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P.Gen. inv. 270 32 cm x 20 cm VIe s. ap. J.-C.

Planches II et III Provenance inconnue

Cette page de codex comporte le début du Psaume 36 tel qu’il apparaît dans la

Septante : sur le recto, les versets 2–10, et sur le verso, les versets 10–17 (148).2

En marge du texte des Psaumes, on trouve des notes marginales sur les deux faces, au sommet et au bas de la page, avec une citation de l’Évangile de Luc 1, 26–32 (149). Le papyrus, en assez mauvais état de conservation, se compose de trois fragments principaux. La partie centrale de la page a disparu, et sur les fragments restants, l’encre est effacée par endroits. Au recto, l’écriture suit le sens des ¿bres ; au verso, elle est perpendiculaire aux ¿bres. Marges supérieure et exté-rieure : 5 cm ; marge inféexté-rieure : 3,5 cm en moyenne ; marge intéexté-rieure : 2,5 cm. Une fois les fragments de la page mis en place, on obtient une page large de 20 cm et haute de 32 cm environ, ce qui place le codex dans le groupe 3 de la typologie établie par Turner.3 Sur les deux faces, les premières lignes du fragment tiré du

Psaume 36 sont relativement bien conservées. En bas de page elles sont presque

complètes ; il manque généralement deux lettres. La première ligne du recto com-mence au milieu d’un mot. Les versets 1–2 devaient se trouver sur la page oppo-sée, qui est perdue. La dernière ligne du verso s’arrête quant à elle à la ¿n du ver-set 17 ; on peut donc supposer que le scribe a copié la suite du Psaume sur d’autres feuillets. Le scribe passe systématiquement à la ligne à chaque début de

kolon. Les autres lignes commencent en retrait environ une fois sur deux ou sur

trois, mais cette règle n’est pas systématique. Il procède souvent à des césures de mots. Le scribe n’est pas toujours régulier dans la taille des lettres. À la ¿n de la ligne 12 notamment, qui est très longue et empiète sur la marge, les lettres dimi-nuent de taille. L’écriture, soignée, présente un style hybride. En effet, par la forme des lettres s’inscrivant le plus souvent dans un carré, elle s’apparente forte-ment à la majuscule biblique.4 En revanche, certaines décorations sur le nu et le

tau, ainsi que la forme du kappa et de l’alpha, proche du style de l’écriture copte,

rappellent le style de la majuscule alexandrine.5 Ce style hybride est attesté par d’autres témoignages dont la datation présente quelques dif¿cultés, même si les

1 Nous remercions vivement nos collègues André-Louis Rey et Enrico Norelli, qui ont eu la gentillesse de relire une première version de l’édition de ce papyrus et nous ont fait profiter de leur érudition. Les erreurs qui subsistent ne sauraient en aucun cas leur être imputées.

2 Le n° 36 dans la Septante grecque et la Vulgate latine correspond au n° 37 dans la version hébraïque masorétique, qui sert en général de base pour la numérotation dans les traductions modernes de l’Ancien Testament. Cf. Traduction Œcuménique de la Bible 768–769. Par verset, il faut entendre le découpage moderne du texte.

3 Cf. E.G. Turner, The Typology of the Early Codex 15–16.

4 Cf. G. Cavallo, Ricerche sulla maiuscola biblica ; pour une description sommaire de ce style, cf. Cavallo / Maehler, GB 13c. Pour un parallèle très proche de notre codex, contenant également un passage des Psaumes (68–74), cf. P.Naqlun II 15.

148 SEPTANTE, PSAUME 36 7 spécialistes penchent pour le VIe siècle.6 Les notes marginales du Psaume 36, 2– 17 et le passage de Luc sont copiés dans une encre plus claire. L’écriture est de petite taille, penchée vers la droite, et beaucoup moins formelle que celle du texte central. Elle se caractérise par la petite taille de l’alpha et de l’omicron, très arrondis, et de l’upsilon, anguleux et tracé en deux fois ; par le delta, le lambda, et le kappa, nettement plus larges, avec une diagonale descendante courbée et allongée ; par le nu, tracé en une fois, avec une diagonale arrondie et légèrement surélevée par rapport à la ligne. On en trouve plusieurs parallèles au VIe siècle.7

