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Programmes d’emplois pour les jeunes

CHAPITRE 3 : MODALITES D’INTERVENTION FACE AUX CHOCS

3.4 Argent contre travail (Cash for Work)

3.4.3 Programmes d’emplois pour les jeunes

Le Gouvernement, sur fonds propre, à travers un programme spécial de création d’emploi, a expérimenté ces travaux dans 49 communes avec des contrats de 5 mois pour le curage, nettoyage de caniveaux. Un autre programme a été mis en œuvre dans le cadre des mesures sociales de 2012 et ciblait 351 communes (83720 jeunes) et le projet Emploi jeune, appuyé par la Banque mondiale, a comme objectif d’offrir ces emplois temporaires à 31000 jeunes77. Les salaires de ce dernier programme sont harmonisés à 37500 FCFA/mois pendant 6 mois et les jeunes filles représentent 50% des effectifs. Ces opérations conviennent mieux au milieu urbain et aident à lutter contre la pauvreté et le désœuvrement en particulier en créant des emplois temporaires. Ces jeunes ont été affectés à des travaux de salubrité, et de restauration des terres.

Contraintes :

- Les bénéficiaires ciblés sont des jeunes déscolarisés et non scolarisés sans emploi pas nécessairement choisis parmi les ménages vulnérables.

- Pour une pleine valorisation des revenus injectés auprès des jeunes, il est nécessaire de prévoir des mesures d’insertions (formations citoyennes, AGRs, initiation à l’épargne crédit) et des mesures de protection de la santé (matériel de protection, assurances, vaccinations) compte tenu des risques sanitaires auxquels les jeunes sont exposés. De plus le financement des AGR et l’équipement des jeunes, qui accompagnent ces programmes alourdissent le montage et les coûts de ces opérations.

- Sauf pour le projet Emploi Jeunes, les ressources financières ont été ponctuelles et non assurée d’une année à l’autre ce qui occasionne des difficultés de planification aux mairies.

Opportunités :

- Ces emplois rendent service à la communauté (salubrité) et aux communes qui ont souvent de faibles ressources pour l’assainissement.

77Ce programme intervient dans 4 communes urbaines et 6 communes rurales

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- Ces programmes pourraient avoir un impact sur le développement d’emploi plus durable et sur les capacités des jeunes s’ils valorisent les opportunités78.

- Le ciblage peut être amélioré et effectué en collaboration avec l’action sociale lorsque les méthodologies seront mieux développées pour le milieu urbain; les bénéficiaires de ces programmes peuvent être déjà inscrits dans un registre (partage de base de données).

3.4.4 Les programmes municipaux de sécurité et de salubrité

Le programme le plus connu est celui des Brigades vertes de Ouagadougou, qui existe depuis 1995, et emploie environ 3000 femmes qui nettoient chaque jour les rues de la capitale ainsi que plusieurs terrains publics (bureaux, écoles); leur contribution à la salubrité de la Ville est reconnue par toute la population. Cette Brigade a pour objectifs (i) de réduire la pauvreté par la création d’emploi, (ii) d’améliorer le cadre de vie de Ouagadougou; (iii) de protéger les couches sociale vulnérables. Majoritairement féminine (98% des effectifs), les femmes sont payées 37000 FCFA/ mois pour un travail de 6 heures trois jours par semaines; ce qui leur permet aussi de réaliser d’autres AGR pour compléter leur revenus pour couvrir les besoins prioritaires de leur famille dont la scolarité des enfants. Les femmes sont organisées en équipes supervisées par des chefs d’équipe scolarisées. Un autre programme cible l’amélioration de la sécurité routière le Projet d’appui à la sécurité routière et à la protection civile/Volontaires adjoints de sécurité (VADS) du Ministère de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité (MATDS (2014-2017), qui couvre tout le pays, à travers l’embauche de 30000 jeunes de 18 à 40 ans79.

Quant au projet de ramassage des sachets plastiques, il s’agit d’une initiative du Ministère de l’Environnement mise sur pied dans le cadre des « mesures sociales » du Gouvernement en 2014.

En 2014, ce programme a permis de ramasser 8934 kg de déchets plastiques propres et 1976 kg non traités à travers des associations formées à travers tout le pays et de transférer à ces associations des sommes importantes80sur une période de trois mois. Le montage prévoit l’achat par le Gouvernement des sachets et l’approvisionnement de centres de traitement régionaux qui en feront des objets utiles qui seront vendus.

