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Le type de projet abordé ici ne se laisse pas facilement appréhender. L’éclatement apparent de la multiplicité qu’il prend au fil du temps - ou parfois simultanément - laisse néanmoins apparaître une

49 Il faut comprendre là un mode de vie ascétique fait de nourriture intellectuelle (lecture et écriture) et éloigné de toute opulence matérielle. Il vivait alors de son épargne, du RSA et d’aides familiales.

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certaine régularité qu’il est possible de comprendre si elle est questionnée sous l’angle d’une démarche itérative suivant une logique opportuniste ou adaptative. La démarche itérative désigne la procédure par laquelle les enquêtés interrogent, à de (très) fréquents intervalles temporels, l’orientation de leur parcours en cours avec d’autres possibilités professionnelles envisageables et qui pourraient alors se constituer en projets professionnels. La logique opportuniste mobilisée dans cette démarche n’a aucunement un sens péjoratif et n’est pas non plus empreinte d’un quelconque jugement de valeur. Elle reflète plutôt la ligne de conduite adoptée par les enquêtés et à travers laquelle leur projet et leur parcours professionnel évoluent, au gré des circonstances dans lesquelles ils souhaitent voir leur vie professionnelle et personnelle prendre place, dans l’immédiat ou un futur anticipé, nécessitant ainsi certaines adaptations. Ainsi, ils sont amenés à se saisir de certaines occasions - ou opportunités - professionnelles qui se présentent à eux : leur projet professionnel se confond alors souvent avec un champ des possibles professionnels identifié duquel va émerger une opportunité qu’ils vont saisir et qui va leur permettre de préciser leur projet. Dans d’autres cas, c’est l’impossibilité de saisir une opportunité qui les conduira à en envisager de nouvelles. Le spectre des opportunités envisagées par un même individu au cours de la période d’observation peut ainsi être assez large et viser des directions relativement variées, des métiers ou emplois plutôt différents les uns des autres.

Même si les questionnements sur les contours de leur projet et l’orientation de leur parcours démarrent souvent antérieurement aux carrefours biographiques, les réévaluations effectuées ou les arbitrages auxquels ils procèdent se saisissent particulièrement bien lors de ces moments où un choix leur est ouvertement possible. A ce moment-là, le champ des possibles professionnels possède des contours plus ou moins larges et connaît des variations par rapport au projet initial : il peut revêtir un caractère extrêmement ouvert ou au contraire se limiter à des projections qui se situeraient dans une perspective adéquationniste avec leur formation universitaire. L’évolution du projet professionnel ne s’effectue pour autant pas ex nihilo et tous azimuts mais est le résultat de l’intersection du champ des possibles avec le champ du souhaité, relatifs tous deux au contexte personnel et professionnel dans lequel l’individu se situe, dans l’immédiat ou un futur plus ou moins proche.

La démarche itérative qui engendre l’évolution de leur projet professionnel suit toujours la même séquentialité et ce, chez l’ensemble des enquêtés dont l’évolution du projet professionnel est de type « itératif ». Un même cycle se répète en effet de nombreuses fois au cours de la période observée. Ce cycle est composé lui-même de plusieurs phases, au nombre de quatre. Dans sa première phase, un projet dont les contours sont plus ou moins définis avec précision est élaboré, les grandes lignes d’un projet professionnel sont posées.

Les enquêtés se retrouvent dans un second temps face à une ou plusieurs opportunité(s) qui s’offre(nt) à eux dont certaine(s) diffère(nt) de leur projet initial. Ces opportunités professionnelles viennent mettre en exergue la forme de dissonance projective évoquée précédemment, c’est-à-dire la dissonance projective entre le présent et le futur, c’est-à-dire relative aux faibles probabilités de concrétisation du projet professionnel envisagé. Mais ces opportunités peuvent également souligner la difficulté à se satisfaire d’une situation universitaire ou professionnelle vécue. Il s’agit là d’une nouvelle forme de dissonance projective, cette fois entre le présent et le passé, et qui met l’accent sur le décalage entre le projet préalablement nourri et la situation présente qui ne répond pas aux attentes. La saisie d’une opportunité

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peut ainsi réduire la dissonance projective (présent-futur ou présent-passé) éventuellement apparue. Les opportunités qui se présentent ne se limitent pas pour autant à la résolution de difficultés ou à la réduction d’une dissonance projective. Elles peuvent aussi venir ouvrir de nouvelles perspectives, ou raviver d’anciennes voies qui ont été écartées ou laissées dans l’ombre ; celles-ci sont alors réévaluées. Dans tous les cas, ces opportunités viennent ouvrir le champ des possibles.

