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MISSION ET VOCATION EDUCATIVES

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Comme on l’a vu, avant de découvrir son talent d’écrivain, Helli Alexiou découvrit, par hasard, son don de pédagogue, un métier auquel elle a consacré la plus grande partie de sa vie avec passion en sé fondant sur les expériences auxquelles elle a été confrontée pratiquement tous les jours pendant de nombreuses années. Ces expériences sont le fruit d’une pratique de proximité et d’observation des joies, mais surtout des souffrances humaines et plus spécialement celles des enfants. Ainsi, nous avons constaté que certains de ses livres sont le reflet de ses observations et l’écho de sa pensée. Ils sont, autrement dit, une confession sur papier de ses multiples expériences. Ajoutons maintenant que toutes ses œuvres, petites ou grandes, ses essais, ses contes pour enfants, ses pièces de théâtre, et autres, sont un exemple de l’enseignement du bien, de ce qui est juste et du beau. Nous pouvons donc dire que dans bon nombre de ses écrits, l’éducatrice est toujours présente de manière discrète et habile.

Helli Alexiou a commencé à se pencher vraiment en tant qu’écrivain sur l’aspect théorique du monde de l’enseignement comme instrument pour renforcer ses acquis à travers ses expériences concrètes, lorsqu’elle se trouvait dans les pays de l’Est et qu’elle s’occupait de l’éducation des enfants grecs en exil. Cet intérêt croissant pour la théorie et pour la psychologie des enfants la conduira à écrire trois livres présentant un caractère strictement pédagogique. Il s’agit tout d’abord de l’ouvrage Bor^dôç vrintaYcoYou {Assistante d'Ecole Maternelle) qui fut le premier qu’elle publia dans ce genre en 1952 à Bucarest, ensuite, vingt-huit ans plus tard, apparaît BaoLAiKfi ûpuç {Le Chêne royal), et enfin, en 1986 elle publie EioaYcoYh ojqv lOTopia xpç UaiôaYOYLKfiç {Introduction à l’histoire de l’enseignement). Dans cet ouvrage l’auteur voulait au départ présenter les différentes recherches et les études qu’elle avait faites dans le domaine de la psychologie de l’enfant, mais elle a préféré, par la suite, se pencher surtout sur les difficultés et les obstacles

auxquels l’enseignement a dû faire face tout au long de l’histoire. Ainsi, nous explique-t-elle quel est à son sens l’objectif de l’éducation, les méthodes d’enseignement qu’il y a lieu d’émployèr, le besoin de renouveler constamment les programmes et les manuels scolaires, etc. Pour arriver à ces conclusions, Alexiou a d’abord étudié l’évolution de l’enseignement en Europe mais aussi en Grèce depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours.

En fait, elle aborde la plupart des problèmes de nature didactique, et elle le fait de telle façon qu’elle parvient à ne jamais fatiguer le lecteur. Nous constatons même qu’elle enseigne sans que le lecteur se rende compte qu’elle est en train d’enseigner et elle transmet de la sorte un message et un savoir directement au cœur de celui qui la lit. Ces constatations apparaissent surtout dans ses contes pour enfants qui, nous le verrons, transmettent, d’une façon ou d’une autre, un enseignement humaniste. Elle voulait non seulement transmettre des connaissances aux enfants, mais elle cherchait également à les rendre créatifs et responsables, en éveillarit en eux parallèlement le sentiment de compétence et d’indépendance. Elle attachait ainsi une importance particulière à cette faculté d’indépendance de l’être humain qu’elle considérait comme une condition fondamentale de la liberté, principe pour lequel elle s’était battue pendant toute sa vie. Mais sans doute, plus profondément, c’est l’attention aux souffrances des autres qu’elle enseignait, promulguant consciemment ou inconsciemment des règles pouvant réaliser des proximités fécondes entre les enfants, mais aussi entre les adultes et les enfants, voire entre les adultes mêmes.

