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2 - Entre proximité expériencielle et distance scientifique à instaurer : trouver son positionnement épistémologique et sa posture sociologique

La rupture épistémologique vise à passer d’une connaissance commune de l’objet de recherche à une connaissance scientifique grâce à la mise en place d’un ensemble d’outils, de techniques ou méthodes et de positionnement qui permettent l’objectivation du phénomène social étudié. La proximité avec notre objet d’étude, le milieu social étudié ainsi qu’avec l’expérience sociale au cœur de notre recherche rendait d’autant plus difficile la distanciation nécessaire à la démarche de recherche sociologique. Dans un premier

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temps, il nous a fallu accepter d’être impliquée et oublier la posture « extérieure » qui, dans notre cas, nous est apparue dans un premier temps comme un véritable artefact intellectuel. Pour autant, l’histoire de la discipline nous incitait à avoir confiance en la nécessité de la distanciation. Si ce positionnement épistémologique ne s’imposait pas à nous, il fallait donc le construire.

2.1. - Le statut de la parole des enquêtés

L’adoption d’une démarche d’enquête qualitative par entretien amène l’analyste à se questionner sur le statut à accorder à la parole des enquêtés, qui varie entre deux pôles consistant d’un côté à prendre la parole pour argent comptant ou, de l’autre, remettre radicalement leur parole en question et suspecter les enquêtés de mensonge (Mercklé & Octobre, 2015a).

Tout d’abord, il est illusoire de croire que le récit livré reflète fidèlement l’histoire des enquêtés. Ces derniers ne peuvent (et ne veulent) pas non plus tout raconter ; ils choisissent les morceaux qui leur paraissent les plus pertinents, en fonction de la situation d’interaction et d’entretien ainsi qu’en fonction des questions et relances de l’enquêteur. Il y a en fait trois ordres de réalités : le plus englobant est la réalité empirico-historique, c’est-à-dire le parcours biographique tel qu’il est vécu par l’acteur ; vient ensuite la réalité psychique et sémantique, c’est-à-dire le parcours tel qu’il est pensé rétrospectivement par l’individu et enfin, la réalité discursive, c’est-à-dire le parcours tel qu’il est raconté par l’enquêté lors la situation d’entretien (Bertaux, 1997). Chacun de ces ordres de réalité est plus restrictif que le précédent et l’enquêté ne livre à l’enquêteur que la réalité de ce dernier ordre. L’enquêteur ne peut que difficilement établir la fiabilité des données recueillies puisqu’il n’a pas accès aux autres ordres de réalité, uniquement disponibles (plus ou moins largement) au seul enquêté. Néanmoins, la cohérence du récit livré n’est pas toujours complète ; l’analyste peut y déceler des approximations, des erreurs voire des contradictions. Ces incohérences dans les récits ne résultent pas nécessairement d’actes conscients ou volontaires de la part de l’enquêté : elles peuvent être le fruit de processus temporels, sociaux ou cognitifs qui altèrent plus ou moins fortement, plus ou moins profondément, la perception que l’enquêté entretient des évènements passés. Les enquêtés croient (ou veulent croire) au récit qu’ils (se) racontent.

En tant que scientifique, la réflexion sur l’administration de la preuve nous a effectivement conduite à nous interroger sur la fiabilité de notre matériau dont dépendait la qualité et la justesse des analyses qui en seraient issues. Dans la recherche des influences qui s’exercent sur le projet professionnel, comment considérer la parole d’un enquêté qui nous dit « ça, ça a compté dans mon projet » ? Donner notre confiance aux enquêtés sur ce qu’ils nous disent être leur propre réalité nous paraissait être le postulat de départ ; sinon, pourquoi réaliser les entretiens ? L’objet de cette thèse porte effectivement sur leur vécu et l’évolution de leur projet ; il s’agissait donc d’en rendre compte. Pour autant, le sociologue (dans ses rôles d’enquêteur et d’analyste) n’est pas seulement le réceptacle de la parole d’individus à qui il donne une voix en transmettant leur « témoignage ». L’entretien n’est pas un témoignage mais un moment de production et de recueil d’une vision du monde social, située du point de vue de l’enquêté. Face à ce récit, un des rôles du sociologue est de livrer une sorte de « méta-analyse » sur l’analyse effectuée par l’enquêté lui-même afin de donner à voir les conditions sociales qui le conduisent à penser ce qu’il pense et faire ce qu’il fait. Le sociologue ne fait effectivement pas de « découvertes » au sens où il n’invente rien ; il ne fait que dévoiler ce qui existe déjà, non pas à l’état brut, mais en exposant le résultat de ses propres analyses.

