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1 - Rendre possible les conditions favorables à la réalisation du doctorat : une première forme de sélection par l’information

Ce chapitre s’intéresse à la manière dont les institutions de formation et de production constituent leur vivier de candidats au doctorat et parmi lesquels elles vont opérer la sélection de ceux qu’elles vont inciter et/ou autoriser à s’y inscrire. L’institution universitaire joue un rôle majeur puisque c’est elle qui, in fine, a la capacité d’autoriser ou refuser l’inscription en doctorat. Cette première section se penche plus particulièrement sur les dispositifs d’informations et institutionnels constituant la première étape de la première séquence du processus sélectif à laquelle les institutions de formation et de production procèdent. Ils sont en effet la condition première de la naissance de l’engagement en doctorat voire de l’émergence d’une vocation académique ou scientifique. Cette première section de chapitre décrit donc les modalités selon lesquelles cette information est diffusée ou recherchée ainsi que ses destinataires privilégiés. Les arguments ayant fait sens et trouvé écho auprès des candidats au doctorat permettront alors de voir les premiers éléments de discours par lesquels la vocation académique ou scientifique commence à être intériorisée.

1.1. - L’information sur l’existence même du doctorat et de ses modalités d’accès

L’influence des institutions de formation et de production sur les projets et parcours professionnels est manifeste avant même l’entrée en doctorat. L’information est d’abord dispensée par les institutions auprès des futurs candidats potentiels, principalement ceux inscrits en Master recherche. Alors qu’elle pense se présenter au concours d’entrée à l’école des avocats, Laure prend connaissance de la possibilité d’effectuer un doctorat par les responsables de son Master 2 Recherche. Cette information ouvre le spectre de son projet professionnel en même temps qu’elle normalise le cheminement de la vocation académique qui commence à se dessiner : le doctorat est envisagé comme la continuité logique du parcours universitaire, le Master recherche constituant l’étape préalable au doctorat :

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« En Master recherche, on nous en a parlé un peu. C’est le débouché normal la thèse pour les masters recherche. » Laure, V1.

Toutefois, les dispositifs institutionnels d’information sur le doctorat ne prennent pas systématiquement une forme collective, systématique et intervenant relativement tôt au cours de l’année universitaire comme en Master recherche. Dans les Masters à finalité professionnelle, l’information sur le doctorat ne s’adresse généralement qu’à un individu en particulier - pressenti, concerné ou en formulant la demande – et est ainsi susceptible d’être transmise à n’importe quel moment au cours de l’année. Les informations transmises sur le doctorat gardent toutefois leur caractère officiel. La dichotomie entre Master professionnel conduisant a priori à une insertion professionnelle immédiate et Master Recherche conduisant a priori au doctorat n’est donc pas totalement hermétique. Au cours de la soutenance de son mémoire de Master professionnel, Éléanor a ainsi pu discuter de la possibilité d’effectuer un doctorat avec un des membres du jury :

« Un de mes profs, Mr X, qui a fait partie de mon jury de soutenance de fin d'études, […] on avait parlé un moment, il avait été très pédagogue. » Éléanor, V1.

Lorsqu’elle s’adresse à un seul individu, l’information sur les possibilités de réaliser un doctorat peut prendre une forme plus informelle ou provenir d’une personnalité externe à l’institution universitaire. Lors d’une année de césure, Daphné effectue deux longs stages d’exploration des secteurs et spécialités entre lesquelles elle hésite encore à s’orienter lors de sa dernière année d’école d’ingénieur. Au cours d’un de ceux-ci, son maitre de stage (issu donc d’une institution de production plus spécifiquement, mais cette organisation participe également à la formation de stagiaires ou doctorants) aborde le sujet avec elle :

« Il m’a posé la question que je ne m’étais jamais posée avant : « Est-ce que tu veux faire une thèse après l’école [d’ingénieur] ? » Et pfffff ! j’ai dit « Je sais pas ! ». Et l’idée a fait son chemin. Il m’en a parlé, il me l’a vendue […] Lui, il s’occupait de gens qui faisaient des thèses en CIFRE dans son entreprise. Donc c’est lui qui m’a donné l’idée et ça a fait son chemin. » Daphné, V1.

