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Chapitre 1. Le processus de recherche

2. Postures de recherche, constitution et analyse du corpus de données

Mes recherches de Master et de Doctorat sont liées à celles du projet ARUC et au processus de rapatriement engagé par Mashteuiatsh. J’ai commencé à travailler à Mashteuiatsh dans le cadre du projet ARUC en avril 2012 pour réaliser mon stage de Maîtrise (Delamour 2012). Entre ma maîtrise et mon doctorat (d’octobre 2012 à mars 2013), j’ai été engagée comme chargée de recherche par le Musée de Mashteuiatsh pour le développement d’une exposition temporaire20, et j’ai ainsi pu

continuer à participer localement aux activités du projet ARUC. J’ai poursuivi ces activités comme assistante de recherche, tout en commençant mon doctorat en septembre 2013.

Participant d’une démarche collaborative, le projet ARUC est constitué d’un volet de recherche-

action qui cherche à faciliter et à accélérer le contact direct entre la communauté et les objets

conservés dans les musées. Depuis sa genèse en 2004 et son début effectif en 2011, plusieurs activités, voyages d’études et ateliers ont été organisés au NMAI de Washington et à Mashteuiatsh - en collaboration entre différents acteurs de la communauté (employés du musée, membres de la communauté, étudiants de l’école secondaire, aînés, artisans) et les acteurs institutionnels et universitaires (personnel du NMAI, chercheurs, assistants de recherche) - pour favoriser la prise de contact avec les objets, pour accroître les connaissances relatives à ces derniers et pour préparer une éventuelle demande de rapatriement. Nous prenons acte de la recherche-action pour coproduire de nouvelles connaissances sur les objets et les processus de rapatriement menées au Québec. A une visée éthique de la collaboration répond donc une visée scientifique de production de connaissances.

C’est ce cadre de recherche qui a orienté mes propres questions de thèse. Le sujet de mon doctorat s’est constitué selon l’évolution des démarches de rapatriement de Mashteuiatsh et s’est nourri des intérêts et des réflexions échangées avec les Ilnuatsh. L’approche développée pour ma thèse trouve donc son origine et son inspiration dans une approche éthiquement impliquée et vise une application qui prenne sens au sein d’un processus collaboratif.

20 L’exposition « Tipatshimun. A l’art, à la création » a été réalisée par Sonia Robertson, avec les œuvres des créateurs Ilnuatsh Thérèse Siméon, la regrettée Albertine Germain, Édouard Germain, Madeleine Jourdain et Mariette Étienne : (http://www.reseaumuseal.com/tipatshimun-a-lart-a-la-creation/).

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Une anthropologie éthiquement impliquée : trouver une voie étroite de

compromis entre les intérêts ilnus et les injonctions du NMAI

L’approche favorisée pour mener cette thèse a été celle d’une anthropologie appliquée et impliquée qui tend à rendre les connaissances anthropologiques utilisables par les groupes avec lesquels nous travaillons et à appuyer le développement des intérêts de ces mêmes groupes (Charest 2005, Hastrup et Elsass 1990).

Défendre une anthropologie impliquée, c’est pour moi reconnaître le fait d’avoir un parti pris qui vise une plus grande reconnaissance des droits Ilnuatsh. Accepter d’avoir un parti pris, c’est aussi défendre l’idée selon laquelle la « neutralité » n’existe pas, tout en essayant de conserver une certaine objectivité qui serait la somme de toutes les subjectivités engagées dans les processus de recherche (ibid.).

Dès le début, le double objectif était d’orienter la thèse de façon à ce qu’elle réponde à l’intérêt local de recueillir la diversité des savoirs ilnus sur les objets du NMAI, et à ce que ses résultats et ses analyses puissent être utilisés pour constituer l’argumentaire d’une éventuelle demande de rapatriement. Il s’agissait alors de travailler en commun avec les Ilnuatsh pour faire valoir leurs points de vue et développer des analyses susceptibles d’appuyer leurs prises de décisions.

