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ÉLÉMENTS SIGNIFIANTS D’UNE VIE

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§ 1. Approfondissement des données de la première période de sa vie

De ce qui précède. Il ressort clairement que, dès son plus jeune âge, Helli Alexiou eut la chance de pouvoir acquérir un important bagage culturel et artistique. Comme nous venons de le voir, son milieu familial fut déterminant pour son développement intellectuel. On ne soulignera jamais assez que l’Influence notoire de son père marque fortement l’auteur. On l’a vu, elle grandit en assimilant les connaissances de ce dernier, en suivant ses conseils et en faisant siennes ses idées progressistes. Toutefois, on l’a vu aussi, les difficultés qui se sont présentées à maintes reprises dans sa vie, l’ont obligée à forger son caractère et à se montrer d’autant plus forte. Elle a dû apprendre toute seule à s’en sortir et se débrouiller, à se battre en faisant preuve d’une grande maturité. C’est à travers cette lutte qu’elle commença à s’affirmer et à développer pleinement sa créativité dont l’objectif principal a toujours été la quête de la vérité tout en insistant sans relâche sur les dimensions humaines de cette quête au profit de l’action. Il est donc important de suivre de plus près encore, de préciser et d’approfondir davantage |a première période de sa vie.

Le talent polyvalent d’Helli Alexiou se manifeste très vite. À l’âge de quatorze ans, en 1908, elle suit des cours de musique, elle joue du piano et de la mandoline, et suit également des cours de dessin avec Georges Xilourls qui lui découvre une grande aptitude pour la peinture. Son professeur l’encourage à peindre et voit en elle un futur grand artiste peintre. Une fois terminée l’école primaire, elle réussit ses examens pour entrer dans le secondaire. Après avoir achevé avec succès ses études scolaires, elle est acceptée, en 1911, à l’Institut de formation des maîtres à Hérakiion. Notons que ce n’est pas de son propre choix qu’elle s’y est inscrite.

En fait, à l’époque il n’existait pas à Héraklion d’autres instituts supérieurs pour jeunes filles^^. D’ailleurs quel serait son destin si elle demeurait à la maison ? Elle a suivi par nécessité ces études mais nullement dans le but d’y faire carrière. C’est pour cette raison d’ailleurs, qu’elle a continué de suivre ses cours de musique et de dessin et a rêvé de poursuivre plus tard des études à l’École polytechnique.

Il faut insister sur ce point que nous rencontrerons de plus près lorsque

nous analyserons son roman Troisième iycée de Jeunes fiiies. Nous considérons

qu’il y a lieu de signaler certaines idées importantes exprimées par l’auteur, notamment à propos des rêves d’enfance, mais aussi en ce qui concerne l’influence qu’autrui peut avoir sur une autre personne. Il s’agit là de perspectives qui, par leur orientation et approfondissement, nous aideront, dans la suite, à mieux comprendre son œuvre et ses idées. C’est sur ce point que la vie de l’auteur et la fiction inscrite dans son œuvre s’enchevêtrent, mêlant les genres d’une façon subtile et en même temps féconde. Aussi, lisons

les premières pages de son roman Troisième lycée de jeunes filles, dont la

simplicité recouvre un réalisme remarquable et, en même temps, des ouvertures profondes quant à la conquête de la liberté :

« Tant que nous sommes petits, nous pensons que si nous ne nous fixons aucun but ou que nous n’avons aucun entrain dans la vie, ceci est dû au fait que nous sommes petits. Alors, nous aspirons à grandir. Car lorsque nous grandirons, nous pourrons faire ce que nous voudrons, ce qui nous plaît, sans avoir de comptes à rendre à personne. Car les grandes personnes sont libres et indépendantes.

Helli ALEXIOÜ, Troisième lycée..., op.cit., p.l5.

« Sto pépoç yiaç 5ev eixe ôcXXo ocoéxepo KopLTOLaiLKo aKOÀeiô Kai

Aoinov aç çoiToûoof kcxl aiô ALÔaaKaXeio, eixe net o naxépaç, yia va pri pe lvcù pe iri pôpcpcùari lou axoXapxe tou. "EÇ àXXou tl va

'Kova va épeva aniii... »

Ibid. , p. 13 .

