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CHAPITRE 5 : CONCLUSIONS, RECOMMANDATIONS ET PROPOSITIONS

5.1 Conclusions

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En conclusion, selon les informations recueillies, les principaux besoins identifiés pour améliorer la réponse aux chocs peuvent se résumer aux points suivants:

d) une vision commune et harmonisée des priorités et des mesures à mettre en place;

e) des outils de ciblage partagés et consensuels d’information pour identifier les zones

géographiques à risques ainsi que les populations vulnérables, avec un besoin particulier pour le ciblage des populations vulnérables du milieu urbain;

f) des systèmes de suivi-évaluation performants afin d’obtenir l’information nécessaire à l’amélioration des pratiques;

g) l’amélioration du taux de couverture des besoins annuels et pluriannuels;

h) le renforcement des mécanismes de prévention au niveau national et local (cartographies des zones à risques, système de prévention des inondations, cartographies locales, SAP pastoral, etc…) ;

i) des mesures souples qui permettent d’intervenir rapidement à l’aide de plusieurs instruments, et qui peuvent lier l’urgence au développement pour construire la résilience, notamment en développant des synergies entre les programmes d’agriculture, d’élevage, environnement et de gouvernance locale;

j) des stratégies de réponses avec les ressources techniques et financières disponibles et prévisibles, tant au niveau du gouvernement que des partenaires techniques et financiers;

k) une intégration de la lutte contre la malnutrition des jeunes enfants qui handicape la résilience à long terme; ainsi qu’une stratégie de cantine scolaire endogène fondée sur des capacités locales de production et de transformation;

un renforcement des capacités notamment des acteurs au niveau décentralisé pour prendre en charge la prévention, le ciblage des bénéficiaires et l’intégration des activités dans la

planification du développement.

CHAPITRE 5 : CONCLUSIONS, RECOMMANDATIONS ET PROPOSITIONS

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programmes HIMO d’infrastructure, de salubrité); ces mesures présentent chacun des contraintes et des opportunités, ces dernières pouvant constituer la base de passerelles opérationnelles.

Le gouvernement est fortement engagé techniquement et financièrement autant dans les dispositifs instituionnels de prévention et de gestion, que dans les activités d’urgence (vivres et matériels) que de résilience (travaux HIMO, programmes d’agriculture, d’élevage, de salubrité, cantines scolaires); ce qui n’empêche pas les partenaires notamment les ONGs, d’apporter chaque année une contribution technique et financière importante pour couvrir les besoins. Les contributions et les approches des partenaires sont cependant difficiles à recenser mais les expériences comme celle du cadre commun 2013 permettent de croire qu’il serait possible d’agir en concertation.

La majorité des opérations sont conçues à court terme, en réaction à un choc, ne sont pas prévisibles et ne permettent pas de consolider la résilience des populations. Les mesures ciblent en priorité le milieu rural ou la pauvreté et la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire est plus élevée. D’autre part, plusieurs programmes ciblent le milieu urbain (Brigades vertes, programmes emploi jeunes) et compte tenu de l’urbanisation rapide du Burkina Faso, pourraient être rapidement améliorées par un meilleur ciblage et des activités d’accompagnement. Aussi, compte tenu de l’importance de la prévalence de la malnutrition, de l’orientation des mesures en particulier sur les femmes et les jeunes enfants, et du potentiel des expériences en cours, l’intégration de la dimension nutritionnelle dans toutes les opérations est incontournable et pourraient être mises à l’échelle.

Le Burkina Faso dispose d’institutions (principalement les CONASUR, CNPS et CNSA) qui permettent la concertation des différents partenaires, notamment autour de l’analyse des besoins et de l’élaboration de plans d’action (plans annuels de soutien et de résilience du CNSA, et plans de contingence du CONASUR). Ces deux instruments constituent un premier pas important pour harmoniser les visions et le choix des mesures appropriées. Au niveau décentralisé, ce sont les mêmes acteurs qui sont mobilisés pour la prévention, l’urgence, la réhabilitation, le ciblage et le suivi des activités; d’où la nécessité de développer des approches holistiques qui renforcent les capacités des collectivités décentralisées

La première passerelle identifiée est celle qui devrait s’opérationnaliser entre le Ministère chargé de l’Action sociale (à travers ses agents qui seraient chargés d’appliquer le ciblage retenu jusqu’au niveau décentralisé) et les différents types de programme en cours à travers notamment le ciblage et l’enregistrement des bénéficiaires vulnérables dans une base de données. Tous les acteurs rencontrés s’accordent sur la nécessité d’améliorer le ciblage par une méthodologie consensuelle afin de s’assurer que les ressources sont dirigées en priorité vers les ménages vulnérables. A cela s’ajoute le besoin d’un registre unique (comme cadre opérationnel de suivi-évaluation et coordination) et des besoins exprimés pour des suivi-évaluations d’impact non seulement des Plans de soutien et de contingence mais aussi d’important programmes de résilience comme ceux des Ministères chargés de l’Agriculture et de l’Élevage.