Pour que nos recherches puissent être utilisées dans la demande des Ilnuatsh, nous avons dû les orienter de façon à ce qu’elles répondent aux injonctions et aux catégories d’objets imposées par le NMAI. Ce choix a été conforté par les intérêts locaux puisqu’au fil du processus, il est devenu important pour les Ilnuatsh d’interroger et de valoriser leurs propres catégories conceptuelles, et de faire valoir leurs propres critères de scientificité dans la constitution des catégories d’objets. L’analyse des enjeux soulevés par les injonctions du NMAI s’est révélée en plusieurs temps. Dans un premier temps, après avoir entendu l’importance répétée et appuyée par de nombreux Ilnuatsh d’objets s’inscrivant dans le quotidien, j’avais choisi de mettre l’accent sur les objets qui ne sont pas considérés par le NMAI comme « sacrés ». Toutefois, au fil du processus de recherche, j’ai compris que la question ne pouvait être tranchée aussi facilement et j’ai été amené à me pencher sur la signification des « objets sacrés » au niveau local.

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La question des « objets sacrés » a donc inféré les premières orientations données à mes questions de thèse, alors que les enjeux relatifs à l’affiliation culturelle nécessaire pour prouver l’origine des objets se sont révélés au cours du processus de recherche.

Par ces allers-retours entre les intérêts ilnus et les injonctions imposées par le NMAI, notre approche a cherché à proposer une voie qui respecte les obligations prescrites par Washington, mais aussi les conceptions locales qui sont complexes, parfois divergentes, et constituées d’histoires sinueuses faites de ruptures, de continuités et de réappropriations.

Le respect d’un cadre éthique

Au Canada, la recherche anthropologique est très encadrée et doit répondre à des cadres éthiques bien particuliers. Les premières mesures sur l’éthique de la recherche avec les Premières Nations ont été prises par la Commission royale sur les peuples autochtones de 1996. Depuis, les réflexions critiques mises de l’avant par les organisations autochtones et par les anthropologues ont progressivement eu des répercussions au sein de certaines institutions comme le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) ou l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL).

Les Principes de « propriété, contrôle, accès, possession » (PCAP) ont inspiré le protocole de recherche de l’APNQL adopté en juin 2005, puis revue en 2014, ainsi que la version de 2010 de l’Énoncé de politique des trois Conseils. Ces principes renvoient à la propriété des données obtenues pendant la recherche : les Premières Nations doivent intervenir dans tous les aspects de la recherche, de la conception à la réalisation ; elles doivent avoir un droit de regard sur les décisions qui accordent un droit d'accès aux données recueillies ; enfin elles détiennent la propriété intellectuelle des données recueillies. Le protocole de recherche de l’APNQL est un instrument destiné aux « gestionnaires des communautés » pour leur permettre d’encadrer les demandes de recherche venant de l’extérieur (APNQL 2014 : III). Le caractère général de ses recommandations ne considère pas l’éthique comme un préliminaire de la recherche, mais bien comme une réflexion qui se nourrit et se formalise de façon itérative tout au long de la recherche, à travers les pratiques et les interactions vécues entre les acteurs.

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Nos propres démarches éthiques à Mashteuiatsh

Les premières entrevues et ateliers réalisés en 2012 et 2013 en tant que stagiaire du projet ARUC ont été régis par les autorisations éthiques et les formulaires de consentement obtenus par le projet. Pour mon doctorat, je m’en suis inspirée et les ai adaptés au contexte de la thèse.

Dans un premier temps, j’ai déposé une demande auprès du comité d’éthique de la recherche de l’Université de Montréal pour obtenir le certificat d’éthique académique21. L’objectif de cette

démarche est de réaliser un retour critique sur nos recherches, et de nous interroger sur leur pertinence locale ainsi que sur leurs possibles conséquences. Les principes éthiques énoncés par les institutions ne peuvent cependant devenir signifiants et réalisables qu’à partir des relations de confiance développées entre le chercheur et les membres de la communauté (Jérôme 2008b, Ethier 2010).

Aussi, suite à l’obtention du certificat d’éthique de l’UdeM, j’ai entrepris un processus de discussion pour mettre en place à Mashteuiatsh une entente de recherche, telle que conseillée dans le protocole de recherche de l’APNQL. Elle explicite la manière dont les informations seront recueillies auprès des participants, l’utilisation des résultats de recherche, ainsi que la présentation des interprétations des analyses22. Dans ce cadre, je me suis engagée à remettre les informations

recueillies durant mon doctorat au Centre d’archives et de documentation de la Société d’histoire et d’archéologie de Mashteuiatsh, sous réserve du consentement des participants.