« Oao Eivai Kovévaç piKpôç, eappei ncùç ov 5ev opi^ei Tinoxa, noç ofv 5ev e^ouaiâ^eL Kavéva kéçl tou péaa air] cpxaîeL nou eivai piKpôç. Kai Xotnôv Xaxxapofc l nôxe va peyotXQae l . Fiaxi pôXiç e, -xôxe nia 0a Korvei ekelvo nou 0ÉX2L, 0a KÔvEL ô,XL xou apÉosL, 5lx“Ç va é\Ei va 56aei Xôyo nou0evâ. riaxL oi pey^^o'- eîvai auxe^ouaioi. »

Ces pensées, nous les avons la plupart d’entre nous partagées un jour de manière plus ou moins intense ; elles remplissent les rêves de la majorité des jeunes et accompagnent les désirs d’enfance, avec la grande certitude que lorsqu’on grandira, on sera à même de tout faire, de tout réaliser avec une liberté pure et sans fin. Toutefois, par la suite, l’auteur nuance son propos et ajoute que, quand nous grandissons et nous regardons en arrière, nous nous rendons compte que les autres continuent d’influencer nos décisions ; même quand nous sommes grands, les autres déterminent les choix dans nos vies. Elle précise que ce qui est étrange ce n’est pas le fait que quelqu’un désire une chose et qu’il finit par faire autrement:

« Ce qui est étrange, c’est autre chose. Oui ! Ce qui est très étrange c’est que ce chemin qui s’est ouvert devant lui par d’autres destinées, il le sujt comme un missionnaire.

Liberté ressentie et mission imposée par le chemin de la vie, choix délibérés et soumission volontaire, constituent ainsi une combinaison subtile qui détermine nos choix. C’est pourquoi, quand elle était jeune, Helli Alexiou a suivi, elie aussi, un chemin guidé par une grande passion, celle de la peinture, que son père et ses professeurs encourageaient d’ailleurs fortement. C’est dans cette voie qu’elie avait toujours pensé faire librement une carrière. Toutefois, un jour, son père s’inquiète de ses choix, lui parle tendrement mais avec fermeté. Il s’imagine que sa fille n’a encore rien décidé concernant sa carrière, et lui conseille de réfléchir. Du fait qu’elle manque encore d’expérience dans la vie, et qu’elle n’a pas encore volé de ses propres ailes, elle ne se rendait pas compte, selon lui, de l’importance que représente l’indépendance financière. La réalité du monde et le pragmatisme familial surgissent ainsi comme un obstacle à la pure liberté. Il fallait rendre plus précis les projets, voire plus réalistes et mieux adaptés aux exigences de la société.

Ibid., p.l3.

« To napà^evo €LvaL otXXo. Na l! To noXû napaÇevo eivai, ncoç KELvo TO 5pôpo nou avoLXtriKe an'àXXov poipeç pnpoaià lou, lov aKoXou0eL aov lEpanôatoXoç. »

Or, quelques années plus tard, en 1913, Helli obtient d’excellents résultats dans ses études ce qui lui permit, un an plus tard, d’être très vite assignée en tant qu’institutrice. Entre temps, elle s’était rendue plusieurs fois à Athènes, où habitait sa sœur Galatée. Elle y avait rencontré le cercle des intellectuels du quartier de Dexaméni, et s’était éprise de l’écrivain Kostas Varnalis qui la demanda très vite en mariage. Elle nourrit ainsi l’espoir de suivre des études à l’École polytechnique et de vivre à Athènes, près de sa sœur bien-aimée et de son fiancé Nikos Kazantzakis. Mais aucun de ses rêves ne se réalisa : elle ne s’est jamais inscrite à l’École polytechnique et elle n’épousa pas son premier amour, Kostas Varnalis. Comme nous le verrons dans la troisième partie de cette étude, ces obstacles ont déterminé son destin : elle se résigna à devenir institutrice et elle a exercé ce métier tout au long de sa vie. En réalité, cet important changement d’orientation n’a jamais représenté pour elle un compromis, mais constitue ce chemin qui s’ouvre devant chacun de nous par l’émergence d’autres destinées, ce qui fait l’étrangeté de la vie.

