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Réaliser le contraste entre ses attentes professionnelles et la réalité

Les infirmières immigrantes entretiennent souvent des attentes élevées envers leur milieu professionnel, en raison notamment, de la façon dont on leur présente la pratique infirmière au Québec avant leur arrivée. Elles réalisent rapidement que leurs conditions de travail et le manque de reconnaissance professionnelle sont deux obstacles difficiles à surmonter dans leur intégration professionnelle. Ce thème s’articule autour de deux pôles. D’un côté, 3.1 la diminution de la « qualité de [vie au] travail » (E4) et de l’autre, 3.2 le sentiment de ne pas être reconnue professionnellement.

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Tableau 6. Thème 3 et sous-thèmes

Sous-thème 3.1 : Diminution de la qualité de vie au travail

Avant leur arrivée au Québec, les infirmières immigrantes ne sont pas toujours conscientes des différences organisationnelles entre leur pays d’origine et le Québec ou elles ne sont pas en mesure d’évaluer leur impact sur leur qualité de vie au travail. Dans cette section, une nouvelle facette de l’expérience des infirmières immigrantes en transition professionnelle sera abordée par la présentation des trois éléments suivants : les attentes créées au Salon infirmier de Paris, les différences organisationnelles constatées par les participantes de même que les répercussions de ces dernières.

Attentes créées au Salon infirmier de Paris

Comme il l’a été mentionné précédemment, le Salon infirmier de Paris est une source importante d’informations pour les infirmières françaises qui désirent immigrer au Québec. En effet, des délégations du Ministère de la Santé et des Services sociaux et du Ministère de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion y sont présentes de même que des représentants de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. Lors de discussions informelles et lors des entretiens d’embauche, une quantité importante d’informations est mentionnée aux futures immigrantes. À cet effet, beaucoup de participantes ont eu l’impression d’être flouées. Il semble que selon leurs expériences, les informations reçues au moment du recrutement ne correspondent pas à la réalité telle que vécue une fois sur place. Voici par exemple les commentaires d’une participante :

« On prend contact et puis, bon on nous dit que les salaires sont plus attrayants au Québec. Après, on nous promet de payer une partie de notre déménagement, une partie de nos frais d’immigration parce que ça coute très. On nous dit aussi qu’on nous trouvera des places privilégiées, des choses intéressantes et ce n’est pas du tout ça en arrivant. Disons que […] ils nous attrapent vraiment dans l’histoire » (E1).

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À son arrivée au Québec, cette infirmière a été placée dans un département sans aucun lien avec son expérience professionnelle antérieure, et a reçu seulement une partie du montant d’argent promis pour payer ses frais de déménagement. Son mécontentement face à sa situation était très perceptible lors de l’entrevue et se traduisait dans la plupart de ses propos : « On nous vend la marchandise, vraiment beaucoup là » ; « J’ai participé au salon infirmier et c’est vrai que les propositions étaient mirobolantes à côté de ce qui est arrivé. » ; « On est recruté quand même ! » (E1). Et elle n’est pas la seule à avoir eu ce genre de propos.

En effet, pour une autre participante, la surprise de trouver des conditions de travail peu satisfaisantes était similaire. Le discours de celle-ci amène un nouvel élément permettant de mieux comprendre pourquoi les infirmières immigrantes se retrouvent face à des conditions de travail qu’elles n’avaient pas du tout envisagées :

« J’ai eu l'impression d'être un peu trompée, car quand j'étais en France, on m'a demandé ce qui m'intéressait et c'était des postes en 12h de jour. Chez moi, quand vous postulez quelque part, c'est qu'il y a une place pour vous […]. Vous postuler en gériatrie la nuit, c'est parce qu'il y a une offre d'emploi pour un poste de gériatrie la nuit. Mais là, pas du tout en fait. On vous dit vous serez équipe volante. Oui, OK, équipe volante. Sauf que vous mesurez pas du tout ce que ça veut dire » (E6).