Cela renforce quelque peu la datation proposée pour le texte du Psaume. Sur les deux faces, dans la marge supérieure, les notes sont rédigées sur deux colonnes comportant chacune sept lignes. Au recto, les lignes de la première colonne sont plus serrées que celles de la seconde, ce qui donne faussement l’impression que la seconde colonne comporte une ligne de plus que la première. Sur le verso, les deux colonnes sont clairement séparées par un espace orné d’une croix ; les colonnes sont moins nettement séparées au recto, où la croix est peu lisible. Le texte de la première colonne du recto se termine dans la marge intérieure (8–10) ; il est repris à l’identique à la première colonne du verso. Dans la marge intérieure du recto, on distingue une série de signes dont l’identi¿cation reste incertaine. Dans ce passage, les croyants sont exhortés à ne pas envier les succès des impies, et à ne pas s’emporter contre eux, même lorsque ceux-ci leur font du tort. Sans laisser Àéchir leur foi envers Dieu, ils doivent vivre paisible-ment ; un jour les injustes disparaîtront, tandis que les croyants posséderont leurs terres et vivront en paix. Ce texte fait partie des psaumes attribués à David. Dans sa version hébraïque, il s’agit d’un psaume alphabétique : chaque couple de kola commence par une lettre. On le considère pour cela comme un « psaume d’instruction », dont l’apprentissage serait facilité par sa structure alphabétique.8

Le document comporte des nomina sacra : NjŴǗŴǣŴ ȡǗ ǒǛʖǚ ̃ (22) ; ǔŴȋŴſ  ǔ ʔǛǓǙ ȋſ (43).9 Il faut aussi restituer >ǔŴǗŴ@ >ǔ ʔǛǓǙ Ǘ@ à la ligne 4. En ce qui concerne l’orthographe, on relèvera la présence de plusieurs cas de iotacisme (24, 32, 57).

Le texte du papyrus a été collationné d’après l’édition du texte de la Septante d’Alfred Rahlfs, révisée par Robert Hanhart, ainsi que d’après l’editio maior de Rahlfs. Les sigles des trois manuscrits fondamentaux pour l’établissement du texte de la Septante sont :

6 Cf. Cavallo / Maehler, GB 38a et 38b ; G. Cavallo, Ricerche sulla maiuscola biblica 114– 116 et pl. 102–103.

7 Cf. Cavallo / Maehler, GB 30a et 31a–33b.

8 Cf. TOB 768.

8 LES PAPYRUS DE GENÈVE - B (Vaticanus gr. 1209, IVe s.)

- S (Sinaïticus, IV/Ve s.) - A (Alexandrinus, Ve s.)

Pour le passage traité ici, il convient de relever aussi les manuscrits et témoignages suivants de la tradition indirecte :

- R (Verona, Bibl. Capit., I, VIe s.)

- Z (Bibl. Vat., Vat. Syr. 162, « Codex Zuqninensis », VIe s.)

- He (Commentaire aux Psaumes d’Hesychios de Jérusalem [actif au Ve s.])

- L (recension de Lucien, prêtre d’Antioche [actif au IIIe s.] ; Lb = témoignage d’un groupe de manuscrits

