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Qualité de la collaboration interoganisationnelle au sein de SPOT-CCSE

Chapitre 7 : Discussion des résultats

7.1. Qualité de la collaboration interoganisationnelle au sein de SPOT-CCSE

Cette évaluation avait comme premier objectif spécifique d’analyser la qualité de la collaboration interoganisationnelle au sein de SPOT-CCSE. Les caractéristiques de cette collaboration sont mises en lien ici avec les éléments recensés dans la littérature sur le sujet. Nous mettrons d’abord en évidence les forces de la collaboration interorganisationnelle au sein de SPOT-CCSE qui contribuent, par extension, à faciliter l’actualisation de sa mission. Nous n’avons pas observé lors de cette évaluation de caractéristiques nettement plus faibles de la collaboration interorganisationnelle qui auraient pu nuire à la progression de SPOT-CCSE vers l’atteinte de ses objectifs. Nous soulignerons tout de même ici certains éléments de la collaboration qui méritent une attention particulière.

Les forces de la collaboration interorganisationnelle

Nous relevons ici trois grandes forces de la collaboration interorganisationnelle au sein de SPOT-CCSE : le climat relationnel, l’engagement des membres et le leadership. Ainsi, les données recueillies dans le cadre de cette évaluation, et ce tant par le biais du questionnaire en ligne que lors des entrevues et groupes de discussion, démontrent clairement un climat relationnel positif au sein de SPOT-CCSE. Il s’agit ici d’un élément important de la collaboration interorganisationnelle qui influence la progression d’une coalition vers ses objectifs (Butterfoss et Kegler, 2002). De fait, plusieurs facteurs associés au climat relationnel retrouvés dans la littérature caractérisent indéniablement la collaboration interorganisationnelle au sein de SPOT-CCSE. On pense ici à la présence d'un climat empreint d’ouverture (Butterfoss et Kegler, 2002; Brinkerhoff, 2002) et de respect (Friedman et coll., 2014; El Ansari et Phillips, 2001), qui permet l’expression des

points de vue divergents et à la possibilité d’en discuter ouvertement (Butterfoss et Kegler, 2002; Brinkerhoff, 2002; Friedman et coll., 2014; El Ansari et Phillips, 2001), à la capacité de compromis et au fait qu’on parvienne à dépasser ses intérêts propres pour converger vers l’intérêt des populations à desservir (Bilodeau et coll., 2011).

D’autre part, plusieurs éléments de cette évaluation indiquent un engagement solide des membres au sein de SPOT-CCSE – ce qui constitue un autre point fort positif de la collaboration interorganisationnelle. Selon plusieurs auteurs, un des ingrédients essentiels à la base de l’engagement des membres dans une coalition, est que les bénéfices de la participation doivent en excéder les coûts (Butterfoss et Kegler, 2002; Foster-Fishman et coll., 2001; Shortell et coll. 2002; El Ansari et Phillips, 2001; Friedman et coll., 2014; Brinkerhoff, 2002). Or, comme nous l’avons observé dans cette évaluation, les membres organisationnels estiment très favorablement le rapport entre les avantages et les désavantages de leur implication au sein de SPOT-CCSE, et ce tant pour leur organisation qu’au plan personnel. Soulignons ici qu’un des principaux avantages reconnus est le fait que SPOT-CCSE offre un service complémentaire à celui des organismes et qu’il permette aux populations désaffiliées d’avoir un accès aux services de santé. Dans l’ensemble, les avantages relevés ici rejoignent tout à fait ceux présentés par Lasker (2001), à savoir le fait que la coalition répond à un enjeu jugé important par le membre, qu’elle permette de répondre aux besoins de sa clientèle et qu’elle favorise le réseautage.

Les entrevues et groupes de discussion réalisés ont également fait ressortir une perception positive du rapport entre les avantages et désavantages de l’implication du point de services au sein de SPOT-CCSE. Par ailleurs, la perception positive des membres organisationnels ayant répondu au questionnaire en ligne et des participants au volet qualitatif par rapport au fait que SPOT-CCSE soit dans la bonne direction pour atteindre ses buts a été clairement mise en évidence ici, ce qui est un élément qui favorise l’engagement et la participation de partenaires au sein d’une coalition (Butterfoss et Kegler, 2002; Foster-Fishman et coll., 2001). D’autres facteurs liés à l’engagement des membres jugés importants tels les sentiments de fierté et d’appartenance (Friedman et coll., 2014; Halliday et coll. 2004), de même que l’appropriation des processus et des résultats (El Ansari et Phillips, 2001) caractérisent bien les membres organisationnels de SPOT-CCSE.

Un autre facteur important de la collaboration interorganisationnelle d’une coalition est son leadership. Butterfoss et Kegler (2002), de même que Foster-Fishman et ses collaborateurs (2001) soutiennent qu’un leadership fort, compétent, ouvert et à l’écoute des membres peut avoir un effet positif sur l’engagement des membres, améliorer le fonctionnement du groupe et influencer la progression vers ses objectifs. Or on constate que les membres organisationnels ont une perception fort positive des personnes qui assurent le leadership de SPOT-CCSE aux plans de la coordination et de la gouvernance. On estime que celles-ci sont convaincues, fortement engagées vis-à-vis la mission de SPOT-CCSE, compétentes, qu’elles travaillent en collaboration avec les partenaires, inspirent et motivent les personnes impliquées dans SPOT-CCSE et qu’elles sont ouvertes et à l’écoute. Les entrevues et groupes de discussions auprès des points de service ont mis de l’avant de plus leur grand respect des réalités des organisations.