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Il existe un besoin de raffiner les méthodes de ciblage tant géographique (rural et urbain) qu’au niveau des ménages et des analyses sont en cours pour déterminer une méthodologie consensuelle pour identifier les premiers bénéficiaires de programmes d’urgence et de résilience.

Cependant quelle que soit la méthode adoptée, des ciblages complémentaires seront nécessaires pour déterminer l’admissibilité des ménages aux différents programmes d’intervention.

Les actions de protection sociale adaptative étant avant tout des activités de développement, elles doivent s’insérer dans l’agenda des communes, et intégrer non seulement les objectifs de l’Initiative de Yako (une commune, un service social) mais aussi s’inscrire dans le cadre du développement local afin de mutualiser les ressources techniques et financières des communes pour le suivi des activités développées au profit des ménages vulnérables.

Aussi parmi toutes les réponses apportées pour répondre aux chocs, le développement de travaux Cash for Work comme outil national de protection sociale adaptative, permet non seulement de répondre aux urgences, d’apporter un complément de ressources au moment de la soudure afin d’empêcher certains ménages d’adopter des stratégies de survie négatives qui accentuent leur vulnérabilité, mais il présente aussi l’opportunité de développer les capacités des ménages vulnérables à bâtir leur résilience tout en apportant une contribution non négligeable au développement socio-économique des villages concernés.

5. 2 Recommandations stratégiques

L’annexe 4 inventorie toute une série de piste d’interventions potentielles qui pourront être exploitées par différents acteurs. De ces pistes nous pouvons dégager des orientations stratégiques et proposer deux programmes opérationnels. Ces recommandations s’adressent d’abord au Gouvernement et à ses partenaires dont la Banque mondiale.

Les recommandations stratégiques visent à améliorer les synergies globales des mesures de soutien analysées précédemment. Leur mise en œuvre concerne en premier lieu le Gouvernement qui pourrait être appuyé par des partenaires spécialisés de son choix.

5.2.1 Renforcement du suivi-évaluation

Prenant en compte les programmes en cours, qui mobilisent les ressources de l’état et conformément au programme 5 de la PNPS, des analyses d’impact devraient être menées en priorité par le CNPS. Ces analyses devraient aboutir à des partenariats opérationnels entre les structures du Ministère chargé de la protection sociale et des filets sociaux les différents départements concernés. Parmi les programmes à évaluer en priorité figurent :

- Les Plans de soutien et de résilience du CNSA

- Le programme de distribution d’intrants du Ministère de l’Agriculture

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- Les programmes d’appui aux éleveurs du Ministère de l’Élevage - La Brigade Verte

- Le projet sachets pastiques

L’évaluation d’impact devrait permettre de redimensionner en priorité deux programmes majeurs pour la protection sociale adaptative soient ceux : (i) des subventions du Ministère chargé de l’Agriculture et (ii) des appuis du Ministère en charge de l’Élevage. Des opérations pilotes conjointes (action sociale, ministère technique) pourraient permettre d’expérimenter les changements proposés soit d’une façon autonome, soit à l’intérieur des programmes proposés.

Aussi, à partir de l’expérience du Cadre commun soudure 2013, les modalités d’intervention annuelles pour les interventions d’urgence et de soudure (bons, distribution de vivres), leur distribution géographique, pourraient être mieux coordonnées et évaluées par les services d’évaluation du CNPS et du CNSA conjointement.

5.2.2 Renforcement du ciblage

Plusieurs programmes en cours comporte des bénéfices pour les populations en général, un meilleur ciblage devrait permettre d’améliorer leurs performances.

Amélioration des méthodologies de ciblage urbain

Compte tenu de l’urbanisation rapide du Burkina, et des liens entre le milieu rural et urbain, il est proposé de travailler à la mise en place rapide d’outils et de méthodologies de ciblages en milieu urbain. Des expériences concrètes de ciblage pourraient s’articuler autour (i) des boutiques témoins; (ii) des programmes emplois-jeunes; (iii) des programmes de salubrité urbaine; (iv) les programmes HIMO ciblant les infrastructures (pistes).

Développer et tester le registre unique des personnes vulnérables

Tous les acteurs rencontrés militent pour le développement de ce registre qui permettrait (i) d’améliorer la pertinence des interventions, (ii) de mieux utiliser les ressources humaines et financières de l’État et de ses partenaires, (iii) donner de la visibilité à la protection sociale, souvent mal comprise.

Même si les méthodologies de ciblage des bénéficiaires ne sont pas encore totalement consensuelles, la base de données peut commencer à s’alimenter à travers le recensement des bénéficiaires déjà ciblés dans les programmes des différents acteurs dans leur programme spécifique. Cette base de données pourrait être couplée à une cartographie des interventions facilitant aussi la concertation et l’impact.