Dans la troisième phase du cycle et grâce au fait que leur projet professionnel ne soit pas enfermé dans un carcan qui se voudrait trop rigide, les opportunités sont examinées et évaluées comme étant autant de potentielles nouvelles orientations à donner à leur projet professionnel. La logique opportuniste s’exprime alors pleinement puisque le projet professionnel s’ouvre sur d’autres possibilités que celles initialement envisagées. Malgré les nombreux cycles itératifs, la logique opportuniste qu’exprime l’évolution du projet professionnel de chaque individu reste majoritairement cohérente pour chacun d’entre eux et ce, tout du long du parcours ; c’est elle qui guide les choix, c’est elle qui est le moteur des évolutions que connaissent les projets professionnels. Les enquêtés peuvent alors faire sortir leur projet professionnel du risque d’une trop forte dépendance de sentier50 et d’une poursuite « coûte que coûte » de celui-ci vers son atteinte. Le projet professionnel peut ainsi évoluer. Le projet professionnel « itératif » fait en effet preuve d’une grande adaptation aux contextes professionnels, personnels ou économiques dans lesquels les individus sont situés et se meuvent.

La quatrième phase du cycle peut prendre deux déclinaisons possibles, non exclusives l’une de l’autre : d’un côté et si une opportunité a été évaluée favorablement, elle est alors expérimentée, suivie et appropriée en tant que projet professionnel actualisé. De l’autre côté, cette évaluation favorable n’est toutefois pas toujours suivie d’une concrétisation effective ; elle peut aussi, et dans certains cas, être ultérieurement réévaluée, mais négativement cette fois : elle est alors et dans ces deux derniers cas « empêchée », contraignant alors l’enquêté à la recherche d’autres opportunités. Peu importe la déclinaison que prend cette quatrième phase du cycle (opportunité saisie puis appropriée ou alors empêchée), son issue conduit à nouveau à la première phase du cycle qui redémarre alors et où les grandes lignes d’un projet professionnel sont posées.

Le cycle se répète ainsi plusieurs fois au cours des récits qui nous ont été rapportés et suit toujours le même schéma : un projet dont les contours sont plus ou moins définis avec précision est élaboré (1 = les grandes lignes d’un projet professionnel sont posées). Venant éventuellement marquer une potentielle dissonance projective, de nouvelles et multiples opportunités se présentent alors aux enquêtés dans un second temps (2 = ouverture du champ des possibles), venant ainsi réinterroger les multiples choix de parcours qui se présentent à eux, avant qu’ils procèdent à un arbitrage et un examen de cette (ou des) possibilité(s) professionnelle(s) (3 = évaluation des opportunités) et que la nouvelle option envisagée soit choisie (4 = opportunité saisie) et que le nouveau projet professionnel soit approprié ou au contraire, que la nouvelle option envisagée soit contrariée ou contrecarrée (4bis = opportunité empêchée).

50 Tel que mentionné dans la première section du deuxième chapitre (l’analyse processuelle), la dépendance de sentier exprime le poids de choix antérieurs sur les choix présents.