Les éléments auxquels on devrait porter une attention particulière

Au chapitre des éléments qui méritent une attention particulière, nous retenons ici certains résultats en lien avec la dynamique, plus précisément au regard des processus internes. Les résultats obtenus au questionnaire en ligne, loin d’être négatifs, sont relativement plus mitigés comparativement aux autres éléments sondés et ils comportent une proportion parfois élevée de réponses « Je ne sais pas ». De plus, certains commentaires recueillis lors des entrevues et groupes de discussion relativement aux processus internes et à la structure nous conduisent également à penser qu’il y a lieu de porter une attention particulière à ces sujets.

Ainsi, une première lecture des résultats au questionnaire en ligne donne à penser que l’influence des membres au sein de SPOT-CCSE n’est pas déployée à son maximum. Or, la littérature révèle que le fait qu’avoir des processus internes qui favorisent la prise de décision partagée au sein d’une coalition est un élément important de l’atteinte de ses buts (Bilodeau et coll., 2011; Brinkerhoff, 2002; Foster-Fishman et coll., 2001), de même que l’influence des membres est en lien avec la participation de ceux-ci (Butterfoss et Kegler, 2002). De plus, le modèle de gestion participative est au cœur du modus operandi de SPOT-CCSE.

Différentes hypothèses émergent du constat soulevé ici, les résultats du volet qualitatif ayant permis d’en dégager trois. 1) Est-ce de façon délibérée que les membres organisationnels limiteraient leur influence au sein de SPOT-CCSE? D’une part parce qu’ils font confiance aux responsables en place, et d’autre part parce que leurs propres

occupations au sein de leurs organismes ne permettent pas une implication plus importante, et donc une influence plus concrète? Ou encore, 2) est-ce tout bonnement parce que les membres ne savent pas qu’ils peuvent avoir de l’influence, comme le pense un participant de l’équipe SPOT? Finalement, 3) est-ce plutôt que le mode de fonctionnement actuel, qui favorise nettement la consultation des membres, ne permet pas une réelle influence sur la prise de décisions? C’est là ce que suggérait un participant d’un point de services régulièrement impliqué dans la vie associative de SPOT-CCSE. Bien entendu, ces hypothèses ne sont pas mutuellement exclusives et pourraient très bien à elles trois expliquer le phénomène observé. Quoiqu’il en soit, l’enjeu de l’influence des membres organisationnels mérite une attention particulière.

Par ailleurs, il est intéressant de mettre les résultats discutés juste ici en parallèle avec ceux obtenus aux items du questionnaire liés à la structure. Ainsi, l’item « les modes de fonctionnement et de prises de décision sont bien définis » obtient un niveau d’accord plutôt mitigé ici aussi – venant ainsi renforcer notre perception qu’une attention particulière devrait être portée aux enjeux entourant la prise de décision et l’influence des membres. D’autre part, toujours au regard de la dimension structure, on observe également que les répondants sont hésitants à affirmer que les rôles et le modèle de soins sont bien définis. Ceci soulève ici aussi des interrogations. Cette perception s’explique-t-elle par le jeune âge de SPOT-CCSE et par le fait qu’il s’agit d’une initiative novatrice, donc sans référents de rôles ou modèles préexistants? Ou encore, la structure de SPOT-CCSE, avec ses multiples comités et composantes apporte-t-elle une certain flou quant aux rôles de tous et chacun? Quoiqu’il en soit, il n’en demeure pas moins qu’une certaine vigilance est de mise ici. D’une part de nombreux auteurs (Butterfoss et Kegler, 2002; El Ansari et Phillips, 2001; Friedman et coll., 2014; Brinkerhoff, 2002, Rantala et coll., 2014; Halliday et coll. 2004) font référence à l’importance d’avoir des structures, des rôles et des ententes formelles, solides et claires, des politiques et des lignes directrices claires, ce qui favorise également la mise en commun des ressources et l’engagement des membres (Butterfoss et Kegler, 2002). D’autre part, tel que nous l’avons vu, les résultats du volet qualitatif ont aussi mis en évidence toute l’importance de la clarté dans la définition de la clientèle ciblée.

Nous terminons ici notre analyse de la qualité de la collaboration interoganisationnelle au sein de SPOT-CCSE en traitant brièvement de deux facteurs non abordés encore, soit la communauté de vision et la composition du groupe. En ce qui a trait à la communauté

de vision, on retient que le partage des valeurs à la base des fondements de SPOT-CCSE ne fait aucun doute, alors que des résultats plus mitigés sont observés quant à la présence d’une vision commune de la mission de SPOT et des actions pour la réaliser. Nous ne pouvons ici que constater ces derniers résultats, aucun élément ne nous permettant d’en approfondir l’analyse. En ce qui a trait à la composition du groupe, nous retenons principalement le fait que la participation des personnes concernées n’a pas encore atteint le niveau souhaité.