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L’INTÉGRATION SENSORIELLE AUPRÈS DE PATIENTS

69contre-indication à un tel traitement. Un examen détaillé montre

tou-tefois que les patients schizophrènes bénéficient de façon différente des traitements en IS en les appliquant de diverses façons. En particulier, les patients schizophrènes qui ont peu stimulé les systèmes sensoriels de base et qui présentent un trouble de modulation extrêmement marqué ont, au début du traitement, des difficultés à utiliser les activités de stimula-tion tactile et proprioceptives. En compensastimula-tion, ils utilisent d’abord les activités de détente vestibulaire telles que le hamac et la chaise à bascule, et pratiquent ultérieurement le bain de haricots ou de petites balles.

D’autre part, il existe certains patients schizophrènes qui, au cours de leur existence, ont appris des stratégies de maîtrise des dysfonctionne-ments perceptifs, qui provoquent à court terme un effet anxiolytique, mais qui sont à long terme préjudiciables. Il s’agit en particulier des patients qui ont une proprioception peu développée et qui souffrent d’une sous-sensibilité tactile. Ceux-ci tentent de rétablir une sensation corpo-relle par automutilation. Dans des cas rares, on observe qu’ils essaient d’utiliser certaines activités d’Intégration sensorielle de façon automuti-latoire, par exemple en frappant les bouts des doigts sur les petites balles ou contre l’enceinte du bain de balles. De telles observations montrent que le traitement en Intégration sensorielle doit être étroitement accom-pagné par un thérapeute expérimenté.

Le concept de traitement en ergothérapie de la Clinique Alexian avec des activités d’IS a tout d’abord été développé pour des patients souf-frant de troubles psychotiques en phase aiguë. Ce traitement a évidemment été appliqué aux patients schizophrènes qui sont sensibles à leurs diffi-cultés subjectives dans le domaine de la perception corporelle et de l’in-tégration sensorielle. Dans ce cadre, un tel traitement est indiqué à long terme. Les patients présentant un trouble de l’assimilation des informa-tions sensorielles de base nécessitent souvent des années de stimulation pour parvenir à se stabiliser psychiquement. Dans cette mesure, le trai-tement en ergothérapie ne représente qu’une incitation à l’auto-assis-tance, un transfert des stratégies de maîtrise perceptive devra finalement se faire personnellement par le patient.

En l’état actuel des connaissances, une évaluation définitive du concept de traitement présenté ici n’est pas encore possible. De nombreuses ques-tions restent en suspens, par exemple en ce qui concerne les activités

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particulières d’IS, la thérapie individuelle versus la thérapie de groupe, la structuration par des ergothérapeutes de l’autodétermination du patient, l’utilisation directe d’activités par rapport à une explication préalable de leur fonctionnement, une thérapie à court terme versus à long terme, quelques séances par semaine versus des séances quoti-diennes (voir Hesse, 2004c). D’autres travaux de recherche sont à ce sujet nécessaires, lesquels devront apporter une compréhension plus approfondie de l’importance des troubles d’IS chez des patients psy-chiatriques et les modes d’action des activités d’IS pour cette clien-tèle.

Dans la pratique, les ergothérapeutes sont habilités à appliquer ce concept de traitement de façon créative pour répondre aux besoins de leur clientèle, en tenant compte de leurs obligations institutionnelles.

L’aptitude des ergothérapeutes à bien connaître les difficultés d’action des patients schizophrènes et à pouvoir les appréhender au travers de la théo-rie de l’IS est certainement déterminante pour le succès de la thérapie.

Le présent chapitre n’est qu’une première incitation à une pratique inté-grée de ces deux modalités d’intervention thérapeutique. Il faut souhai-ter que la thérapie en IS s’établisse aussi bien dans le domaine du trai-tement en ergothérapie de patients psychiatriques que c’est déjà aujourd’hui le cas dans le domaine de la pédiatrie.

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approche TCC met l’accent sur l’apprentissage d’un processus 75 comportemental. Ceci pour deux raisons: d’une part, parce que le comportement s’articule bien avec l’activité et par conséquent appartient directement au domaine de l’ergothérapie; d’autre part, parce que le travail sur les cognitions se fait surtout en psychothérapie. Allen (1982) a développé un modèle cognitif progressif adapté à l’ergothéra-pie. Il ne sera pas présenté dans ce chapitre, étant donné qu’il a été conçu pour des patients souffrant de démence ou de retard mental et ne concerne que de manière marginale les patients ayant des troubles psy-chiques aigus ou chronicisés.

L’approche TCC est particulièrement bien adaptée au processus de l’er-gothérapie. Dans cette perspective, le traitement consiste à favoriser auprès de patients souffrant de troubles psychiatriques l’apprentissage d’un ensemble de comportements souhaités par le patient, efficaces, orientés vers le but à atteindre, harmonieux, organisés dans le temps et dans l’es-pace. De manière générale, l’approche TCC considère que le patient est bloqué dans un comportement inadapté. L’intervention en ergothérapie consiste alors à créer les conditions suffisantes au changement.

Un comportement est un ensemble d’actions produites par la per-sonne, pour autant qu’elles soient observables. Celles-ci sont révélatrices

THÉRAPIE COGNITIVE