nous avons envisagé la personnalité, la vie et la formation de l’œuvre d’Helli Alexiou selon la perspective de l’histoire, telle que cette notion a été circonscrite par Paul Ricœur, c’est-à-dire conformément à des événements décrits selon des configurations qui recèlent des éléments de fiction, sans cependant que ceux-ci déforment fondamentalement sa figure; si ce n’est sous une forme idéalisée.

Dans cette Deuxième Partie, nous souhaitons engager une transition progressive vers son œuvre où la fiction recouvre la vie et les événements que ses romans cherchent à relater à travers le genre littéraire, assumé par Helli Alexiou selon plusieurs approches et fictions. Le réalisme qui caractérise une grande partie de son œuvre, où l’autobiographie fait souvent irruption, atteste ici une présence qui souvent subvertit la fiction, alors que celle-ci ne perd jamais ses droits et sa force créatrice. C’est l’intérêt principal de son œuvre d’alimenter cette ambiguité, qu’il convient maintenant de relever et d’analyser.

Lorsqu’on se réfère généralement à la personnalité d’Helli Alexiou, on évoque toujours quatre grandes caractéristiques : elle est Grecque, d’origine crétoise. Institutrice et écrivain. De ce qui précède, on sent que ces quatre composantes ont fortement contribué à former, voire à déterminer sa vie, mais également son œuvre littéraire. En résumé, Helli Àlexiou aimait son métier, la littérature, sa patrie la Crète, son pays la Grèce, le monde, les enfants et par dessus tout, l’homme, en tant que valeur suprême et pour laquelle elle s’est toujours battue. Elle a vécu iritensément toutes ces passions qui ont été pour elle une source d’inspiration inépuisable pour l’ensennble de ses écrits. Et comme nous l’avons souligné dans VIntroduction, s’il n’est pas toujours admis que l’analyse de l’œuvre de tout écrivain exige une étude approfondie de ses éléments biographiques, dans le cas d’Alexiou cette exigence est incontournable, elle devient même, on l’a vu et on le verra encore, un fil

conducteur. Son œuvre, principalement inspirée par son vécu et ses expériences quotidiennes, s’inscrit délibérément dans la réflexion concernant l’expérience de la vie. Comme le fait remarquer de façon très significative Panayiotis Kanellopoulos, « sa vie était aussi son œuvre. »’

Or, nous l’avons vu, ses écrits forment un ensemble varié, car Alexiou était à la fois nouvelliste, conteur, romancière, dramaturge, essayiste, traductrice et critique. Marquée par un profond sens du réalisme, son œuvre littéraire présente également une portée de nature sociale. Et nous avons aussi insisté sur le fait qu’à travers les nombreuses pages qu’elle a écrites, nous découvrons sans cesse son souci pour le sort des enfants et pour toutes les personnes qui sont faibles ou démunies. Bien plus, nous découvrons sa volonté de se battre contre toute forme d’injustice sociale, ainsi que son désir d’améliorer la société et d’offrir la possibilité de construire un avenir meilleur pour chaque individu. Souci pour la souffrance de l’autre et quête d’une justice sociale constituent, nous le verrons par la suite, deux dimensions très Importantes de son écriture qui est axée surtout sur le monde de l’enfance et de l’adolescence. Ici nous souhaitons surtout revenir à la question du réalisme littéraire qui caractérise la plus grande partie de son œuvre, pour mieux circonscrire son sens et sa portée.

§1. Une littérature marquée par un profond sens du réalisme

Comme nous l’avons écrit dans la partie consacrée au contexte historique, entre 1912, date à laquelle éclatèrent les guerres balkaniques, et 1922, lorsque survint l’effondrement de l’Asie mineure, la Grèce connut un tournant historique important, marqué tant par des victoires que par des défaites. Ces événements ont contribué à provoquer des mutations au sein de la société grecque qui ont entraîné de nouveaux problèmes tant collectifs qu’individuels.