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Ainsi, l’analyse active des récits des enquêtés nous ouvrait légitimement, en tant que sociologue, la possibilité de porter une analyse qui divergeait de la leur en y portant à la fois un regard critique en croisant les différentes informations livrées dans l’entretien mais aussi un regard comparatiste par la mise en perspective des différents entretiens entre eux mais également longitudinal en confrontant les deux moments de recueil de données pour un même individu.

Certains éléments des entretiens se contredisaient clairement et permettaient de remettre en question les assertions formulées ici, lorsque là, des éléments les rendaient caduques. Dans d’autres cas, la comparaison transversale des entretiens a fait apparaître des ingrédients pertinents dans l’évolution du projet de certains et que d’autres ne mentionnaient pas explicitement mais qui, au détour d’une tournure de phrase ou d’une anecdote, apparaissaient alors même que ces ingrédients restaient invisibles aux yeux de ces derniers. Enfin, l’analyse longitudinale montrait que les enquêtés n’avaient pas forcément conscience des changements survenus depuis la précédente vague d’entretiens.

Mais donner un statut à la parole des enquêtés n’admet pas de réponse claire, tranchée et imparable. Le positionnement est le plus souvent équivoque, s’opère au cas par cas, au fur et à mesure que l’analyse de chaque entretien, mais aussi celle de l’ensemble du corpus, progresse. La détermination du statut de la parole des enquêtés de cette recherche s’est opérée ainsi en trois temps. En première intention, nous avons donné notre confiance à la parole des enquêtés : s’ils nous disent que telle chose a compté dans leur projet, que tel évènement s’est passé de telle manière, nous les croyons. Ce premier postulat nous semble être un prérequis lorsqu’un dispositif d’enquête qualitative par entretiens est mis en œuvre. En revanche, nous avons considéré que le récit qu’ils nous livraient n’était pas forcément exhaustif : ils avaient forcément oublié ou méconnu des choses, ou n’en avaient pas mentionné certaines, pensant qu’elles étaient négligeables ou évidentes. Cette deuxième voie a émergé de l’analyse comparative des entretiens entre eux et grâce au regard dépassant la spécificité des réalités individuelles que pose le sociologue sur son matériau, fait des récits qui lui sont rapportés. La troisième voie de considération du statut de leur parole nous a été donnée par le dispositif longitudinal. Du point de vue des enquêtés, la succession de micro-changements rend manifestement plus difficilement visible l’inflexion de la trajectoire d’une idée ou d’un positionnement. Ayant fixé leur récit lors de la première vague d’entretiens, nous pouvions pleinement prendre la mesure des changements survenus lors de la seconde vague puisque le point de comparaison était clairement établi et objectivait le chemin parcouru.

