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MILIEUX SOCIAL ET POLITIQUE

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§ 1. Les cercles d’amis

Tout comme son milieu familial, le cercle d’amis d’Helli Alexiou fut également une véritable école qui contribua à former sa personnalité et à développer son talent littéraire. Il va de soi que nous ne signalerons que le cercle littéraire proche d’Helli Alexiou sans nous étendre sur le contexte général de la littérature grecque à l’époque, autrement plus riche.

Dès son enfance, Helli avait appris à découvrir à travers ses lectures des grands auteurs et intellectuels grecs et étrangers et s’était familiarisée avec les différents courants littéraires qui existaient en Grèce et ailleurs. Elle doit cela, notamment, au fait que sa sœur Galatée se pourvoyait toujours en livres qui venaient de l’étranger, avant même que ceux-ci paraissent en Grèce®’. Helli fut également très vite initiée à connaître et à apprécier la pensée européenne, ainsi que la culture française. Ces divers facteurs l’ont considérablement aidée à élargir ses connaissances et à développer un esprit critique du niveau des grands intellectuels de son époque. C’est ainsi que, très jeune, elle se trouva plongée dans un milieu de personnalités marquantes et d’hommes de lettres.

Lorsqu’elle se rendit pour la première fois à Athènes en 1911 chez sa sœur Galatée, elle n’avait que dix-sept ans. C’est alors qu’elle rencontra le cercle très connu de « Dexaméni », que fréquentaient des personnalités telles que Nikos Kazantzakis, Kostas Varnalis, Marcos Avghéris, Konstantinos Théotokis, Antonis Travlantonis, Andréas Karkavitsas, loannis Kondylakis, Yannis Gryparis, Miltiadès Malakassis, Anghelos Sikélianos, ainsi que Vassos Daskalakis, son futur mari - autant de noms qui avaient acquis une grande renommée à cette époque dans le monde des lettres en Grèce, voire même à l’étranger. Il s’agissait bien d’un espace culturel de domination et de conflits où les positions et les valeurs de chacun s’évaluaient en fonction des positions respectives des

uns et des autres. Bref, il s’agissait d’un « champ littéraire » fécond (pour reprendre ici la terminologie de Pierre Bourdieu), qui a joué un rôle déterminant dans la vie d’Helli, surtout que ce milieu était celui de sa sœur Galatée.

Comme nous l’avons vu plus haut, Galatée était très cultivée et disposait d’un étonnant talent littéraire (on entendait souvent dire que la Grèce avait trouvé en elle sa « Georges Sand » et que la Crète y reconnaissait sa « Grande dame ») ; elle jouissait d’un grand respect tant de la part du cercle des écrivains et des poètes classiques, que de celui des personnalités politiques de son époque. Sa jeune sœur, Helll, commença également à se familiariser timidement avec ce monde, recherchant à son tour sa propre place dans un milieu qui, à l’époque, était à ses yeux à la fois imposant et attirant. Ainsi, malgré le fait que sa personnalité et surtout son talent d’écrivain tardèrent à se manifester, son horizon intellectuel ne pouvait que s’élargir à travers le milieu extrêmement cultivé auquel elle commençait à être introduite et qu’elle fréquentait grâce à Galatée. Ce milieu devint bientôt son « environnement naturel », comme elle se plaisait à dire, et auquel elle se sentit très vite vouée. Elle disait qu’en grandissant dans ce monde, elle était incapable d’émettre quelque jugement que ce soit, ni même savoir si elle était heureuse, car cette promiscuité avec ces hommes de lettres lui semblait être un « état naturel. »®^

Beaucoup plus tard, lorsqu’elle avait déjà atteint un âge avancé et qu’elle se tournait vers son passé et se revoyait avec les yeux d’un tiers, elle ne pouvait que constater que toutes ces connaissances dans ce cercle d’amis de personnalités connues, représentaient pour elle un ensemble de circonstances heureuses et exceptionnelles de son existence. En effet, à cette époque, elle menait une vie très intense et excitante qui la comblait à un tel point qu’elle en garde un des meilleurs souvenirs des moments de sa vie. Elle savait que ce milieu fut propice à son développement et que cette période fut un moment très favorable de son avenir.

Lors d’une interview accordée à Katerina Lambrinou, Helli Alexiou confesse que :

« Nous vivions une vie pleine d’activités. Nous vivions continuellement dans une formation de rêves en évolution, de rêves en cours de réalisation. Notre vie était d’un autre genre.