 >ǞǙ˸ƯNjǟǓǎ@     Ps. 36, 1  >ǖʍǚNjǛNjǐʎǕǙǟȱǗǚǙǗǑǛǏǟǙǖʌǗǙǓȋ@  >ǖǑǎʋǐʎǕǙǟǞǙʓȋǚǙǓǙ˸ǗǞNjȋǞʍǗȡǗǙǖʐNjǗƤ@  >ɢǞǓɺȋǏʏǡʒǛǞǙȋǞNjǡʓȡǚǙ@   Ps. 36, 2 Recto ĺ  >ǘǑ@ǛſNjǗǒʎȋſǙǗſǞſNjǓ  ǔNjſʏɺȋǏʏ>Ǖ@ʊſǡſNjſǗNjſǡſǕʒǑſȋǞſNjſ>ǡ@ʓſ   >ȡ@ǚſǙſǚǏȋſ>Ǚ˸@ǗſǞſNjſǓſ  ȵ>Ǖ@ǚſ>Ǔ@ȋſǙſ>ǗȱǚʏǔŴ ʔǛǓǙ ǗŴǔNj@ʏſǚſǙſʐſǏſǓſ  Ps. 36, 3  >ǡſǛǑȋǞʒǞǑǞNj@  >ǔNjʏǔNjǞNjȋǔʎǗǙǟǞʍǗǍ˛@ǗǔNjʏ   >ǚǙǓǖNjǗǒʎȋ˙ȱǚʏǞ@̆ſǚǕſǙʔ   Ǟſ>̃NjɩǞ˛ȋƤ@  ǔſNjſ>ǞNjǞǛʔǠǑȋǙǗǞǙ˸ǔŴ ǟǛʐǙ ǟŴǔ@Njʏǎʖ  Ps. 36, 4   >ȋǏʐȋǙǓǞʉNjɍǞʎǖNjǞNjǞ@˛ſȋſǔNjſǛſ   ǎſ>ʐNjȋȋǙǟ@  ȡǚǙſ>ǔʊǕǟǢǙǗǚǛʑȋǔŴ ʔǛǓǙ ǗŴ@ǞſʍſǗſɞſǎſʒǗȋǙǟ Ps. 36, 5  ǔNjʏȵſ>ǕǚǓȋǙǗȱǚ̦NjǟǞʒǗ@ǔſNjſʏſNjɩ>Ǟ@ʑſ>ȋ@   ǚǙ>ǓʎȋǏǓ@  ǔNjʏȱſ>ǘǙʐȋǏǓɺȋǠ̅ȋ@ǞſʍſǗſ   Ps. 36, 6   ǎſǓſ>ǔNjǓRȋʔǗǑǗȋǙǟ@  ǔNjſ>ʏǞʑǔǛʐǖNjȋǙǟɺȋǖǏȋǑǖnjǛʐNj@Ǘſ  ɪǚſ>ǙǞʊǍǑǒǓǞ̆ǔŴ ǟǛʐ ̃ŴǔNjʏ@   Ps. 36, 7   >Ɏ@ǔſʌſǞ>ǏǟȋǙǗNjɩǞʒǗƤ@