De fait, notre matériau se fonde bien sûr sur la parole des enquêtés. Mais le traitement et les analyses intermédiaires (les descriptions-résumés ou les schématisations spécifiques par exemple) ont constitué une seconde source de matériau. A partir de leur récit, leur parcours ont été reconstitués et replacés dans un contexte d’analyse sociologique plus large, où les liens ou relations d’influence étaient plus denses que ce à quoi pouvaient procéder les enquêtés eux-mêmes. Nous nous sommes donc réservée la possibilité d’enrichir et de mettre en lien les éléments de leur récit. L’analyse transversale des entretiens affine le regard du sociologue et permet de rechercher les liens invisibles ou cachés dans les entretiens, de mettre à jour l’existence de configurations similaires non explicitées mais qui ont pu jouer un rôle dans l’évolution du projet et du parcours. Ce recul permis par la démarche d’analyse sociologique qui fait se croiser les regards des acteurs est moins accessible pour chaque enquêté et légitime donc le dépassement et l’enrichissement de leur parole. Enfin, le dispositif longitudinal nous offrait une troisième possibilité : celle

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de remettre en cause leur parole, notamment celle livrée lors de la seconde vague d’entretiens. L’analyse longitudinale permet en effet une comparaison et une confrontation des données dans le temps qui permet de recouper certains éléments recueillis au cours des différentes vagues d’entretiens et d’apprécier différemment la parole des enquêtés. Il ne s’agit pas d’une remise en cause radicale mais le dispositif permet toutefois de moduler certaines assertions ; lorsqu’un enquêté nous raconte que le travail occupe toujours la même place dans sa vie mais que l’analyse révèle qu’il est passé d’un rapport au travail expressif en première vague à un rapport plus instrumental en seconde vague, le dispositif longitudinal permet dans ce cas de ne pas tenir compte de son assertion et de considérer l’analyse sociologique effectuée comme plus fiable et ayant pu corriger certaines incohérences ou illusions de cet ordre. En ce sens, nous rejoignons l’idée que la validation empirique résulte d’un constructivisme social : elle tente, dans la tension, à la synthèse entre le monde vécu par l’acteur et l’acteur vu sous l’œil critique de l’analyste dans le monde (Paillé & Mucchielli, 2013).

2.2. - L’entrée intermédiée sur un terrain institutionnel : travailler la

présentation de soi et analyser les jeux d’acteurs

Le calendrier de nos recherches et de la mission d’expertise associée à notre contrat doctoral a favorisé la prise de distance avec le terrain constitué des doctorants et jeunes docteurs : nous avons débuté notre période doctorale par les entretiens auprès des directions et secrétariats des écoles doctorales. Cette première mission d’expertise visait à établir un diagnostic des pratiques de suivi du devenir des docteurs mises en place par les écoles doctorales de l’université. Pour autant, la position à adopter sur ce terrain ne s’annonçait pas si facile. Alors que la relation d’enquête met généralement en présence un enquêteur et des enquêtés qui ne se connaissent pas, il en était ici autrement. Si nous étions des relatifs « anonymes » les uns pour les autres, nous étions toutefois salariés de la même institution et nos rôles au sein de celle-ci étaient connus de part et d’autre. Par ailleurs, la relation d’entretien se noue généralement sur le principe du volontariat : les sollicitations des enquêtés n’impliquent pas une obligation d’acceptation, ces derniers peuvent décliner. Sur ce point, il en était différemment puisque la mission d’expertise avait été commanditée par le collège doctoral - instance fédérative de l’action des écoles doctorales, qui en mutualise une partie de l’action et en définit la stratégie et la politique à l’échelle de l’université. Là aussi, nous nous trouvions face à une situation d’enquête spécifique où il nous a fallu apprendre à négocier cette relation et à faire valoir certains termes plus que d’autres.

Doctorante depuis quelques semaines à peine, nous avons cherché à prendre rendez-vous avec les directeurs, directrices et secrétariats des écoles doctorales. Alors que certains se sont montrés très vite disposés à convenir d’un rendez-vous, cette première étape s’est avérée plus délicate avec d’autres. Il a fallu l’intervention du collège doctoral, commanditaire de cette mission donc, pour inciter les retardataires à bien vouloir nous trouver un créneau. Si ce relais institutionnel a été payant et a permis de réaliser des entretiens avec l’ensemble des directions et secrétariats des écoles doctorales, ce mode d’entrée en relation n’était pas totalement neutre et révélait potentiellement un caractère injonctif ou coercitif. La difficulté à obtenir des rendez-vous au point qu’il eut fallu une intermédiation à la prise de contact nous a conduite à penser qu’elle reflétait les craintes que pouvait susciter cette mission ; la pertinence ou l’utilité de cette dernière ne devait peut-être pas faire consensus au sein de l’institution. Ces difficultés d’entrée