Lorsqu’elle a commencé à se détacher de Galatée et à voler de ses propres ailes, Helli a continué d’élargir seule son cercle de fréquentations, mais elle est restée fidèle à ses connaissances les plus sélectives. Son cercle d’amis comprenait toujours des hommes de lettres, mais il s’était enrichi de camarades, de militants de gauche, créant ainsi un milieu qui, comme elle le disait elle-même, lui permettait de se sentir en sécurité et heureuse, car elle y trouvait l’incarnation de ses valeurs humanistes.

Elle avait donc beaucoup d’amis, et elle aimait les recevoir chez elle, leur préparer des repas ou simplement leur offrir un café et passer un bon moment avec eux. Elle a toujours été entourée et se sentit aimée par des êtres qui lui étaient très chers, qu’ils soient politiquement de gauche ou de droite. Elle a même transformé sa maison de Kallithéa en véritable « salon ». On pourrait dire qu’elle était très aimée parce qu’elle savait aimer®^ également et donner le plus possible d’elle-même à autrui. Bref, elle avait réussi à convertir ces proximités spatio-temporelles en de véritables proximités relationnelles qui remplissaient positivement sa vie.

La poétesse Melissanthe écrit dans son journal à ce sujet que :

« De nouveaux poètes qui gardaient depuis le début une distance aristocratique par rapport aux autres, de nouveaux hommes de lettres appartenant à toutes les classes et à toutes les couleurs, les tempéraments les plus différents qui séparent toujours les êtres humains en écoles, en idéologies, en camps adverses en général, ont alors été présents au

Katerina LAMBRINOU, Tpaç Apôpoi, (Trois chemins) ,Autognosia, Rethymno, 1988, p.l8.

«Znaa]iE pia ^cûfi ôiapKoûç Spaaxrip LÔtriiaç. AiapKÛç péaa a'éva axripctx lapô oveipcDV ev eÇeXtÇeL, oveipcùv ev nporypaiono Lf|oe l . Htcxv ôcXXou eiôouç n paç.»

«Za apaia pe to napôv ôoo Kai pe to notpeXdôv», (Je vis bien avec le présent comme avec le passé), Elefthérotypia,

parloir d’Helli Alexiou. Et Helli toujours avec son tricot, simple et sérieuse, donnait un ton incomparable à la conversation avec son attachant discours qui la caractérisait tant, si spontanée, mais ayant toujours une observation opportune.

Pourtant, à la fin de sa vie, et en raison de son âge avancé, Helli Alexiou a perdu pratiquement tous ses compagnons qui faisaient partie de son cercle d’amis. Cela montre que les proximités ne sont pas faciles à conserver. Les aléas de la vie sont autant d’obstacles qu’ils bouleversent et subvertissent les relations, même si la mémoire les perpétue. Dans son œuvre autobiographique, elle se réfère fréquemment à ces brillantes personnalités de son temps qui, étant comme elle d’un certain âge, décèdent l’une après l’autre. Elle en souffre à chaque fois, comme s’il s’agissait d’un de ses parents, et ce parce qu’elle appartenait à la même famille spirituelle et parce qu’elle était en mesure de connaître le prix de leur disparition. C’est peut-être pour cette raison qu’elle ressentait de l’amertume lorsque, à quatre-vingt onze ans, elle constate que le monde qui vivait autour d’elle était « pauvre » en idées et en opinions. Et à la question que lui posa Katerina Lambrinou : « Que pensez-vous des jeunes écrivains ? », elle répondit :

« Aucun qui ne me plaise beaucoup. Il n’y a aucun dont je puisse dire : « quel novateur, quelle grandeur, quelles idées ! (...) Car j’aime les écrivains de la passion, non de la réflexion...» “

MELISSANTHE, TlaXiéç iivfi}ieç. Mixpô A(pi épcopa, (Souvenirs anciens. Dans Petit hommage), op.cit., p.53.

« NéoL noiriTÉç nou Kpàiriaofv an'irjV cxpxn pLCKV cxp LOTOKpat LKr|V anôaxaari an'iouç àXÀouç, véoi XoyoTÉxveç Kà0e làÇriç k«l TonoSéxri'^hÇ» °nio 5lacpopEX ixéç i5LoauyKpofaieç nou x“Pl^°uv nâvxa xouç av6p6nouç ae axoXéç, ae lôeoXoyleç, ae

CKVX napaxa^eiç, éôlvov xôxe, xo napôv axo

EVxeuKxfjpio xrjç EXXriç AXeÇiou. Kl r) "EXX^ nctvxa p£ xo nX^x^i^ô xriÇ/ anXn k«l aopapi^, éôive xov 5lkô xxjç c<venocvàXr|nxo xôvo otr] ouvxpocpiâ pe xr) Yvuuxn kl aÇiaY^nrixri x®po^Kxr)p lox lkfi xr|ç opiXia xôoo auSôpppxri, ocXXof k«l pe pia Kaipia nôvxa napax^ppap. »

Katerina LAMBRINOU, op.cit., p.23.