Cette participante affirme qu’elle ne comprenait pas réellement ce que voulait dire être sur une équipe volante. Selon ses références à elle, elle s’attendait à avoir un poste permanent de jour en 12h puisque lors de son embauche, c’est ce dont il avait été discuté. De plus, lorsqu’elle a signé son contrat, on lui a proposé une garantie d’un temps plein pour une période de deux ans. Pour elle, cela n’avait à priori rien de spécial, mais elle s’est vite rendue compte que la situation était légèrement différente de ce qu’elle avait compris :

« Dans ma tête, quand on m’a dit qu’on allait me faire une contrat temps plein, je me suis dit heureusement ! En France tout le monde a un temps plein. Il n’y a que ceux qui le demandent qui ont un temps partiel. […] Moi j'ai toujours travaillé à temps plein, donc ça me paraissait évident, et je ne voyais pas du tout en quoi c'était quelque chose d'exceptionnel. Sauf que oui, en arrivant ici, je me rends compte qu’il n’y a pas grand monde qui a un temps plein finalement » (E6).

Il est donc possible de constater que de simples différences organisationnelles peuvent être sources de mécontentement et de déception pour les infirmières immigrantes. Outre les éléments mentionnés précédemment, d’autres différences organisationnelles ont été remarquées par les infirmières immigrantes, et il est important de les explorer de même que leurs conséquences plus en profondeur.

Différences organisationnelles et leurs conséquences

De nombreuses différences organisationnelles entre le Québec et les pays d’origine des participantes ont été soulevées lors des entrevues. Suite à leur embauche dans un hôpital de la région de Québec, les

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infirmières rencontrées ont pu constater que le processus d’affectation, la division par quart de travail et l’attribution des vacances étaient différents de ce qu’elles ont connu auparavant et que ces différences ont eu des répercussions sur leur vie de famille et leur qualité de vie au travail.

Les infirmières immigrantes rencontrées dans le cadre de cette étude et ayant été embauchées dans leur pays d’origine avant même leur arrivée au Québec avaient toute une garantie de travail à temps plein. Certaines semblent avoir été affectées à un poste de remplacement, et donc temporaire, selon les besoins de l’employeur. Une des infirmières rencontrées souligne « avoir eu de la chance, qu’elle ne savait pas trop comment ça, [mais qu’elle] a réussi à avoir un temps complet de jour en remplacement d’un congé de maternité » (E4). Elle dit aussi qu’au départ, elle ne connaissait pas vraiment « les tenants et les aboutissants » de l’affectation, particulièrement avec la question de l’ancienneté « parce que cela ne se passe pas du tout comme ça en France » (E4).

Tel qu’abordé dans la section précédente, une participante souligne l’aspect temporaire du remplacement qui lui a été attribué et la précarité à venir dans son emploi : « Ils sont obligés de respecter le contrat. Sauf qu'il se termine au bout de deux ans. Donc, si vous n’avez pas eu un poste, appliqué sur un poste à temps plein, vous pouvez vous ramasser avec un 4/14 » (E6). Ce qui pour elle est « hors de question, [car elle] ne conçoit pas de travailler autrement qu’à temps plein » (E6). Pour elle, cela signifie qu’elle se retrouvera à la merci de l’employeur : « Il me restera 6 jours à compléter et l’employeur fera ce qu’il veut de moi. Et s’il n’a pas besoin de moi, il ne m’appellera pas » (E6). Un autre aspect relié à l’affectation confondait également la participante. En effet, lors de son entrevue d’embauche, on lui avait signifié qu’elle occuperait un poste sur l’équipe volante. Aussi, alors qu’elle avait souligné son intérêt envers la cardiologie, elle s’est retrouvée avec un remplacement sur une unité de chirurgie bariatrique.

« La logique, je l'ai pas comprise au début, mais finalement, c'est parce que j'avais demandé des jours en 12h qu'on m'a mise là. Donc, j'étais super contente. Des jours et en 12h. Sauf que ça allait prendre terme un jour. Voilà. Sauf que ça, je m'en suis rendue compte après » (E6).

