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Chapitre 3. Constitution et légitimation des savoirs sur les objets au sein du projet

1. Processus de coproduction des savoirs sur les objets

Une collaboration qui a impliqué des acteurs locaux, muséaux et

académiques

A la genèse du projet ARUC, le Musée amérindien de Mashteuiatsh était le partenaire communautaire principal, mais au fil des années un autre partenaire est venu rejoindre le projet de rapatriement : l’école secondaire Kassinu Mamu.

Durant l’hiver 2012-2013, en réalisant des entrevues à Mashteuiatsh sur les objets, nous avons voulu rejoindre davantage les jeunes de la communauté. Des ateliers de discussion ont alors été organisés avec les jeunes de l’école Kassinu Mamu en février 2013 entre la direction de l’école et celle du projet ARUC.

Avec Louise Siméon, directrice du Patrimoine ilnu du Musée amérindien de Mashteuiatsh, nous avons reçu au musée quatre classes de niveaux différents42, accompagnées de leur enseignante

Marie-Ève Vanier.

42 2 classes de secondaires 2 (équivalent de la 4ème), 1 classe de secondaire 3 (équivalent de la 3ème) et une classe de secondaire d’appoint (pour les étudiants au parcours adapté).

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Le but était de présenter aux étudiants le rapatriement d’objets, les raisons pour lesquels des objets de leur culture se retrouvent dans des musées, les différentes circonstances de collectes des objets, ou encore les différents types de demandes de rapatriement (objets sacrés, restes humains, objets culturels).

Par la suite, des objets ont été sortis de la réserve du musée afin que les jeunes puissent les manipuler. Ils ont pu comparer les objets de la réserve, qui datent des années 1970-80, avec ceux des vitrines, qui datent du début du 20ème siècle. Cette première rencontre fut riche en commentaires

et en surprises. Elle nous a permis de constater à quel point les jeunes étaient intéressés par les objets ainsi que l’étendue des connaissances qu’ils en ont.

Fort de cette première collaboration et d’une proposition du NMAI de Washington de procéder à des ateliers de formation, l’idée d’un voyage à Washington qui permettrait aux jeunes d’accéder à cet héritage éloigné a émergé. Un séjour d’une semaine au NMAI s’est alors organisé grâce au personnel de l’école, du Musée amérindien de Mashteuiatsh et du projet ARUC. Sept étudiants de secondaire 3 ont participé à cette aventure : Myriam-Uapukiniss Duchesne, Andrew Duchesne, Dexter-Ozzy Dubé-Dominique, Simon Buissière-Launière, Gabrielle Paul, Annie-Sophie Neashish-Petiquay et Marie-Ange Raphaël.

À Mashteuiatsh

En avril 2013, pour préparer leur voyage, deux autres ateliers ont été mis en place et animés à Mashteuiatsh par Louise Siméon.

Le premier atelier a porté sur la présentation et le choix des objets du NMAI que chaque étudiant allait avoir à documenter une fois à Washington. Pour cela, Louise Siméon avait présélectionné une quarantaine d’objets du NMAI selon leur rareté, leur qualité esthétique, leur intérêt etc. Après la présentation de ces objets, chaque étudiant en a choisi deux pour les documenter une fois à Washington. Les étudiants ont choisi les objets en fonction de leurs intérêts personnels, des objets qu’ils ne connaissaient pas ou qui étaient confectionnés avec des matériaux ou à partir de techniques qui ne sont plus utilisés aujourd’hui :

« Chez mon grand-père, y’a des outils pour en faire [les filets de pêche] mais je ne savais pas en faire. Ceux-là m’ont intrigué par ce que c’était en babiche, les vrais filets » (Simon

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« Il [un manteau en peau] contient la vie des ancêtres. Il avait vraiment l’air d’avoir une

histoire particulière derrière le manteau. La broderie particulièrement me semblait intéressante. Savoir c’était quoi la symbolique. Puis j’avais vraiment envie d’en savoir plus là-dessus. C’est mystérieux » (Gabrielle Paul, novembre 2015).

