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PARTIE 1 : CADRE THEORIQUE

2. LE POSITIONNEMENT DANS LA LITTERATURE CONCERNANT LE

3.1. L’alliance logistique : une forme d’organisation hybride

3.1.1. Qu’est-ce qu’un hybride

Le Petit Larousse 1998 donne plusieurs définitions du terme ‘hybride’, à la fois adjectif et nom et de dérivation latine (hybrida, de sang mêlé). La première se réfère à un ‘animal ou végétal résultant d’une hybridation’, où l’hybridation est le ‘croisement entre deux variétés, deux races d’une même espèce ou entre deux espèces différentes’. En sens figuré, le terme renvoie à quelque chose de composite, ‘composée d’éléments disparates’.

En économie et en théorie des organisations, les hybrides renvoient à des arrangements où les parties sont autonomes, s'ajustent sans utiliser le système de prix, partagent et échangent les technologies, le capital, les produits et les services sans

propriété commune (Ménard, 2002). Ainsi un hybride participe de deux formes distinctes d’organisation des activités économiques : d’un coté la firme intégrée, de l’autre la transaction réglée par le prix.

Le terme « organisation hybride » est une des nombreuses dénominations utilisées pour décrire un certain type d’engagement entre agents économiques (avec celles de réseaux, partenariats, quasi-firmes, alliances, virtual corporations, etc.). Il a cependant l’avantage de se référer explicitement à l’aspect organisationnel, c’est-à-dire aux relations entre les acteurs impliqués dans un engagement mutuel.

Puisque l’un des objectifs de cette thèse est d’étudier les dynamiques relationnelles entre PSL et leurs clients dans la poursuite de l’intégration des chaînes, nous avons choisi d’employer ce terme pour une analyse des points communs qui peuvent être accordés aux formes organisationnelles hybrides.

La littérature sur les formes hybrides est très riche et multidisciplinaire. Trois études relativement étendues recensent les articles publiés dans des revues d’économie, gestion et sociologie. Une, de Grandori et Soda (1995), a examiné 167 contributions s'inspirant principalement du management et de la théorie des organisations. L'autre, écrite par Oliver et Ebers (1998) a analysé de façon systématique 158 articles sur les réseaux (définis vaguement) publiés dans quatre journaux majeurs en gestion et sociologie, de 1980 à 1996. La troisième étude a été effectuée par Ménard (2002) qui, après avoir recensé plusieurs définitions de formes hybrides et en avoir indiqué les points communs, propose d’intéressantes pistes de recherche à suivre en ce domaine. Ces études combinées avec l'analyse d'autres contributions suggèrent que, au-delà de l'hétérogénéité, les hybrides aient quelques régularités, telles que :

• La mise en commun des ressources.

L’organisation des activités à travers des accords de coopération et de coordination inter-firmes suppose de prendre conjointement les décisions d’investissement. On se réfère aussi bien aux investissements en infrastructures physiques qu’aux investissements en systèmes d’information, qui parfois peuvent avoir un coût d’installation considérable. Cette mise en commun des ressources implique une continuité des relations entre les partenaires. C’est la coopération qui peut garantir des relations de longue durée.

• La mélange de coopération et compétition entre les acteurs.

Les parties peuvent se concurrencer sur certaines activités et coopérer pour l’offre de certains services ou la création de certains produits en commun. En plus, la continuité des relations à travers la coopération ne garantit pas la mise en place de rapports équilibrés entre les parties impliquées. Dans la plupart des situations, il s’agit de relations asymétriques, inégales, en termes de rapports de force entre les acteurs, car toute relation est soumise aux incertitudes de l’environnement institutionnel32 et de l’environnement concurrentiel. La balance du pouvoir contractuel peut cependant changer au fil des années33. Ainsi, il y aura une compétition interne entre les parties. On retrouve ici la nature dynamique des relations inter entreprises. De cette caractéristique dérive la troisième régularité des hybrides, celle du contrat.

• Le contrat.

Les questions posées par la mise en commun de ressources et la nécessité de définir comment les gains et les risques de toute activité sont partagés, renvoient souvent à un autre aspect, celui du contrat entre les parties ; ce contrat peut être plus ou moins contraignant et plus ou moins formalisé. Par le terme contrat nous faisons référence à une forme de « fixation des règles du jeu », nécessaire pour la sauvegarde de l’avantage à coopérer entre agents économiques face au risque entraîné par les décisions de partage des gains34.

Nous nous intéressons à un type35 spécifique d’hybride, l’alliance logistique (ou

partenariat logistique) et dont la définition pose la question d’identifier les acteurs impliqués, la prestation au cœur de ce type d’hybride, et finalement ses caractéristiques marquantes.

32 North (1991) a insisté à plusieurs reprises sur l’importance du contexte institutionnel pour la

compréhension des modes d’organisation inter-firmes.

33 C’est le cas des relations entre producteurs et Grandes Surfaces à partir des années 1980. Cependant, si

un stade de la chaîne exploite systématiquement son pouvoir, les autres stades essayent de trouver des contre-mesures. Ainsi, dans certains cas, quand les Grandes Surfaces ont essayé de profiter de l’essor de leur pouvoir contractuel, les manufacturiers ont trouvé des solutions alternatives pour atteindre le consommateur, telles que la vente par Internet ou l’ouverture de magasins en compte propre (company

stores).

34 Il s’agit du contrat néoclassique identifié par Williamson en relation avec les formes organisationnelles

hybrides (cf. note 38)

35 Un type de relation est défini comme le groupe de relations fondé sur des caractéristiques similaires,

telles que attentes, durée, et activités. “Type is the group of relationships based on similar characteristics,

such as expectations, duration, and activities” (Golicic, S.L., Foggin, J. H. & Mentzer, J. T., 2003)