L’instabilité ressentie dans cette situation l’a d’ailleurs poussée à appliquer rapidement sur des postes à temps complet dans l’hôpital, malgré qu’elle soit satisfaite du remplacement qu’on lui avait offert à son arrivée : « En fait, je ne savais pas comment, ça allait se passer. J’étais là, mais c’était transitoire. Et puis là, mon poste à temps complet, il n’allait pas s'éterniser. Donc j'avais une sorte d'urgence à agir. Ce n’était pas urgent finalement » (E6). De plus, elle avait envie de faire plus de cardiologie, ce qui l’a amené à demander aux ressources humaines d’être orientée sur différents départements, ce qui lui a d’abord été refusé augmentant sa confusion : « J’ai un poste d’équipe volante et je ne vole jamais » (E6). Finalement, suite à un changement de personnel aux ressources humaines, elle a refait ça demande qui a été reçue positivement…

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« On m’a dit : tu veux partir OK! Eh j'ai dit : Vous me proposez quoi, on m’a répondu : ben j'aurais besoin de toi au 3e soins. OK. Bon. Puis là, je n'ai plus eu le choix. J'ai dit, je peux dire non? On m'a dit, tu ne peux pas dire non » (E6).

Ce choix qu’a fait la participante de quitter son unité, motivée par le besoin d’avoir un vrai poste à temps plein et mal éclairée en raison de sa confusion quant au processus d’affectation, a eu des conséquences qu’elle ne pouvait pas imaginer au départ. En effet, une fois sa demande d’aller sur une autre unité acceptée, elle n’a plus vraiment eu le choix de refuser et s’est retrouvée sur un poste de soir qui ne convient pas à sa vie de famille : « Ça ne va pas du tout de soir. Je vois mes enfants 45 minutes par jour » (E6). Lors de l’entrevue, c’est en pleurant qu’elle raconte : « Je suis passée de nuit. C’est la seule possibilité. [Mais] je ne suis plus jeune pour faire ça. Moi, je les ai faites les nuits, mais j’avais 20 ans » (E6). Aussi, elle souligne avec tristesse le fait qu’en travaillant de nuit, elle ne voit plus vraiment les patients : « Je n’ai pas fait des études pour traiter des dossiers. Des fois, j'ai envie de mettre des bombes la nuit en voulant dire réveillez-vous! Voilà! » (E6). En somme, comme le constate une autre participante, les infirmières immigrantes n’ont pas toujours les connaissances pour bien comprendre leur situation d’emploi à leur arrivée au Québec : « C'est difficile pour nous parce qu'on a du mal à comprendre comment vous fonctionner et tout. Même au niveau de la DRH (direction des ressources humaines) » (E5). D’ailleurs, la situation vécue par la participante précédente le démontre bien.

Dans un autre ordre d’idées, d’un milieu de travail à un autre et même entre les unités de soins dans un établissement, les quarts de travail peuvent être séparés différemment : quarts de 8h ou de 12h, alternance entre le jour, le soir et la nuit ou pas, etc. Bien que ces variations existent déjà au Québec, elles peuvent être encore plus grandes par rapport à ce que les infirmières immigrantes connaissent dans leur pays d’origine. Par exemple, une participante mentionnait que du « point de vue de l’organisation [chez elle], ce n’est pas découpé en trois quarts de travail. » En effet, la participante affirmait qu’en « France [les infirmières] tournent. Donc, ça veut dire qu'on occupe tous les postes [à tour de rôle] : un côté le matin, un côté le soir et un côté la nuit » (E3). À l’inverse, une autre infirmière, elle aussi française, disait que chez elle « être sur les trois quarts de travail, c'est impensable [que cela] n’existe pas » (E1). De plus, elle ajoutait que « les horaires [de travail] ne sont pas du tout les mêmes. Finir à minuit [lorsque l’on a des] enfants, on ne comprend pas ça. Nous, l'heure maximum le soir c'est 21h30 » (E1). Bien que la teneur des propos de ces deux participantes semble différente de prime abord, toutes deux percevaient la répartition du travail dans leur pays d’origine comme plus « équitable. » (E3) que ce qu’elles vivent présentement au Québec. Dans le même ordre d’idées, une autre infirmière affirmait que

« tous les avantages sont sur les gens qui travaillent de jour. Et tous les autres ont la merde. Le seul inconvénient quand ils sont de jour, c'est qu'ils ont du trafic. Les pauvres. (ironiquement). Une petite demi-heure de trafic le matin, une petite demi-heure le soir. Les autres ont des problèmes pour voir leur famille, pour dormir, pour faire garder leurs enfants » (E6).