148 SEPTANTE, PSAUME 36 9  ǖſʍſǚſNjſǛſ>NjǐʎǕǙǟȱǗǞ@̆ſǔſ>NjǞǏǟǙǎǙǟ@   ǖʌǗ̃ſȱſǗſǞſ˜ſǐſʖ˙Njɩ>ǞǙ˸@  ȱǗȡŴǗŴ ǒǛʖǚ ̃ŴǚſǙǓǙ˸ǗǞǓǚſNjſǛNj>ǗǙǖʐNjȋ@  ǚſ>Nj@˸ȋNjǓȡſǚʑɝǛſǍſ˛ſȋſǔNjʏȱǍǔſ>NjǞʊ@  Ps. 36, 8   ǕſǏǓǚǏǒǟǖʒǗ  ǖſʍſǚſNjſǛſNjſǐſʎǕǙǟɾȋǞǏǚǙ>ǗǑ@   ǛſǏʔǏȋǒNjǓſƤ  ɢǞǓǙɎǚſǙǗǑǛǏǟʒǖſǏſ>Ǘ@ǙſǓſ>ȱǘǙ@   Ps. 36, 9   ǕǏſǒǛǏǟǒʎȋǙǗǞNjǓ  ǙɎǎʋſɪǚǙǖʌǗǙǗǞǏȋǞʑǗǔŴſ> ʔǛǓǙ ǗŴNjɩ@   ǞǙʏǔǕǑǛǙǗǙǖʎȋǙǟȋǓǗ>Ǎ˛Ǘ@  ǔNjʏȵſǞǓɝǕʐǍǙǗǔNjʏǙɩǖʍɪſ>ǚʊǛ@   Ps. 36, 10 Verso Ļ   ǘǏǓɞȡǖNjſǛǞǣ>Ǖ@ʒȋ  ǔſNjſʏſǐǑǞſʎȋǏſǓȋǞʑſǗſǞſʒǚǙǗNjɩǞſǙ˸   ǔNjʏǙɩǖſ>ʍǏɮǛ˙ȋƤ@  ǙſɎſǎſʋſ>ǚǛNjǏ˩ȋǔǕǑǛǙǗǙǖ@ʎſ   Ps. 36, 11   ȋǙǟſ>ȋǓǗǍ˛Ǘ@  ǔſNjſʏǔNjſ>ǞNjǞǛǟǠʎȋǙǟȋǓǗȱǚʏǚǕʎ@   ǒǏǓſ>ǏɍǛʎǗǑȋ@  ǚNjǛNjǞſ>ǑǛʎȋǏǞNjǓɞȡǖNjǛǞǣ@Ǖʑȋ   Ps. 36, 12   ǞſʑſǗſ>ǎʐǔNjǓǙǗ@  ǔſNjſʏnjſǛʔſ>ǘǏǓȱǚ̦NjɩǞʑǗǞǙʔȋɝ@ǎʒ   ǗſǞſNjſ>ȋNjɩǞǙ˸Ƥ@  ɞſǎſʋſǔŴ ʔǛǓǙ ȋŴſ>ȱǔǍǏǕʊȋǏǞNjǓNjɩǞ@ʒſǗſ  Ps. 36, 13   ɢǞǓǚǛſǙſ>njǕʌǚǏǓɢǞǓɂǘ@ǏſǓſȾ  ȾſǖʌǛNjNjſ>ɩǞǙ˸@  ˷ǙǖſǠſNjſʐNj>ǗȱȋǚʊȋNjǗǞǙǙɎ@   Ps. 36, 14   >ȡǖNjǛǞǣǕǙʐ@   >ȱǗʌǞǏǓǗNjǗǞʒǘǙǗNjɩǞ̅ǗǞ@Ǚſ˸ſ  >ǔNjǞNjnjNjǕǏ˩ǗǚǞǣǡʑǗǔNjʏǚʌ@ǗſǑſǞſNjſ>ǞǙ˸@  >ȋǠ@ʊſǘſNjſǓǞǙʓſ>ȋǏɩǒǏ˩ȋǞ˜ǔ@NjſǛſǎſ>ʐˊƤ@  >Ⱦ˷Ǚǖ@ǠNjſʐſNjſNjɩǞ̅ǗſǏſ>ɍȋ@ʌǕǒǙǓſǏɍȋ  Ps. 36, 15  >Ǟ@ʍſǗǔNjǛſǎʐNjǗNjɩſǞſ̅Ǘ  >ǔNj@ʏſǞʉǞʒǘNjNjɩǞ̅ǗȋǟǗſǞǛſǓnjſ>Ǐʐ@ǑȋNjſǗſ  >ǔǛ@Ǐ˩ȋſȋſǙǗɝǕʐǍǙǗǞ̆ǎſǓſ>ǔ@Njſʐſ̃ſ   Ps. 36, 16   >ɪǚ@ʋſǛǚſǕǙ˸ǞǙǗȡǖNjſǛǞſǣǕ̅Ǘ   ǚſǙǕſʔǗſƤ

10 LES PAPYRUS DE GENÈVE  >ɢ@ǞſǓnjǛſNjǡǏʐſǙǗſǏȋſȢſǖNjſǛǞǣſǕ̅Ǘſ   Ps. 36, 17   ȋſǟǗǞǛſǓſnjſʎȋǙǗǞNjǓ  >ɪ@ǚſǙȋǞǑǛʐǐǏǓǎʋǞǙʓȋǎǓǔſNjſʐſ   ǙſǟȋɞǔŴ ʔǛǓǙ ȋŴ 21 ǐſʖ˙ : ǐʖ˙ BS : ɞǎ̆ A 23–24 ȱǍǔNjǞʊǕǓǚǏ BSA 31–32 ɪǚʊǛǘǏǓ LbZHeA : ɪǚʊǛǘ˙ BS 57 l. njǛNjǡʐǙǗǏȋ 60 ɞǔŴ ʔǛǓǙ ȋŴ : ɞǔʔǛǓǙȋ A : ǔʔǛǓǙȋ BR lignes du papyrus versets bibliques

1 De David. Ne t’enÀamme pas contre ceux qui font le mal et n’envie pas ceux qui provoquent le désordre : 1–3 2 car ils se dessécheront et tomberont aussi vite que

l’herbe.

4–8 3 Espère dans le Seigneur et fais le bien ; occupe la terre et fais paître (tes troupeaux) pour la faire prospérer.

9–11 4 Fais tes délices du Seigneur, il t’accordera ce que ton cœur désire.

12–14 5 Révèle au Seigneur ta voie, place ton espoir en lui ; et lui-même agira

15–17 6 et fera sortir ta justice comme la lumière ainsi que ta résolution comme le midi.