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sur le terrain devaient être interprétées comme un résultat dont il fallait trouver la signification32 : l’enquête ne se limite effectivement pas au matériau recueilli lors des entretiens mais englobe également les situations d’entretien et d’enquête sur lesquelles le sociologue doit exercer sa réflexivité (Darmon, 2005). De surcroît, cette intermédiation ne facilitait pas non plus notre positionnement « d’experte » qui avait manifestement besoin d’aide, même pour obtenir un rendez-vous. Il nous a donc fallu travailler la « présentation de soi » que nous allions effectuer en début d’entretien.

La première stratégie de « présentation de soi » et de la mission d’expertise de manière plus générale a consister à nous présenter comme une alliée des écoles doctorales : notre mission visait à recueillir leurs pratiques en matière de suivi, identifier les difficultés rencontrées, repérer les besoins afin, non pas d’évaluer et « distribuer les bons et mauvais points », mais de proposer des solutions et un soutien méthodologique visant à leur faciliter la tâche dans le suivi des docteurs qu’elles devaient assurer. La première mission d’expertise est intervenue durant la période de préparation à la venue de l’HCERES et l’évaluation des différentes composantes de l’université : il était important de dissocier les objectifs respectifs de ces deux interventions extérieures. L’objectif de notre mission d’expertise était d’accompagner l’ensemble des écoles doctorales dans la conduite de leurs activités et pratiques communes qu’il fallait faciliter tandis que celle de l’HCERES était d’évaluer chacune d’entre elles quant à l’efficacité, la pertinence ou la cohérence de leurs actions comparativement aux objectifs généraux définis légalement ou contractuellement. L’enjeu de cette présentation de soi consistait également à éloigner autant que possible le sentiment d’imposition hiérarchique que pouvait susciter notre mission et notre venue, commanditée par le collège doctoral mais dont l’action ne se déroulait pas en son sein mais précisément auprès des écoles doctorales. La mission d’expertise ne devait pas être perçue comme une tentative d’ingérence, mais au contraire comme l’allocation de moyens supplémentaires dans la conduite de leurs activités.

La deuxième stratégie de « présentation de soi » visait à réaffirmer une certaine autonomie professionnelle auprès du personnel des écoles doctorales. Afin de justifier ce qui pouvait être perçu comme l’intrusion d’une jeune doctorante dans les « affaires » des écoles doctorales de l’université, nous avons mis en avant dans la présentation de notre profil et de notre parcours en début d’entretien, notre expérience de 6 ans en tant que chargée d’études dans des observatoires universitaires traitant des questions d’insertion professionnelle notamment dans d’autres régions. L’objectif était ainsi de faire passer notre statut de doctorante au deuxième plan et souligner que nous possédions les compétences techniques et thématiques nécessaires à la réalisation de la mission d’expertise qui nous était attribuée afin de susciter la confiance. De plus, la mise en avant de cette position extérieure au collège et aux écoles doctorales visait à souligner que nous ne prenions pas parti dans l’histoire de leurs relations ; notre rattachement à une unité de recherche spécialisée sur les questions du travail pouvait par ailleurs nous offrir un gage de crédibilité et légitimité supplémentaire.

32 Nous avons compris plus tard que certaines résistances étaient dues au positionnement des écoles doctorales face aux politiques doctorales ministérielles d’harmonisation de la formation doctorale auxquelles certaines écoles doctorales n’adhéraient pas. D’autres étaient d’ordre plus matériel et relevaient d’emploi du temps chargé ; elles constituaient également un élément de résultat indiquant des moyens probablement trop faibles pour assurer l’étendue des missions confiées.