Nous verrons aussi qu’elle consacra à l’éducation une pièce de théâtre Un Jour au gymnase (le Gymnase étant l’école secondaire). §

§ 1. Les racines de sa conception de l’éducation

Helli Alexiou nous donne le profil de ce que devrait être un bon enseignant en établissant des principes qu’elle a fondés en se basant non seulement sur les études qu’elle a suivies, mais surtout et avant tout sur sa propre expérience à laquelle elle attache une importance primordiale comme

instrument pour mener à bien ce métier. À ce titre, elle n’est pas uniquement pédagogue dans l’âme depuis un très jeune âge et pendant pratiquement toute sa vie, mais elle est elle-même un exemple vivant du modèle qu’elle prône. Nous verrons que c’est précisément un modèle qui repose avant tout sur l’amour et l’humanisme, qu’elle associe à des valeurs qu’elle considère comme primordiales, telles que la justice et l’honnêteté.

Pour mieux apprécier son œuvre pédagogique, il faut donc faire un rapprochement entre ses idées en matière de didactique et ses idéaux, voire son idéologie qui, à l’instar de chaque individu, commencent à se développer à partir de l’enfance et de l’adolescence sous l’influence de différents facteurs tant endogènes qu’exogènes, et se consolident à l’âgé adulte sous le poids des circonstances de la vie. À ce niveau, c’est Vhabitus individuel {hexi^ au sens aristotélicien qui peut être pris comme référence d’analyse. Mais, dans le cas d’Alexiou, les idées et les croyances qui se concrétisent dans la pédagogie sont en relation directe avec l’endroit où elle est née et où elle a grandi, avec le milieu dans lequel elle a vécu, avec les personnes avec lesquelles elle entretenait des relations étroites ou éloignées, ainsi qu’avec les événements historiques bouleversants qui se sont succédés. Le fait, comme nous l’avons vu, qu’au cours de sa vie, elle a fait la connaissance de grandes personnalités du monde des lettres de l’époque, est un élément décisif de ses options successives. Plus que d’autres éducateurs, l’activité intellectuelle était une manière de vivre pour les personnes de son cercle immédiat qui l’ont influencée de façon déterminante. Sur ce plan, Vhexis se complète par un habitus social selon Bourdieu qui circonscrit un style de vie qui la caractérise. Par suite, son éducation poiyvalente et continue fut une « instruction à vie », principe qu’elle essayait de transmettre égaiement à ses éièves.

En fait, à son métier d’institutrice, Heili Alexiou y a consacré beaucoup d’années, la plus grande partie de sa vie. Depuis qu’eile fut assignée au Troisième lycée, son destin fut scellé définitivement avec tout ce qu’elle désirait vivre, connaître et aimer, jusqu’à ce qu’elle fut conduite à prendre conscience qu’elle était née pour être professeur, surtout à l’époque de son exil dans l’Europe de l’Est. Cette école, comme le fait remarquer si bien Anta

Katsiki-Givalou’, a tracé irrévocablement la voie de sa prise de position politique et sociale, ainsi que sa carrière d’écrivain, et a donné naissance à cette rare combinaison de pédagogue et d’écrivain. C’est cette combinaison qui révèle son style de vie, peut-être unique dans les annales de la littérature grecque moderne.

Plus concrètement, depuis le début de sa carrière d’enseignante, les événements de sa vie ont rapidement évolué. Elle est entrée en contact avec les laissés-pour-compte, les marginaux et les exilés, dont elle a fait partie elle- même pendant de nombreuses années. Elle s’est également éprise de l’idéologie qu’elle a défendue toute sa vie. Aussi a-t-elle commencé à enseigner sur l’égalité et la justice sociale. Enfin, elle s’est battue pour un avenir meilleur, plus humain et porteur d’espoir. En ce qui concerne l’inégalité sociale, qui constitue l’axe de référence de sa révolte, elle s’y réfère de manière étendue et radicale à la fin du vingt-troisième chapitre de son livre Troisième lycée de Jeunes filles dans les termes qui suivent :

« Mais ce n’est pas de leur faute. Que peuvent-ils faire les hommes... notre société a choisi le mauvais dans tout. Celui qui gagne le plus est le meilleur d’entre eux. Mais beaucoup d’argent, mon enfant, fait un gros matelas autour du cœur des hommes, à tel point qu’aucune voix extérieure ne peut arriver jusque là-dedans. Et encore, si le cœur se met à battre tout seul, son battement ne peut être entendu. Ce maudit matelas épais ne le laisse pas être entendu... Cet homme, ne le resalué plus jamais, le fait de le connaître ne te sera pas utile dans la vie.