Le dernier atelier a consisté en une visite des réserves du Musée de Mashteuiatsh. Louise Siméon a expliqué les conditions nécessaires à la conservation des objets et le mode de fonctionnement des bases de données muséales. Ces ateliers se sont terminés par la présentation des différentes sources (photos, récits de voyages, archives) que l’on peut utiliser pour documenter les objets.

À Washington

Du 30 mai au 7 juin 2013, les étudiants et leurs accompagnateurs sont partis pour une semaine de travail au NMAI de Washington pour découvrir une part de leur patrimoine, éloigné dans le temps et l’espace. Ils ont été accompagnés par leur professeure Marie-Ève Vanier, les accompagnatrices Ilnuatsh Janine Tremblay et Sandy Raphaël ainsi que par Julian Whittam et Martine Dubreuil, alors

Figure 11. Ateliers avec les jeunes de Kassinu Mamu. Photos Marie-Eve Vanier, 2013

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assistants de recherche du projet ARUC. Pour des raisons de visas, je n’ai pas pu assister à ce voyage.

Les jeunes ont tout d’abord pu découvrir les réserves du NMAI et l’étendue des objets provenant de leur communauté. Cela leur a donné l’occasion d’entrer en contact direct avec les objets ilnus conservés au NMAI et d’apprendre à les connaître.

Ils ont ensuite reçu des formations sur les techniques de photographies des objets. Le personnel du NMAI a utilisé l’équipement et les installations du musée pour enseigner aux jeunes (et aux accompagnants) comment prendre des photos professionnelles. Les étudiants ont appris comment prendre des photos grâce à l’utilisation d’un logiciel libre de droits qui permet de pivoter l’image sur 360 degrés. D’autres techniques ont été utilisées, notamment pour révéler les moindres reliefs d’une ancienne carte fait sur de l’écorce de bouleau. Ces techniques ont pour intérêt de rendre compte d’un format de photo qui permet aux artistes, ou à toute personne intéressée à étudier l’objet, de le visualiser sous toutes ses formes et de très près pour accéder aux détails. Chaque élève a ainsi photographié les objets qu’il avait préalablement choisis.

Le personnel du musée a également montré aux étudiants comment créer un court film documentaire sur un objet. Les étudiants ont enfin documenté leurs objets en utilisant les ressources documentaires et archivistiques du musée, mais aussi en interrogeant les accompagnatrices Ilnuatsh et, à distance, certains aînés restés à Mashteuiatsh.

Se restituer les moyens de transférer et de perpétuer les connaissances culturelles

Les projets individuels et collectifs menées à Washington ont permis d’impliquer un peu plus les jeunes dans les transferts de connaissance. En étant placés en position d’acteurs responsables de leur propre projet de recherche, les jeunes ont développé les connaissances et les compétences nécessaires à la documentation de leurs objets.

Au-delà des apprentissages qu’ils ont reçus, ils ont ensuite participé à la transmission des connaissances qu’ils ont acquises. A leur retour, le 21 juin 2013, lors de la Journée nationale des Autochtones, les étudiants ont présenté à la communauté leur travail, les objets qu’ils ont découverts, les connaissances qu’ils ont acquises. Ce fut l’occasion pour les membres de la communauté de découvrir les collections du NMAI et d’échanger entre eux leurs connaissances et leurs commentaires.

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Les connaissances ont également été transmises par le biais de nouveaux média. Avec l’aide de Véronique Archambault-Gendron, assistante du projet ARUC en design graphique, les étudiants ont travaillé à la réalisation de posters personnalisés afin qu’ils puissent valoriser et s’approprier le travail accompli, mais aussi pour afficher les objets, sur les murs de l’école et dans les familles. Les étudiants étaient fiers de pouvoir conceptualiser et montrer aux autres « leurs » objets.