^ Panayiotis KANELLOPOULOS, EÀAfj AXe^lou. MiKpô A<p l épapa. (Helli Alexiou. Dans Petit hommage), Kastanibtis, Athènes, 1979, p.l6*

Plus concrètement, les mutations sociales ont profondément modifié les comportements individuels; surtout avec l’arrivée en Grèce de milliers de réfugiés, qui apportaient, en plus de la misère, de nouvelles cultures. Certes, ces problèmes existaient déjà à la fin du xix® siècle, mais selon un état qui était encore embryonnaire, ce qui n’avait pas permis à la majorité des intellectuels de l’époque de prendre vraiment conscience de leur ampleur. Lorsque nous nous penchons un peu sur l’histoire contemporaine de la Grèce, nous constatons donc que celle-ci a joué un rôle important sur l’évolution de la littérature de ce pays.

Déjà avant les guerres balkaniques, la Grèce connaissait une littérature empreinte d’un caractère social, dont les principaux représentants étaient Kostas Théotokis et Georges Xénopoulos, mais elle n’avait pas encore pris un essor suffisant pour créer un courant de pensée perceptible^. Cette littérature manifestait un grand conformisme moral et se limitait à décrire uniquement et ie pius fidèlement possible les classes sociales qui existaient à l’époque et les mœurs d’une façon très conventionnelle, sans chercher à analyser en profondeur et à dépeindre les conflits de classes qui commençaient à se manifester avec vigueur entre la classe dirigeante et le peuple. Il y a lieu de rappeler également que ces intellectuels étaient pour la plupart d’origine bourgeoise et, de ce fait, pius sensibles aux intérêts de cette classe qu’au sort des plus démunis. L’idée d’une opposition de classes et de la lutte des classes n’était pas à l’ordre du jour.

Nous l’avons vu, il faudra attendre la fin de la Première Guerre mondiale, sans doute aussi la révolution d’octobre 1917 en Russie, pour constater une réelle prise de conscience des divers changements sociaux et l’émergence d’un intérêt croissant de la part des intellectuels de l’époque à leur égard. C’est dans ce contexte que nous voyons apparaître une nouvelle génération d’écrivains, dont les plus représentatifs sont Démosthène Voutiras, Kostas Paroritis et Pétros Pikros, empreints d’un profond sens du réalisme, et

^ Andréas PCARANTONIS, rrjç 'EXXrjç AXe^tou. MiKpô A(p L é papa, ( Proses d'Helli Alexiou. Dans Petit hommage),

qui commencent à se préoccuper davantage du sort du peuple^ Ils réussirent, chacun à sa manière, à décrire la façon de vivre des populations, leurs problèmes, leurs inquiétudes et surtout leur désarroi face à la vie et à l’avenir. En l’occurrence, la dure réalité de la vie présente un tableau qui n’est pas toujours heureux et dans lequel l’art, dans toutes ses expressions, sert d’instrument ou plutôt de véhicule pour témoigner et décrire les choses telles qu’elles paraissent sans chercher désormais à les embellir, ni à les dissimuler. Mais, en même temps, l’écriture des écrivains qui en tiennent compte, cherche à ouvrir la réflexion sur l’espoir et non sur le désespoir.

Plus concrètement, les écrivains grecs sont influencés par les modèles européens d’après-guerre. Par exemple, en 1929, Théotokas, avec son livre Esprit libre, invite les jeunes grecs à se lancer dans un nouveau style de prose qui se veut plus libre, rempli d’un plus grand optimisme^. On voit d’ailleurs apparaître un nouveau mouvement marqué par des valeurs novatrices qui sont, pour l’époque, plus osées et provocatrices et qui ne sont pas toujours optimistes, au contraire. À cet égard, nous pouvons citer ici Zqt] ev Tâcpco {Vie dans la tombe) de Myrivilis et Noûyiepo {Numéro) de Venezis, des proses inspirées par la période de la guerre en Grèce entre 1912 et 1922. Mais la littéràtufe grecque rie connaîtra vraiment qü’en 1931 une année décisive pour son essor, notamment dans le domaine dé la prose et de la poésie. C’est à ce moment que paraît le fameux recueil de poésies de Georges Seféris, Tournants, qui est considéré, aujourd’hui, par un grand nombre d’intellectuels, comme étant le premier livre présentant une poésie d’un caractère tout à fait nouveau, car elle se démarque de toutes les tentatives novatrices traditionnelles^

Dans lé sillage dé Seféris fait son apparition une série d’œuvres qui marquent le début d’une renaissancé littéraire en Grèce. C’est parmi ces œuvres que nous trouvons celles d’Helli Alexiou qui s’inscrivent parfaitement dans ce cadre de renouveau. Avec son esprit éclairé, curieux et ouvert, Alexiou manifeste un grand intérêt pour ces changements et se montre tout de suite réceptive aux messages de ce courant intellectuel ;

^ Ibid.