Cela n’a pas empêché Helli Alexiou d’acquén'r une riche expérience en tant qu’enseignante ; elle a suivi dans son métier un long parcours, plus de vingt-cinq ans dans l’enseignement, qui s’est avéré être varié et souvent très difficile. La première grande expérience de sa vie elle la connaîtra lorsqu’elle commença à enseigner en 1914, à Hérakiion, dans une école de jeunes filles,

r^Xp LOT lav LKô napeevcxYœye lo (Troisième lycée de jeunes filles), où elle

ne restera que quelques mois. Cette expérience lui inspire le livre portant le même nom, auquel nous avons déjà fait allusion et que nous analyserons dé près dans la quatrième partie du travail. Ensuite, elle sera mutée^® dans un autre

établissement, npôTuno (Ecole dite Modèle),q\i\ se trouvait dans la même ville

et où les élèves n’étaient plus des enfants pauvres, mais étaient issus de familles beaucoup plus aisées. Nous verrons les circonstances de cette promotion qui marque un tournant dans sa vie. Après cela, elle enseignera à Athènes dans

l’orphelinat du Vieux Phalère, STÉvri Mlkpûv AôeÀcpûv (L’abri des petits

frères), qui a également inspiré son très célèbre recueil de contes EKXqpoi

aywvcç y ta pLKpfj (cofi {Rudes combats pour une petite vie).

Les années pendant lesquelles Helli Alexiou a enseigné dans le « Troisième lycée de jeunes filles» et dans « L’abri des petits frères» se sont avérées très difficiles pour elle d’un point de vue tant professionnel que psychologique. Comme nous le verrons, durant cette période, elle remplit une véritable et importante mission, une mission à la fois éducative et humaine qui révèle sa véritable personnalité et ses engagements sociaux. La toute jeune institutrice mena auprès de ses élèves une lutte acharnée mais à la fois patiente et tenace contre les maux multiples qu’engendre la misère. Elle y joua pour ainsi dire le rôle d’une assistante sociale. Ces années furent pour elle décisives ; elle y fit, non seulement l’apprentissage de son métier, mais aussi et surtout, l’apprentissage de la vie. Ses lectures, ses idées y trouvèrent là un écho formidable et essentiel, tandis que son œuvre littéraire s’en inspira largement.

Fidèle, pourrait-on dire, aux conseils de son père selon lesquels dans la vie il faut toujours apprendre davantage et ne jamais rester inactif, Helli a continué, tout en travaillant comme institutrice, à s’instruire en répondant ainsi aux exigences de son nouveau milieu. Elle a appris les langues française et allemande, à l’Institut français et à l’École germanique d’Athènes respectivement. Par la suite, elle a approfondi ses études de français à la Sorbonne pendant deux ans où elle a obtenu le diplôme de phonétique.

Grâce à ce diplôme elle a pu travailler comme enseignante de français à Athènes pendant dix-neuf ans, jusqu’en 1945, au moment où elle se réfugie à Paris, suite aux événements en Grèce, qui provoquèrent la Guerre civile. Mais revenons en arrière et suivons le fil de sa vie après la Première guerre mondiale - époque aussi troublée, puisqu’elle se caractérise par le schisme entre royalistes et venizélistes, et surtout avec la catastrophe de l’Asie Mineure, en 1922.

En 1919, lors d’une de ses visites à Athènes, Helli Alexiou rencontra, dans son cercle d’amis de Dexaméni, Vassos Daskalakis, qu’elle épousa un an plus tard à Paris. De nature inquiète et combattive, Vassos Daskalakis, écrivain et grand autodidacte, a appris tout seul le norvégien, mû par deux grandes passions : son intérêt pour l’œuvre de Hamsun qu’il voulait faire connaître en Grèce, et son désir de traduire des écrivains norvégiens comme Ibsen et bien

d’autres encore. Le rôle de Daskalakis dans la prise de conscience de la valeur d’écrivain par Helli Alexiou n’est pas négligeable.

Il est utile de noter, en effet, que le talent d’écrivain d’Helli Alexiou s’est manifesté relativement tard. Ceci s’explique en grande partie par la façon dont son père envisageait le métier d’écrivain. Il avait déjà deux de ses enfants, Galatée et Éleuthère, qui, passionnés par la littérature, s’adonnaient à l’écriture avec un certain succès d’ailleurs. Et pourtant Helli se rappelait qu’il avait l’habitude de dire que:

« À leur façon d’agir, on voit qu’ils ne savent pas quelle est l’importance d’une œuvre littéraire et de cette manière ils démontrent qu’ils n’ont pas la formation nécessaire. Pour être écrivain, il faut avoir une grande sagesse et posséder beaucoup de connaissances.