18–22 7 Soumets-toi au Seigneur et supplie-le. Ne

t’en-Àamme pas contre celui qui prospère dans son exis-tence, (ou) celui qui commet de transgressions. 23–26 8 Mets ¿n à ta colère et délaisse ton émotion ; ne

t’en-Àamme pas car cela te causera du tort :

27–30 9 car ceux qui causent du tort seront anéantis, tandis que ceux qui attendent avec persévérance le Seig-neur, eux hériteront la terre.

31–34 10 Et sous peu le pécheur n’existera pas : tu cherche-ras un endroit pour lui, et tu n’en trouvecherche-ras pas. 35–38 11 Mais les doux hériteront la terre et prospéreront

dans la plénitude de la paix.

39–42 12 Le pécheur épiera le juste et grincera des dents contre lui.

43–45 13 Mais le Seigneur se rira de lui, parce qu’il voit à l’avance que son jour viendra.

46–50 14 Les impies ont dégainé l’épée, ils ont dirigé leurs Àèches pour frapper le mendiant et le pauvre, pour égorger ceux qui ont le cœur droit.

148 SEPTANTE, PSAUME 36 11 51–53 15 Mais leur épée, qu’elle aille dans leur cœur et leurs

Àèches, qu’elles se brisent !

54–56 16 Le peu qu’a le juste est supérieur à l’abondante richesse des pécheurs ;

57–60 17 car les bras des impies se briseront, mais le

Seigneur soutient les justes.

4 >ǔŴ ʔǛǓǙ ǗŴ@. La restitution du nomen sacrum dans la lacune se justi¿e à la fois par la place disponible et par la pratique du scribe dans les parties conservées du papyrus ; cf. ǔŴ ʔǛǓǙ ȋŴſ (43) ; ȡŴǗŴ ǒǛʖǚ ̃Ŵ(22). Pour les différentes manières d’écrire ces deux

nomina sacra, cf. Paap, Nomina sacra 101–102 et 105–106.

12 ȡǚǙſ>ǔʊǕǟǢǙǗǚǛʑȋǔʔǛǓǙǗ@ǞſʍſǗſɞſǎſʒǗȋǙǟ. La version de la Septante diffère ici de celle du texte massorétique, qui comporte à cet endroit : « Tourne tes pas vers le Seigneur. »

21 ȱſǗſǞſ˜ſǐſʖ˙. Le texte est très mutilé à cet endroit, mais l’omega et l’eta sont bien visibles.

31–32 ɪſ>ǚʊǛ@_ǘǏǓ. La tradition manuscrite hésite entre l’indicatif futur ɪǚʊǛǘǏǓ et le subjonctif aoriste ɪǚʊǛǘ˙. Après la négation forte Ǚɩ ǖʎ, le subjonctif est naturel, mais la ¿xation de la tournure dans le sens de « il est certain que … n’arrivera pas » fait que l’indicatif futur est aussi fréquemment utilisé. Cf. R. Kühner, Ausführliche

Grammatik der griechischen Sprache II.2, 221; F. Blass / A. Debrunner /

F. Rehkopf, Grammatik des neutestamentlichen Griechisch § 365, p. 294–295. Ici l’indicatif futur constitue une lectio facilior, du fait de l’attraction avec le verbe ǐǑǞſʎȋǏſǓȋ de la ligne 33.

44–45 ɂǘ@ǏſǓſ Ⱦ _ ȾſǖʌǛNj. La ¿n de la ligne 44 est très effacée : on distingue des traces d’encre puis un eta. À la ligne 45, le my est visible, mais il est dif¿cile d’établir s’il est précédé d’une lettre. C’est pourquoi une autre lecture possible serait ɂǘǏǓ@ȾſȾ_ǖʌǛNj. Dans ce cas, la ligne 45 commencerait en retrait, comme la ligne 44. 48 Ǟ@Ǚſ˸ſ. Puisque ces deux dernières lettres de la ligne sont visibles sur la partie droite du papyrus, et d’après l’espace couvert par la lacune, cette ligne commence en retrait.

50 ǞǙʓſ>ȋ ǏɩǒǏ˩ȋ Ǟ˜ ǔ@NjſǛſǎſ>ʐˊƤ@. Le texte massorétique diffère à cet endroit : « celui qui marche droit ».

149 TEXTE MARGINAL DU CODEX DE LA SEPTANTE COMMENTANT UNE CITATION DE LUC 1, 26–321

P.Gen. inv. 270 32 cm x 20 cm VIe s. ap. J.-C.