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L’absence de rotation sur les quarts de travail et les horaires en 8h avaient d’autres inconvénients que familiaux. En effet, à propos du poste qu’elle a obtenu de nuit, une participante affirme : « Commencer à minuit, c’est complètement débile. Vous vous contentez de soigner des dossiers pas des personnes » (E6). Pour une autre, ce qui était le plus dérangeant c’était que « d'être dispatchée en quart de travail, ça crée des équipes là, et que des équipes, ça tourne moins » (E3). Cette participante fait référence au fait que chez elle, tout le monde travaille sur les trois quarts de travail et donc, ils forment une grande équipe de travail plutôt que trois.

Dans un autre ordre d’idées, un autre élément mentionné comme étant inéquitable par les femmes rencontrées est la façon dont sont attribuées les vacances. Une des participantes les moins affectées par cela mentionnait simplement qu’elle trouve « bizarre que ça marche toujours par ancienneté. [Quelle n’a] pas l’habitude » (E3). Pour les autres, qui avaient toutes des enfants, cela est beaucoup plus problématique. En effet, à leur entrée dans leur milieu de travail au Québec, elles n’ont pas d’ancienneté et ne réussissent pas à avoir des vacances avec leurs enfants.

« Après, je te dis ce qui est difficile, moi ce qui m'est vachement difficile à l'hôpital […], c'est votre histoire de fonctionner tout le temps par ancienneté. Pour vous, c'est quelque chose qui est, c'est comme ça, vous vivez avec ça depuis toujours. Mais, si tu veux en France une infirmière qui commence, elle a quand même 2 semaines de vacances avec ses enfants. On fait attention en fait » (E5).

D’ailleurs, la plupart des participantes ont mentionné que dans leur pays les infirmières ayant des enfants obtenaient facilement des vacances en même temps que ceux-ci : « on privilégiait quand même les jeunes familles pour les vacances de juillet et août » (E3). Une des participantes rencontrées résume sa situation ainsi :

« Ah ben t'auras tes vacances d’été au mois de septembre. OK, donc quand les enfants seront repartis à l'école. Ouais c'est ça. Pis quand mon mari sera reparti au travail. Ouais c'est ça. Pis tes vacances de printemps, ben, tu les auras quand ça sera plus les vacances. Oublis la semaine de relâche, oublis Noël, oublis le jour de l'an, oublis juillet, oublis le mois d'août. OK. Alors, je ne dis pas que je dois être prioritaire, mais ça vous rajoute un inconvénient en fait à la situation » (E6).

Pour une autre, il est inconcevable de ne pas avoir des vacances avec ses enfants : « Quand on me dit, dans quatre ans, tu les auras. Moi, ça ne m’intéresse pas. Parce que mes enfants, ils seront ados et ils n’auront plus envie de partir avec moi. C’est quelque chose que je vis très mal » (E5). Une autre conséquence de la difficulté d’obtenir des vacances avec les enfants est que cela rend difficile de rendre visite à la famille dans le pays d’origine. À cet effet, une infirmière qui n’a pas pu retourner en voyage dans son pays depuis cinq ans explique :

« La seule façon de pouvoir partir en France visiter la famille, c'est quand même de partir hors de la période scolaire. Et finalement, les vacances d'été, tu pourras les avoir quand tu auras 4 ans d'ancienneté au minimum. Donc eh, j'ai trouvé ça un peu dur » (E4).