Figure 12. Exemples de posters. À droite, celui de Dexter-Dube Dominique. À gauche, celui de Simon Buissière-Launière. Réalisation Véronique Archambault-Gendron

En dehors des murs de l’école, les étudiants ont continué de partager leur expérience avec d’autres jeunes. Certains des étudiants partis à Washington étaient en effet des Jeunes transmetteurs lorsque j’ai participé aux Sorties en territoire. Les expériences qu’ils ont vécues à Washington y ont été

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intégrées comme des outils de valorisation de leurs connaissances ainsi que de leur implication au sein des processus de transmission, renforçant un peu plus aux yeux des autres leur rôle d’ambassadeurs de la culture ilnue.

Alors que les institutions muséales et scolaires deviennent localement des sources importantes pour la transmission culturelle, la constitution de tels projets tend à renforcer leur rôle moteur dans l’union des pratiques traditionnelles et des ressources modernes. Elle permet également de comprendre que ce qui est restitué, ce n’est pas juste les objets ou les informations, mais également le retour des moyens de transférer et de perpétuer les connaissances culturelles. Pour transférer ces connaissances, encore faut-il pouvoir y accéder. Voyons comment la charge mémorielle des objets a pu se rendre accessible, à travers les différentes personnes impliquées dans la recherche sur les objets.

L’appréhension sensorielle des objets

Des objets qui libèrent la parole

La fonction première d’un objet n’est pas nécessairement de signifier. Ils sont pourtant investis de cette capacité puisqu’au travers et par les personnes qui entrent en contact avec eux, ils véhiculent du sens (Barthes 1985, Kaufmann 1997). Pour que des objets, de nature privés de parole, deviennent des lieux de connaissance, il faut donc que des personnes parviennent à les faire parler. Par leur présence physique, les objets ont le pouvoir de déclencher la mémoire de ceux qui y ont accès et de révéler ainsi une partie de leur immatérialité. Matérialisant et transportant la mémoire des personnes et des évènements, l'accès aux objets facilite la reprise de contact avec son histoire (Losonczy 1999, Tisseron 1999) :

« Un objet, de par le fait qu’il est là, il existe, je le vois, je suis capable de me faire une

idée de ce qu’il a vécu. Y’a des choses peut être qui vont m’amener à me questionner pis y’a des choses que je vais comprendre parce que cet objet-là a une histoire et a été utilisé de telle façon » (Femme 5, mai 2012).

Souvent, les objets servent de prétexte et provoquent le souvenir d’histoires personnelles et familiales. Le témoignage de cet homme d’une quarantaine d’années a été provoqué par le souvenir des dernières bottes en peau d’orignal que sa mère lui a offertes :

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« Ça m’a comme allumé une lumière parce que celles qu’elle m’avait offertes avant, c’était

au moment où j’allais à la chasse avec eux-autres. Je me rappelle qu’elle confectionnait encore des bottes en peau d’orignal. C’était au mois de décembre pis je pense que c’était la deuxième année que j’allais à la chasse avec eux autres, à la trappe. Mon père avait beaucoup diminué physiquement à ce moment-là pis un matin je me lève, pis en me levant, ma mère était à la table, elle finissait les bottes, les mocassins. Quand je me suis levé, parce que mon père avait fait un camp, on avait un camp sur notre territoire, elle m’a lancé les bottes pis elle m’a dit : " Tiens, a matin tu vas à la chasse à l’orignal " (rires). J’ai dit : " Ok je vais à la chasse à l’orignal ". Je me rappelle il faisait frais ce jour-là, mais il faisait beau, le soleil était là. Pis je mange, je déjeune, je fais mon bagage pis euh la motoneige, je mets du gaz [essence] et là je suis prêt à partir. Mais là, j’avais jamais été à la chasse à l’orignal l’hiver. Fait que je dis à mon père : " Ouais, mais l’hiver comment je fais la chasse à l’orignal ? ". Mon père me dit : " Bon, là tu vas arriver, tu vas voir des traces, tu vas les suivre. A un moment donné tu vas les voir les orignaux " (rires). Mon père ne parlait pas beaucoup, il ne parlait vraiment pas beaucoup mon père (rires). J’ai dit : " Ok, ça marche ". Pis j’suis parti avec ça. J’ai été chanceux. Ça m’a pris 3 h, je pense, pis j’ai tué un orignal. J’en ai vu trois. J’en ai tué un et j’étais content. J’suis revenu à la maison et j’étais fier avec mes bottes neuves dans les pieds […]. Ouais, c’est des belles histoires que je me rappelle là » (Homme 7, juin 2012).

