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CHAPITRE 4 : ANALYSE DES MECANISEMES EN PLACE EN FONCTION DES BESOINS

4.4 Au niveau des programmes

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Toutes les méthodologies développées entrainent des coûts qu’il convient d’analyser et de mutualiser. Ces méthodologies doivent aussi prendre en compte une grande diversité de critères101 pour arriver à cibler les plus vulnérables. Le suivi de la variabilité des situations qui peuvent changer d’une année à l’autre et la méthodologie devra comporter un mécanisme souple de réactualisation pour tenir compte des inclusions et exclusions. Peu importe la méthodologie retenue, la malnutrition devrait faire partie de l’analyse.

La méthode consensuelle constitue une base commune mais des ciblages complémentaires pour déterminer l’accessibilité des bénéficiaires à certains programmes (agriculture, élevage, travaux HIMO, santé) seront toujours nécessaires.

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développement, (iv) des programmes avec des mesures d’interventions variées qui peuvent rapidement être mis à l’échelle en cas de chocs, (v) des aides flexibles qui permettent de répondre à tous les besoins des ménages, (v) un financement plus prévisible.

En termes de coordination, le développement d’une méthodologie consensuelle de ciblage, et d’un registre des personnes vulnérables, de bases de données et d’évaluation systématiques des opérations. Certaines données sont disponibles au niveau des grands donateurs comme le PAM ou l’Union européenne, mais une grande partie des activités des ONGs ne sont pas capitalisées102 ainsi que plusieurs programmes du gouvernement, souvent faute de financement dédié à cette tâche. La mise en valeur de résultats positifs pourra stimuler un investissement financier plus durable dans ces filets sociaux adaptatifs. Il devient donc urgent de combler cette lacune.

Avec l’adoption d’une méthodologie de ciblage consensuelle, et le renforcement des services chargés de la mettre en œuvre (principalement l’Action sociale), il sera plus facile d’identifier les bénéficiaires et de bonifier rapidement les programmes en cours, en particulier ceux du Gouvernement. Cet exercice pourrait être combiné à des évaluations d’impact afin de s’assurer que les programmes non évalués jusqu’à maintenant, correspondent bien aux besoins des ménages vulnérables, ce qui pourrait aboutir à de légers recentrages de ces programmes.

Concernant la synergie entre l’urgence et le développement, un effort particulier permettrait de stimuler le développement local notamment (i) à travers le Cash for Work comme outil d’intervention, (ii) en favorisant les achats locaux au niveau des bons et distributions alimentaires (y compris les cantines scolaires), et, (iii) en valorisant les farines infantiles développées localement. Pour le Cash for Work, le lien avec la décentralisation et le développement local pourrait être renforcé en intégrant mieux la protection sociale adaptative au niveau décentralisé. Les communes constituent souvent le point de départ des besoins en termes d’aide et le point d’arrivée quand il s’agit d’assurer la pérennité des investissements. Les communes doivent être proactives pour se préparer aux chocs, en introduisant cette réflexion dans leur PDC, en connaissant leur points de vulnérabilité et en s’appropriant des outils de prévention qui sont développés ai niveau national ou régional (SAP pastoral, cartographie des inondations) et en programmant les investissements appropriés (greniers communautaires, aménagement de bas-fonds, ouvrages CES/DRS). Pour les farines infantiles locales, les besoins à combler sont (i) l’extension et la décentralisation du réseau de production et de distribution, (ii) la création d’habitude de consommation avec des produits adaptés aux ménages vulnérables. La création de synergies entre l’urgence et le développement impliquerait de revoir certains programmes comme ceux en agriculture et en élevage notamment dans les approches filières pour y intégrer la protection sociale adaptative.

Concernant la mise à l’échelle rapide et adaptée de programmes, le Gouvernement dispose de mécanismes d’intervention rapide notamment avec le SNS pour les distributions alimentaires, et de ressources à plus long termes à travers ces différents programmes. En cas d’urgence, les partenaires sont appelés en renfort. Ces derniers disposent de leurs propres mécanismes de mobilisation des ressources qui peuvent prendre un certain temps avant de se mettre en place en limitant l’efficacité de l’aide (dotation en Cash for Work qui concurrence la saison des cultures,

102La mission par exemple n’a pas été en mesure de comptabiliser les activités de l’ONG Compassion International, qui apporte le financement le plus important selon les données du Ministère des Finances du Burkina Faso.