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Les enquêtés qui connaissent ce type d’évolution de projets professionnels sont au nombre de quatre : il s’agit de Stéphane, Maryam, Éléanor et Élise. En effet, l’évolution de leur projet professionnel emprunte dans ces quatre cas une démarche itérative et suit les différentes phases du cycle itératif décrites précédemment (les grandes lignes du projet professionnel sont posées, ouverture du champ des possibles, évaluation des opportunités, opportunité saisie/empêchée). Schématiquement, l’évolution de leur projet pourrait prendre cette forme :

Titre : L’évolution des projets professionnels du quatrième type : itération et opportunité

L’examen de la logique avec laquelle ces projets professionnels « itératifs » sont menés a permis d’identifier trois grands modes distincts de fonctionnement possible de cette logique opportuniste. Ils ne sont probablement pas exhaustifs mais permettent de mieux saisir en quoi consiste la logique opportuniste et offrent dans tous les cas une première approche de ce type de projet professionnel « itératif ». L’exposition de chacune des différentes logiques opportunistes ayant contribué à l’évolution du projet professionnel nous permettra donc de mettre à jour, au fur et à mesure de son avancée, la séquentialité commune à ce type de projet « itératif » grâce à la précision (entre parenthèses et en italique) de la phase du cycle itératif dont il est question. Les nombreuses répétitions du cycle ainsi que l’enchaînement de ses différentes phases sera alors souligné et permettra d’être plus facilement observé, alors même que le nombre de séquences/d’itérations du cycle diffère d’un individu à l’autre (au sein de la population de cette enquête, le cycle qui compose cette démarche itérative se répète jusqu’à quatorze fois et au minimum six fois selon les individus).

4.1. - Face à l’impossibilité de suivre la voie souhaitée, l’expérimentation

successive de différentes options du champ des possibles

Le cycle itératif permettant l’évolution du projet professionnel de Stéphane s’observe six fois au cours de la période de vie passée en revue au cours des deux entretiens longitudinaux. La logique opportuniste régissant l’évaluation des différentes opportunités est celle d’une recherche de valorisation de l’expérience professionnelle précédemment acquise, à la fois symboliquement en accédant à des fonctions et à un milieu professionnel prestigieux ; cette expérience professionnelle précédemment acquise doit aussi être valorisée financièrement afin de lui garantir un certain confort de vie.

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Après un DESS51 en droit, Stéphane s’inscrit dans une université étrangère dans laquelle il suit une formation - toujours dans la même spécialité - dans l’objectif de mieux connaître les enjeux de la problématique dans ce pays pour éventuellement y travailler par la suite (les grandes lignes du projet professionnel sont posées). Alors qu’un de ses enseignants monte un observatoire (ouverture du champ des possibles), c’est l’occasion pour Stéphane de travailler à ses côtés, de mettre en application les nouvelles connaissances acquises localement et d’exercer un droit de regard, voire un certain pouvoir, sur les projets plutôt que de rentrer en France (évaluation des opportunités). Il y est alors recruté (opportunité saisie). Après qu’il y ait fait une rencontre amoureuse, le jeune couple décide de venir s’installer en France. Stéphane trouve alors un CDD d’un an à l’ordre des architectes puis un CDI à l’ordre des géomètres-experts où il se créé un réseau et « fréquente du beau monde : professeurs de droit, directeurs d’administration, représentants d’autres professions voisines » avec lesquels il fait « des sorties, des séminaires d’entreprises, des bons restos » permettant de « passer du bon temps sans se tuer au travail » (les grandes lignes du projet professionnel sont posées). Au fil des années, une question de recherche portant sur la division foncière émerge. Le grade de docteur que confère l’obtention d’un doctorat lui permettrait en outre d’acquérir une légitimité et crédibilité dont il dit manquer dans son milieu professionnel afin de se voir confier des dossiers intéressants et des responsabilités (ouverture du champ des possibles). Alors que sa femme décroche un emploi dans son pays d’origine pour lequel elle doit donc quitter la France (dissonance projective « présent-futur »), Stéphane souhaite de son côté pouvoir être libre de vivre et travailler aux côtés de sa femme (évaluation des opportunités). L’évènement constitue le déclencheur pour que Stéphane quitte son travail et commence sa thèse (opportunité saisie). En complémentarité du bon salaire de sa femme, Stéphane veille à maintenir une source de revenus : il effectue des consultations, est engagé sur des missions ponctuelles pour l’observatoire dans lequel il a précédemment travaillé, donne des cours. Alors que sa fin de thèse approche et comme prévu initialement, il recherche un poste de docteur-juriste en entreprise (les grandes lignes du projet professionnel sont posées). Mais il rencontre des difficultés à trouver des offres d’emploi qui répondent à ses attentes et au niveau d’expertise qu’il vise (dissonance projective présent-futur). Suivant les conseils de quelques-unes des personnes rencontrées au cours de sa thèse (le directeur scientifique d’un groupement de recherche thématique qu’il fréquente, la directrice d’un institut de formation d’une grande école dans laquelle il a enseigné et qu’il connaissait via ses précédentes activités professionnelles), il présente un dossier de qualification au CNU. Cette période est également celle où il peut encore s’inscrire à l’école des avocats dont les docteurs en droit sont dispensés du concours d’entrée (ouverture du champ des possibles). Il est soucieux de valoriser socialement son diplôme de doctorat et le métier d’enseignant chercheur correspond à cette exigence du projet de Stéphane tandis que le métier d’avocat représente pour lui une possibilité de valorisation financière (évaluation des opportunités). Sans attendre le résultat de la qualification, il démarre la formation d’élève-avocat (opportunité saisie) et sera informé, quelques semaines après, du refus de sa candidature par le CNU (opportunité empêchée). Après la première période de cours, les stages pratiques de l’école des

