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DE L’OCCUPATION HUMAINE (MOH)

119objectives du rendement de leurs patients devront référer à d’autres

modèles de référence de type : biomécanique, perceptivo-cognitif, inté-gration sensorielle, neurodéveloppemental, etc. (Forsyth et Kielhofner, 2003, p. 57).

Kielhofner (2004, 2002) propose plutôt une approche théorique nova-trice et complémentaire pour aborder la capacité de rendement. Il sug-gère plutôt aux ergothérapeutes d’analyser les répercussions (positives ou négatives) de l’expérience subjective de la personne sur son rendement lors de ses occupations. Plusieurs ergothérapeutes ont déjà rencontré des patients dont le rendement demeurait diminué malgré une bonne mesure des composantes objectives. Kielhofner avance que lors de ces situations, l’expérience subjective de la personne devient le facteur perturbateur du rendement.

Pour Kielhofner (2002), l’association de la perception subjective avec la mesure objective du rendement présente un avantage indéniable. Cette vision contemporaine de la notion de rendement rappelle que la dualité

« corps et esprit » est interdépendante et unifiée à travers l’expression d’une seule et même entité : l’organisme vivant (Forsyth et Kielhofner, 2003, p. 57). Kielhofner (2002, p. 97), appelle ce concept théorique : le corps vécu (l’expérience subjective du corps). C’est la réponse indivi-dualisée de notre corps au sujet des expériences que nous vivons et de la connaissance du monde qui en résultera (Kielhofner, 2004). L’argument fondamental de ce concept théorique allègue que pour atteindre un niveau de rendement, une personne doit d’abord situer ce qu’elle ressent par rapport à celui-ci (Kielhofner, 2004. p. 150). Ainsi, le rendement d’une personne est guidé par ce qu’elle ressent (corps vécu) à l’idée de s’enga-ger dans cette occupation et par la façon dont ce « senti » s’imprégnera à son corps. Le corps ne fait pas que répondre à notre esprit comme un instrument (objet), il devient un sujet actif qui informe l’esprit afin d’har-moniser les rendements et d’assurer la maîtrise de ce corps dans un envi-ronnement donné. L’exemple suivant illustre ces concepts de compo-santes objectives et subjectives du rendement. La mesure des compocompo-santes objectives de la main accidentée d’une personne apporte un point de vue extérieur sur les fonctions perturbées telles : la contraction des muscles, la force et l’amplitude articulaire, la perte de sensibilité, etc. Cette ana-lyse nous renseigne sur les forces et les limites objectives des structures

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lors de l’action : « atteindre un crayon pour laisser un message à quel-qu’un ». Par contre, l’analyse subjective du rendement de cette personne s’attardera aux expériences senties par cette personne et à ses intentions envers la main perturbée qui souhaite prendre le crayon mais ne pas mon-trer sa main. Entre autres, les aspects considérés seront : la perception de cette personne en ce qui a trait au toucher, aux contacts physiques avec les autres, à sa compréhension de la situation, au sentiment de lourdeur, à la perte de contrôle dans sa vie en raison d’une amplitude articulaire fortement diminuée, à son désir de cacher cette main différente qui ne fait plus corps avec elle et à son intention de ne plus l’utiliser, etc. Tous ces aspects subjectifs du vécu de cette personne auront un effet négatif majeur sur son rendement s’ils ne sont pas considérés dans le processus de réadap-tation. En résumé, la troisième composante structurelle du MOH, la capa-cité de rendement, insiste sur la nécessité d’examiner les composantes objectives physiques et mentales de la personne en correspondance avec l’expérience subjective du corps : le corps vécu. En portant une attention spéciale aux expériences subjective vécues par la personne, les ergothé-rapeutes s’offrent une voie supplémentaire pour mieux comprendre la notion de rendement de leurs patients (Kielhofner, 2002, p. 97).

