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4 Pré-analyses : repérage d’occurrences, catégorisation et transcription

4.5 Protocole de transcription

Les occurrences correspondant à chaque catégorie identifiée à la section 4.4 et sélectionnée pour l’analyse en détail (voir le chapitre 5) ont ensuite été transcrites en préparation pour l’analyse, ainsi que, le cas échéant, les occurrences isolables en français correspondant à des éléments du paradigme lexical multicodique des unités visées. La transcription comprend le cotexte allant de quelques secondes avant l’occurrence jusqu’à quelques secondes après. Une limite précise n’a pas été fixée quant à la quantité du cotexte à prendre en compte; plutôt, la transcription comprend le cotexte nécessaire pour bien interpréter l’occurrence. Les transcriptions ont aussi été annotées avec des informations sur la thématique de discussion et toute autre information contextuelle (au sens large de contexte, voir Kerbrat-Orecchioni, 2007) jugée pertinente pour l’interprétation de l’occurrence et pour l’identification des habitudes d’usage relatives à l’unité en question. Les conventions de transcription sont présentées à la page ii.

Aucune transcription ne peut être une reproduction complètement fidèle de l’interaction dont elle constitue la trace écrite (Blanche-Benveniste, 2010). Notamment, il faut réduire l’immense quantité d’information qui est transmise dans une interaction orale à une quantité qui sera lisible sur la page, ou autrement dit il faut sélectionner d’avance les données auxquelles on veut porter une attention particulière, selon l’approche et les objectifs de l’analyse. En cela, la transcription constitue elle aussi une forme de pré-analyse.

Dans le cas de la présente étude, les transcriptions visent un maximum de simplicité tout en essayant d’éviter d’imposer des règles de l’écrit sur l’oral spontané, et tout en prenant en compte certains phénomènes de l’oral qui peuvent être des indices observables de la perception ou des intentions des locuteurs. Ainsi,

l’orthographe standard a été utilisée, à la fois pour la simplicité de la lecture (Blanche-Benveniste, 2010) et pour éviter de folkloriser les prononciations non standards. Cependant, lorsque l’orthographe standard ne permet pas de rendre compte des traits de l’oral potentiellement significatifs, des formes communément utilisées dans l’écrit spontané ont été adoptées, par exemple dunno, chuis, tsé, etc. Notamment, la forme y est utilisée pour transcrire à la fois il, ils et il y, lorsque réalisés en /i/. Les signes de ponctuation n’ont pas été imposés sur les transcriptions selon les règles de l’écrit, qui présupposerait l’existence de certaines structures syntaxiques, mais selon la prosodie en tant qu’indice des intentions de communication du locuteur. Ainsi le point, le point d’interrogation et le point d’exclamation représentent une pente mélodique déclarative, interrogative et emphatique respectivement, sans que ce qui précède soit nécessairement une phrase grammaticalement complète de forme syntaxique déclarative, interrogative ou emphatique selon les normes de l’écrit. La virgule, quant à elle, représente une séparation prosodique faite par le locuteur qui ne correspond pas à l’une des autres marques prosodiques prévues, et est utilisée seulement là où l’absence d’un tel séparateur visuel pourrait gêner l’interprétation de l’énoncé lors de la lecture.

D’autres éléments retenus comme potentiellement significatifs pour l’interprétation en contexte des occurrences sont les tours de parole, les chevauchements et les énoncés de backchannel (aussi appelés rétroactions ou signes/signaux d’écoute) ainsi qu’un ensemble de phénomènes souvent identifiés comme des dysfluidités : les pauses, les hésitations ou auto-interruptions et les prolongements de segments phonologiques. Les dysfluidités, notamment, peuvent accomplir plusieurs fonctions dans le discours, dont certaines sont d’un intérêt particulier pour la présente étude : indiquer une recherche lexicale en cours, différencier un nouvel évènement discursif, indiquer qu’un segment de son discours nécessite une attention particulière de son interlocuteur, indiquer une rupture avec les normes ou les attentes sur l’interaction et même faciliter spécifiquement l’intégration dans l’énoncé d’une occurrence d’alternance codique (Brennan et Williams, 1995 ; Clark et Fox Tree, 2002 ; Fraundorf et Watson, 2011 ; Hlavac, 2011). Toutefois, les transcriptions ne se veulent pas des transcriptions fines de la phonétique, de la phonologie ou de la prosodie, ni du visuel ou du mimo- gestuel; ces éléments sont toutefois pris en note lorsqu’ils sont jugés pertinents pour l’interprétation de l’occurrence visée. Ainsi, tous les éléments prosodiques indiqués dans les transcriptions ont été repérés perceptuellement lors de l’écoute; aucune prise de mesure de la longueur des pauses ou des prolongements ni de la pente mélodique des énoncés n’a été effectuée.

4.6 Récapitulatif du chapitre 4

Ce chapitre a porté sur les choix méthodologiques nécessaires afin de procéder au traitement des données dans le corpus d’analyse, autrement dit sur les pré-analyses. Notamment, des critères de définition de la notion d’occurrence d’alternance codique ont été établis de façon à pouvoir appliquer cette notion à un corpus de productions effectives, en excluant les unités desquelles le statut codique est trop ambigu pour traiter dans

la présente étude. Une fois cette définition en place, il a été possible de repérer les occurrences d’alternance codique dans le corpus. Ensuite, il a été décidé de se concentrer sur les occurrences en anglais, par souci de la comparabilité à travers les trois sous-corpus, et sur les occurrences en position isolable, par souci de lever l’ambiguïté quant à l’unité dont le sens aurait pu motiver l’alternance codique. Cette présélection faite, il a été possible d’identifier des catégories d’unités à analyser et de transcrire les occurrences associées à ces catégories. Le prochain chapitre présente les analyses proprement dites qui ont été effectuées sur les données ainsi sélectionnées et préparées.