Ibid. fp. 134 . ^ Ibid.

éclairée par la dimension sociale de l’écriture, elle est prête à défendre les réformes linguistiques qui se font tant dans le domaine de la littérature que de la pédagogie.

Par conséquent^ si nous voulons chercher à situer Alexiou dans un mouvement littéraire, nous pouvons dire qu’elle appartient à cette génération d’écrivains grecs d’après-guerre. Mais, en même temps, il y a lieu de nuancer cette classification et de préciser qu’elle n’a jamais cherché à suivre fidèlement un courant littéraire quelconque. Comme dans les années trente la plupart des écrivains grecs étaient réalistes, c’est parmi eux qu’elle a trouvé une place qui lui convenait le mieux, car le réalisme était son seul «vrai» moyen d’expression. Aussi, lorsqu’on se penche sur sa vie et sur sa façon d’être, elle donne l’impression qu’elle était réaliste de nature, ce qui n’exclut pas une sensibilité idéaliste aiguë qu’elle puisera dans le communisme.

Selon Eugénie Zikou, Helli Alexiou était quelqu’un de sensé et même de très logique, elle avait toujours les pieds sur terre et surtout elle prônait des valeurs et des principes qu’elle ne pouvait défendre et exprimer qu’à travers un style réaliste. Certes, elle fut fortement influencée par ses nombreuses lectures et par les différents changements qui se produisirent autour d’elle pendant toute sa vie, mais elle ne disait jamais qu’elle faisait partie ou qu’elleis’inscrivait dans un courant littéraire en particulier®. C’est cette prise de position qui donne un sens précis à l’analysé de la partie précédente de notre travail.

Comme nous l’avons vu, en effet, la personne qui a joué le plus grand rôle dans sa vie fut son père. Il ia poussait sans cesse à s’instruire, à lire, à apprendre des languesv etc. C’est grâce à lui qu’elle a acquis une grande, culture générale, qu’elle à développé ses idées progressistes, de même que son intérêt pour tout ce qui est social. Certes, on l’a vu, lorsque nous examinons la place qu’ont occupé les grands écrivains de sa famille; Galatée et Nikos Kazantzakis, nous constatons qu’elle fut très importante, car Helli < a énormément appris d’eux. Mais d’un point de vue strictement littéraire, ils n’ont pas vraiment exercé une influence dédsive sur ëlle, si ce n’est sur certains points.

® Propos recueillis au cours de l'entretien que nous a accordé Eugénie ZIKOU, op.cit.

Pour prendre l’exemple de sa sœur Galatée, cette dernière se distinguait par son avant-gardisme, par le fait qu’elle aimait provoquer les gens avec ses idées et qu’elle osait dire ce qu’elle pensait. Pour cette raison on la voyait comme une figure révolutionnaire pour son époque. Dans ce sens, elle n’avait que peu de choses en commun avec sa sœur cadette qui préférait se pencher essentiellement sur les divers problèmes sociaux qui frappaient la société, et qu’elle analysait avec acuité en dehors d’un souci de provoquer le lecteur en les surdéterminant. Helli n’écrivait des histoires que si celles-ci l’avaient profondément émue et qu’elle ressentait le besoin de les partager avec ses lecteurs^, même si ses idées n’étaient jamais supplantées par une volonté rhétorique, ni par une recherche de style littéraire à tout prix. Son rapport avec N. Kazantzakis est plus formel et son Influence sur elle date du début de son écriture.