L’étudiant peut cependant chercher lui-même l’information lorsque celle-ci ne vient pas à lui. Lucas s’est par exemple renseigné sur les moyens de faire une thèse, car l’école d’ingénieur dans laquelle il suivait son cursus ne proposait pas de dispositifs institutionnels d’information sur le doctorat :

« A moins qu’on demande spécifiquement, je n’ai pas le souvenir qu’on nous oriente vers une thèse. Après, moi, j’avais quand même fait le Master recherche en dernière année d’école d’ingénieur pour avoir le double diplôme. […] On nous sensibilise un peu plus à la possibilité d’une thèse. Parce qu’en école d’ingénieur, ce n’est pas vraiment le truc qui est mis en avant. » Lucas, V1.

Lucas est donc passé par un dispositif institutionnel d’informations numériques : il a effectué ses recherches notamment via le site internet de l’Association Bernard Grégory59 (l’ABG) qui centralise des informations sur le doctorat (témoignages, enquêtes, études), propose divers accompagnements professionnels, diffuse des offres d’emplois et de doctorat de son réseau partenarial. Lucas a également exploré les sites internet des

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organisations (organismes publics, entreprises ciblées) dont il savait qu’elles étaient susceptibles de publier des offres de thèse :

« J’ai commencé à chercher une thèse vers octobre/novembre et je ne trouvais pas beaucoup d’offres. C’est sans doute parce que je ne suis pas forcément passé par les bons réseaux. La thèse que j’ai trouvée, je l’ai trouvée sur le site, par hasard, de l’ABG. Ce n’était pas en passant par un de mes profs de l’[école d’ingénieur]. J’avais essayé par-là, par l’ONERA aussi car je connaissais quelqu’un qui y était en stage. J’avais essayé aussi par [l’entreprise dans laquelle j’ai effectué mon stage de fin d’études] qui propose des thèses CIFRE. » Lucas, V1.

Le dernier canal d’information est plus informel : il repose sur les doctorants eux-mêmes, qui constituent dans certains cas des « ambassadeurs » du doctorat, notamment auprès d’étudiants de master. Le projet professionnel d’Antoine connaît sa première évolution via ce canal : à l’issue de son cursus en Institut d’Études Politiques60, il s’est présenté au concours de la magistrature auquel il échoue de peu. Dans l’objectif de renforcer ces connaissances en droit, il s’inscrit en master recherche :

« L’idée était de retenter le concours, pas de faire de la recherche ou de faire un doctorat. Je n’en savais pas grand-chose. À Sciences Po, ce n’est pas trop la culture de faire un doctorat par la suite, on n’y est pas encouragé. J’ai découvert ça en discutant avec des collègues qui faisaient des thèses. Ils m’ont expliqué de quoi il s’agissait et ça m’a intéressé. » Antoine, V1.

Collectifs, individuels, externes, numériques ou informels, les différents dispositifs d’informations sur le mode de fonctionnement régissant l’entrée en doctorat et ses conditions de réalisation engendrent une inégale diffusion de l’information auprès des étudiants de niveau bac+5. Alors que certains attendent plus ou moins passivement que l’information « vienne » à eux, d’autres cherchent au contraire activement quelles démarches ils doivent entreprendre pour s’y inscrire. Ces sources d’informations sont diverses, parfois informelles ou contingentes, faiblement institutionnalisées, car surtout dépendantes de relations interpersonnelles ou des cultures pédagogiques, scientifiques et de recherche des établissements fréquentés par les enquêtés – en particulier les IEP et écoles d’ingénieurs. Les étudiants inscrits en Master à l’université ont plus souvent accès à une information officielle.