^ Anta KATSiKI-GlVMJOÜ/ ' îyLA/j A\£:fi'bi7 i7!J7at5QYCüY'oç. WiKpo

A^piépcùjia. (Helli Alexiou l'enseignante. Dans Petit hommage),

op.cit., p.246 et suite.

^ Helli ALEXIOU, Troisième lycée..., op.cit., p.98.

« ...Ma 5e (ptaive kl auTOi- Ti va Kàpouv oi àvBpwnoi... ri

KOLVuvia paç éxEi nàpel a'ôXa lo OTpapô Spopo. Onoioç Kepôi^ei

nio noXXà, eivai o KaXûiepôç touç* pa la noXXâ Xecpxà, naiôi

pou, Kovouv éva naxû aipuira yupcù anô tlç Kapôtéç tov av0p6nuv,

ae xpôno nou 5ev iinopet nia va çxàae i oç CKei péoa xapia anôÇco

cpcovri. Kai nàXi ov ri Kapôià anô povaxri xriç Kapei va x''^'Jnriae l, o

Xxûnoç xr)Ç 5ev aKOÛyexaL. Aev xov acpi^veL v'aKouoxet kclvo xo

Kaxapaiiévo nriX'^^o axpôiia. . . Auxôv xov KÛpio Kai au iir|v xov Çovaxaipex lae tç' àe xinoxa 5ev pnope î r[ yvopipta xôu va qou Xpria Lpé\|fe L axri Çori. »

A travers ces considérations nous découvrons une conscience des divers microcosmes sociaux qui se distinguent et qui ne se confondent pas, où les différences de classe s’imposent, avec leurs habitus propres et leurs champs culturels divergents. Helli Alexiou sent que tout en étant distincte, différente, voire privilégiée, elle appartient à cette catégorie d’êtres humains qui ont franchi les barrières et qui comprennent la nécessité de réaliser des proximités relationnelles capables de comprendre les souffrance des autres.

Pour mieux circonscrire ses positions dans un contexte varié, mais tout compte fait délimité, il est utile de rappeler que ses origines et sa qualité d’institutrice s’inscrivent dans un contexte historique qui correspond à la longue tradition à laquelle appartient tout instituteur grec, depuis les précepteurs et les philosophes éclairés de l’Antiquité grecque, qui ont inspiré de façon créative l’histoire de l’éducation. Mais dans cette histoire, c’est surtout la génération des « maîtres de la nation » pendant les années de l’occupation turque qui est déterminante, parce qu’elle a créé une tradition d’estime pour ce métier qui aujourd’hui est dévalorisé et sous payé. Car ces instituteurs et professeurs sont arrivés à conserver grâce aux « écoles cachées la langue, la religion, l’identité nationale et le désir de liberté. La Crète, patrie d’Helli Alexiou, a joué un rôle très important en tant que foyer actif des Lumières dans l’histoire néo­ hellénique, à côté d’autres îles grecques qui étaient parvenues à conserver une relative autonomie face à l’occupant turc. Melpo Axioti note dans le prologue qu’elle a écrit au roman d’Helli Alexiou, Troisième lycée de Jeunes filles, que :

^ Les « écoles cachées », appelées « Kpucpa axoXe là » en grec, ont joué un rôle très important pendant les quatre siècles (du XV® au XIX®) durant lesquels la Grèce fut soumise à l'occupation turque. Elles doivent leur nom au fait qu'elles se trouvaient généralement situées dans des caves, des monastères ou des églises et que les cours étaient donnés la nuit à l'insu des envahisseurs. C'est dans ces « écoles » que les prêtres et les instituteurs ont fait la résistance contre les Ottomans, en continuant à enseigner la langue, les coutumes et traditions grecques afin que celles-ci ne se perdent pas. En outre, ils ont fortement contribué à préserver 1'esprit nationaliste qui fut à l'origine du soulèvement des Grecs contre les Turcs et qui s'acheva par l'indépendance de ce qu'est aujourd'hui la Grèce.

« (...) si les lettres grecques n’ont pas disparu dans les ténèbres moyenâgeuses de l’occupation turque, c’est en grande partie grâce aux lettrés crétois.