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Pour autant, l’intervention sur un terrain fait immanquablement naître des intentions chez les acteurs voire des tentatives d’instrumentalisation de la présence du sociologue : signification d’une défiance à son égard, recherche de légitimation de leur propre position ou recherche de l’adhésion du sociologue à leur point de vue afin que ce dernier la défende auprès d’autres acteurs, justification de l’image du bon élève ou de l’élève créatif… Cette mission ne devait pas servir de « caution scientifique » pour imposer des orientations qui n’étaient de toute façon pas dans nos attributions ; elle devait plutôt servir à faire dialoguer et se rencontrer deux univers professionnels : celui de l’ingénierie de l’enquête en sciences humaines et sociales et celui du devenir professionnel des docteurs. Nous avions l’expérience professionnelle relative au premier et notre sujet de thèse portait sur le second : nous étions au centre des deux et nous nous sommes donc vue comme un intermédiaire de la rencontre de ces deux espaces professionnels.

L’accueil et les premiers échanges avec le personnel des écoles doctorales ont toutefois fait apparaître quelques signes qui ont éveillé notre questionnement : certains étaient très enthousiastes, d’autres ont manifesté de la réticence, ou encore une certaine circonspection quant aux effets attendus de cette mission. Nous avons ainsi pris acte de ces différentes réactions sans savoir précisément ce que nous pourrions en faire dans le cadre de la mission d’expertise. C’est lors de l’analyse ultérieure des entretiens, réinvestis dans le cadre de la thèse, que ces réactions ont pris sens : nous nous sommes intéressée aux différences de pratiques mais cette fois en essayant de comprendre en quoi elles sont le produit de représentations particulières et le fruit d’un contexte spécifique préexistant. L’évolution du paysage de l’enseignement supérieur impulsée par le processus de Bologne et les modes de gouvernance ou d’évaluation des institutions publiques mobilisant de plus en plus d’indicateurs quantitatifs fournissaient les motifs de résistance et défiance de certaines écoles doctorales face aux orientations des politiques publiques relatives au doctorat et face à cette mission qui étaient associées dans certaines représentations.

2.3. - L’infinité des reflets constitués des miroirs qu’étaient notre sujet de thèse

et notre propre parcours : une mise en abîme vertigineuse

La prise en main de notre sujet via le détour par cette mission d’expertise a favorisé le décentrement de notre regard de jeune doctorante en nous forçant à comprendre le point de vue de l’institution universitaire au sujet de la question du devenir des docteurs. La multiplication des points de vue de différents acteurs était ainsi le point de départ du processus d’objectivation qu’il fallait mettre en œuvre. La distanciation, prise de recul ou autre objectivation tant prônées dans les manuels de méthodologie de sciences sociales ne se décrètent effectivement pas, elles se construisent progressivement.

La mise en perspective de notre propre parcours avec notre sujet de thèse nous a effectivement rapidement donné le tournis, parfois fait perdre pied : nous ne savions plus si ce que nous lisions ou entendions allait nous servir à mieux appréhender notre sujet de thèse et faire avancer notre recherche ou si cela éclairait notre expérience de doctorante - une mise en abîme vertigineuse. Ceci a nécessité un travail réflexif intense sur notre positionnement.

Nous avons mis cette réflexivité au service du travail de distanciation et de rupture avec notre objet et les prénotions que nous pouvions entretenir à son égard. Mais comment faire pour prendre ce recul et arriver

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à appréhender son sujet avec toute la distance nécessaire ? Était-ce seulement possible ? Nous avons d’abord pensé que la distanciation était impossible : nous la vivions cette thèse tous les jours, en permanence, y compris dans nos rêves. Elle nous obsédait33, comme beaucoup de doctorants. Comment pouvions-nous alors avoir le recul nécessaire sur cette expérience si intense, intime et transformatrice