Bien qu’Antoine ait effectué un Master à l’université après l’IEP, il estime avoir pâti de son passage par l’IEP, comme un stigmate qui l’empêcherait de faire de lui un « vrai juriste » et potentiellement un « bon » candidat au doctorat de droit. Ces deux institutions de formation véhiculent en effet des conceptions différentes de la culture pédagogique, scientifique et de recherche :

« Il y a un esprit Sciences po qui …est assez élitiste et assez dédaigneux d’ailleurs pour l’université […]. Il y a une forme de mépris réciproque. D’ailleurs, je l’ai senti à la fac aussi. Comme je venais de Sciences po, on ne me considérait pas comme un juriste […] Ce sont des préjugés. [A l’IEP, ils considèrent que] si on est à la fac, c’est qu’on a échoué au concours

60 Les références à l’Institut d’Études Politiques sera abrégé dans la suite du document par le sigle IEP ; les enquêtés désignent fréquemment l’établissement et/ou le cursus qu’il propose par l’expression « Sciences Po ».

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d’entrée à Sciences po. Alors que c’est faux. Et du côté du droit [universitaire], on considère qu’on est le gardien du temple juridique et que tous ceux qui n’ont pas la culture juridique depuis la première année ne sont pas qualifiés pour pouvoir parler et traiter la matière juridique. » Antoine, V1.

La teneur des liens entre les écoles d’ingénieurs et la recherche universitaire contribuent également à une information différenciée des futurs ingénieurs sur les possibilités du doctorat. Marceau se plaint ainsi du manque de dispositifs institutionnels d’information sur le doctorat au sein de son école d’ingénieur. L’incompréhension que suscite son projet de doctorat61 confirme de surcroît l’existence de cultures d’établissement différenciées :

« À l’école d’ingénieur, je n’ai pas du tout été soutenu, ni par le personnel enseignant, ni par les collègues. Le doctorat était peu promu. La voie classique, c’est d’aller dans l’entreprise après l’école. J’ai eu aucun support là-dessus. Il y avait les railleries habituelles qui disaient que je n’avais pas envie de m’engager sur la voie du travail et que je voulais rester dans le monde des études […]. Après, il y a une incompréhension à vouloir poursuivre alors qu’on en a déjà bavé pendant les deux ans de prépa et les trois ans d’école d’ingénieur tous ensemble. Ce sont des a priori classiques et communs des gens qui ne savent pas ce qu’est un doctorat, un docteur et les conditions de travail qui y sont associées. » Marceau, V1.

A contrario, certains établissements de formation ont une culture et des liens avec la recherche très étroits et considèrent la poursuite en doctorat comme une évidence. L’échec du travail institutionnel d’inculcation de la vocation académique auprès des normaliens semble ainsi peu probable aux représentants institutionnels :

« L’ENS, c’est une école qui qui a pour but de former à l’enseignement et la recherche. […] À l’ENS à l’époque, ils avaient tendance à être très insistants pour qu’on fasse une thèse et un des directeurs de département nous avait dit qu’on ferait tous une thèse, avec une espèce de faux rire. Ils reconnaissaient sans doute que ça nous choquait un peu, mais ils nous encourageaient à le faire. Avec son air de petit taureau bourru et énervé mais c’était évident pour lui qu’on allait en faire une. » Pacôme, V1.

En conclusion, les Masters à finalité recherche constituent la principale voie de recrutement des candidats au doctorat du fait de la systématisation de l’information sur le doctorat qui y est diffusée, son caractère collectif s’adressant à l’ensemble de la promotion et la précocité de la sensibilisation au cours de l’année universitaire de Master. Les Masters à finalité professionnelle semblent moins fortement constituer un vivier de recrutement mais leur positionnement institutionnel au sein de l’institution universitaire semble toutefois rendre l’accès à l’information sur le doctorat moins difficile et plus incitative que pour les étudiants inscrits dans d’autres types d’établissements de formation. Les établissements de formation, et à travers eux la finalité des formations dispensées, constituent donc un facteur institutionnel crucial dans la diffusion de

61 A ce stade, il s’agit bien d’un projet de doctorat dont les liens avec un projet professionnel à plus longue échéance sont plus ou moins établis.