A ce sujet, elle parle aussi d’Helli Alexiou en disant qu’elle faisait partie du « cercle d’honneur des instituteurs grecs. Par cette expression nous découvrons son appartenance au champ des instituteurs, parallèle et sûrement extérieur au champ littéraire qui a retenu notre attention dans la Partie II. Ce champ particulier est fort complexe, car c’est aussi pour d’autres raisons, comme nous l’avons vu, qu’à une époque plus récente, Helli Alexiou a également trouvé sa place dans le cercle des instituteurs de la Résistance, d’abord, pendant la dictature de Metaxas, puis lors de la Deuxième guerre mondiale et au début de la guerre civile qui fit irruption à la fin de la guerre, et, enfin, dans le monde de l’exil où nous la voyons sacrifier son bien-être personnel pour aider les jeunes grecs, les enfants de réfugiés politiques qui se retrouvent loin de leur pays. Elle essaye de les aider à conserver leurs racines, leur langue maternelle, les mœurs et les coutumes de leur patrie d’origine, leur patrimoine culturel, etc., exactement comme faisaient autrefois les « maîtres de la nation. » Durant les années d’exil, Takis Adamos nous confie que :

«Helli à consacré la plus grande partie de son temps aux exjlés, à l’éducation des enfants. Et elle "dérobait" littéralement quelques heures pour se consacrer à la création littéraire.

^ Helli ALEXIOU, Troisième lycée..., op.cit., p.8. Voir le

prologue écrit par Melpo AXIOTI.

« Av Ta eXXr|VLKà yp^ppaxa 5ev e^acpov LaTqKorv péaa 010

peoaicûVLKÔ OKÔToç Tr]ç xoupKOKpai laç, xoûxo ocpeiXexaL, Kaxà pey^Xo pépoç, Kai axouç KppxEÇ Xôyiouç. »

^ Ibid.

« SxÉKEL péoa axov "x ipripévo kûkXo" xcûv EXXfivuv ôaoKoXcov. . .»

® Takis ADAMOS, Une vie..., op.cit., p.22.

« H EXXp acpLÉpmoE xov nepLoaôxepo xpôvo xr|ç axgv npoacpuylck,

oxr) pôpcpcùdg xov naiéiov. Kai "ÇékXePe" KupioXeKXLKâ opcç yia va aaxoXriGcL pe xg Xoyoxex’^ xr|ç 5rip Loupy la. »

En somme, le champ éducatif des instituteurs se différencie selon des contextes historiques et géographiques différents, qui rendent complexe l’analyse, puisque, chez Helli Aiexiou réalité et fiction s’entremêlent d’une façon inextricable. Pour notre part, nous nous contentons d’y relever ce qui touche aux thèmes de ce travail d’éducatrice pour nouer les fils qui tissent ensemble son action éducative et ses écrits littéraires.

En effet, dès ie début de sa carrière à Hérakiion, son humanisme se manifeste en nourrissant, par surcroît, beaucoup d’amour et d’affection pour les enfants. Peu à peu, ce monde dans lequel elle s’est trouvée parachutée devient le sien ; il s’agissait d’un monde où les hommes travaillaient la terre et où les femmes, souvent veuves, partaient très tôt le matin pour servir dans les maisons des riches comme par exemple la mère de Francesco dans son livre Rudes combats pour une petite wie. Elle décrit ce qu’elle ressentait à l’époque, par ces mots :

« Et je travaillais pour ces enfants avec ün tel amour de telle sorte que, s’ils avaient été mes enfants, je ne sais pas si je les aurais aimés de la sorte. C’est pour cette raison que je conseille aux professeurs qui sont depuis tellement d’années dans l’enseignement : vous ferez des miracles, non’pas si vous étudiez la pédagogie, vous ferez des miracles si vous aimez les enfants. L’amour est un grand inventeur.

ir est clair que Helli Aiexiou décrit ici un idéal de l’attitude de l’énséignaht. On le sait, l’école et les classes sont de véritables « enseignants » pour lés professeurs ; elles les aident à mieux comprendre et à tenir compte des

’ <ÆÀA/7 AAe^LOU. H ôaaKâXa tou T'.' Xp laniocviKoû IIap6£VOCYCùY^ iou»

{Helli Aiexiou. L'institutrice du Troisième lycée de jeunes

filles), Kiriakatikos Rizospastis, Athènes^ 25 septembre 1983.