Ces différents facteurs ont déteint sur l’ensemble de son œuvre où se précise un réalisme surtout et exclusivement de nature sociale, du fait de l’importance primordiale qu’elle accorde à l’homme. Nous avons déjà beaucoup insisté sur sa volonté de se placer toujours du côté du peuple, et plus spécialement des plus faibles, des marginaux, des exclus et des démunis. Mais cette perspective, qui évite chez elle la violence du discours, trouve son complément dans ce qui transparaît dans ses écrits, à savoir, d’une part, l’éducation qu’elle a reçue au sein de sa famille, fondée sur l’amour d’autrui, et, d’autre part, ses convictions idéologiques de gauche qui cherchent sans cesse à défendre les droits fondamentaux de tout être humain, à se battre contre toute forme d’injustice et à condamner l’inégalité sociale. C’est la conjonction de ces facteurs qui la poussèrent à écrire, à s’exprimer à travers la création littéraire, même s’il faut reconnaître que sans le milieu dans lequel elle a vécu, elle n’aurait peut-être jamais franchi le pas décisif. C’est cette complexité qu’il faut saisir en partant des points forts de sa propre recherche sur la vie.

En effet, Helli Alexiou disait que lorsqu’elle voyait qu’il y avait eu une injustice, elle ressentait le besoin pressant de la dénoncer, et elle se mettait alors

à l’écrire, car si elle ne le faisait pas elle-même, elle avait l’impression d’être en train de cacher un crime.

« C’est ainsi, disait-elle, que je ressens l’écriture : comme la découverte d’une injustice, qui lorsque nous la voyons, nous devons la dénoncer. J’ai écrit cent vingt nouvelles. Et dans les cent vingt, si on me demande pourquoi elles furent écrites, j’expiiquerai pour quelle Injustice, je dirai ce qui m’a dérangé psychologiquement et qui a créé en moi le besoin de dévoiler un défaut de la société. »®

En somme, la conjonction entre l’écriture et ses motivations d’ordre éthique est ainsi manifestée et éclaire l’originalité de sa démarche. Pour elle l’écriture était devenue un instrument de révolte, une forme d’expression qui l’aidait à marquer sa désapprobation envers le système qui régissait la société. Et cet instrument faisait en quelque sorte partie de sa vie, comme un membre de son corps et une facüité de son âme, À ce sujet, il nous vient à l’esprit la définition donnée par Andréas Karantonis dans son livre Physionomies, de ce qu’il considère être un grand écrivain :

« Le grand prosateur est celui qui réussit à structurer son œuvre sur l’un des axes centraux de l’âme de son peuple. »®

Cette formulation correspond très bien à Helll Àlexiou. Mais on pourrait ajouter qu’elle mit son âme et son corps au service de l’âme d’un peuple dont elle évalua les souffrances et les aspirations, au point de les sentir en elle-même. Elle a souffert pour les gens et s’est battue à leurs côtés.

® «Mon bonheur c'est mon parti», op.cit.

« Etat V LÛ0CÙ to anoKO£Aui|fr) vilcxç aÔLKiaç, nou ôiav ir| pXénoupe npéne l va ir|v KaTayYÉAoupe. Exu l 120

5 LHYOPcnia. Ka L aia 120, av pe poxfiaouv yi-oh^l YP“<PTr)Kocv, 0a e^riYnow Y>-C< noia aôLKia, 0a nu tl pe evôxAr|ae ij/uxiKà Kai pou YÉvvpae ipv ovÔYKri va anoKaÀ\jil;o éva xpoxo xpç KOLVcoviaç. » ^ Andréas KARANTONIS, (Pualoywap i €ç, (Physionomies) , Difros, Athènes, 1959, p.ll5.

« Msy^'^oÇ neÇoYpâ^poç eivat auxôç nou nexuxcKLvei Kai 5opei xo épYO xou nàvu ae évav anô xouç KevxpiKoûç àÇoveç xpç ijruxfiç xou Aaoû xou. »

Plus exactement, elle a édifié son propre monde à travers cette proximité, qu’elle a réussi à préserver et à féconder tout au long de sa vie.