Helli disait que c’est en raison de cela, qu’elle était « terrorisée » à l’idée de s’investir un jour dans la littérature et d’écrire. En réalité, il semble bien que c’est son mari qui l’a aidée à découvrir ce talent qui lui était inné. Mais en même temps, nous constatons ici que lorsque nous avons fait état, dans le § 1, de ce qu’elle appelle les « limites » de son père, on ne peut se contenter, comme nous l’avons fait, à des références contextuelles, mais qu’il faut tenir compte également de la dimension psychologique de ses rapports avec son

père - ce qui va se confirmer davantage lorsque nous analyserons le Troisième

iycée de jeunes fiiies.

Un jour, en revenant de l’école où elle enseignait, Helli s’est mise à raconter en détails à son mari un événement émouvant qui était arrivé à un malheureux élève, Francesco. La manière dont elle a relaté cette hirtoire fit une telle impression à Vassos Daskalakis, qu’il lui demanda de prendre un papier et un stylo et l’enjoignit d’écrire un épisode de cette histoire telle qu’elle le lui

^^«Tor 90 xpôviof xr)ç auv i pôcp l aaaç ôaoKccXaç», (Les 90 ans de la camarade institutrice), Rizospastis, Athènes, 20 mai 1984.

«'Etol nou KOfvouve 0cx net ôt l 5ev Çépouve nôao ao^apô eivat to auYYP“9>-KÔ épYO Ka l p'auTÔ cxno5e lxvouve ôt l 5ev éxouve ir| ôéouaa pôpcpcoan. Tia va eiaai auyYpacpéaç, npénei va éx^iç pEY^Ao KaTaaTàXaYpa aocptaç KaL Y^ôaEOV pÉaa aou.»

avait raconté®®. Il semblerait que son mari lui ait dit que si elle n’avait pas terminé d’écrire l’histoire à son retour il ne rentrerait plus à la maison. Peu Importe la véracité de cette dernière anecdote. Une chose est certaine, c’est que sans ce mari attentif qui équilibra la « crainte» du père. Inscrite dans son inconscient et pour ainsi dire refoulée, Helli aurait différé son travail d’écrivain, peut-être même, elle n’aurait jamais franchi le pas décisif qui transforma son destin. Cette remarque montre qu’en dépit d’un milieu familial favorable, il faut toujours un élément moteur pour amorcer un processus de création. En l’occurrence, l’Intervention de son époux a été décisive, bien que leur vie commune, nous le verrons, n’ait pas été telle qu’elle l’espérait. Mais cette remarque montre aussi la complexité de la vie, que toute analyse ne fait que simplifier, configurer, laissant dans l’ombre une grande partie des intrigues qui la constituent. Pourtant, nous le verrons, en tant qu’écrivain, Helli a réussi à faire voir l’importance de ces intrigues de la vie, qui révèlent les souffrances humaines et les injustices sociales.

C’est en 1923 que Helli Alexiou publia sa première nouvelle, 0

<t>pavT^éoKoç {Francesco) dans la revue, <PLALKij EzaLpe [a {La Société des amis), sous le pseudonyme d’Helli KlirodétI. C’est alors que débuta sa grande carrière d’écrivain.

C’est un peu auparavant qu’elle perdit, en 1921, son père qui mourut d’un cancer de la joue. En 1925, elle a terminé avec distinction l’École germanique d’Athènes. Trois ans plus tard, elle fit une demande pour devenir

membre du Parti communiste grec, le K.K.E (Koppouv lot lkô Koppa iriç

EÀÀôiôaç). En 1931 et en 1934, elle publia respectivement un recueil de

nouvelles, i7xA;7POi ayéveç yi-oi pt^pp {Rudes combats pour une

petite uie), et le roman r'XpLor lav lkôv napdcvaycoye lov {Troisième iycée de Jeunes fiiieSf^. Elle est devenue également membre fondateur de la Société grecque de littérature.