75 5.2.3 Amélioration des connaissances

Compte tenu souvent de l’absence d’évaluation d’impact, et de la dispersion des interventions, Les thèmes qui pourraient faire l’objet d’études seraient :

 les AGR : une étude permettrait de voir dans quel mesure cet outil peut servir vecteur de protection sociale en analysant leur pertinence, leurs différents modes d’intervention, et leur ancrage institutionnel, leur dispositif de suivi-évaluation.

 une harmonisation des modalités d’intervention des programmes urbains (mesures d’accompagnement, rémunérations, conditions de travail, assurances collectives, développement de halte garderies…).

 un renforcement du plaidoyer pour le développement d’approche HIMO notamment au niveau des travaux publics des milieux urbains.

 la poursuite des réflexions des analyses pour l’accès subventionné aux soins de santé des ménages vulnérables.

5.2.4 Capitalisation et référentiels techniques

Il s’agit de la production de référentiel technique national par domaine d’activités éligibles au HIMO. Les expériences sont extrêmement riches, il s’agirait de commanditer une étude de compilation, d’analyse des pertinences des méthodes les plus éprouvées et adaptées au contexte de la résilience. Cette étude sera la plus large possible couvrant notamment les domaines, tels que les pistes, les bas-fonds, les boulis, les mares, CES/DRS, etc. Le résultat d’une telle analyse sera de produire un document de référence pour tous les intervenant s’articulant autour de :

- la capitalisation des fiches techniques,

- l’inventaire des tâches éligibles au HIMO dans les chantiers de travaux publics, - l’élaboration de norme ou rendement de travail, applicables aux chantiers HIMO

(protection sociale vs rendement à l’entreprise),

- l’élaboration de normes de matériel de travaux HIMO, par domaine, - estimation des coûts des prestations HIMO par domaine,

- etc.

5.2.5 Capitalisation des pratiques innovantes

Il existe beaucoup d’initiatives au niveau des ONG, mais il manque véritablement de cadre pour la coordination et le partage de ces expériences. Par exemple le projet REGIS-ER développe une démarche de préparation aux urgences avec les communautés locale. ACF en fait de même, mais

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autrement dans sa zone. Quelques cadres de concertations entre intervenants permettent de discuter sur des sujets d’ordre général. Cependant les sujets d’ordre stratégique n’ont pas d’opportunités d’être débattus et capitalisés sans une recherche approfondie qui n’est pas à la portée de tous les acteurs. Le gouvernement devrait encourager et mettre en place des outils ou plateformes permettant de collecter et de traiter toutes les initiatives innovantes et de les rendre publiques. Une telle approche permettrait aux praticiens de fonder leur programme sur l’existant tout ayant la possibilité de l’améliorer.

5.2.6 Institutionnalisation des rubriques HIMO dans les marchés de travaux publics Cette recommandation est ciblée surtout sur les marchés dont les mairies ont la maîtrise d’ouvrage. Certains marchés des travaux de construction comportent des parties éligibles aux HIMO. Dans une logique de renforcement de l’économie locale, de lutter contre le chômage aussi bien en milieu urbain que rural, etc., il serait opportun de systématiser les HIMO dans le montage des dossiers des marchés publiques. Le gouvernement pourrait rendre obligatoire l’ajout d’une rubrique HIMO dans tous les cadre de devis estimatif des travaux. Cette rubrique pourrait représenter un pourcentage minimal de 20 à 30%, de l’ensemble du coût total des travaux. Les soumissionnaires de ses marchés feront leur offre en tenant compte de cette rubrique HIMO, qui sera affectée à toutes les tâches non spécialisées clairement identifiées dans le projet, et destinées à l’emploi de la population locale.

5.2.7 Intégration des farines infantiles locales dans tous les programmes de protection sociale/filets sociaux

Compte tenu de (i) de l’importance de la malnutrition au Burkina particulièrement celles des jeunes enfants de 6 à 23 mois, (ii) de la difficulté de rejoindre tous les enfants vulnérables en vue de leur assurer le « blanket feeding » minimal en période de soudure, (iii) de l’expérience positive développée par le cadre commun des ONGs (ECHO) en 2013 sur la vulgarisation de la farines infantiles, (iv) de l’expérience du PAM qui appuie également un réseau de productrices de farines infantile, (v) de l’expertise du Laboratoire national de santé publique pour le contrôle de qualité et du GRET pour les aspects techniques, qui avec d’autres partenaires ont permis de développer un réseau déconcentré de petite entreprises de production de farines infantile, il serait très important de systématisé l’utilisation des farines locales dans tous les projets/programmes de protection sociale que ce soit pour l’urgence et la résilience. Un suivi global de la mise en œuvre et des impacts de cette mesure pourrait être assuré par la Direction de la Nutrition.