Planches IV et V Provenance inconnue

Pour la description de ce papyrus, cf. 148.

Écrites en marge du Psaume 36, ces notes comportent trois séquences de texte. Dans l’édition, ces séquences de texte sont traitées comme trois unités :

a) 1–10 et 21–27 (= recto, col. i et verso, col. i) : note marginale n° 1, copiée à double au sommet de chacune des deux pages.

b) 11–17 et 28–34 (= recto, col. ii et verso, col. ii) : note marginale n° 2 = citation de l’Évangile de Luc (1, 26–28 et 30–32), dans la seconde colonne au sommet du recto (versets 26–28) et du verso (versets 30–32).

c) 18–20 et 35–38 (= recto, bas de page et verso, bas de page) : note marginale n° 3, effacée au bas du recto, puis recopiée au bas du verso.

Recto ĺ

a) Col. i : note marginale n° 1 (ver-sion 1)

Lignes 1–10

b) Col. ii : note marginale n° 2 = Luc 1, 26–28

Lignes 11–17 Psaume 36, 2-10 c) Note marginale n° 3 (version 1)

Lignes 18–20

1 Enrico Norelli a bien voulu accepter d’être associé au commentaire théologique du texte présenté ici. Qu’il veuille trouver dans ces lignes l’expression de notre profonde gratitude pour son aide précieuse. Nous avons pris le parti d’intégrer sa contribution dans le corps du texte, en qualité de co-auteur.

149 TEXTE MARGINAL DU CODEX DE LA SEPTANTE 13 Verso Ļ

a) Col. i : Note marginale n° 1 (version 2)

Lignes 21–27

b) Col. ii : note marginale n° 2 = Luc 1, 30–32

Lignes 28–34 Psaume 36, 10–17 c) Note marginale n° 3 (version 2)

Lignes 35–38

Les notes marginales n° 1 et 3 ont été copiées à double, une fois sur chaque page. Quant à la colonne de droite (note marginale n° 2), elle comporte en première ligne un titre sommaire, indiquant qu’il s’agit d’un extrait de l’Évangile, en l’occurrence un passage de l’Annonciation. Le passage n’est pas copié à double : une partie ¿gure au recto et le passage se poursuit au verso. Il manque toutefois le verset de Luc 1, 29, qui aurait dû se trouver entre la dernière ligne du recto et la première du verso. Ce verset relate l’étonnement de Marie devant les paroles de l’ange : Ⱦ ǎʋ ȱǚʏ Ǟ̆ ǕʒǍ̃ ǎǓǏǞNjǛʊǡǒǑǔNjʏǎǓǏǕǙǍʐǐǏǞǙǚǙǞNjǚʑȋǏɑǑɞȡȋǚNjȋǖʑȋǙɰǞǙȋ « À ces mots, elle fut très troublée, et elle se demandait ce que pouvait signi¿er cette salutation. » L’absence de ce verset ne compromet pas le sens général du passage cité.

Au recto, pour le texte c) = note marginale n° 3, le scribe semble s’être interrompu au milieu d’une phrase, avant d’effacer le texte et de le récrire de manière complète au verso. Si l’on compare les deux faces, on constate que le scribe a mieux serré son texte au verso qu’au recto. Il en va de même pour la première colonne du sommet de la page (texte a), dont la ligne 5 comporte moins de lettres que la ligne 24, où le même texte a été recopié. On peut avancer l’hypothèse que le scribe a d’abord écrit le texte de l’Évangile sur la colonne de droite au sommet des deux pages, avec l’intention de placer à sa gauche le texte complet de la colonne i, puis la troisième séquence de texte en bas de page ; faute de place au recto, il aurait repris les mêmes textes au verso, en les adaptant mieux à l’espace disponible.

Au niveau de leur contenu, ces notes maginales posent deux questions principales : d’abord, celle des liens unissant les trois séquences de texte ; ensuite, celle du rapport entre ces notes marginales et le Psaume 36.