« Aev pe xpeXXaiVEL KavÉvaç. Aev unàpxel Kânoioç nou va pnopû va ncû X L KaivoûpYLOç, xl pEYàXoç, xl vofjpaxa (...) Alôxl pou apÉaouv OL ouyYPO'^^lç xou nôt0ouç, ôxl xpç OKSLjfpç. . . »

Ce sont de bien amères constatations pour Helli Alexiou qui vécut et grandit auprès de Galatée, de Nikos Kazantzakis et des fameux intellectuels de Dexaméni. Paradoxalement, une attitude aristocratique dominait en cette femme qui était pourtant si proche du peuple, qui discernait avec acuité et humanité la souffrance humaine. Nourrie par de multiples solitudes, elle gardait toujours une mentalité d’un être solitaire en quête d’amours en tout sens mais qui, en fin de compte, s’évanouissaient avec le cours du temps.

§ 2. Helli Alexiou et Nikos Kazantzakis

Dans cette description des cercles d’amis d’Helli Alexiou, nous ne pouvons éviter de parler un peu plus longuement de Nikos Kazantzakis. Nous avons voulu lui consacrer ces quelques pages, non pas parce qu’il est reconnu comme étant un écrivain exceptionnel tant en Grèce qu’à l’étranger, mais surtout en raison des moments privilégiés que Helli avait eu la chance de vivre avec lui, grâce aux liens familiaux qui ies ont tant rapprochés. Nous nous attèlerons principalement à parler de ces derniers sans vouloir toutefois analyser les divergences et les similitudes qui existent entre les deux auteurs dans le domaine littéraire, car, à elle seule, cette question pourrait faire l’objet d’une nouvelle thèse et, de plus, nous éloignerait de notre sujet.

A l’époque où Galatée est tombée amoureuse de Kazantzakis, celui-ci avait l’habitude de passer de longs moments chez les Alexiou. Helli n’avait alors que cinq ans. Elle s’est très vite prise d’une grande affection pour lui et a peu à peu commencé à découvrir les divers aspects de sa personnalité, une personnalité qui l’impressionnait énormément et qu’elle admirait à de nombreux égards. Le père de Galatée aimait Nikos et l’admirait également non seulement pour ses talents d’écrivain, mais aussi parce qu’il était un grand studieux et qu’il était toujours le premier de sa promotion, qualités qui, comme nous l’avons vu dans les premières pages de ce travail, le père appréciait par dessus tout.

La présence de Nikos Kazantzakis dans la vie familiale ne manqua pas d’exercer une grande influence sur Helli. Elle disait elle-même que :

« Je ressens encore une grande reconnaissance à son égard. Car j’ai grandi soüs son ombre civilisée. J’ai accepté de la part de Nikos dans de nombreux aspects du domaine intellectuel, son influence - qui était toujours très puissante et étonnamment efficace pour les jeunes qu’il approchait.

Helli était continuellement amenée à être le témoin de nombreuses conversations d’un très haut niveau dans la famille ou dans les cercles d’amis où Kazantzakis se trouvait souvent au centre. Ces discussions l’ont aidée à développer son esprit intellectuel et à découvrir des idées progressistes d’un autre ordre, plus adapté au contexte socio-politico-économique de l’époque, que celles de son père et de sa sœur. Nous ne pouvons affirmer de source sûre que Nikos a également contribué à ce que Helli Alexiou ait été une communiste dans l’âme. On sait que lui-même s’est vraiment converti au communisme lors de son séjour en Allemagne vers 1923®®. Mais en raison des liens d’amitiés qui les unissaient depuis qu’elle était jeune enfant, et connaissant les idées de gauche que Kazantzakis partageait, nous sommes toutefois amenés à supposer qu’il ait contribué à sa façon à la consolidation de ses idées. En revanche, ce que nous pouvons affirmer avec une plus grande certitude, c’est qu’il n’a pas influencé Helli dans l’écriture, du moins d’une façon déterminante. À cet égard, à la question qui lui fut posée de savoir si Kazantzakis avait joué un rôle dans sa manière d’écrire, Helli répondit que :

« Non. Car son art - que j’admire - n’a rien de commun avec moi. Je ne m’inspire jamais de sujets historiques. Je n’écrirai jamais - car je n’ai pas non plus les facultés - comme Kazantzakis. Je dois être prise par quelque chose de social, quelque chose tiré de la vie, pour pouvoir écrire.

