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CHAPITRE 4 : ANALYSE DES MECANISEMES EN PLACE EN FONCTION DES BESOINS

4.3 Au niveau des instruments

Instruments de planification/programmation

Au niveau des instruments, le Burkina a développé les Plans de soutien annuels, pilotés par le CNSA, en réaction aux prévisions de récoltes et autres facteurs de chocs qui pourraient affecter la population. Les cartographies des zones à risques et les analyses faites par les différents instruments s’arrêtent au niveau des provinces. Selon les années et les méthodes utilisées, le nombre de personne à prendre en charge varie. Des outils complémentaires (missions conjointes d’évaluation) doivent être mise en développés/mobilisés pour compléter les analyses au niveau commune et villages, dont le tirage au sort des villages dans les communes considérées comme vulnérables, utilisé par le projet Burkin Naong Sa Ya. Il existe donc un besoin d’analyse plus fines à développer en perfectionnant les outils en place.

L’existence des Plans de soutien et de résilience constitue un outil fédérateur avec une volonté des partenaires pour en arriver à une méthode consensuelle d’analyse des besoins notamment à travers le ciblage géographique. Ces plans permettent aussi de canaliser la volonté des partenaires de la société civile pour la mutualisation des efforts en vue de réduire les coûts d’intervention et une disponibilité à adhérer à tous processus qui aboutirait à la formulation de programmes et projets multisectoriels multi bailleurs 98. Ces programmes devraient également couvrir plusieurs années en tirant les leçons de l’analyse de l’insécurité alimentaire et de la pauvreté des dernières années. Ils pourraient anticiper les périodes de crise en développant des mécanismes de mise à l’échelle rapide en cas de chocs.

De plus, ces Plans gagneraient cependant à être évalués systématiquement chaque année non seulement au niveau des performances quantitatives mais au niveau des différentes mesures qui

98Ce constat exprimé par la mission rejoint aussi les conclusions d’une étude FAO (FAO, Burkina Faso, Marie-Eugénie Malgoubri, Revue des politiques, stratégies et programmes nationaux visant à renforcer la sécurité alimentaire et réduire la pauvreté rurale en rapport avec la protection sociale, décembre 2015).

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ont été mises en place (distributions directe, Cash for work, AGR…) en termes d’impact, d’efficacité et d’efficience.

Le CONASUR développe aussi chaque année les Plan de contingence pour faire face aux chocs.

Ce document recoupe le Plan de soutien pour le risque/choc lié à la sécheresse; on devrait donc y retrouver la même analyse et le même ciblage des ménages vulnérables, ainsi qu’une évaluation des performances et de l’impact. Ces plans sont aussi fédérateurs comme outil d’intervention mais là aussi leur mise en œuvre pourrait être améliorée par un meilleur suivi-évaluation des mesures mises en place.

Instruments de ciblage géographique

Plusieurs acteurs travaillent au ciblage géographique en concertation avec le Gouvernement. Le SAP joue un rôle central pour l’identification des zones à risques. Il est renforcé notamment par des partenaires tels que le PAM, le FEWSNET, le CILSS (AGRYMET) qui appuient techniquement et financièrement les équipes nationales. Le Burkina fait aussi partie du Réseau de Prévention des Crises alimentaires, ce qui lui permet de mobiliser plus facilement les secours en cas de mauvaises récoltes. Le SAP fourni une information de base pour la sécurité alimentaire mais doit cumuler une foule d’autres données pour fournir un tableau plus complet de la situation réelle (information des prix sur les marchés, principaux chocs en cours : ex: inondations, crises politiques, réfugiés, malnutrition, zones de moyens d’existence, HEA, pauvreté,…). La collecte et le traitement de l’information pour produire un document consensuel complet requièrent beaucoup de ressources techniques et financières. Les cartes de malnutrition et d’insécurité alimentaire ne se superposent pas alors que la prise en compte de la malnutrition est incontournable. D’où l’importance d’arriver à un certain consensus sur les indicateurs les plus pertinents. Sur ce dernier point le débat est ouvert et en évolution.