«Kl eôoûAeuof y>-' auiâ la naiôàKLa pe pia ay^nr) nou 5sv Çépco av

f|TOfV naLÔLOf pou av 9a t' ayanoûaa étol! Kl auto auaxpvû) KaL

TÛpa oxouç ôaoKàXouç, ôvxaç 30 xpôvLa péaa axr)v EKnaLôeuari:

©a KÔfvexe 0aûpaxa ôx l ov peAexpaexe xpv naL5aycùYLKf|, 0a kolvexe

9aûpaxa ov ayanpaEXE xa naLÔLâ. H ayànp ytvExaL pÉyaç EcpEupÉxpç. . . »

réalités sociales qui les entourent; Armés de sagesse et d’expérience, ceux-ci pourront alors exécuter leur métier tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’enceinte scolaire en défendant la justice, la paix et l’égalité entre les hommes. Mais ce qu’évoque cette suite de textes d’Alexiou où la souffrance et l’amour se succèdent, est quelque chose de plus qu’on peut résumer dans la différence établie par L Couloubaritsis entre « mission » et « vocation » tant en médecine que dans l’enseignement®.

La mission définit un métier pour lequei est formé un agent et met en jeu une technique et un devoir. Il y a souvent dans une mission un but avec le sentiment d’accomplissement, de réussite ou d’échec. Or, « une mission peut aussi être motivée uniquement par l’intérêt et le gain. Dans ce sens, une mission peut arriver à accorder plus d’importance à sa dimension humaniste », Or, précisément, c’est la vocation qui supplée à ce manque car elle répond à un appel qui requiert une plus grande proximité avec celui qui appelle (un être souffrant par exemple), car cela « engage spontanément l’agent vers celui qui l’appelie ».

Dans ce sens, comme l’indique L; Couloubaritsis, « il existe bien une vocation d’enseignement, c’est-à-dire un appel qui nous pousse à s’occuper des autres pour les former ». Mais cette tâche peut être ambiguë, car « on peut agir au nom d’un appel qui cherche à former les gens pour les intégrer dans un ordre établi (c’est-à-dire idéologiquement édifiant) ou au contraire pour les conduire à l’émancipation,'à une pius grande liberté ».® C’est bien cette seconde perspective qui caractérise i’attitude d’Alexiou qui enrichit son humanisme en tenant compte de la souffrance des enfants et en pratiquant i’amôur. Lorsqu’elle dit aux enseignants qu’ils feront des miracles non en étudiant ia pédagogie mais en aimant les enfants, elle met en fait l’accent sur la différence entre mission et vocation de l’enseignement. Mais en réalité, dans la pratique, elle a associé méthode pédagogique et amour pour les enfants, c’est- à-dire sa mission et sa vocation.

® L,COULOUBARITSIS, La proximité et la question de la souffrance

humaine, op.cit., pp. 557-559.

§ 2. Formation d’une pédagogie progressiste

Passionnée par la pédagogie, Helli Alexiou a cherché à compléter sa formation et ses connaissances pour satisfaire non seulement un intérêt qui se voulait purement personnel, mais également la meilleure maîtrise possible de tous les Instruments dont elle avait besoin pour mener à bien son métier d’institutrice. Très intéressée par tout ce qui avait trait à l’enseignement, elle s’est tout de suite orientée vers les courants pédagogiques qui étalent alors nouveaux. Elle a soutenu les mouvements réformateurs concernant la pédagogie et la langue grecque et dont les principaux précurseurs étaient : Glynos, Delmouzos et Triantafillidis. Elle fut très vite attirée par les activités de l’Association éducative’^, de cette association historique, fondée principalement par des enseignants en 1910, qui fut à la base de la renaissance intellectuelle et pédagogique de la Grèce.

L’objectif principal des réformateurs de ce Groupe était d’encourager l’usage de la langue démotique^^ dans les écoles et de promouvoir la modernisation des systèmes d’enseignement. À cet égard, ils proposaient de développer une approche pédagogique plus appropriée aux enfants du démotique, car jusqu’alors le programme du ministère de l’Education ne prévoyait, que l’enseignement de la grammaire et de la langue grecque anciennes. Ils considéraient que c’était une erreur de ne pas enseigner la langue courante aux élèves qui étaient encore en bas âge. Bien que leur position réflète le bon sens, elle se heurte à l’opposition du pouvoir.

C’est pourquoi, en 1911, se retrouvant au ministère de l’Education sous

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