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transfert monétaires ou alimentaires qui arrivent après la période de soudure). Des financements pluriannuels qui prévoient des provisions financières et des options techniques pour les situations d’urgence sont plus adaptés dans la mesure où ils sont déjà en place et disposent des facilités, de personnel et de procédures établies ce qui limite les délais et la logistique.

Concernant la flexibilité des mesures, les programmes doivent pourvoir s’adapter aux différentes situations d’urgence ou de résilience en apportant l’appui le plus approprié que ce soit des vivres ou des ressources financières. Les appuis financiers demeurent les plus appréciés dans la mesure où ils permettent d’avoir accès non seulement la nourriture mais aussi de répondre aux autres besoins des ménages en respectant les priorités propres à chaque ménage. Ces financements permettent aussi l’épargne et l’investissement et stimulent l’économie locale.

Concernant l’importance d’avoir des financements prévisibles pour répondre aux chocs, la situation est variable. L’État finance de façon récurrente des programmes (agriculture, élevage, Brigade Verte, cantines scolaires, boutiques témoins, projet déchets plastiques, santé communautaire) mais souvent avec des retards ou avec des dotations plus faibles que prévues ce qui limite l’impact de ces mesures. Du coté des partenaires, le PAM reçoit des ressources pluri annuelles sur quelques-uns de ses programmes et le projet Buurkin Nong Sa ya est élaboré pour une période de deux ans. Quelques ONGs ont des ressources pour des activités plus continues (programme des cantines scolaires du CRS par exemple). Une grande majorité d’ONGs est cependant dépendante de financements annuels mis en place suivant les analyses faites sur la campagne agricole. Ces financements ponctuels ne permettent pas d’envisager des mesures d’accompagnement et une pérennité des investissements.

Peu de programmes disposent de mécanismes de financement pluriannuel (mis à part les ressources des grandes ONGs (telles que la Croix rouge, ou le CRS) ou les programmes financés par le Gouvernement. Les outils de programmation/planification doivent pouvoir compter sur des ressources financières prévisibles soit à travers le budget du Gouvernement, soit à travers le développement de mécanismes novateurs tels que le Fonds Vert (géré par le SP CONEDD) ou le Fonds national de Protection sociale (à développer au niveau du CNPS), l’insertion de la dimension de la protection des ménages vulnérables dans les attributions du Fond permanent pour le développement des communes (FPDCT)103, soit avec l’engagement pluriannuel des bailleurs de fonds.

Aussi, les financements des partenaires devraient pouvoir s’inscrire dans la durée de façon à favoriser la résilience.

103La nomenclature budgétaire des collectivités territoriale de l’UEMOA (décret 2010-607 burkinabe) prévoit une rubrique 10 consacrés à la protection sociale (Dafflon, Bernard, Abraham Ki, Décentralisation et gouvernance locale : les finances publiques locales des collectivités territoriales au Burkina Faso, novembre 2012).

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En conclusion, selon les informations recueillies, les principaux besoins identifiés pour améliorer la réponse aux chocs peuvent se résumer aux points suivants:

d) une vision commune et harmonisée des priorités et des mesures à mettre en place;

e) des outils de ciblage partagés et consensuels d’information pour identifier les zones

géographiques à risques ainsi que les populations vulnérables, avec un besoin particulier pour le ciblage des populations vulnérables du milieu urbain;

f) des systèmes de suivi-évaluation performants afin d’obtenir l’information nécessaire à l’amélioration des pratiques;

g) l’amélioration du taux de couverture des besoins annuels et pluriannuels;

h) le renforcement des mécanismes de prévention au niveau national et local (cartographies des zones à risques, système de prévention des inondations, cartographies locales, SAP pastoral, etc…) ;

i) des mesures souples qui permettent d’intervenir rapidement à l’aide de plusieurs instruments, et qui peuvent lier l’urgence au développement pour construire la résilience, notamment en développant des synergies entre les programmes d’agriculture, d’élevage, environnement et de gouvernance locale;

j) des stratégies de réponses avec les ressources techniques et financières disponibles et prévisibles, tant au niveau du gouvernement que des partenaires techniques et financiers;

k) une intégration de la lutte contre la malnutrition des jeunes enfants qui handicape la résilience à long terme; ainsi qu’une stratégie de cantine scolaire endogène fondée sur des capacités locales de production et de transformation;

un renforcement des capacités notamment des acteurs au niveau décentralisé pour prendre en charge la prévention, le ciblage des bénéficiaires et l’intégration des activités dans la

planification du développement.

CHAPITRE 5 : CONCLUSIONS, RECOMMANDATIONS ET PROPOSITIONS