Les cartographies développées peuvent constituer une base qui permet de rallier les différents partenaires autour d’un outil commun. Cependant des différences apparaissent au niveau analyses de la vulnérabilité. Par exemple, les cartographies de l’insécurité alimentaire, de la pauvreté ne se superposent pas. Ainsi la région du Centre-Est abrite de loin les moins pauvres (9,3%). Cette région est suivie du Sahel (21%), des Cascades (22%) et des Hauts-Bassins (34%).

Les régions abritant plus de pauvres sont le Nord (70,4%), la Boucle du Mouhoun (59,7%) et le Centre-Ouest (51,7%). Par ailleurs, 60% des pauvres vivent dans les cinq régions que sont : le Nord, la Boucle du Mouhoun, le Centre-Ouest, le Centre-Nord et l’Est.

Des analyses plus poussées sur la récurrence des zones à insécurité alimentaire chronique pourraient permettre de cibler de zones prioritaires ou « commune de convergence ou communes à risques». A titre d’exemple un exercice fait par le SAP permet d’identifier les communes à risques récurrents sur une période de cinq ans. En termes de régions d’appartenance on retrouve le Sahel, le Nord, le Centre-nord, le Centre-Est et le Centre-ouest. Ces communes divergent légèrement avec les communes identifiées (voir liste en annexe 4) par l’analyse multirisques faite par l’USAID (figure 4 ci-dessous), qui n’intègre pas la Région du Centre-ouest. Bien que l’outil de l’USAID ne soit pas officiel, il peut être utilisé comme outil pour croiser l’information des autres sources.

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Figure 3 : Communes à risque du Burkina Faso de 2010 à 2015

Source : Compilation effectuée par le SAP, 2016

0 1 2 3 4 5 6

Tin Akoff Markoye Deou Oursi Gorom Nassoumbou Koutoukou Tongomael FalgountouBaskouré Tensobentenga GounghinKando Dialgaye Bouroum NagbingouDargo Zéguédéguin BargaKain KoumbriSolle Bahn Seytenga GorgadjiSoaw PellaSiglé Kindi Sourgou

Nombre de fois

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Figure 4 : Carte de vulnérabilité 2015 développée par l’USAID

Source : Carte de vulnérabilité structurelle du Burkina Faso-février 2015 (USAID)

Cette information spatiale variable et fluctuante selon l’indicateur envisagé et les années, devrait inciter le Gouvernement et ses partenaires à s’entendre sur les priorités d’interventions et la discussion est toujours ouverte pour une approche consensuelle ou concentrer les efforts.

Instruments de ciblage des ménages vulnérables

Actuellement, il existe un consensus au niveau des acteurs rencontrés sur la nécessité d’en arriver à une méthodologie consensuelle pour le ciblage des ménages vulnérables et de développer une banque de données (registre) pour mieux rationaliser les interventions et donner une priorité aux plus vulnérables.

Ces ménages vulnérables constituent chaque année une grande partie de la population; les Plans de soutien de 2013, 2014 et 2015 identifient respectivement 3 135 725, 4 462 757 et 1580 67899 personnes en situation de vulnérabilité. Avec l’utilisation d’une méthodologie proposée par le CNPS100, la population vulnérable est de 981 289 personnes.

99Chiffres pour la première phase d’analyse 2015. Aussi en 2015, la méthodologie d’identification des personnes vulnérables a changé.

100CNPS, Note synthétique sur la méthodologie de ciblage en vue de la constitution de la liste gouvernementale des ménages vulnérables.

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Toutes les méthodologies développées entrainent des coûts qu’il convient d’analyser et de mutualiser. Ces méthodologies doivent aussi prendre en compte une grande diversité de critères101 pour arriver à cibler les plus vulnérables. Le suivi de la variabilité des situations qui peuvent changer d’une année à l’autre et la méthodologie devra comporter un mécanisme souple de réactualisation pour tenir compte des inclusions et exclusions. Peu importe la méthodologie retenue, la malnutrition devrait faire partie de l’analyse.

La méthode consensuelle constitue une base commune mais des ciblages complémentaires pour déterminer l’accessibilité des bénéficiaires à certains programmes (agriculture, élevage, travaux HIMO, santé) seront toujours nécessaires.