Le consentement

Au début de chaque rencontre, pour obtenir le consentement des participants, il leur était expliqué en détail le sujet de la recherche, les thématiques des entrevues, ainsi que le principe du consentement et de confidentialité. Pour formaliser ces explications, j’ai mis en place un formulaire de consentement dans lequel j’ai indiqué : les objectifs de ma recherche ; ce qui est attendu du participant ; les modalités de la confidentialité des entrevues ; les avantages et les inconvénients de la recherche ; leur droit de retrait (Annexe 1).

21 Certificat n° CERFAS-2014-15-074-D, le 25 juin 2014.

22 Le « comité de recherche » était composé d’une représentante des organismes impliqués dans ma thèse, à savoir la Société d’histoire et d’archéologie de Mashteuiatsh et le secteur Patrimoine Culture de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan (Conseil de bande). Ces représentantes sont respectivement Louise Siméon (Responsable du suivi), responsable du patrimoine ilnu au Musée amérindien de Mashteuiatsh et Sandy Raphaël, Directrice par intérim de Patrimoine-Culture au Pekuakamiulnuatsh Takuhikan.

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Les premiers formulaires utilisés contenaient ces modalités de consentement : - Je consens à ce que l’entrevue soit enregistrée : Oui ______ Non _______

- Je consens à ce que les informations recueillies dans le cadre de cette étude soient utilisées

dans le cadre de publication, de communications, dans un but éducatif, communautaire ou scientifique. Oui ___________ Non ___________

- J’accepte que mon nom soit cité lors de publications ou de communications : Oui __Non Lorsque certaines personnes m’ont clairement signifié qu’elles acceptaient de me confier des éléments pour mon doctorat, mais qu’elles ne souhaitaient pas qu’ils puissent être accessibles aux autres membres de la communauté, ou à d’autres chercheurs, j’ai voulu pouvoir mieux répondre à leurs attentes en matière de consentement. Mon objectif étant de remettre à la communauté les entrevues réalisées, et étant à la frontière de plusieurs niveaux de recherche (doctorat, projet ARUC, musée), j’ai souhaité bien déterminer à quel public chaque personne souhaitait rendre accessible son entrevue. Trois autres possibilités ont alors été ajoutées au formulaire de consentement :

- Je consens à ce que l’enregistrement et la transcription de mon entrevue soient remis au

Centre d’archive de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Mashteuiatsh : Oui _____ Non _____

- Je consens à ce que l’enregistrement et la transcription de mon entrevue soient utilisés par

la communauté et la SHAM, par exemple dans d’autres projets de recherche, dans des activités de transmission ou d’exposition : Oui __________ Non __________

- Je consens à ce que l’enregistrement et la transcription de mon entrevue soient utilisés par

le projet ARUC « Tshiue-natuapahtetau-Kigibiwewidon » : Oui _______ Non ________

Le consentement a été obtenu de deux façons. A Mashteuiatsh, le consentement écrit, par le biais du formulaire, est relativement bien accepté. Les Ilnuatsh commencent à avoir l’habitude de ce genre de formalité, soit en tant que participant, soit en tant que chercheur. Il arrive toutefois que

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certaines personnes ne souhaitent pas « contractualiser » la relation de l’entrevue et souhaite que leur parole soit suffisante. Le cas échéant, un consentement oral a été obtenu23.

Anonymat et confidentialité : « deux faces d’un même problème ? »

Une partie de la recherche menée étant potentiellement utilisable pour les démarches de rapatriement et les discours révélés pouvant s’inscrire au sein d’enjeux personnels, familiaux ou politiques locaux, la question de l’identification des individus s’est évidemment posée.

Individualiser les détenteurs de savoirs permet de ne pas généraliser des connaissances qui pourraient n’être significatives que pour une famille ou des individus, et permet aussi de rendre compte de la diversité et de l’étendue des connaissances ilnues. Toutefois, cette identification pose le problème de l’anonymat et de la confidentialité.

Pour instaurer et préserver des relations de confiance, il est essentiel de garantir l’anonymat et la confidentialité s’ils sont souhaités. Pour assurer aux personnes que leur identité ne soit pas révélée, il est nécessaire d’intégrer que l’anonymat et la confidentialité sont « les deux faces d’un même problème » (Béliard et Eidelimard 2008 : 124). L’anonymat concerne principalement les lecteurs qui ne connaissent pas le contexte et les membres de la communauté. La confidentialité est davantage orientée pour brouiller les pistes auprès des lecteurs qui connaissent potentiellement les interlocuteurs. Il est donc nécessaire de réfléchir à quel public l’on souhaite ne pas divulguer l’information.