Ces bottes sont l’occasion pour cet homme de dévoiler une part, certes infime de son histoire, mais riche en informations. Elles lui permettent de se souvenir de détails relativement précis, tant sur des données temporelles, saisonnières ou familiales. On y entrevoit une petite portion de vie dans un camp de chasse en hiver, le gibier qui y est chassé, la façon d’y aller, mais également des anecdotes plus personnelles sur ses parents, sur le caractère de son père ou encore sur sa façon de lui laisser expérimenter par lui-même la chasse hivernale du gros gibier. C’est en effet une transmission qui se passe de mots, mais on ressent une forte charge émotionnelle qui se dégage du témoignage de celle-ci. Finalement, la transmission et l’attention que son père lui porte se matérialise à travers le succès de sa chasse.

À travers les personnes qui nous en parlent et qui se remémorent des savoirs ou des histoires personnelles, les objets sont capables de communiquer. Nous pouvons cependant noter que les connaissances partagées ne sont pas du même ordre selon que l’on se trouve ou non en présence

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physique des objets. Alors que la simple évocation des objets engage à raconter des histoires personnelles sur le mode narratif, la présence des objets alimente ces récits de détails plus « techniques » tels que les savoir-faire, le choix des matériaux, la période de collecte, les différences de techniques entre plusieurs objets du même type etc. La présence des objets induit différents niveaux d’appréciation dépendamment des vecteurs sensoriels utilisés pour faire appel à la mémoire. Tout d’abord, je tenterai de montrer ce qu’induit le fait de voir les objets pour ensuite aborder le fait de pouvoir les manipuler.

L’incorporation des objets et des savoirs

Lors d’une discussion, il est toujours plus aisé de faire parler des objets que l’on peut voir. Ceci facilite le rappel des souvenirs ainsi que leur partage. Un jeune m’expliqua ainsi son rapport aux objets :

« Quand on raconte des choses, tant qu’on n’a pas de visuel devant nous on a de la difficulté

à capter l’attention. Ces objets ils sont concrets, ils sont présents. On les voit donc c’est plus facile de se représenter ce qu’est la culture » (Jeune Adulte 1, mai 2012).

Les objets acquièrent cette fonction de support visuel lors des échanges interpersonnels.

Si la perception visuelle des objets aide à en parler, elle ne permet pas pour autant d’accéder à toutes les connaissances constituées à partir des objets et ne semble pas suffisante pour un grand nombre de personnes interrogées. Celles-ci m’ont fait comprendre que pouvoir « ressentir » un objet – dans le sens de percevoir à travers ses sens – leur est bénéfique dans le processus qui consiste à restituer la mémoire qui y est associée. Outre ce qui m’a été dit à ce sujet, j’ai pu en faire l’observation dans la pratique. Par exemple, je parlais avec un homme de contenants en écorce. Il me raconta certaines anecdotes sur leur utilité mais lorsque j’ai cherché à en savoir plus, il s’est en quelque sorte trouvé désarmé. Il est tout de suite parti chercher des exemples de contenants pour me les montrer et pour m’expliquer les disparités dans la fabrication, la qualité, la finition ou la résistance de différents types. Les manipuler et les appréhender avec d’autres sens que la vue lui a semblé nécessaire pour parler des détails de leur composition et pour restituer des connaissances accumulées par l’expérience.