Toutes ces données nous portent au seuil des concepts méthodologiques que nous avons mis en scène dans l’introduction, en nous inspirant du travail de Paul Ricœur, réaménagé par Lambros Couloubaritsis. Nous constatons ici l’importance de la préfiguration (souvenirs de faits et événements), de la configuration (descriptions et mise en scène des faits et événements) et de la refiguration (agrément des récits reçus par le lecteur). Reste le statut de la configuration liée à l’imagination qui est peu développée par P. Ricœur et dont l’importance apparaîtra dans notre analyse des contes pour enfants imaginés par Helli ALexiou.

Mais revenons un peu au réalisme que nous trouvons dans ses livres. En fait, c’est dans les propres souvenirs de sa vie qu’elle puise la plus grande partie de son inspiration. Les histoires qu’elle écrit sont le fruit de sa mémoire et se caractérisent par la description de faits et d’événements qu’elle a vécus et dans lesquels la fantaisie occupe une place qui est accessoire. Dans ce sens, elle répond à l’idée que se faisait Solomos de la fantaisie. Pour lui, ni cette dernière, ni la passion sont des caractéristiques représentatives d’un bon écrivain, car toutes les deux se soumettent à l’arf®. Dans l’œuvre d’Helli Alexiou, le réel est constamment présent, tandis qu’à la fantaisie, elle n’y fait appel, du moins selon G. Manoussakis, que lorsqu’elle en a vraiment besoin pour agrémenter ses récits et les rendre moins monotones d’un point de vue littéraire."

En parlant en effet de la façon d’écrire de l’auteur, G. Xatzinis disait que dans ses livres :

Cette idée que se fait Solomos de la fantaisie est tirée de la critique de Fotos Politis dans KpiTiKq Uapouaîaaq iiéaa oto

/3t/3A£o Tqç EAAryç AXe^iou SKXsipoi Ayéveç yior Mixpq Zaq.

{Présentation d'une critique dans le livre d'Helli Alexiou : Rudes combats pour une petite vie), Kastaniotis, Athènes, 1978^ p. 7.

Georges MANOUSSAKIS, H eiKÔva Tqç Kpqxqç axo cpyo xqç EAAqç AXe^Lou. MiKpô Acpiépapa, {L'image de la Crète dans l'œuvre d'Helli Alexiou. Dans Petit hommage), op.cit., p.l74.

« la fantaisie serait pour elle quelque chose de superflu, puisqu’elle peut puiser dans la vie elle-même (...) tous ces éléments qui lui sont nécessaires pour mener à bien son arty comme elle le ressent (...)

Bien que cette façon de voir mette en évidence l’imagination, elie nous semble insuffisante et restrictive, dans la mesure où Alexiou, à l’instar de tous les créateurs littéraires, confère à la fiction, et donc à l’Imagination créatrice, un rôle central dont la force apparaît dans la mise en Intrigue qui est davantage qu’un artifice pour rendre le récit plus attrayant. Nous le verrons dans ses romans, mais surtout dans ses contes. Mais ce qui semble pertinent, dans l’approche de Manoussakis, c’est l’usage que Alexiou fait des souvenirs de sa vie qui forment un fonds dans lequel elle puise les ressources de son écriture. Il convient de faire la part, dans son œuvre, de ce qui appartient à la temporalité de son histoire personnelle qui concerne les détails de la vie quotidienne, et de ce qui façonne le monde de la fiction grâce auquel elle édifie ses contes pour enfants. Mais, laissons entre parenthèses, pour le moment, la question de la fiction qui met en jeu le rôle de la configuration, et pénétrons plus profondément dans le domaine qui touche sa vie même. D’autant plus que, nous l’avons dit, la fiction elle-même s’enracine dans les choses de la vie. La référence aux « détails » nous renvoie en effet à la vie quotidienne.

La réalité de la vie quotidienne devient pour Alexipu une source fondamentale et inépuisable d’inspiration. Elle se plaisait à observer et à s’intéresser à tout ce qui se passait autour d’elle. Elle parvient à retranscrire ces souvenirs avec art grâce à son talent d’écrivain et à sa façon d’écrire qui se caractérise principalement par une simplicité de style un réalisme poignant. C’est là encore que réside une autre des grandes particularités de l’auteur, à

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