Nos interlocuteurs sont souvent plus intéressés par le fait de ne pas être reconnus au sein de leur communauté. Pour cela, l’anonymat n’est pas suffisant. La confidentialité est toutefois difficile à respecter à 100% dans un contexte local restreint. Il faut donc faire attention aux détails que l’on écrit pour contextualiser nos analyses car, même sans nomination précise, l’accumulation d’informations dans la production écrite (données contextuelles sur la personne, sa famille, son statut etc.) favorise l’identification des personnes.

Pour certains Ilnuatsh, il est important que leur nom apparaisse dans les processus d’interprétation ou de rédaction des données. Pour d’autres, au contraire, leur anonymat était la condition même à

23 Si l’entrevue était enregistrée, j’enregistrais le nom, la date et le consentement du participant. Si l’entrevue n’était pas enregistrée, je notais dans mon journal, le nom, la date et l’obtention du consentement oral de la personne.

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leur participation. Il nous a donc semblé nécessaire de ne pas imposer un cadre particulier quant à la confidentialité ou à l’anonymat, et de laisser ce choix à chaque participant.

Pour ceux qui l’ont décidé, leur nom apparaît. Lorsque je ne cite personne, cela signifie que la personne concernée n’a pas désiré être citée.

Pour les personnes qui ont souhaité rester anonymes, j’utilise un système de codification dont je suis la seule à connaître la signification. Aucun système plus qu’un autre n’a trouvé grâce à mes yeux. Non moins déshumanisant que les autres systèmes, j’ai finalement déterminé arbitrairement des dénominations relatives aux tranches d’âge de mes interlocuteurs. J’utilise les catégories:

- Jeune : de 15 à 18 ans ; - Jeune adulte : de 18 à 30 ans ; - Homme et Femme : de 30 à 65 ans ; - Aîné et Aînée : 65 ans et plus24.

J’ai ensuite ajouté à chaque dénomination un numéro, également de façon arbitraire, par exemple : Femme 3, Jeune 5. Pour ne pas que l’on puisse retrouver les interlocuteurs en fonction de la date de l’entrevue, je n’ai indiqué que le mois et l’année, par exemple : (Femme 3, mai 2014).

Une démarche ethno-historique couplée à une ethnographie de terrain

Les éléments de preuves à apporter pour légitimer l’origine ilnue des objets conservés au NMAI se sont formalisés à travers l’étude des objets et le recours à l’histoire écrite et orale. Nous avons alors croisé de façon itérative l’analyse de la documentation écrite (archives et publications) et l’analyse discursive des entrevues réalisées avec les Ilnuatsh entre 2012 et 2016. L’analyse de notre approche ethnographique prend en compte la place qui nous est accordée comme actrice directement impliquée au sein du processus pris pour objet d’étude.

Les publications de Frank. G. Speck

Au début du doctorat, et ce fut le cas pratiquement jusqu’à la fin de mes recherches à Mashteuiatsh, aucune demande de rapatriement n’était officiellement engagée. Il n’y avait pas encore d’objets

24 La catégorie « Aîné » utilisée ici ne recouvre pas nécessairement le statut qu’est accordé localement, et dans les autres communautés autochtones, à ce terme. Ce terme est davantage apparenté à un statut social et à une marque de reconnaissance et de respect de l’expérience des personnes qu’à une considération d’âge.

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sélectionnés par la communauté pour une demande de rapatriement. Il s’agissait donc d’abord de documenter autant que possible la collection d’objets conservée au NMAI. Pour cela, nous avons commencé par une analyse ethno-historique des nombreuses publications de Speck, et particulièrement celles traitant des objets ou du système décoratif innu (1914, 1921, 1935, 1937). Nous avons relevé dans ses publications toutes les informations sur les objets de la collection et sur leurs propriétaires d’origine.