51 Il s’agit du Diplôme Supérieur d’Études Spécialisées, remplacé depuis la réforme dite LMD (pour les trois cycles de Licence-Master-Doctorat visant l’harmonisation des diplômes européens à partir de 2003) par le Master professionnel.

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avocats démarrent. C’est à ce moment qu’a lieu la première vague d’entretiens ; Stéphane souscrit totalement à ce nouveau projet professionnel de devenir avocat et se voit déjà prêter serment à la fin de la formation (appropriation du nouveau projet professionnel dont les grandes lignes sont posées). Mais, lors des stages qui suivront, Stéphane est déçu du manque de valorisation financière qu’il attendait de son diplôme de doctorat : il est rémunéré selon la grille réservée aux élèves avocats, son doctorat ne change rien au montant qu’il perçoit. Il vit difficilement le fait d’avoir sept ou huit ans de plus que les autres stagiaires et que, malgré l’expérience acquise, il ne soit pas mieux considéré. Les dossiers qui lui sont confiés ne relèvent pas d’un grand intérêt (accumulation d’éléments de dissonance projective « présent-passé ») mais Stéphane met en pratique les méthodes relatives à l’exercice du travail d’avocat. Il s’inscrit en parallèle sur des plateformes de recrutement en ligne. Alors que les deux organismes d’accueil de stage lui proposent un emploi une fois l’école des avocats terminée, il est contacté par une chasseuse de tête qui lui fait plusieurs propositions d’emploi attractives (ouverture du champ des possibles). C’est par ce biais qu’il accepte un poste à l’interface de la recherche académique et des préoccupations des professionnels du droit de l’immobilier plutôt que l’avocature où son expérience doctorale n’est que trop peu reconnue, symboliquement et financièrement parlant (évaluation des opportunités). Quelques temps avant la deuxième vague d’entretiens, il accepte ainsi un emploi de responsable de documentation et de recherche dans une étude notariale spécialisée dans l’immobilier d’entreprises et le notariat d’affaires (opportunité saisie). Stéphane est extrêmement satisfait de ce poste taillé « sur mesure » pour son profil positionné entre le secteur privé et académique et renonce alors à l’exercice des fonctions d’avocat mais veut toutefois terminer sa formation d’avocat. Il faut voir la volonté de terminer sa formation comme l’anticipation de l’ouverture d’un futur champ des possibles permise par le Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat qui permettrait à une éventuelle opportunité future d’être saisie.