Contraintes :

- Les Brigades vertes sont cofinancées par la Mairie de Ouagadougou et le Gouvernement à raison de 12000 (Mairie) et 25 000 FCFA/mois (Gouvernement). Le versement de la contribution gouvernementale accuse souvent des retards. De plus, les moyens des

78Les mesures sociales n’ont pas été évaluées et le Projet Emploi jeunes est à ses débuts.

79Ce dernier programme n’a pas ou être rencontré par la mission mais son renforcement est préconisé dans le cadre du PRP-AGIR du Burkina Faso.

80En 2014, la collecte de sac a bénéficié à 12000 femmes et 1000 hommes qui ont reçu une moyenne de 26253 FCFA pour trois mois de collecte (calculs propres à partir des chiffres du projet) en plus de la création de 281 emplois verts (chauffeur et manutentionnaires).

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communes ne permettent pas toujours d’assurer le matériel de protection et les moyens de travail nécessaire aux travailleuses (habillement, balais, brouette, vaccinations,

assurances…).

- Les femmes sont exposées aux accidents et certaines ne disposent pas de gardiennes pour leurs enfants qui ne sont pas admis sur les lieux du travail.

- Les Brigades vertes ciblaient au départ les femmes très pauvres réduites à ramasser le sable et les gravillons pour subsister. Actuellement, la sélection s’est faite sur une base volontaire, ce travail n’intéressant en principe que les plus démunies. Les femmes sont largement illettrées.

- Les deux programmes (Brigade Verte et projet sachets plastiques) n’ont jamais été évalués.

- Financé aussi par le Gouvernement, le projet sacs de plastique n’a pas pu obtenir sa totale dotation budgétaire en 2015 et n’a collecté que 1292 Kg de sachets ; le projet n’a pas de dotation pour faire une évaluation et n’a pas fait l’objet d’étude de rentabilité alors qu’il existe des possibilités d’autofinancement (de retour sur investissement).

- Seulement trois centres de traitement régionaux (Saaba, Dori et Bobo) ont eu un début d’équipement mais ne sont pas encore fonctionnels.

- La collecte et l’entreposage des sachets ont des impacts négatifs à surveiller sur l’environnement (insalubrité des sacs, lixiviats des lieux de stockage) qu’il importe de mitiger en protégeant les membres des associations et les travailleurs/ses.

Opportunités :

- Il serait possible d’améliorer le ciblage de ces programmes en concertation avec l’action sociale et avec le développement de méthodologies adaptées au milieu urbain et une évaluation d’impact.

- Ces programmes sont déjà inscrits dans les budgets de l’État même sur un financement régulier n’est pas pour autant assuré.

- Les Brigades Vertes sont ancrées dans la commune de Ouagadougou et ont résisté au temps, un budget communal en croissance leur est régulièrement affecté; l’expérience peut être reproduite sur d’autres communes urbaines du pays. Certaines communes comme

Ouahygouya utilisent plutôt les contrats avec des associations pour assurer leur salubrité, ce qui leur revient moins cher.

- Ces programmes peuvent être bonifiés par un programme de renforcement des capacités ciblant les femmes, qui constituent la majorité des participantes (alphabétisation, citoyenneté, pratiques familiales essentielles) dimensionné en fonction des vrais besoins de cette clientèle.

- Le projet sacs de plastique a démontré qu’il est possible d’organiser des opérations de grande envergure et de nettoyer le pays des sacs de plastiques. Même les plastiques biodégradables81 peuvent être recyclés. Le montage cependant ne prévoit pas de rôle pour le secteur privé

81Au Burkina Faso, la loi 017 (2014) portant interdiction des sachets non biodégradables sur le territoire, interdit l’importation de sachets plastiques non biodégradables. Ces sachets biodégradables contiennent des additifs qu’il convient de neutraliser lors du processus de recyclage.

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pourtant déjà présent dans le recyclage du plastique au Burkina Faso. Des associations sont actives à Bobo Dioulasso et les pavés de plastique recyclés sont disponibles à Ouagadougou.

- Les associations et les Brigades constituent des groupes organisés qui peuvent bénéficier d’autres appuis (activités éducatives, alphabétisation, AGRs) qui permettraient à ces ménages de mieux sortir de la pauvreté et de la vulnérabilité.

3.5 Transferts non alimentaires