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L’assimilation des objets passe par une incorporation, au sens strict, de leur matérialité qui se concrétise lorsque divers sens sont suscités. Au-delà de la simple observation visuelle, qui est une sorte de préambule à l’imprégnation d’un objet, se trouvent tout autant d’expériences olfactives, tactiles ou encore auditives. La matérialité qui caractérise les objets alimente ce que l’on pourrait nommer une mémoire motrice. Les savoirs ne peuvent être fidèlement restitués si les sens engagés lors de l’incorporation de ces connaissances ne sont pas investis lorsque l’on souhaite les réactiver. L’odeur des cuirs, la texture du bois, les marques qui y sont laissées ou le bruit de l’écorce sont autant de paramètres qui rappellent des souvenirs personnels. Ils donnent également des informations sur la composition exacte des objets, le travail des matériaux ou encore sur l’origine potentielle de celui qui a créé l’objet. Il est d’ailleurs assez impressionnant de voir à quel point les Ilnuatsh sont capables d’identifier, non seulement certaines caractéristiques propres à chaque communauté innue, mais également à chaque famille ilnue, bien souvent même à chaque individu créateur. Par exemple, il m’est arrivé d’interroger quatre femmes sur des motifs floraux d’un manteau conservé au NMAI (autre que celui dont nous parlerons dans cette thèse). Ces femmes m’ont toutes renvoyées à une famille et à une artisane particulière, dont les motifs étaient semblables à ceux montrés sur les photos.

De même, il m’est souvent arrivé de rencontrer au musée des aîné(e)s ou des artisan(e)s et de discuter avec eux d’objets exposés dans les différentes salles. Lorsqu’il s’agit d’objets de familles de Mashteuiatsh, ces personnes sont capables de me dire de quelle famille et de quel artisan ils proviennent, le plus souvent grâce aux motifs qui sont utilisés et représentés de façon particulière par chaque artisan.

Un processus qui produit du lien social et qui conserve les objets animés

À travers le processus de recherche, les objets sont devenus des supports mémoriels réinvestis de façon collective et intergénérationnelle. Par exemple, la présence de plusieurs aînés ou artisans réunis lors de discussions informelles au site Uashassihtsh a facilité la parole de chacun. Autour des photos d’objets, ils se sont posé des questions, se sont rappelé des souvenirs, se sont interrogé sur les termes ilnus et se sont remémoré des histoires vécues ou racontées par leurs parents ou grands-parents. Pour les entrevues plus formelles avec les aînés, j’étais accompagnée d’un membre de leur famille, enfant ou petit-enfant. Ces situations d’entrevue ont suscité des échanges et ont

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donné de nouvelles occasions aux enfants d’interroger leurs parents sur des connaissances qu’ils n’avaient jusque-là pas échangées, et aux parents de transmettre des récits familiaux. Cultiver l’histoire de ces objets a permis de leur redonner un sens plus explicite, d’actualiser la mémoire vivante qu’ils contiennent et de (ré)investir le contexte de transmission familial. De la même manière, les jeunes partis à Washington ont établis les connaissances sur les objets choisis à travers les discussions échangées avec les aînés de la communauté, durant le voyage et à leur retour. Ainsi, même s’ils sont conservés à des milliers de kilomètres des Ilnuatsh, les objets sont devenus socialement actifs en médiatisant des interactions sociales et en obtenant une place centrale et déterminante dans la constitution et les échanges de connaissances. Ces échanges participent en quelque sorte d’une réappropriation sociale et intergénérationnelle des objets.

A travers ces objets, les aînés retrouvent et reconstituent une histoire constitutive de la leur. Pour les jeunes, toutefois, il leur est parfois plus difficile de s’approprier les éléments de leur propre culture. Les objets de musées ne leur permettent pas de se référer à une histoire personnelle mais à l’histoire de leurs ancêtres. Les objets et leur utilisation constituent en effet un héritage parfois vague et lointain pour eux. Leur curiosité est davantage piquée lorsqu’ils peuvent s’identifier aux familles ou aux personnes à l’origine de ces créations.

Comme on me l'a souvent répété à Mashteuiatsh, il faut savoir d'où l'on vient pour pouvoir envisager d'aller quelque part. D’après les jeunes impliqués dans le projet, ces objets leur ont permis de « se situer » (Jeune adulte 1) un peu plus à l’intérieur de l’histoire collective des Ilnuatsh de Mashteuiatsh. Plus que de se situer au sein d’une histoire collective, ces objets, à travers la fierté