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l’information concernant les possibilités d’un doctorat. Dans chaque établissement et finalité de formation, l’accès à l’information, à la fois inégal et non homogène, s’effectue par des canaux diversifiés. Surtout, la culture pédagogique, scientifique et de recherche dont ces institutions de formation sont porteuses induit (ou non) la valorisation et la désirabilité de la voie doctorale et, in fine, une suggestion voire une imposition différenciée de la vocation académique chez leurs étudiants. L’accès à l’information est déterminant pour la formulation d’un projet de doctorat. Les dispositifs institutionnels d’informations sur le doctorat sont un ingrédient pertinent de l’évolution des projets professionnels puisqu’ils permettent, à ce stade, d’en ouvrir à chaque fois le spectre, une des dix dimensions constitutives du projet professionnel tel que défini antérieurement. Sans l’ouverture de la voie doctorale parmi le champ des possibles, les individus ne peuvent pas l’introduire comme éventualité de leur projet professionnel.

1.2. - La désirabilité de la voie doctorale

Pour que l’option doctorale soit considérée comme envisageable en tant que projet universitaire et professionnel, puis choisie parmi celles qui s’offrent aux étudiants de Master, cette option doit être valorisée par les institutions de formation et de production afin de la rendre désirable aux yeux des diplômés de bac+5. Or, toutes les institutions ne la valorisent pas avec la même ampleur ; certains jouent un rôle inhibiteur vis-à-vis du doctorat, d’autres un rôle de promotion. Lorsqu’elles rendent vis-à-visible l’option doctorale, les institutions de formation et institutions de production valorisent le doctorat en mettant en avant les atouts du diplôme en termes d’insertion professionnelle. Ces institutions viennent ainsi faire évoluer une ou plusieurs dimensions du projet professionnel précédemment élaboré.

La valorisation du diplôme peut ainsi faire évoluer le projet professionnel de deux façons : soit la possibilité de suivre la voie doctorale fait évoluer et transforme le projet professionnel initial, intégrant alors de nouvelles possibilités professionnelles ouvertes par ce diplôme ; soit le projet professionnel est déjà plus ou moins stabilisé vers l’enseignement et la recherche, et la valorisation du doctorat ne le modifie pas fondamentalement, le diplôme apportant seulement une plus-value relative au projet professionnel entretenu jusqu’alors.

Pour Laure, cette valorisation de l’option doctorale se présente comme une nouvelle voie possible mais dont les débouchés professionnels sont aussi incertains que d’autres. L’ouverture du spectre de son projet professionnel en direction du doctorat s’accompagne toutefois d’une réduction de l’incertitude qui pèse sur la concrétisation du « projet de doctorat » comparativement aux projets professionnels de juriste ou d’avocat :

« En droit, quand on a un M2, on n’a pas de métier. C’est difficile de trouver un travail. Ou alors, il faut l’examen d’avocat qui est aléatoire. » Laure, V1.

Chez Éléanor qui vise l’enseignement, l’institution de formation exerce son influence en validant la pertinence du choix de l’option doctorale. La connectivité de son projet professionnel s’établit alors : effectuer d’abord une thèse pour, ensuite, devenir enseignante-chercheuse. L’institution de formation est représentée ici par un chargé de TD avec qui elle a une discussion, puis avec un des membres de son jury de soutenance de mémoire :

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« Je lui avais dit que je voulais faire de l'enseignement et il m'a dit que la thèse était un marchepied pour l'enseignement. » Éléanor, V1.

Daphné bénéficie quant à elle d’une information plus personnalisée, émanant d’un professionnel industriel. La valorisation institutionnelle du doctorat repose sur deux arguments : l’approfondissement requis des connaissances dans une spécialité technique d’une part, la nécessité stratégique de se démarquer dans un univers professionnel concurrentiel et attractif auprès des jeunes diplômés d’autre part. Ces conseils résonnent avec l’évolution de trois dimensions particulières de son projet professionnel : la volition, la connectivité, et l’incertitude. Pour concrétiser son projet professionnel entretenu de longue date d’une insertion dans le spatial ou l’aéronautique, Daphné adopte en effet une attitude pro-active à l’égard de son avenir. Suite aux conseils de son encadrant de stage, elle s’approprie, la pertinence d’un projet de doctorat (dimension relative à la volition c’est-à-dire relative à sa capacité à agir sur son avenir) afin d’intégrer par la suite, l’industrie spatiale ou aéronautique (dimension relative à la connectivité, c’est-à-dire l’enchainement temporel permettant la concrétisation du projet professionnel) et ce, avec moins d’incertitude que si elle n’avait pas de doctorat (dimension d’incertitude, c’est-à-dire la probabilité de voir la projection se réaliser ou non) :