L’extrait de l’Évangile de Luc raconte l’arrivée de l’ange Gabriel auprès de Marie, pour lui annoncer qu’elle va donner naissance à Jésus. La nature du texte de la première colonne est dif¿cile à déterminer, mais il traite du même thème. En effet, on lit de manière assez certaine ǔſ Njʏ ǞſʑſǍſǏǗſǗǑǒʋǗ

14 LES PAPYRUS DE GENÈVE ȱǘNjɩǞ˛ȋȱȋǞǓſǗȦǍǓǙǗǚŴ ǗǏ˸ ǖŴNjŴ(24) ; NjɩǞ˛ȋ renvoie à Ʒſ>Nj@Ǜſʐſˊſ en début de ligne. Or, il s’agit là d’une allusion au récit de l’Annonciation dans Matthieu 1, 20 : ǞʑǍʉǛȱǗ NjɩǞ˜ ǍǏǗǗǑǒʋǗ ȱǔ ƻǗǏʔǖNjǞʒȋ ȱȋǞǓǗ ȪǍʐǙǟ. On observe également un certain parallélisme au commencement des deux textes : ɞǕʒǍǙſȋſ ȡǚǏſȋǞʊǕǑ ȱǗǗǏǠʌǕſ>˙ ǚǟ@Ǜſʒȋſ (22 ; aussi 3) et ȡſ>ǚǏȋǞ@ʊſǕǑ ǍʉǛƮNjnjǛǓʍǕɞſȥǍǍǏǕǙȋȡǚſʑſ>ǞǙ˸ƳǏǙ˸@ (12). Ce parallélisme suggère une équivalence entre le Logos et Gabriel ; si la lecture des lignes 23–24 est exacte, le Logos apparaît à Marie, à la manière de l’ange de l’Évangile.

Dans la seconde colonne, la citation de l’Évangile est introduite de manière à être rattachée à ce qui précède au moyen d’un ǍʊǛ. Cet élément donne l’impression que l’extrait biblique est cité pour illustrer le texte de la première colonne. Dans tous les cas, ces deux textes de nature différente forment un ensemble cohérent, ayant pour thème l’Annonciation à Marie et l’incarnation du Christ.

Le texte situé en bas de page traite lui aussi de la thématique de l’annonce de la naissance du Christ : il évoque l’arrivée de la bonne nouvelle (35), la mission de l’ange (37 : >ǞʍǗǞǙ˸ȡǍ@ǍſʌǕǙǟȡǚǙȋǞǙǕʎǗ) et l’attente du Christ (37–38). Il se distingue cependant des deux premiers textes par sa forme, car il s’agit d’une sorte d’hymne rédigé à la première personne (36 : ǡſNjʐǛǣ), adressé à Dieu ou à Marie.

Même si ces notes marginales ne correspondent à aucun texte connu, il est néanmoins possible d’en préciser la portée théologique. La nuée de feu peut avoir différentes fonctions : manifester la gloire de Dieu, protéger, menacer, détruire. Dans notre cas, c’est apparemment la première fonction qui est en jeu. Mais on pourrait être encore plus précis, en prenant en considération le contexte d’Ex. 14, 24. Dans Ex. 14, 10 on lit dans la version grecque des Septante : ǔNjʏȾǎʒǘNjǔǟǛʐǙǟɽǠǒǑȱǗǗǏǠʌǕ˙ȱǚʏǞ˛ȋ ȋǔǑǗ˛ȋǞǙ˸ǖNjǛǞǟǛʐǙǟȱǗǚˌȋǓǞǙ˩ȋǟɎǙ˩ȋƴȋǛNjǑǕ. Ici, la gloire se manifeste sur la tente du Témoignage ou sur le Tabernacle ; or cette tente devient une ¿gure de Marie chez les auteurs chrétiens. Cf. Proclos de Constantinople (mort en 446), Discours 6,17 (Migne, PG 65, 756 B) : NjɮǞǑȾȋǔǑǗʍǞǙ˸ ǖNjǛǞǟǛʐǙǟȡǠ˕ɄȋǒǏʑȋɻǗɞȡǕǑǒǓǗʑȋɕǑȋǙ˸ȋǖǏǞʉǞʑǗȱǗǗǓNjǖǑǗǓNj˩ǙǗǞǙ˸ ȱǖnjǛʔǙǟ ǡǛʒǗǙǗ ȱǘǏǚǙǛǏʔǏǞǙ « Celle-ci est la tente du témoignage de laquelle Jésus, étant le Dieu véritable, sortait après les neuf mois du temps de la gestation. » Il s’agit d’une allusion probable à la sortie du grand-prêtre de la tente de la rencontre après le rite de l’expiation ; cf. Lv. 16, 18. En outre, ou peut se référer aux Questions de Barthélemy (infra) ; et en latin, par exemple, au récit de la Dormition de Marie du Pseudo-Méliton de Sardes (vers 500), recension B2 17,1 : tabernaculum gloriae. En fait, ce thème traverse toute l’époque byzantine et le Moyen Âge occidental, avec une quantité de manifestations.