Helli ALEXIOU, Libation, op. ait., p.l34.

« Nl60cû ofKÔpr) évTovri euYvcopoaûvri anévcxvTL tou. riaiL

KotiQ anô Tov noÀLiiapévov laKio tou. anô to Nîko oe noXXot armeiof tou ôiavoriTLKoû Topéa, tov ennpecKopô tou - nou fjTOfv nofUTo; laxupôç Kai KaTanXrjKT iko anoTeXeojiaT lkôç touç

véouç nou nXrioLaÇ2. »

Laitibros COULOUBARITSIS, Nikos Kazantzakis : son évolution..., op.ait.

Et tout ce que j’ai écrit jusqu’à présent, petit, grand, une nouvelle, un roman, du théâtre, je peux vous dire ce qui m’a poussée à l’écrire. »

Poussée par quoi ? Nous verrons qu’elle a été poussée par la pression de la vie, par ses fréquentations scolaires et par la vie des gens avec lesquels elle partageait ses soucis. Pourtant, nous l’avons vu, en 1966, Helli Alexiou publie une biographie sur Nikos Kazantzakis dont le titre est: rta va

jueyoAoç {Pour devenir grandi. C’est une œuvre qui présente un grand intérêt parce qu’elle fait abstraction de ses préoccupations personnelles, les met pour ainsi dire entre parenthèses. Cette œuvre concerne Kazantzakis, en tant que figure érhinente de la littérature grecque contemporaine, dont le contenu est convaincant et admirablement écrit, nous offrant de lui un témoignage vivant et riche. Elle écrit dans « Ses mots d’introduction »:

« J’ai vécu aux côtés de Kazantzakis depuis que j’étais enfant. Le sujet « Nikos » était primordial, lequel comme un parfum de coexistence, remplissait i’ambiance famiiiale de mes années d’enfance et d’adolescence. Le sujet ressemblait exactement aux distiques crétois, comme ils sont chantés dans nos fêtes. Le premier chanteur le prend, un autre répond, le troisième chante, le quatrième s’oppose, un autre attaque et s’entête, se railie du précédent, suit le conciliateur énumérant des joies et des qualités des personnages - chaque voix avec sa spécificité originale -, et la chambre de paysanne se transforme en parlement populaire...

«Na v^tart' aiadâvojjaL ara 90 }iou auTOÔûvaf^r)», (Voilà pourquoi je me sens indépendante à mes 90 ans), Ethnos tis Kiriakis, Athènes, 20 mai 1984.

« Ox L • riaiL KL r| TÉxvri tou - nou ir| 6o£uvi6îÇcù - 5sv éxe l iinoxa KO Lvô pe ]iéva. Eycù 5ev E]jnvéopo£i noié pE Bépaiof ir|ç LoiopLOiç. Aev 0a £Ypa9a noté - yLaii 5ev éxû) Kai tlç LKOVÔiriTEÇ - oov Tov KaÇovT^ctKri. EpÉva npÉnsi va pE niEOEL Kàx l kolvcûvlkô, k6(t l

PyaXpÉvo anô iri ^cori, yia va yp6n|jcû. Kl ô,il kl av ypà\|jEL pÉxpi. Tôpa, pLKpô, pEyâXo, 5Lfiyr)pa, pu0 LOTÔpripa, 0ÉaTpo, pnop6 va aaç nco tl p'avâyKaoE va lo ypàLjjü). »

Les particularités psychiques de Kazantzakis, les bizarreries de son tempérament, ses élévations et ses chutes, devenaient les conversations et les querelles permanentes de la vie de la maison et de la vie d’HérakIion.

C’est de cet homme énergique, opiniâtre, de nature indomptable et inexplicable sur de nombreux aspects mais toujours fragile et instable, et qui entra dans la famille Alexiou comme une tornade, que nous parle Helli avec l’objectivité que lui permet la distance qu’elle a acquise avec les années par rapport aux événements familiaux et politiques, une distance qui s’est imposée d’elle-même par la vie et par le sentiment de la mort. En effet, Kazantzakis fut le premier à mourir en 1957, ensuite ce fut le tour de Galatée cinq ans plus tard. Désormais seule, Helli pouvait méditer avec calme et sérénité sur le passé.