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Les infirmières immigrantes sont bien conscientes lorsqu’elles immigrent qu’elles ne retrouveront pas forcément des conditions de travail identiques à ce qu’elles avaient dans leur pays d’origine : « C’est sûr qu'on savait qu'on aurait moins de vacances. Il y a des choses qu'on savait d'emblée. Mais toutes les implications. […], je n’avais pas mesuré du tout. […] Je m'attendais à quelque chose de plus proche de ce que je connaissais » (E6). Dans un premier temps, le Salon infirmier de Paris contribue à augmenter leurs attentes envers leur nouveau travail. D’un autre côté, elles réalisent rapidement qu’il existe des enjeux portant sur l’affectation, les quarts de travail et l’attribution des vacances qu’elles n’avaient pas envisagés et que cela peut avoir des répercussions importantes sur la conciliation travail/famille et sur leur qualité de travail.

Pour terminer, certaines participantes ont dénoncé d’une part l’inaction et l’impuissance des syndicats québécois : « En France, [les syndicats] ont beaucoup plus de poids. Ici, on se demande à quoi ils servent. » D’autre part, elles critiquent un système qui « à [leurs] yeux, est beaucoup trop rigide » (E6). À cet égard, les infirmières immigrantes bénéficiant de l’ARM sont confrontées à la non-reconnaissance de leurs études au niveau d’un baccalauréat et tentent de faire valoir leur expertise.

Sous-thème 3.2 : Sentiment d’être peu reconnue

Les infirmières rencontrées ont toutes souligné, à leur façon et avec un niveau d’intensité différent, le fait qu’elles ne se sont pas toujours reconnues à leur juste valeur. En effet, les infirmières françaises rencontrées ont presque toutes mentionné leur mécontentement face à l’arrangement de reconnaissance mutuelle entre le Québec et la France. Il est important de noter que les entrevues ont été effectuées avant le mois de février 2014, moment où les infirmières françaises détentrices d’un diplôme d’État d’infirmier français ont été reconnues au titre d’infirmières cliniciennes (Agence France-Presse, 2014). Dans cette section, les raisons pour lesquelles elles considèrent ce processus inéquitable seront présentées de même que les conséquences que cela entraîne. Par la suite, les avenues envisagées par les infirmières rencontrées seront présentées.

Iniquité d’un arrangement de reconnaissance mutuelle

Dans le cadre des entrevues, la grande majorité des participantes a dénoncé le manque d’équité de l’arrangement de reconnaissance professionnelle établie entre le Québec et la France. C’est un élément très marquant dans leur expérience, et ce thème est revenu à plusieurs reprises tout au long des entrevues pour quasiment toutes les participantes. En effet, il existe selon elles une incohérence dans la mutualité de l’entente

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entre les deux pays de même qu’une injustice entre la reconnaissance accordée aux infirmières françaises issues de différents programmes de formation.

Dans un premier temps, les infirmières rencontrées dénonçaient vivement le fait qu’elles sont reconnues comme infirmières techniciennes. Comme le souligne cette participante « l’ARM stipule qu’une infirmière qui a un DEC ne peut pas venir travailler en France, mais nous (les infirmières françaises au Québec), on nous reconnait qu’un DEC » (E6). Pour elle, puisque l’accord « est bilatéral normalement et qu’il n’y a que les cliniciennes qui peuvent [aller] travailler en France, on devrait être reconnues cliniciennes. » Elle ajoute : « pour nous, il n’y avait aucune d’entre nous pour qui ça faisait un doute. Et arrivées ici, on nous dit : Ah non… Pourquoi? Parce que… » D’autres participantes affirment également : « on n’est pas d’accord avec la reconnaissance mutuelle du tout. […], il y a quelque chose qui ne va pas là. » (E4) « ce n’est pas cohérent ! » (E5). Une infirmière s’exprime de cette façon quant au niveau de formation qui lui est reconnue ici: « tu as 1500 heures d’études de plus qu’un DEC, et tu es considérée comme un DEC plus un certificat. […] Donc c’est, c’est