Le projet professionnel d’Éléanor connaît lui aussi ce mode d’évolution itératif et opportuniste. La logique opportuniste avec laquelle Éléanor mène son projet professionnel est assez proche de celle de Stéphane : comme lui, Éléanor rencontre des difficultés pour accéder rapidement au type d’emploi qu’elle souhaite ; ce qui la conduit alors à considérer de multiples voies d’intégration au marché du travail, à condition toutefois qu’elles revêtent un certain prestige et une source de revenus notable et qu’elles soient compatibles avec la localisation de sa vie conjugale. Après sa soutenance, Éléanor cherche en effet à exploiter successivement de multiples voies professionnelles, dans des secteurs d’activités variés. Faute de pouvoir concrétiser celle choisie sur le moment, elle est contrainte d’en exploiter une nouvelle ; et le cycle se répète jusque sept fois avant de déboucher sur la signature d’un contrat. Les nombreuses possibilités qu’elle envisage les unes après les autres relèvent donc bien d’une démarche itérative et ceci, toujours selon une logique opportuniste même si lesdites opportunités identifiées ne sont pas toujours saisissables, c’est-à-dire évaluées suffisamment positivement pour être adoptées ou permises par le marché du travail via le biais des recruteurs potentiels. Éléanor en abandonnera effectivement certaines qui se révèleront peu compatibles avec son mode de vie ou ses aspirations, elle se verra refuser la possibilité d’autres opportunités, tandis que la dernière réunira les conditions suffisantes pour être saisie.

Le projet professionnel d’Éléanor connaît donc sept cycles itératifs. Durant son master 1, elle travaille sur les fondations culturelles qui la passionnent et dans lesquelles elle se verrait bien travailler plus tard en tant qu’administratrice d’institutions culturelles (les grandes lignes du projet professionnel sont posées). En master 2, sa réussite à son mémoire de recherche couplée aux encouragements d’enseignants

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l’inciteront à songer à la possibilité d’un doctorat (ouverture du champ des possibles). Malgré l’absence de financement doctoral pérenne, la forte symbolique qu’elle associe au doctorat (« intelligence », « prestige », « élégance » et « rareté ») renforce sa détermination à convaincre un enseignant-chercheur de l’encadrer (opportunité saisie). Durant son doctorat en droit, Éléanor a effectué des vacations d’enseignement et a occupé deux postes d’Ater qui l’ont véritablement passionnée et pour lesquels elle s’est beaucoup investie. Même si l’activité de recherche semble l’avoir moins enthousiasmée, elle l’a suffisamment appréciée pour vouloir faire de l’enseignement et de la recherche son métier ; elle envisage en effet et très rapidement après le début de sa thèse de devenir enseignante-chercheuse (les grandes lignes du projet professionnel sont posées). Au moment de sa soutenance et depuis plus d’un an déjà, son conjoint et elle habitent dans un pays d’Europe de l’ouest d’où il est originaire et où il a déjà trouvé du travail. Une fois sa thèse soutenue, elle cherche donc à exercer en tant qu’enseignante-chercheuse au sein d’une des chaires de droit que comporte la ville (ouverture du champ des possibles) dans laquelle ils sont installés. Mais les retours de ses candidatures lui font comprendre que les postes permettant d’enseigner le droit français à l’étranger sont bien trop rares et convoités pour qu’elle puisse penser y accéder rapidement (opportunité empêchée). Éléanor cherche alors à enseigner en France (les grandes lignes du projet professionnel sont posées), dans les universités rapidement accessibles depuis son lieu de résidence. Des opportunités de vacations se présentent (ouverture du champ des possibles) mais les contraintes financières et logistiques l’obligent finalement à renoncer à aller y enseigner : il n’est pas envisageable qu’elle vive séparément de son conjoint qui deviendra son mari dans les mois qui suivent (opportunité empêchée). La possibilité d’intégrer une école d’avocats en France (les grandes lignes du projet professionnel sont posées) est permise par la passerelle ouverte aux docteurs en droit ainsi dispensés du concours d’entrée à cette formation (ouverture du champ des possibles). Mais cette opportunité est écartée pour les mêmes raisons que précédemment : elle refuse une séparation géographique (opportunité empêchée). Les contraintes de la localité dans laquelle elle a décidé de mener sa vie limitent donc ici fortement le champ des possibles qu’elle accepte d’envisager.

« [S]on côté hussarde de la république » la conduit ensuite à se diriger vers les institutions françaises de la ville : institut français, consulat, ambassade (les grandes lignes d’un projet professionnel sont posées). Elle crée un profil sur la plateforme des Français à l’étranger et postule aux offres d’emplois comme aux offres