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THÉRAPIE COGNITIVE ET COMPORTEMENTALE

PROFIL DE COMPÉTENCES PSYCHOSOCIALES

Cette partie du processus consiste à identifier, par l’observation de l’ergothérapeute, par l’auto-observation du patient et par la conversa-tion lors des entretiens, le ou les comportements inadaptés. Pour une meilleure compréhension du texte, nous présenterons un exemple en SA, d’une patiente hospitalisée souffrant d’une dépression.

Lors du premier entretien (ENTRETIEN I), le patient est informé de la démarche en TCC, de l’observation que l’ergothérapeute va entre-prendre et, si cela est possible, le patient y est associé lors d’entretiens successifs. L’ergothérapeute lui donne des explications, elle sollicite son avis et ses suggestions, elle vérifie ce qu’il comprend et ce qu’il accepte.

De manière générale, le but de l’observation consiste à identifier : les déficits comportementaux (Liberman, 1991) : quels comportements doivent être instaurés (par exemple, dans des situations d’aboulie,

83 d’anhédonie, d’inactivité, d’évitement social), améliorés, apparaître plus fréquemment, être plus adaptés? Les excès comportementaux (Liberman, 1991) surtout auprès de personnes ayant des troubles psychotiques: quels comportements doivent être supprimés, diminués en fréquence ou en intensité ou modifiés ? Les contradictions ou dysrégulations comporte-mentales (Linehan, 2000) qui concernent surtout des patients souffrant de troubles de personnalité état-limite.

Les indicateurs sur lesquels portera l’observation directe sont au nombre de trois. Le premier est caractérisé par les activités de la vie quotidienne et comportements d’autonomie dans le contexte physique ou instrumental.

L’observation porte sur trois types d’actions: les actions automatisées telles que marcher par exemple, les actions répondant à des schémas, des pat-terns ou routines, se préparer une tasse de thé par exemple, et les actions inconnues par la personne où elle sera obligée d’agir en transférant des com-pétences acquises dans d’autres routines (Wykes, 2002). Nous avons dans cette catégorie, par exemple, accomplir son hygiène personnelle, conduire une activité particulière (confectionner un collier, par exemple), se dépla-cer d’un endroit à un autre, exécuter diverses tâches plus ou moins com-plexes, entretenir son appartement, cuisiner, s’occuper d’un enfant, etc. Le second indicateur sur lequel portera l’observation directe est caractérisé par les habiletés sociales et interpersonnelles: ce sont toutes les situations où la personne ne peut pas agir seule. Les indicateurs de cette catégorie sont, par exemple, participer à une conversation avec une, deux, plusieurs personnes;

prendre une initiative auprès d’autres personnes; se soumettre à un ordre;

avoir une attitude de leadership; refuser une tâche ou une demande; accep-ter un compliment; savoir collaborer dans un groupe. Le troisième indica-teur porte sur l’identité personnelle et la capacité à exprimer ses différents rôles (de parent, d’enfant, d’ami, d’homme, de femme, de membre d’une association, de professionnel, etc.) par des apparences (coiffure, habillement, territoire, stratégie personnelle, etc.) ou des attitudes particulières.

Les indicateurs de l’observation indirecte ou inférée9sont caractéri-sés par des aspects que l’ergothérapeute ne peut pas observer direc-tement. La collaboration du patient est nécessaire, soit sous la forme

9 La description directe ne suffit pas, elle nécessite une interprétation qui se fait, dans la mesure du possible, en relation avec le patient.

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d’auto-observations (évaluation subjective d’un état), soit par une inves-tigation systématique de la part du thérapeute. Le premier indicateur indirect est caractérisé par les compétences neurocognitives simples ou complexes : chaque activité de la vie quotidienne ou le comportement d’autonomie observé exige de la personne des compétences cognitives simples telles que capacité de compréhension de la consigne, d’antici-pation, d’attention (sélective, soutenue), de concentration, de mémoire procédurale et des compétences cognitives complexes telles que la capa-cité à organiser la tâche (planifier son temps ou la succession des tâches à exécuter), capacité à la résolution de problèmes, capacité à la prise de décision, capacité à s’exprimer oralement, par écrit, capacité à calculer, etc. Les capacités neurocognitives complexes devraient être travaillées en collaboration avec un neuropsychologue. L’ergothérapeute est sur-tout concerné par les compétences cognitives procédurales faisant inter-venir un traitement de l’information simple. Le second indicateur indi-rect est caractérisé par les constituants émotionnels et physiologiques : perceptions ressenties par la personne, émotions primaires (colère, joie, tristesse, dégoût, peur) et les émotions apprises ou sociales telles que la responsabilité, la culpabilité, la jalousie, le ressentiment, etc. Enfin, troi-sième catégorie, les constituants moraux et sentimentaux caractérisés par les valeurs personnelles, les intérêts, les motivations, les jugements, les espoirs, les rêves, les révoltes, les luttes, de la personne, etc. Dans cette catégorie sont incluses les représentations que la personne se fait de son corps propre, de la relation qu’elle entretient avec le monde externe.

Nous intégrons également dans cet indicateur le sentiment même de soi ou la conscience de soi10.

Lors de l’observation directe et/ou indirecte d’un comportement inadapté, l’ergothérapeute ou le patient prennent en compte cinq indices qui permettent de caractériser son action : la fréquence des comporte-ments, soit le nombre de fois qu’un comportement apparaît durant un temps limité : par exemple, le nombre de fois que le patient interrompt

10Nous faisons référence ici à Damasio (1999) et à une nouvelle génération de neuro-physiologistes qui expliquent le fonctionnement neurophysiologique des cognitions et des émotions. Ils identifient une troisième catégorie, qui serait le sentiment de soi ou la conscience de soi. Cet état est un sentiment très complexe et évolutif qui va de l’état d’éveil jusqu’à la conscience subtile de soi et des autres.

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