Nous avons recoupé les informations relevées dans les publications de Frank Speck avec celles de ses archives manuscrites. Speck était en effet un ethnographe minutieux et il a consigné un grand nombre de notes de terrain. Grâce au Centre de documentation de Mashteuiatsh, j’ai eu accès à des copies des archives manuscrites de Frank Speck, conservées au Field Museum de Chicago et au NMAI de Washington. Les notes auxquelles j’ai eu accès ne représentent qu’une partie des archives originales de Frank Speck qui se trouvent actuellement à l’American Philosophical Society. Ces notes consistent principalement en des listes datées et localisées d’objets numérotés. Les objets numérotés correspondent aux numéros de collection des objets du NMAI, ce qui a facilité les recherches. Ces listes décrivent les objets d’un point de vue matériel et utilitaire. Si une grande partie des informations des archives manuscrites se retrouvent dans les publications de Speck, il est arrivé que des informations inédites soient trouvées dans ses notes.

Le corpus discursif

Pour affiner et actualiser l’étude des objets réalisée à travers les publications de Speck, il a été essentiel de documenter le point de vue et les savoirs des Ilnuatsh. Le recueil et l’analyse de leur parole ont donc été privilégiés. Nous avons eu recours aux témoignages oraux dont l’information nous est parvenue de plusieurs manières. La plupart des témoignages a été recueillie de façon directe grâce aux entrevues. J’ai également eu la chance d’avoir accès à des témoignages recueillis dans le passé sur des cassettes audio par des Ilnuatsh ou rédigés par d’autres anthropologues ou voyageurs (Fond d’archives de William Van der Put et de William Brooks Cabot, conservés au Centre d’archives de la SHAM). Ces dernières sont conservées au centre d’archives du Musée amérindien de Mashteuiatsh.

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Les informations recueillies auprès des Ilnuatsh ont été générées par des entrevues et des discussions informelles réalisées sur une période s’étirant d’avril 2012 à décembre 201625.

Sans compter de multiples courts séjours (de 3 à 8 jours) – effectués pour le projet ARUC, pour ma thèse ou pour le plaisir – j’ai vécu un peu plus de 12 mois à Mashteuiatsh, répartis comme tel :

Avril à mi-juin 2012 (2 mois et demi) Novembre 2012 à Mars 2013 (4 mois) Juillet et août 2014 (2 mois) Aout-décembre 2015 (4 mois) Terrain de Maîtrise Documenter le Prêt d’objets du MCH Recherchiste pour l’exposition « Tipatshimun à l’art à la création »

Ateliers avec les élèves de l’école secondaire sur le rapatriement

Terrain de Doctorat Documenter auprès des Ilnuatsh les objets du NMAI

Groupes de discussion

Terrain de Doctorat Documenter les objets du NMAI

Interroger les catégories d’objets

33 entrevues 10 entrevues 16 entrevues 30 entrevues

Durant cette période, j’ai réalisé 75 entrevues formelles (de 1h15 en moyenne) et 15 entretiens informels (rencontres individuelles ou en groupe), avec 82 personnes différentes dont :

- 10 jeunes adultes (18-30) : 5 jeunes femmes et 5 jeunes hommes ; - 50 adultes (30-65) : 25 femmes et 25 hommes ;

- 22 aînés (65 ans et plus) : 14 femmes et 8 hommes.

Avec certains Ilnuatsh, j’ai développé une relation plus approfondie, voire amicale. Les entrevues se sont alors transformées en un long processus dialogique établi en plusieurs fois, parfois sur plusieurs années.

Mes interlocuteurs sont principalement des Ilnuatsh de Mashteuiatsh, mais j’ai eu aussi pu recueillir le témoignage d’Innuatsh d’autres communautés (3 personnes) et d’Atikamekw (2 personnes). Ils travaillent dans les domaines de l’éducation, la santé, la culture/patrimoine,

25 Mon « terrain de thèse » n’a duré que six mois. Si je n’avais pas eu l’opportunité de poursuivre mon doctorat auprès des personnes rencontrées lors de ma Maîtrise et avec lesquelles je travaille dans le cadre du projet ARUC, il m’aurait été très difficile de réaliser un doctorat en quatre ans, avec une scolarité de deux ans.

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conseillers/négociateurs politiques, agents territoriaux, développement communautaire, travailleurs sociaux, étudiant(e)s, artisan(e)s/artistes, retraité(e)s etc. J’ai également réalisé 4 ateliers avec les jeunes de l’école secondaire sur les objets du musée et le processus de rapatriement