Surpassant les événements ponctuels d’une vie, les conflits et les différends, Helli prit de la hauteur et jugea l’existence avec une force et une acuité digne d’attention.

« La disparition démontre que les passions sont vaines. Vaines sont les discordes. Tu veux pleurer les morts tous ensemble, et c’est pareil, car les raisons qui les ont fait sombrer dans le malheur ne te font plus mal, et tu

Helli ALEXIOU, Pta va yfvei (Pour devenir grand),

Kastaniotis, Athènes, 1994, p.8,

« 5inÀa cttov KaÇofviÇàKr) anô naiôi. To 0épa «Nlkoç» nicxv To npcùiapxLKÔ, nou aav auvûnapxio apupa, ysHI-Çs "triv

0 iKcyeve iaKf| pou «xpoacpaipa lov naiôLKov k«l vecxvlkqv xP°vcûv.

To 0épa époiaÇs axpLfiôç pe xa Kppx lko£ ôiaxixa, ôncoç xpayouôioCjvxaL axa paç. To naipvEL o évaç

xpayouô iaxf|ç, anavxâ o àXÀoç, o xptxoç upvei, o xéxapxoç

Evovx LÔvexai., àAXoç enLXi0exai Kai neiapaxûvEL, aapKCK^e l ôcXXoç xov npopyoûpevo, aKOÀou0eL o aup^ i (îaaxfiç anapL0puvxaç x“peç Kai npoxepppaxa - Kd0E «pcovri pe xpv Lôid^ouaa lôiopoptpia xpç - KaL r| x“P>-Ô£XLKr| Kdpapa pexapàXÀexaL ae ÀaïKÔ kolvoPoûAlo. . . 01 i|;uxiKéç lôLÔxpxeç xou Ka^ovxÇdKp, oi i5ioppu0pieç xpç

l5LoauyKpaataç xou, ol avaxdaeiç kol nxûoELç xou, anoxeAoûaav XLÇ pôvipEÇ ouÇpxriaeLç Kai ôiapax^Ç xqç anixiKfjç paç Kai xpç ppaKAe icox iKpç Çcûf|ç, »

ne cherches même pas à savoir qui les provoquèrent - « le bien et le mal sont un, et cet un n’existe pas »

Une force philosophique jaillit de ces réflexions qui, issues d’une approche biographique, attestent une profondeur qui se donne comme une sorte de maxime de vie. Toute l’œuvre d’Helli Alexiou recèle des réflexions de ce type qui, nous le verrons, soulignent ses préoccupations humanistes en faveur de la vie, de ceux qui vivent dans la joie, mais aussi et surtout dans la souffrance. Mais il y a également ses jugements, souvent précis et mesurés, avancés avec discernement. C’est pourquoi, en se penchant sur les points communs et sur les divergences d’opinion qui existent entre Helli Alexiou et Nikos Kazantzakis, nous sommes amenés à tirer des conclusions qui sont particulièrement utiles pour comprendre les choix qu’ils ont fait dans leur vie et pour la compréhension de leurs œuvres respectives.

L’attitude positive et les bons sentiments que Helli ressent à l’égard de Kazantzakis on les découvre très brièvement dans une de ses nouvelles XpovLKÔ ôuo ra^LÔLü)v {Chronique de deux voyages) que l’on peut lire dans son recueil Libation. Cependant, la personnalité de Kazantzakis a également des facettes qui lui inspirent des jugements négatifs, liés au fait qu’elle ne partage pas certaines façons dont ce dernier voit la vie et les gens. D’autant qu’elle pense également qu’il fut la cause principale du malheur de sa sœur Galatée. À cet égard, toujours dans Libation, elle nous fait découvrir des caractéristiques du personnage qui ne sont pas toujours flatteuses. Elle constate que Nikos Kazantzakis était une personne qui ne supportait pas les faiblesses humaines et qui, de ce fait, rejetait et fuyait tout ce qui lui semblait faible. Helli raconte que lorsque son père qui souffrait d’un cancer et se trouvait à la fin de sa vie, est resté trois mois à Athènes chez Galatée jusqu’à sa mort, Nikos ne supportait pas de devoir vivre avec la maladie à ses côtés. Il est parti de la

Ibid. , P. 9 .

« H eÇacpcfVLari anoôetxvEL pàicxia xa nàGrj. MâxcxLeç xiç

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