Eugénie ZIKOU, op.cit.

Notons également, que l'histoire de ce roman fit l'objet d'une série télévisée.

Le 4 août 1936, le jour de l’avènement de la dictature de loannis Metaxas, elle a été arrêtée par la Sécurité spéciale et fut interrogée. Parallèlement, elle organisa avec le professeur D. Glynos des cours clandestins d’éducation générale et spéciale dans sa maison d’Athènes, située dans le quartier de Kallithéa.

Deux ans plus tard, en 1938, elle publia encore une nouvelle, AvepconoL

(Des homme^. La même année, elle divorça de Vassos Daskalakis. Helli Alexiou ne fut pas très heureuse avec son mari. Elle lui reconnaissait un grand talent d’écrivain et un niveau Intellectuel sans pareil, mais elle lui reprochait d’être autoritaire, peu ouvert. Dans la vie quotidienne, elle trouvait qu’il était

très bohème^2 Toutefois, elle lui fut reconnaissante toute sa vie de l’avoir

poussée à écrire et, par ce biais, de l’avoir aidée à trouver une grande paix intérieure qu’elle n’aurait jamais pu atteindre sans récriture®^ En 1939, elle

écrivit son premier livre pour enfants, O XovTpoûXriç kl H npôrjxirj

(Grassouillet et SautiHanté^. En 1940 et 1941, elle publia son roman, Aoûjjnev (Lumpen). Il s’agit d’un roman à caractère purement social et psychologique, qui prend la forme d’un témoignage contre l’oppression de la femme, sujet qui l’intéressait beaucoup.

Pendant la période de l’occupation allemande, Helli vivait seule à Athènes. Elle décida de défendre ses idéaux et de venir en aide aux plus démunis. C’est alors qu’elle s’occupa de fournir les repas scolaires. Elle fut de nouveau la cible de la Sécurité spéciale qui ouvrit une enquête sur elle et la fit suivre. Toutefois, cette répression n’arrêta pas son combat, qu’elle mena sans relâche pendant ces années. Elle déploya une grande activité en tant que

résistante au sein de l’organisation du Front national de libération (EBvlkô

AneÀeu0epci)T LKô Métono, e.a.m.) et se retrouva à la tête de trois équipes

de formateurs et d’hommes de lettres. Elle s’est battue pour la libération de la Grèce et poür la renaissance de la société grecque. Les expériences qu’elle a vécues au cours de cette époque sont relatées dans les pages de son livre, napcmoTapoL (Affluent^, où elle parle d’hommes qui s’imposent par leur

Eugénie ZIKOU, op.cit.

grandeur, sans présomption, des personnages qui tournent tout naturellement autour de la vie et de la mort®^.

En 1944, son ex-mari, Vassos Daskalakis, décède très jeune, à l’âge de quarante-sept ans. Cette mort coïncida avec les événements qui bouleverseront la Grèce et qui amorcèrent la guerre civile. Symboliquement cette mort met fin

au passé. Elle est décrite dans une pièce de théâtre, Ansi brûla la forêt,(Etoi

KÔqK£ TO ôàooçj, sur laquelle nous reviendrons. Une nouvelle période, non

moins pénible, s’est ouverte dans la vie d’Helli Alexiou, qui l’amènera loin de sa patrie.

§ 2. Les années d’exil

C’est en 1945, en raison des activités qu’e|le a menées et qui l’ont exposée dangereusement, que Helli Alexiou s’est vue obligée de quitter la Grèce sous la protection du gouvernement français. Elle n’est retournée dans son pays que dix-sept ans plus tard.

Le gouvernement grec lui enleva la nationalité grecque, ainsi que le droit de revenir en Grèce”. Durant ces nombreuses années d’exil elle n’a cessé de mener une activité intense et créative. D’abord, elle se rendit en France, à Paris, où, grâce, à une bourse obtenue de l’Institut français, elle a suivi des études, notamment à la Sorbonne. C’est à cette époque, d’ailleurs, qu’elle eut l’occasion de faire la connaissance de nombreux intellectuels français, parmi lesquels figurent Eluard, Aragon, Verçors, Benda... Parallèlement, elle poursuivit son métier d’institutrice et enseigna dans plusieurs écoles de la communauté

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