« Mon maitre de stage m’a conseillé de faire une thèse si je voulais continuer à travailler dans ce domaine-là qui est très technique. Et c’est un tout petit monde. C’est à peu près nécessaire de faire une thèse, surtout dans des domaines comme l’aéronautique. […] Tout le monde en a une en fait pour pouvoir se distinguer sur les postes après. » Daphné, V1.

La désirabilité de la voie doctorale prend forme chez Lucas à travers sa représentation des différents degrés d’institutionnalisation des disciplines scientifiques dans lesquelles il pourrait se spécialiser au cours du doctorat. La structuration et le positionnement relatif des disciplines scientifiques entre elles lui permet en effet de clarifier son projet professionnel en choisissant de travailler sur une spécialité disciplinaire émergente plutôt que de rechercher un emploi dans la lignée de son école d’ingénieur en aéronautique :

« L’incendie me semblait plus être quelque chose de « niche » que l’aéronautique en fait. Il y avait aussi ça. Les retours que j’avais eus sur la recherche en aéronautique d’amis qui étaient partis en stage recherche, c’est que la mécanique des fluides, c’est quelque chose qu’on étudie depuis 100 ans et les communautés sont énormes. Alors que dans l’incendie, c’est moins le cas, ça fait 10-15 ans que ça existe vraiment la science de l’incendie. » Lucas, V1.

Les raisons rapportées par Antoine de son inscription en doctorat font référence à certains signes de l’inculcation de la vocation académique. Antoine est tout d’abord prêt à un renforcement de sa dévotion pour l’objet de sa vocation, c’est-à-dire qu’il est prêt à la possibilité offerte par le doctorat d’approfondir son sujet de mémoire de master. Le genre discursif avec lequel il évoque le projet de doctorat est ensuite celui de la passion pour son sujet et le développement des connaissances, évoquant ici une vocation spécifiquement académique. À ce stade, cette dernière reste toutefois encore mise en regard d’autres options possibles comme la magistrature. L’option doctorale modifie déjà certaines dimensions de son projet professionnel : le report de l’échéance d’accéder à la magistrature - si toutefois la magistrature reste une possibilité – ; son

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extensibilité évolue également puisque le champ des possibles s’ouvre en intégrant aussi bien la voie doctorale que la magistrature :

« Ça m’intéressait beaucoup de travailler sur un thème qui était proche de ce sur quoi j’avais travaillé. C’était un prolongement. Mener le travail à son terme et me spécialiser en droit parce qu’à Sciences Po, c’était une matière parmi d’autres. C’était une opportunité ce doctorat et n’interdisait pas d’intégrer la magistrature via les concours. » Antoine, V1.

À travers les dispositifs plus ou moins institutionnalisés d’information sur le doctorat, les institutions de formation et de production contribuent à forger les représentations entretenues par les doctorants au sujet de certains parcours sociaux– et notamment les parcours universitaires et de recherche – en les rendant visibles d’un point de vue structurel et en les faisant exister comme une possibilité envisageable, voire désirable. En s’appuyant sur le registre de l’insertion professionnelle, les institutions valorisent l’accès à un métier et l’émergence à venir d’une professionnalité ; autant d’éléments qui vont permettre de faire évoluer les différentes dimensions du projet professionnel.

Néanmoins, la désirabilité de la formation doctorale chez le potentiel candidat au doctorat s’opère parfois à distance de son engagement dans celui-ci car le projet de doctorat peut se révéler être une option de second choix au regard d’un projet professionnel initial institutionnellement contraint. Au cours de son Master 1, Félicie commence par exemple à nourrir le projet de devenir conseiller (juge) au tribunal administratif.