Bilan sur les trois composantes du MOH

Kielhofner (2002) pense que nous ne pouvons pas analyser convena-blement l’occupation humaine d’une personne, sans référer à la contribu-tion des trois composantes structurelles proposées par le Modèle de l’oc-cupation humaine: la volition, l’habituation et la capacité de fournir un rendement. Il insiste également sur l’interdépendance et l’intégration de ces trois composantes de base au sein de la personne. Ces éléments forment un tout cohérent et unifié (Kielhofner, 2004, 2002). Il surenchérit en ajoutant que ces composantes structurelles sont indissociables de l’environnement dans lequel elles évoluent (Forsyth et Kielhofner, 2003, p. 58) (figure 9).

L’ENVIRONNEMENT

Le Modèle de l’occupation humaine conçoit l’environnement en termes d’opportunités, de ressources, de demandes et de contraintes (Kielhofner,

121 2004, p. 150). L’influence de l’environnement dépendra de la volition,

de l’habituation et de la capacité de rendement de cette personne (Forsyth et Kielhofner, 2003, p. 58). La résultante des interactions entre ces quatre éléments sera donc unique. Ainsi, l’analyse des diverses influences de l’environnement devient un incontournable pour bien comprendre le fonctionnement occupationnel de la personne. Kielhofner (2002, p. 103) précise que le but premier de cette analyse vise davantage à comprendre la dynamique des interactions entre l’environnement et les trois compo-santes de l’individu plutôt que de situer les différentes caractéristiques physiques et sociales de cet environnement. Il nomme ces échanges avec l’environnement : effet environnemental (de l’anglais : « environmental impact ») (Kielhofner, 2004, 2002).

Selon Kielhofner (2004, 2002), l’environnement comporte deux enti-tés interdépendantes: l’environnement physique et l’environnement social.

L’environnement physique inclut les objets et les espaces physiques qui nous entourent. Ils peuvent provenir de la nature ou être fabriqués par l’homme (Forsyth et Kielhofner, 2003). L’environnement social réunit les groupes d’appartenance de cette personne, incluant leurs conventions spé-cifiques appelées formes occupationnelles. Les formes occupationnelles sont des séquences d’actions orientées vers un but. Elles se caractérisent par des normes précises, culturellement reconnaissables, et nommées par les membres du groupe (ex.: la façon de se vêtir, les types de loisirs, la pra-tique de l’ergothérapie, etc.) (Forsyth et Kielhofner, 2003). Ces formes s’ex-priment dans un environnement physique défini et elles génèrent des rôles qui doivent correspondre aux normes et aux attentes définies par ce groupe.

En somme, l’occupation humaine se déroule dans un espace physique précis. Elle implique des interactions avec différents objets et certains groupes sociaux définis. Ces groupes ont des conventions culturellement reconnues et clairement identifiées par tous ses membres : les formes occupationnelles. L’analyse des effets de l’environnement doit prioritai-rement tenir compte de la dynamique de ces interactions et des différents contextes environnementaux dans lesquels l’individu se retrouve (ex. : la maison, les voisins, le travail, les amis, les loisirs, la garderie, etc.).

Cette dynamique transformera la volition, l’habituation et la capacité de rendement de la personne produisant, comme résultante, des carac-téristiques uniques et différentes pour chaque individu.

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En résumé, cette section «cadre général» vous a présenté les éléments structurels d’une personne en lien avec l’environnement, selon la vision du Modèle de l’occupation humaine. Ce cadre de référence permet une analyse complète du fonctionnement de la personne lors de la réalisa-tion de ses occuparéalisa-tions. Le modèle cherche à répondre aux trois ques-tions fondamentales suivantes : Comment la personne se motive-t-elle à agir, comment organise-t-elle sa routine et quel est son rendement lors de la réalisation de ses occupations ? (Kielhofner, 2002, p. 13). La pro-chaine section de ce chapitre portera sur les règles qui régissent les inter-actions entre les trois éléments structurels de la personne (volition, habi-tuation, capacité de rendement) et l’environnement.

AXES PRINCIPAUX DU PROCESSUS THÉRAPEUTIQUE