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Les analyses empiriques : les organismes statistiques et les sociétés de conseil

PARTIE 1 : CADRE THEORIQUE

1. L’ANALYSE SECTORIELLE ENTRE ECONOMIE INDUSTRIELLE ET

1.1. Définition et délimitation d’un secteur: objectifs et limites

1.1.1. Les analyses empiriques : les organismes statistiques et les sociétés de conseil

Le débat le plus récent dans la littérature accepte maintenant plusieurs critères pour la délimitation d’un secteur, chacun trouvant sa rationalité selon le but spécifique de l’analyse. Ainsi, par exemple, on préféra le critère de type « produit » pour une analyse de la part de marché des entreprises ; la structure des coûts des firmes sera choisie lors d’une évaluation des barrières à l’entrée ou encore la destination des produits nous permettra de mieux questionner l’évolution de la demande. Suivant ce débat, il est question d’analyser le rapport entre les critères théoriques et les analyses empiriques faites à partir des données élaborées par les organismes statistiques et les sociétés de conseil.

Les organismes statistiques nationaux et internationaux élaborent des taxinomies inspirées du même principe de classification qui, au-delà de différences mineures dans les agrégations proposées6, identifie certains macro-secteurs et, selon un processus en

6 En France, en vigueur depuis 1993, la Nomenclature d’Activités Françaises (NAF) est dérivée de la

nomenclature des activités économiques des communautés européennes (NACE rev. 1), elle-même issue de la classification internationale type, par industrie de l’ONU (CITI rev. 3). Pour l’analyse économique, il est apparu nécessaire de définir des regroupements standardisés. Ils constituent la NES (Nomenclature Economique de Synthèse) qui est spécifique à la France. Elle comporte trois niveaux d’agrégation plus ou moins détaillés (niveaux 16, 36 et 114).

cascade, parvient à des agrégations de plus en plus étroites. Ce type de classification ne prend pas en compte l’homogénéité des produits du point de vue de la demande, ni l’interdépendance des acteurs; il repère le facteur discriminatoire dans la similarité des processus productifs (homogénéité du point de vue de l’offre). Ainsi, bouteilles en plastique et bouteilles en verre appartiennent à des partitions différentes du système économique, même si les producteurs de chacun des produits se sentent dans une arène compétitive commune. Il faut néanmoins rappeler que la finalité des organismes statistiques n’est pas celle d’étudier la compétition parmi les firmes.

Les sociétés de conseil, n’étant pas généralement censées développer des analyses sectorielles comparées, esquivent souvent, une définition rigoureuse des frontières d’un secteur. Leurs analyses sectorielles représentent ainsi un outil préliminaire à l’élaboration de réponses successives aux commandes reçues des clients.

En plus, c’est le client lui même qui apporte des informations précieuses sur deux des critères qui désignent les entreprises appartenant au même secteur : l’interdépendance des acteurs et la similarité du processus productif (côté de l’offre).

En relation à l’interdépendance, les clients mobilisent le concept de concurrence élargie de Porter, en ayant une perception parfois très claire des firmes concurrentes ou potentiellement concurrentes. Cette perception dérive de la gestion quotidienne des affaires et du suivi des évènements impliquant leurs concurrents directs ou portant sur des entrants potentiels.

Par rapport à la similarité du coté de l’offre, par contre, une certaine spécialisation des sociétés de conseil est un préalable pour toute analyse sectorielle valable. La raison de cette spécialisation dérive du caractère essentiellement technique du critère pris en compte. Ainsi, des ingénieurs avec une spécialisation par processus productif font partie très souvent de l’équipe d’analyse chargée de suivre un secteur donné.

Le troisième critère de classification, celui de l’homogénéité du point de vue de la demande (produits succédanés) est pris en compte de façon indirecte, car les produits et les services réellement succédanés pour un consommateur/client, correspondent toujours à des entreprises en concurrence, dans le cas où, bien entendu, les deux entreprises agiraient dans le même marché géographique.

Ainsi, le point fort des analyses menées par les sociétés de conseil, l'accent mis sur la concurrence entre les acteurs, dérive de l'interaction quotidienne avec les clients, tandis qu’une certaine approximation réside dans la définition des frontières du secteur.

La question se pose de savoir quel statut donner au point de vue des bureaux d’études. L’utilisation de ce type de source peut être utile pour la validation sur le terrain des approches académiques. Encore, ces études peuvent-elles mettre en évidence certains thèmes nécessitant une investigation plus rigoureuse qui fasse appel aux méthodologies de la recherche scientifique.

Les classifications sectorielles proposées par les organismes statistiques nationaux et internationaux, malgré leurs finalités différentes constituent, dans certains cas, une des sources officielles les plus accréditées. Plusieurs chercheurs préfèrent développer leurs investigations à partir de ces données officielles validées au niveau national, voire international. Ensuite, si la classification des firmes proposée ne répond pas aux hypothèses de départ de l’analyse, on peut éventuellement remettre en cause ces classifications en montrant leur incapacité à expliquer la variabilité interne du secteur. D’autres sources ou des cas tirés de la presse professionnelle peuvent dans ce cas aider à repérer des acteurs nouveaux qui échappent à toute classification statistique basée sur l’homogénéité du processus productif. Ces acteurs nouveaux pourraient en fait avoir développé une innovation de processus qui les amène à concurrencer des acteurs qui jusqu’alors n’étaient pas intéressés par le même segment de clientèle.

Les sources provenant des sociétés de conseil et des investigations sur commande, dans la majorité des cas extrêmement focalisées sur une répartition spécifique du système économique, sont très nombreuses. Nous aurons recours à plusieurs de ces sources dont nous essayerons de saisir l’efficacité en tant qu’instrument d’anticipation de certains phénomènes. Cette capacité d’anticipation apporte aux analyses un volet « pragmatique » et orienté aussi bien vers la solution des problèmes que vers l’identification de nouvelles opportunités de développement des affaires. Cet aspect manque souvent dans les travaux les plus théoriques et qui ne sont pas enrichis par des enquêtes sur le terrain.

1.2. L’interaction firmes - environnement : le paradigme