149 TEXTE MARGINAL DU CODEX DE LA SEPTANTE 15 Les premiers chrétiens ont passé au crible les Écritures a¿n d’y retrouver des « prophéties » relatives à l’histoire de Jésus. En outre, ils ont souvent rapporté à Jésus les passages de la Septante où il était question du ǔʔǛǓǙȋ. La double interprétation de ces passages, les rapportant à Dieu et au Christ, pouvait se justi¿er par un texte comme Ps. 110, 1 (ǏɓǚǏǗǔʔǛǓǙȋ Ǟ̆ ǔǟǛʐ̃ ǖǙǟ, où le texte hébreu a deux mots différents), déjà interprété dans ce sens dans Mt. 22, 43–45 et parallèles ; Actes des apôtres 2, 34 ; Lettre de Barnabé 12, 10 ; ensuite Just. Martyr, Apol. 1, 47, 2 ; Dial. avec Tryphon 32, 6 ; 83, 1, 2 ; 127, 5 ; puis par exemple Origène, Commentaire sur Matthieu 16, 4, 114 et ailleurs, ainsi que d’innombrables autres auteurs. On pourrait alors se demander si Ex. 14, 10 n’a pas pu être lu comme une prophétie de la naissance de Jésus et avoir rendu possible la mise en rapport de celle-ci avec la nuée. Quoi qu’il en soit, l’expression ǔNjʏǔNjǞʌnjǑ ǔʔǛǓǙȋ ȱǗ ǗǏǠʌǕ˙ est courante dans le Pentateuque (p. ex. Ex. 34, 5 ; Nb. 11, 25 ; Dt. 31,15) ; elle a pu aussi être exploitée lorsqu’il s’agissait de rendre compte de la manière dont le Logos était devenu homme. Voyons pourquoi cet effort était nécessaire.

Le parallélisme indéniable (cf. ȡǚǏȋǞʊǕǑ) entre Luc 1, 26 et notre note marginale n° 1 ne laisse aucun doute sur l’identi¿cation entre le Logos et l’ange Gabriel. Or cette idée n’est pas isolée, au contraire : ce papyrus fournit une nouvelle attestation d’une représentation connue par ailleurs, selon laquelle l’ange Gabriel qui annonce à Marie la conception et la naissance de Jésus est le Logos lui-même, le Christ préexistant, et la conception se fait en lien étroit avec cette annonciation. Comme l’a sug-géré autrefois Carl Schmidt, une telle idée a pu se développer en rapport avec la conviction que le Christ préexistant, lors de sa descente dans ce monde, a pris l’aspect des anges des différents cieux pour ne pas être reconnu.2 Une telle idée est particulièrement développée dans l’apocryphe chrétien dénommé Ascension du prophète Ésaïe. Toutefois, ce texte préci-sément oblige à ne pas lier trop étroitement ces deux notions. En effet, dans ce dernier écrit, il y a un récit de la naissance de Jésus, mais il n’est pas du tout question d’annonciation à Marie et rien ne laisse conclure à une connaissance de l’Évangile de Luc. En outre, le Christ s’assimile aux anges des différents cieux ; donc, lorsqu’il arrive sur terre, il ressemble aux anges inférieurs du ¿rmament, ce qui ne s’accorde pas avec son apparition sous la forme de Gabriel, qui est l’un des anges les plus élevés.

Quoi qu’il en soit, l’idée que le Christ était l’ange Gabriel lors de l’annonciation apparaît de la manière la plus claire avant le milieu du IIe

siècle dans un apocryphe chrétien bien connu, l’Epître des apôtres, conservé seulement en éthiopien classique (guèze) et partiellement en 2 Cf. C. Schmidt, Gespräche Jesu mit seinen Jüngern nach der Auferstehung 281–293.

16 LES PAPYRUS DE GENÈVE copte (et en petite partie en latin). Au chapitre 14, on trouve un dialogue